J'avais envie d'écrire ma vision de la rencontre de Rolf et Luna. Ce sera une mini fic de cinq chapitres, dont quatre sont déjà écrits :) Je pense publier tous les trois/quatre jours pour ne pas trop vous faire attendre.
Trêve de blabla, bonne lecture on se retrouve en bas !
Il y avait une voix pas loin. Il était presque arrivé. Les traces de pas qu'il suivait depuis un bon quart d'heure s'intensifiaient dans la neige, désormais molle et grise d'avoir été trop piétinée. Et bientôt, après un long virage, perché au-dessus d'un promontoire neigeux, il aperçut le refuge qu'il cherchait tant. Il avait eu peur de ne pas le trouver, de devoir passer la nuit dans la neige. Oh, bien sûr il avait de quoi, et il avait vu pire, mais ce n'était jamais agréable. Il tapota ses lourdes bottes pleines de neiges contre les marches en pierre qui menaient à la porte.
La voix était bien là. Il l'entendait mieux désormais, claire et mélodieuse, elle interprétait une sorte de ballade. Curieux, il poussa la porte de bois, qui manquait de s'effondrer, rongée par la neige, le froid et le vent. Le spectacle qui lui apparut lui réchauffa le cœur. C'était dans ces moments-là qu'il se sentait le plus heureux, lorsque, perdus à des milliers de mètres d'altitude, ou dans les plus denses forêts du globe, le partage et la chaleur humaine reprenaient sens à ses yeux.
Devant lui, un feu crépitait. De vieux matelas jonchaient le sol contre les murs, et au milieu une table, des tabourets qui branlaient, et des promeneurs, des visages heureux. Quatre hommes étaient attablés, deux autres semblaient somnoler sur les matelas. Et au milieu de toute cette assemblée, juste devant le feu, assise sur l'un des tabourets, une fille chantait. C'était elle qu'il entendait sur le chemin, elle qui rendait leur visage souriant, elle qu'ils contemplaient.
Car, oui, ils n'avaient pas dû en voir souvent, se dit Rolf, des jeunes filles qui chantaient des ballades à des inconnus, perdue dans une montagne d'Islande. D'ailleurs, en y réfléchissant, lui non plus. Et il revenait d'un long voyage à travers le monde, il en avait vu des choses. Mais il devait reconnaître que ce qu'il avait là sous ses yeux était une des plus étranges.
Et puis soudain, il se tape le front. Ça lui avait échappé. La voix. La ballade. Elle chantait dans sa langue. Elle chantait en anglais. Et qu'est-ce qu'elle chantait bien. Il était fasciné par ses intonations. Les mots, les notes semblaient jaillir d'entre ses lèvres, aussi simplement que l'eau jaillirait d'une source.
Elle avait des bagues à chaque doigt, Des tas de bracelets autour des poignets, Et puis elle chantait avec une voix Qui, sitôt, m'enjôla.
Elle lui sourit alors. Et s'arrêta doucement. Les autres se retournèrent vers lui, comme sortis brusquement de leur transe, semblant seulement se rendre compte de sa présence. Le premier lui offrit un sourire chaleureux, et un forte poignée de mains, tout en lui désignant la table, où se tenaient quelques vivres, lui proposant de faire comme chez lui. Rolf hocha la tête en remerciement, et salua les six autres de la même façon. Puis il s'avança vers la table et s'assit, de manière à se retrouver en face de la jeune fille. L'homme en face de lui se pencha par-dessus la table pour lui chuchoter :
« Elle, anglaise. Beaucoup voyagé. Bientôt rentrera chez elle. Elle belle non ? Elle, fascinante. »
Rolf acquiesça avec un drôle de sourire. Le peu de vocabulaire de son interlocuteur obligeait celui-ci à exprimer ses émotions avec une franchise qui lui plut. Jamais quelqu'un en pleine connaissance d'une langue ne serait aussi direct, aussi honnête. Et c'est ce qu'il aimait aussi dans le fait de visiter des endroits reculés. Les gens ne maîtrisaient jamais vraiment l'anglais, et alors, les gestes, les quelques mots appris, devenaient le seul moyen de communication.
« Oui. » répondit-il enfin.
Et la fille se remit à chanter, toujours la même mélodie berçante et enivrante. Entêtante.
Elle avait des yeux, des yeux d'opale, Qui me fascinaient, qui me fascinaient. Y avait l'ovale de son visage pâle De femme fatale qui m'fut fatale.
