Styles reloaded.
Et si le téléphone qui sonne ne venait pas sauver Marlène à la fin de « la Mystérieuse Affaire de Styles » ? Voici une version où Marlène a décidé de ne pas choisir entre ses deux amis qu'elle chérit par-dessus tout… Et elle est prête à aller jusqu'au bout pour les avoir tous les deux…
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« T'es sûre ?... » Demanda Marlène. « … Tu te rends compte de tout ce que tu pourrais faire avec cet argent ? »
Avril haussa les épaules avec indifférence.
« Vous pourriez acheter quelques tenues pour votre… chérie… Quelques bijoux… » Lança Laurence, pince sans rires.
« Mais je suis pas sa chérie… » Protesta Marlène.
Alice s'approcha de la secrétaire.
« Laisse tomber, Marlène… Mais regarde-le, tu vois pas qu'il est jaloux ? »
« Moi, jaloux ?... De qui ? »
« De nous… » Alice passa un bras autour de la taille de Marlène. « … De notre amitié… »
« Non, ne vous inquiétez pas, Avril. Si vous voulez Marlène, je vous la laisse… Mais, en dehors des heures de bureau, car ici… » Il prit la jeune femme par le bras et la tira à lui. « … Elle est à moi… »
« Euh… Pardon… Marlène n'est à personne, c'est une femme libre. » Affirma Avril, qui attira à son tour Marlène vers elle.
« A qui, accessoirement, je permets de gagner sa vie. » Renchérit Laurence.
« Oui, mais elle peut trouver dix fois mieux… Pour commencer, quelqu'un qui ne la rabaisserait pas tout le temps… »
« Pourquoi ne pas lui demander directement ce qu'elle veut, au lieu de parler à sa place ? »
« Mais c'est une excellente idée ! Marlène, dis-lui que t'en as ta claque ! »
« Je vous écoute, Marlène ! »
Interdite, Marlène resta à les dévisager tour à tour. Il lui était positivement impossible de choisir entre les deux êtres qu'elle aimait le plus au monde… Impossible et inconcevable… Ils étaient ses amis, sa famille, et plus que ça, quoi qu'elle en dise à Laurence…
Récemment, Alice lui avait fait découvrir des plaisirs insoupçonnés entre femmes. Chez Styles, la timide Marlène avait succombé aux avances de l'entreprenante rousse, toujours en quête d'expériences nouvelles. Elles s'étaient amusées quelques nuits, rien de bien méchant, car toutes les deux avaient fini par reconnaître qu'elles étaient finalement plus attirées par les hommes que par les femmes. Au moins, elles ne mourraient pas idiotes, avaient-elles convenu en riant, contentes d'avoir vécue cette initiation ensemble… Leur amitié n'en avait pas souffert, au contraire. Marlène s'était sentie libérée, davantage en confiance. Toutes les deux se faisaient désormais des confidences d'ordre privée et partageaient leurs secrets… et aussi leurs fantasmes...
… Comme celui de coucher avec Laurence, l'homme qui la faisait chavirer et dont elle était amoureuse… oh, comme Marlène donnerait n'importe quoi pour passer, ne serait-ce qu'une nuit dans les bras de son patron ! Alice l'avait souvent taquinée à ce sujet, la mettant en garde, mais c'était plus fort qu'elle : quand on était attiré par quelqu'un, on se souciait peu des conséquences, on laissait venir et on voyait ensuite… D'ailleurs…
… Avril et Laurence attendaient toujours sa réponse. Marlène sentit le tiraillement en elle et fut consciente de l'opportunité unique qui se présentait. Enfin, elle avait les cartes en main. C'est maintenant ou jamais, se dit-elle…
« Je… Je vais être honnête… Je n'ai pas envie de choisir entre vous… Vous êtes mes amis... et même plus... que mes amis. Vous êtes les êtres les plus importants dans ma vie... »
Marlène se tordit les mains et continua.
« Je vous aime tous les deux de façon égale, quoique différente… et je… je ne veux pas… Je refuse de choisir l'un au détriment de l'autre… »
Laurence la regarda sans comprendre.
« Qu'est-ce que ça veut dire, Marlène ? » Demanda-t-il.
« Ça veut dire que je ne vous départagerai pas ! » Marlène prit une profonde inspiration et prit sa décision : « … Vous vous débrouillez comme vous voulez tous les deux, mais ça ne sera pas l'un ou l'autre, mais l'un et l'autre ! »
« L'un et l'autre ? » Avril fronça les sourcils, perplexe. « … Mais qu'est-ce que tu veux dire par là, Marlène ?... »
La blonde inclina la tête sur le côté de façon significative et Alice comprit soudain où son amie voulait en venir. Ses yeux s'agrandirent sous la surprise.
« Oh, merde !... » La jolie rousse regarda Marlène avec sidération. « … Tu dérailles complètement ou quoi ? »
« Non. »
« Tu te rends compte de ce que tu me demandes ? » S'écria Alice, horrifiée.
Marlène croisa les bras d'un air déterminé.
« Parfaitement. C'est la seule solution si vous voulez m'avoir tous les deux… Et avoue que l'idée ne serait pas pour te déplaire… »
Avril se mit soudain à rougir alors qu'elle protestait.
« Mais pas du tout ! Enfin, où es-tu allée chercher une idée pareille ? »
« Alice, tu parles en dormant… »
« Quoi ?... N'importe quoi ! »
« J'ai peur de ne pas comprendre… » Demanda un Laurence, jusqu'ici muet et clairement perplexe. « … M'avoir tous les deux ?… »
Le policier passait de l'une à l'autre en fronçant les sourcils. Avril ne perdit pas l'occasion de se moquer de lui.
