Prologue
Hermione était au terrier, voilà deux semaines que la guerre était finie et elle s'apprêtait à partir à la recherche de ses parents avec Ron. Beaucoup de choses avaient changé depuis la fin de la bataille de Poudlard.
Kingsley n'était encore que ministre à titre provisoire mais, à moins d'une énorme surprise, tout allait être officialisé aux prochaines élections.
McGonagall était devenue la directrice de Poudlard et elle avait décidé que tous les élèves recommenceraient leur année pour rattraper l'horrible enseignement des Carrow. Hermione, Ron et Harry retourneraient une nouvelle et dernière année à Poudlard. Le château avait été réparé et toute trace de bataille avait disparu de l'école. Seul le souvenir des gens qui avaient été présent lors de la bataille resterait indélébile.
Et même si ça semblait minime comparé au reste, Hermione et Ron formaient désormais un couple, et ils avaient fait l'amour pour la première fois la veille au soir. Cela n'avait pas été le moment parfait qu'elle s'était imaginé mais c'était Ron et ce serait pour la vie.
Elle prenait son petit déjeuner avec les Weasley et Harry lorsque Ron descendit avec sa valise. Tout le monde tourna le regard vers lui.
- Ron, tu t'es trompé ! C'est demain que vous partez Hermione et toi, dit Molly sur un ton amusé.
Hermione sut tout de suite qu'il ne s'était pas trompé, il avait juste changé ses plans et elle comprit vite qu'elle n'en faisait pas partie.
- Hermione, je peux te parler à l'extérieur ? demanda Ron sans oser la regarder en face.
Elle se leva et se dirigea vers le jardin où Ron la suivit, sachant très bien qu'elle n'allait pas du tout aimer ce qu'elle allait entendre.
- Je m'en vais, dit-il simplement.
- Oui, ça je l'avais compris ! s'exclama-t-elle la voix montant dans les aigus.
- Je suis désolé, ajouta-t-il.
- Mais désolé de quoi ? Explique-toi par Merlin ! commença-t-elle à crier.
- Je ne peux pas, je n'arrive pas à faire comme si rien ne s'était passé.
- Mais personne ne fait comme si rien ne s'était passé et personne ne t'a demandé de le faire !
- Je pars. Je ne sais pas encore où et je ne sais pas encore quand je reviendrai. Et surtout, si je reviendrai. Je ne veux pas que tu m'attendes.
- Tu me quittes ? demanda-t-elle en reculant de deux pas.
- Oui.
Son monde s'écroula. Elle s'était raccrochée à Ron après la guerre. Pour elle, plus rien n'avait de sens comme pour beaucoup d'autres mais le rouquin était sa bouée de sauvetage pour donner un nouveau un sens à sa vie et il partait, détruisant tout sur son passage. Ils avaient fait l'amour la veille et il la quittait au matin ?! Ça n'avait aucun sens !
- Est-ce que c'est moi ? Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal hier ? demanda-t-elle horrifiée.
Ron s'approcha et lui prit la main.
- Non, bien sûr que non ! Hier, c'était la plus belle nuit de ma vie mais ce matin, tout était redevenu comme avant que nous fassions l'amour. Fred était toujours mort et ma vie… Je n'arrive même pas à mettre de mot sur ce que je ressens. Je ne comprends pas moi-même mais il vaut mieux que je parte. J'ai l'impression que je ne suis pas celui qu'il te faut avec cet état d'esprit, il vaut mieux que je sois seul.
- Ron, je peux comprendre le fait que tu veuilles partir seul et si tu me demandes de t'attendre, je le ferai, je serai patiente et compréhensive. J'attendrai le temps qu'il te faudra. Mais si tu me quittes, j'aurai mal mais je pense que je m'en remettrai et quand tu reviendras, je serai peut-être passée à autre chose, tu en as conscience ?
Elle essayait de parler raisonnablement sans laisser ses émotions et surtout sa colère l'emporter mais elle bouillait de l'intérieur.
- Ne m'attends pas, lâcha-t-il.
Il s'approcha et déposa un baiser sur son front mais pour Hermione, c'en était trop, elle le gifla puis partit en courant rejoindre la chambre de Ginny, ne sachant pas très bien où aller. Ron quant à lui, entra pour affronter le deuxième round, sa mère. Mais c'était sans prévoir sa sœur qui prit la parole avant qui que ce soit d'autres dès son arrivée.
- Qu'est-ce que tu as fait à Hermione ? s'écria-t-elle.
- Je…
Mais il n'eut pas le temps de continuer.