De femme fatale qui m'fut fatale.
Au bout de longues minutes, à simplement apprécier la chaleur de l'âtre, et à poser quelques questions sur les environs aux quatre hommes, l'un d'eux se leva.
« Moi et mes frères, dormir, demain, longue marche. Bonne nuit toi. » parvint-il à dire.
L'essentiel du message était clair.
« Bonne nuit. » souffla Rolf.
Les matelas grincèrent, geignirent quelques minutes, le temps que tous trouvent une position confortable, et puis, certainement fatigués par leur journée, les promeneurs s'endormirent facilement, laissant flotter au-dessus le silence, seulement troublé par le crépitement des bûches.
Elle s'était arrêtée, avait rejoint la table, et le regardait manger. Elle était décidément étrange. Elle avait des yeux immenses, presque trop gros pour son visage, qui le fixaient intensément. Il savait qu'il aurait dû prendre la parole. Après tout avec ses cheveux blonds, elle le prenait peut-être pour un islandais. Alors que lui la savait anglaise, malgré ses boucles blondes emmêlées, tressées çà et là, dans un amalgame de mèches entortillées, ramenées au-dessus de sa tête.
Et puis il y avait ses boucles d'oreilles, des radis, s'il en jugeait par leur forme et leurs couleurs. Mais a t-on idée de porter des radis en boucle d'oreilles ?
« Tu portes des radis ? » lâcha t-il alors, mû par un élan de curiosité.
Elle tressaillit, sa bouche s'ouvrit pour former un O parfait, et elle la referma aussitôt.
« Tu parles anglais ? Désolée je ne savais. Oui, c'est des radis, c'est une idée de ma mère. On les a fabriqués ensemble. Elle m'a montré comment faire pour la gauche, et j'ai fais la droite. C'est pour ça qu'elle est un peu ratée. Je n'avais que huit ans. »
Tout ça d'une traite, avec tout le naturel du monde, elle lui avait ouvert un pan de sa vie, alors qu'il avait juste posé une simple question. L'islandais avait raison. Cette fille était fascinante.
« Comment tu t'appelles ? » reprit-elle d'une voix douce.
« Rolf. » chuchota t-il en réponse. « Rolf Scamander. Et toi ? »
Elle triturait désormais son bracelet, un étrange assortiment de diverses choses assemblées avec plus ou moins de logique autour d'une fine cordelette. Elle releva les yeux vers lui.
« Ravie de t'avoir rencontré, Rolf. Moi, c'est Luna. » murmura t-elle.
Il ne demanda pas « Luna comment ? » comme il l'aurait sûrement fait avec n'importe qui d'autre. Elle n'était pas du genre à s'appeler Luna Quelquechose. Non, elle était juste Luna, et pour lui, pour le peu de temps qu'il passerait avec elle, ça lui suffisait. Et il y avait d'autres questions autrement plus importantes qui le démangeaient.
« Comment t'as atterri ici ? » s'entendit-il prononcer.
« C'est une longue histoire. » commença t-elle.
Elle se leva soudain, et entoura son poignet de ses doigts fins, lui enjoignant de faire de même et il s'exécuta. Elle l'emmena vers deux matelas côté à côté encore vides, et s'installa sur l'un deux, un bras derrière la tête, les yeux levés vers le plafond. Il l'imita.
« C'est une longue histoire. » reprit-elle. « Il y a eu une sorte de... de guerre, de révolte, dans... dans ma région. Et puis on a gagné... »
Rolf était perdu, cela pouvait être une sorte de guerre de village anodine, de dispute entre voisins, du moins c'est ce que laissaient entendre les propos de Luna, mais les larmes qui perlaient au coin de ses yeux ne mentaient pas. Il s'agissait d'autre chose. Quelque chose de plus grand. Et la douleur de la jeune fille fit écho à la sienne, qu'il pensait plus enfouie. Instinctivement, il lui prit la main. Il ne s'en serait presque pas rendu compte si elle ne l'avait pas serrée de toutes ses forces en retour, tandis qu'elle poursuivait.