« D'habitude, vous pigez rapidement, mais il y a visiblement des domaines où vous êtes lent à la détente… »
Laurence se renfrogna encore davantage.
« Pas très ouvert d'esprit, le commissaire, hein ? » S'amusa Alice en regardant Marlène.
« Alice parle en dormant, Commissaire… »
Les deux filles souriaient de connivence. Laurence ouvrit soudain de grands yeux quand il comprit enfin. Choqué, il ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit.
« Ça y est, il a percuté… » Se moqua Alice en riant.
« Marlène ?... » Réussit-il à dire, horrifié. « … Pas vous ! Non... »
La secrétaire ne se laissa pas démonter par son jugement hâtif et releva la tête en le défiant de dire quelque chose de déplacé.
« Alice m'a ouvert les yeux sur certains aspects de ma vie amoureuse… J'aime Alice, je vous aime… J'assume mes choix, Commissaire. Ce n'est pas ce que vous faites ? »
« Euh… Je… »
Laurence dévisagea sa secrétaire comme s'il n'en croyait pas ses yeux, puis il observa Avril qui souriait en se délectant de l'inconfort du policier. Comme à son habitude, il tourna sa colère contre la journaliste.
« Espèce de dévergondée, c'est vous qui lui avez mis toutes ces idées dans la tête… »
« Mais pas du tout ! Marlène est capable de prendre des décisions toute seule et de savoir ce qu'elle veut !… »
« En faisant des propositions inconvenantes, et… et indécentes ? »
Laurence faisait une grimace éloquente. Marlène décida qu'il était temps d'intervenir avant que les choses s'enveniment entre eux.
« Alice n'y est pour rien, Commissaire. » Marlène les regarda tour à tour, déterminée, et s'exaspéra : « … C'est votre faute aussi à tous les deux ! Vous vous rendez compte du choix auquel je suis confronté ? Choisir entre vous deux ? Comment voulez-vous que je fasse ? C'est impossible, à moins de renoncer à l'un d'entre vous… Et ça, je ne peux pas ! »
« Mais… » Intervint Laurence.
« Ne me demandez jamais de choisir entre vous deux, Commissaire ! C'est à prendre ou à laisser ! »
Laurence resta interloqué. Jamais on ne lui avait fait une pareille proposition ! Il aurait Marlène si… non, il avait mal compris… Ce n'était pas possible ! Enfin, pourtant, ce n'était pas comme s'il était innocent en ce domaine ! Mais tout de même… Il était à dix mille lieues de penser que... Marlène… Avec Avril... Avec Avril !? Ça voulait dire… deux femmes dans son lit avec lui !?... C'était… Il n'avait pas de mots…
« Alors, Laurence, vous avez peur de ne pas vous sentir à la hauteur ? » Le railla Alice, de façon suggestive.
« Mais, jamais de la vie !… » S'insurgea-t-il, pris sur une question d'égo. « … Et là n'est absolument pas la question ! Seulement l'idée de Marlène est insensée ! Et… et avec vous !… Pas question ! »
« Moi aussi j'ai autant envie de coucher avec vous que d'aller me pendre !... Mais si ça permet à Marlène d'être heureuse, pourquoi pas ? Je pense à son bonheur, moi !… »
« Parce que vous croyez que je ne désire pas son bonheur, peut-être ? Mais, Avril, elle ne le trouvera jamais avec vous ! »
« Qu'est-ce que vous en savez d'abord ? Vous êtes un spécialiste ? Vous êtes le mieux placé pour en juger ? Laurence, vous puez la solitude ! »
« Alice ! » S'écria Marlène, qui pensait que son amie était allée trop loin pour une fois.
« Ben quoi, c'est vrai, non ? »
Laurence avait pâli et les regarda tour à tour, furieux.
« Je ne veux pas en entendre davantage ! Vous êtes folles toutes les deux ! »
« Commissaire !... »
Mais Laurence avait déjà quitté la pièce en claquant la porte. Marlène fut immédiatement inquiète et démoralisée.
« C'était une mauvaise idée, hein, Alice ? »
« Ben, faut dire… Tu l'as pris à froid… Moi non plus, je ne m'attendais pas à une pareille proposition... »
La journaliste souffla et eut finalement un petit rire.
« Vois le bon côté des choses. Au moins, il va te laisser tranquille maintenant... »
« Mais je ne veux pas qu'il me laisse tranquille. Je veux qu'il s'intéresse à moi ! »
Marlène parut encore plus déprimée.
« Qu'est-ce que je vais devenir ? »
« T'inquiètes pas, Marlène, il va peser le pour et le contre, et il va revenir… Moi aussi, d'ailleurs, je vais réfléchir… L'idée qu'il me… » Alice frissonna. « … Oh, bon sang ! Dans quelle situation tu viens de nous mettre ? »
« C'est vous qui m'avez mis dans cette impasse avec votre dispute ! J'en ai assez de me retrouver systématiquement entre deux feux ! Quand allez-vous comprendre que je vous aime tous les deux et que je ne peux pas choisir ! Voilà, c'est pourtant simple ! »
« Attends... Marlène ! »
Agacée et malheureuse, la jeune femme sortit à son tour. Alice resta seule à se demander comment ils en étaient arrivés à une situation aussi cornélienne… Si ce n'était une tragédie pour leur relation à tous les trois, elle aurait aimé en rire…
A suivre…
J'ai écrit (en partie) cette fic avant les événements du "Miroir se Brisa", d'où des différences, mais qui ont peu d'importance au vu du déroulement de l'histoire. Je précise aussi que c'est une première pour moi d'écrire un OT3 et que je ne sais pas du tout ce qui va en ressortir. Peut-être que cela fera des émules et que d'autres voudront en écrire ? C'est tout le mal que je souhaite. Allez, soyons folles et fous !