- Elle est entrée en pleurs et elle a couru s'enfermer dans ma chambre ! continua Ginny.
- Je pars, lâcha Ron.
- Tu pars ? répéta Harry qui ne comprenait rien.
- Oui, j'ai besoin d'air, de m'éloigner de tout ça. Je ne sais pas où je vais, je ne sais pas combien de temps mais je vous donnerai des nouvelles.
- Ron, n'agis pas stupidement, c'est dur pour tout le monde mais tu as bien plus à perdre que tu ne le crois, prévint Arthur.
- J'ai pris ma décision, s'obstina Ron.
- Et Hermione ? demanda Ginny avec calme.
Le calme avant la tempête pensa Ron en voyant l'air serein de sa sœur.
- Nous avons discuté, elle va continuer sa vie, elle s'en remettra.
- Tu es d'un égoïsme ! déplora la rouquine avant de sortir de la pièce, probablement pour rejoindre Hermione.
- Es-tu sûr de toi ? demanda Molly.
- Oui maman, je suis désolé.
Molly vint prendre son fils dans ses bras.
- Je pense que tu fais une énorme erreur mais je sais que je ne peux pas t'en empêcher alors, fais comme bon te semble. J'espère que rien ne sera irréparable lorsque tu rentreras.
Tout le monde comprit qu'elle faisait référence à Hermione. Les Weasley lui dirent au revoir les uns après les autres puis vint le tour d'Harry.
- Je n'approuve pas mais j'espère que ce voyage t'aidera, quoi que tu cherches.
- Merci, répondit simplement Ron.
Ron partit en faisant un dernier signe de la main à sa famille puis il transplana.
Harry monta rejoindre Ginny et Hermione, cette dernière pleurait toujours, il s'assit à ses côtés et la prit simplement dans ses bras, ne sachant pas quoi dire. Ginny, qui était une femme, dispensait des paroles réconfortantes et bientôt, Hermione s'endormit. Ils sortirent de la chambre et ils montèrent dans la chambre de Ron pour être tranquilles.
- Mon frère est un abruti !
- Ton frère fait ce qu'il peut, comme il peut, le défendit Harry.
- Tu le défends simplement parce qu'il est ton meilleur ami mais avoue que toi aussi ça te choque qu'il abandonne Hermione comme ça.
- Oui, c'est vrai, je le comprends mais je ne conçois pas comment il peut la quitter. Moi je t'ai quittée, c'est vrai mais c'était pour…
- Je sais, mais tout ça, c'est fini. Tu avais de bonnes raisons de le faire, lui non. En plus, je sais ce qu'on a fait hier en passant la nuit ensemble et je pense qu'eux ont fait pareil. Si tu m'avais quittée ce matin, je ne l'aurais pas aussi bien compris que la dernière fois.
Harry sentit que Ginny avait quelques appréhensions.
- Je suis revenu et je ne compte partir nulle part, tu m'as assez manquée jusqu'à maintenant. Pour moi, il est hors de question de te laisser une nouvelle fois.
Il s'approcha d'elle et l'embrassa, comme une façon de lui montrer qu'il ne mentait pas. Hermione partit le lendemain comme prévu, pour retrouver ses parents et elle ne se montra pas avant le 1er septembre pour prendre le Poudlard Express.
Après la guerre de mai, tous les mangemorts qui avaient été retrouvés furent enfermés à la prison d'Azkaban nouvelle génération. Il n'y avait plus de détraqueur mais des sorts empêchant toutes formes de magie. Hormis pour les gardiens qui faisaient partie d'un nouveau service du ministère.
Malefoy y avait été enfermé en attendant son procès. Deux jours après la victoire de Potter contre le Seigneur des ténèbres, contrairement aux autres mangemorts, il s'était rendu directement au ministère pour ne pas être recherché.
Ses parents avaient essayé de l'en empêcher, ils voulaient prendre la fuite. Mais lui, il avait déjà assez écouté ses parents et déjà assez fui.
Il avait écouté ses parents et tout particulièrement son père lorsqu'il lui expliquait à quel point les Sang-de-Bourbe étaient abjects et que les Sang-Mêlé ne valaient guère mieux. De même que les Sang-Pur qui fraternisaient avec cette racaille, les traîtres à leur sang, comme disaient ses parents. Oui il les avait écoutés et les avait même crus quand ils disaient que tout lui était dû de par son nom. Il avait écouté leurs idéaux et avait voulu y croire pour qu'ils soient fiers de lui.
Et il avait fui, il avait fui sa conscience, cette petite voix qui lui chuchotait qu'il faisait erreur en insultant les nés-moldus et autres, en se comportant comme un petit prince et en étant odieux avec tout le monde.