« La vie a repris son cours, les gens revivaient. La paix était là. Tout autour de nous. Oui, elle était là, mais je ne la sentais pas. Je n'étais pas heureuse. J'entendais maman me le chuchoter le soir. Il manquait quelque chose. Alors un jour, j'ai fait mon sac, envoyé une lettre à mon père et je suis partie. Je... je devais m'en aller. J'ai décidé de faire un tour du monde. »
Il n'aurait jamais cru se découvrir autant de points communs avec ce petit bout de femme. Lui aussi avait quitté sa famille. Lui aussi avait eu besoin de partir, partir loin pour se vider l'esprit. Aussi pour étudier les plantes des différents climats et régions du monde. Mais c'était presque une excuse. En vérité, il étouffait à Londres.
« Je te comprends, tu sais » coula t-il.
Luna tourna la tête vers lui, et elle eut la ferme impression qu'il la comprenait vraiment, peut-être même trop bien. Elle sourit. Elle se redressa et attrapa une couverture dans son sac, il entreprit de faire la même chose de son côté mais batailla quelques minutes pour faire sortir la sienne de son sac. Elle eut un petit rire moqueur et se roula en boule au fond de sa couverture.
Quelques minutes plus tard, le feu s'éteignit, et le froid, le vrai froid d'Islande s'insinua sous son plaid. Elle grelottait presque, chaque partie de son corps était gelée. Ah non, après réflexion, pas toutes. Sa main, toujours étroitement liée à celle de son compagnon de refuge bénéficiait de la chaleur humaine qu'il diffusait.
Dans une demi-inconscience, Luna s'entendit chuchoter :
« Rolf ? Rolf, tu dors ? »
Un mouvement lui répondit, suivit d'un « Hmmmf... ». Elle faillit laisser tomber lorsqu'elle perçut la voix ensommeillée de Rolf lui répondre :
« Qu'est-ce qu'il y a, Luna ? »
« J'ai froid. » lâcha t-elle simplement.
Sans qu'un mot de plus ne soit prononcé, le corps de Rolf se rapprocha de Luna. Spontanément, la seconde main de la jeune femme trouva sa place contre le torse de Rolf, et ses jambes se mêlèrent aux siennes. Il lui frictionna le dos quelques instants, et, une fois réchauffée, elle lui souffla un merci contre son oreille, et ils s'endormirent presque aussitôt.
Voilà pour le premier chapitre, qu'en avez-vous pensé ? J'attends vos réactions (bonnes ou mauvaises:) dans le cadre blanc juste en bas. Bisous et à bientôt pour le prochain chapitre.
J'avais envie d'écrire ma vision de la rencontre de Rolf et Luna. Ce sera une mini fic de cinq chapitres, dont quatre sont déjà écrits :) Je pense publier tous les trois/quatre jours pour ne pas trop vous faire attendre.
Trêve de blabla, bonne lecture on se retrouve en bas !
Il y avait une voix pas loin. Il était presque arrivé. Les traces de pas qu'il suivait depuis un bon quart d'heure s'intensifiaient dans la neige, désormais molle et grise d'avoir été trop piétinée. Et bientôt, après un long virage, perché au-dessus d'un promontoire neigeux, il aperçut le refuge qu'il cherchait tant. Il avait eu peur de ne pas le trouver, de devoir passer la nuit dans la neige. Oh, bien sûr il avait de quoi, et il avait vu pire, mais ce n'était jamais agréable. Il tapota ses lourdes bottes pleines de neiges contre les marches en pierre qui menaient à la porte.
La voix était bien là. Il l'entendait mieux désormais, claire et mélodieuse, elle interprétait une sorte de ballade. Curieux, il poussa la porte de bois, qui manquait de s'effondrer, rongée par la neige, le froid et le vent. Le spectacle qui lui apparut lui réchauffa le cœur. C'était dans ces moments-là qu'il se sentait le plus heureux, lorsque, perdus à des milliers de mètres d'altitude, ou dans les plus denses forêts du globe, le partage et la chaleur humaine reprenaient sens à ses yeux.
Devant lui, un feu crépitait. De vieux matelas jonchaient le sol contre les murs, et au milieu une table, des tabourets qui branlaient, et des promeneurs, des visages heureux. Quatre hommes étaient attablés, deux autres semblaient somnoler sur les matelas. Et au milieu de toute cette assemblée, juste devant le feu, assise sur l'un des tabourets, une fille chantait. C'était elle qu'il entendait sur le chemin, elle qui rendait leur visage souriant, elle qu'ils contemplaient.
Car, oui, ils n'avaient pas dû en voir souvent, se dit Rolf, des jeunes filles qui chantaient des ballades à des inconnus, perdue dans une montagne d'Islande. D'ailleurs, en y réfléchissant, lui non plus. Et il revenait d'un long voyage à travers le monde, il en avait vu des choses. Mais il devait reconnaître que ce qu'il avait là sous ses yeux était une des plus étranges.
Et puis soudain, il se tape le front. Ça lui avait échappé. La voix. La ballade. Elle chantait dans sa langue. Elle chantait en anglais. Et qu'est-ce qu'elle chantait bien. Il était fasciné par ses intonations. Les mots, les notes semblaient jaillir d'entre ses lèvres, aussi simplement que l'eau jaillirait d'une source.
Elle avait des bagues à chaque doigt, Des tas de bracelets autour des poignets, Et puis elle chantait avec une voix Qui, sitôt, m'enjôla.
Elle lui sourit alors. Et s'arrêta doucement. Les autres se retournèrent vers lui, comme sortis brusquement de leur transe, semblant seulement se rendre compte de sa présence. Le premier lui offrit un sourire chaleureux, et un forte poignée de mains, tout en lui désignant la table, où se tenaient quelques vivres, lui proposant de faire comme chez lui. Rolf hocha la tête en remerciement, et salua les six autres de la même façon. Puis il s'avança vers la table et s'assit, de manière à se retrouver en face de la jeune fille. L'homme en face de lui se pencha par-dessus la table pour lui chuchoter :
« Elle, anglaise. Beaucoup voyagé. Bientôt rentrera chez elle. Elle belle non ? Elle, fascinante. »
Rolf acquiesça avec un drôle de sourire. Le peu de vocabulaire de son interlocuteur obligeait celui-ci à exprimer ses émotions avec une franchise qui lui plut. Jamais quelqu'un en pleine connaissance d'une langue ne serait aussi direct, aussi honnête. Et c'est ce qu'il aimait aussi dans le fait de visiter des endroits reculés. Les gens ne maîtrisaient jamais vraiment l'anglais, et alors, les gestes, les quelques mots appris, devenaient le seul moyen de communication.
« Oui. » répondit-il enfin.
Et la fille se remit à chanter, toujours la même mélodie berçante et enivrante. Entêtante.
Elle avait des yeux, des yeux d'opale, Qui me fascinaient, qui me fascinaient. Y avait l'ovale de son visage pâle De femme fatale qui m'fut fatale.
De femme fatale qui m'fut fatale.
Au bout de longues minutes, à simplement apprécier la chaleur de l'âtre, et à poser quelques questions sur les environs aux quatre hommes, l'un d'eux se leva.
« Moi et mes frères, dormir, demain, longue marche. Bonne nuit toi. » parvint-il à dire.
L'essentiel du message était clair.
« Bonne nuit. » souffla Rolf.
Les matelas grincèrent, geignirent quelques minutes, le temps que tous trouvent une position confortable, et puis, certainement fatigués par leur journée, les promeneurs s'endormirent facilement, laissant flotter au-dessus le silence, seulement troublé par le crépitement des bûches.
Elle s'était arrêtée, avait rejoint la table, et le regardait manger. Elle était décidément étrange. Elle avait des yeux immenses, presque trop gros pour son visage, qui le fixaient intensément. Il savait qu'il aurait dû prendre la parole. Après tout avec ses cheveux blonds, elle le prenait peut-être pour un islandais. Alors que lui la savait anglaise, malgré ses boucles blondes emmêlées, tressées çà et là, dans un amalgame de mèches entortillées, ramenées au-dessus de sa tête.
Et puis il y avait ses boucles d'oreilles, des radis, s'il en jugeait par leur forme et leurs couleurs. Mais a t-on idée de porter des radis en boucle d'oreilles ?
« Tu portes des radis ? » lâcha t-il alors, mû par un élan de curiosité.
Elle tressaillit, sa bouche s'ouvrit pour former un O parfait, et elle la referma aussitôt.
« Tu parles anglais ? Désolée je ne savais. Oui, c'est des radis, c'est une idée de ma mère. On les a fabriqués ensemble. Elle m'a montré comment faire pour la gauche, et j'ai fais la droite. C'est pour ça qu'elle est un peu ratée. Je n'avais que huit ans. »
Tout ça d'une traite, avec tout le naturel du monde, elle lui avait ouvert un pan de sa vie, alors qu'il avait juste posé une simple question. L'islandais avait raison. Cette fille était fascinante.
« Comment tu t'appelles ? » reprit-elle d'une voix douce.