Il avait jalousé Harry Potter, parce qu'il était célèbre et que tout le monde l'admirait plus que lui. Mais il ne s'était jamais posé la bonne question, à savoir si Potter était vraiment admirable et oui, il l'était. Un garçon, qui à partir de ces 11 ans avait risqué sa vie pour celle des autres était forcément admirable. Réaliser ça ne faisait pas qu'il appréciait plus Harry mais maintenant qu'il avait fait le tri entre ses réelles convictions et celles de ses parents, il n'avait aucun mal à le reconnaître.
Puis même s'il avait refoulé ses pensées à l'époque, il fallait bien reconnaître que les nés-moldus n'étaient pas des sorciers inférieurs ou médiocres. La preuve, Granger l'avait surpassée dans toutes les matières et ce, dès leur première année. D'ailleurs, elle surpassait tout le monde. Là aussi, prendre conscience de ça ne faisait pas qu'il l'appréciait plus.
Il ne haïssait plus Granger ou Potter. D'ailleurs, comment le pourrait-il ? Car s'il avait été libéré juste après son procès, c'était bien grâce à ces deux-là, qui avaient témoigné pour lui ! Il avait passé toute sa scolarité à les insulter, à leur chercher la bagarre et il leur devait sa liberté, ça le dépassait ! En plus, il leur devait également la vie, sans eux, il serait mort comme Crabbe dans la salle sur demande.
Potter et Granger avaient pris sa défense lors du procès, insistant sur le fait qu'il ne les avait pas dénoncés lorsque sa tante et les autres lui avaient demandé de les identifier. Ils avaient également fait libérer sa mère, qui s'était rendue en même temps que lui, là aussi Potter avait pris sa défense en disant que sans elle, Voldemort aurait pu le tuer définitivement.
Son père, lui, était en prison et il le resterait longtemps. Contrairement à eux, Lucius avait fui et il s'était fait attraper, n'ayant à aucun moment montré de remords, personne n'avait pris sa défense. Mais Drago savait qu'il était à sa place, en vérité, il pensait que lui aussi aurait dû être à Azkaban.
Après leur libération, il n'était pas rentré avec sa mère, il était parti seul pour voyager et se changer les idées en attendant de trouver ce qu'il ferait de sa vie et en essayant de se remettre, de se rétablir après tous ces événements.
Mais, une enveloppe était venue pour tout changer, de la part de la nouvellement directrice de Poudlard, McGonagall. Dans l'enveloppe, plusieurs lettres. Il y en avait une qui lui expliquait qu'au vu des enseignements de l'année passée et de l'annulation des examens, tous les élèves allaient recommencer leur année. Il y en avait une autre, contenant la liste des fournitures et une dernière qui lui était personnellement adressée de la part de la directrice.
« Cher Monsieur Malefoy,
Vous venez de recevoir la lettre vous expliquant les raisons d'une nouvelle année scolaire à Poudlard. Vous serez sans doute tenté d'abandonner, croyant que vous n'avez plus votre place dans cette école, mais, ayant assisté à votre procès, je suis persuadée du contraire.
Vous avez une chance de prouver que vous êtes différent de ce que vous nous aviez laissé apercevoir jusqu'à présent. Et ce n'est pas... En fuyant que vous en aurez une.
Je souhaite aussi vous informer, et c'est là, la principale raison de cette lettre, que vous avez été choisi pour devenir préfet-en-chef. J'attends donc votre réponse pour m'informer de votre venue ou non.
Cordialement,
Professeur Minerva McGonagall.
Directrice de Poudlard. »
Il n'en avait pas cru ses yeux, non seulement il était invité à reprendre ses études mais en plus, il était nommé préfet-en-chef ! Comme l'avait prédit McGonagall, il fut tenté de refuser mais son paragraphe sur la fuite, lui restait en tête, si bien que le soir même, il lui répondit qu'il acceptait de revenir.
Il n'avait pas envie de revoir ses camarades de Serpentard, il ne savait pas comment ils seraient avec lui. Se prosterneraient-ils tous à ses pieds comme avant ? Ou seraient-ils méprisants ? Dans les deux cas, il ne voulait pas affronter ça, sans parler des autres maisons qui seraient à coup sûr consternées par son retour mais encore plus par son nouvel insigne. Mais il avait décidé de ne plus fuir, puis passer ses ASPIC, c'était une chance inouïe.
C'est ainsi qu'il se retrouva sur le quai 9 ¾ le premier septembre.