« Rolf. » chuchota t-il en réponse. « Rolf Scamander. Et toi ? »
Elle triturait désormais son bracelet, un étrange assortiment de diverses choses assemblées avec plus ou moins de logique autour d'une fine cordelette. Elle releva les yeux vers lui.
« Ravie de t'avoir rencontré, Rolf. Moi, c'est Luna. » murmura t-elle.
Il ne demanda pas « Luna comment ? » comme il l'aurait sûrement fait avec n'importe qui d'autre. Elle n'était pas du genre à s'appeler Luna Quelquechose. Non, elle était juste Luna, et pour lui, pour le peu de temps qu'il passerait avec elle, ça lui suffisait. Et il y avait d'autres questions autrement plus importantes qui le démangeaient.
« Comment t'as atterri ici ? » s'entendit-il prononcer.
« C'est une longue histoire. » commença t-elle.
Elle se leva soudain, et entoura son poignet de ses doigts fins, lui enjoignant de faire de même et il s'exécuta. Elle l'emmena vers deux matelas côté à côté encore vides, et s'installa sur l'un deux, un bras derrière la tête, les yeux levés vers le plafond. Il l'imita.
« C'est une longue histoire. » reprit-elle. « Il y a eu une sorte de... de guerre, de révolte, dans... dans ma région. Et puis on a gagné... »
Rolf était perdu, cela pouvait être une sorte de guerre de village anodine, de dispute entre voisins, du moins c'est ce que laissaient entendre les propos de Luna, mais les larmes qui perlaient au coin de ses yeux ne mentaient pas. Il s'agissait d'autre chose. Quelque chose de plus grand. Et la douleur de la jeune fille fit écho à la sienne, qu'il pensait plus enfouie. Instinctivement, il lui prit la main. Il ne s'en serait presque pas rendu compte si elle ne l'avait pas serrée de toutes ses forces en retour, tandis qu'elle poursuivait.
« La vie a repris son cours, les gens revivaient. La paix était là. Tout autour de nous. Oui, elle était là, mais je ne la sentais pas. Je n'étais pas heureuse. J'entendais maman me le chuchoter le soir. Il manquait quelque chose. Alors un jour, j'ai fait mon sac, envoyé une lettre à mon père et je suis partie. Je... je devais m'en aller. J'ai décidé de faire un tour du monde. »
Il n'aurait jamais cru se découvrir autant de points communs avec ce petit bout de femme. Lui aussi avait quitté sa famille. Lui aussi avait eu besoin de partir, partir loin pour se vider l'esprit. Aussi pour étudier les plantes des différents climats et régions du monde. Mais c'était presque une excuse. En vérité, il étouffait à Londres.
« Je te comprends, tu sais » coula t-il.
Luna tourna la tête vers lui, et elle eut la ferme impression qu'il la comprenait vraiment, peut-être même trop bien. Elle sourit. Elle se redressa et attrapa une couverture dans son sac, il entreprit de faire la même chose de son côté mais batailla quelques minutes pour faire sortir la sienne de son sac. Elle eut un petit rire moqueur et se roula en boule au fond de sa couverture.
Quelques minutes plus tard, le feu s'éteignit, et le froid, le vrai froid d'Islande s'insinua sous son plaid. Elle grelottait presque, chaque partie de son corps était gelée. Ah non, après réflexion, pas toutes. Sa main, toujours étroitement liée à celle de son compagnon de refuge bénéficiait de la chaleur humaine qu'il diffusait.
Dans une demi-inconscience, Luna s'entendit chuchoter :
« Rolf ? Rolf, tu dors ? »
Un mouvement lui répondit, suivit d'un « Hmmmf... ». Elle faillit laisser tomber lorsqu'elle perçut la voix ensommeillée de Rolf lui répondre :
« Qu'est-ce qu'il y a, Luna ? »
« J'ai froid. » lâcha t-elle simplement.
Sans qu'un mot de plus ne soit prononcé, le corps de Rolf se rapprocha de Luna. Spontanément, la seconde main de la jeune femme trouva sa place contre le torse de Rolf, et ses jambes se mêlèrent aux siennes. Il lui frictionna le dos quelques instants, et, une fois réchauffée, elle lui souffla un merci contre son oreille, et ils s'endormirent presque aussitôt.
Voilà pour le premier chapitre, qu'en avez-vous pensé ? J'attends vos réactions (bonnes ou mauvaises:) dans le cadre blanc juste en bas. Bisous et à bientôt pour le prochain chapitre.
