Prologue

Hollywood, 8 août 2014, 23h30

Dans le Manoir (en fait c'est une auberge, mais ne cherchez pas à comprendre, je disais « le Manoir avec un grand M, ce qui suppose d'appuyer plus que nécessaire sur la 1ère syllabe de 'manor' en anglais, quand je parle de l'auberge). Dans le Manoir donc avant qu'une parenthèse folle ne m'échappe, j'étais dans ma chambre en train de dormir. Encore un peu, dans un grand lit à baldaquin sous un drap blanc parce qu'en août en Californie il faisait han, chaud. Genre incendie, d'ailleurs je sais pas si ces histoires de pompiers c'est bien honnête : il a une façon d'éteindre le feu avec sa grande lance…

Et je faisais un rêve très agréable, sur le dos dans ma chemise de nuit blanche. Sauf que je ne vous dirai pas ce que c'est parce que ça ne vous regarde pas, d'abord ! En tout cas à un moment ça me chatouillait agréablement, je ris.

Quand j'entendis un bruit mat de quelque chose de petit qui tombe. Je me réveillai en sursaut et m'assis en appelant Trudy. Trudy c'est mon chat, une femelle somali à la robe argentée aux reflets ivoire. Mais dans ma grande chambre éclairée d'une multitude de petites lampes posées un peu partout autour du lit aux abat-jour en verrerie ou vitraux ronds, je ne vis personne. J'haussai un sourcil et regardai par terre. Rien ? Ben ?

« Ah !! Bon sang de bordel de nom d'un lutin mal rasé qui se lave au charbon ! » Jura une voix et je vis mon drap se lever au niveau de ma cuisse droite et prendre la forme d'une bosse et se remuer avant qu'une minuscule tête rousse barbue comme pas permis n'en émerge. Il avait un petit chapeau en chou sur la tête avec une petite pipe agrafée sur le côté droit, une chemise à carreaux verte avec de gros boutons en bois, et des braies marron qui lui descendaient sur les genoux avec des bottes. Et surtout il avait un nez quatre fois plus gros que ses oreilles pointues ou ses peeeeeeetits yeux cachés par des sourcils roux broussailleux. Non pas broussailleux, une vraie forêt rousse.

OO « Vous êtes dure à réveiller ! Et pourquoi vous faites une telle tête d'ahurie, l'enchanteresse ?! – M'apostropha le Leprechaune en se mettant debout et en me pointant de sa pipe qu'il avait décrochée.

-Parce qu'il y a un Leprechaune sur mon lit, pardi ! Et surtout quand on est en Californie !

-Allons miss, les Etats-Unis sont un pays d'immigrés irlandais et vous le savez ! »

Tite seconde, j'étais en train de taper causette avec un Leprechaune, créature que je n'avais pas vue en masse depuis le 12ème siècle une fois que j'avais été en Irlande… Enfin, au 12… Plutôt au 6ème après un énorme rituel…

« Heu… Et qu'est-ce que vous faites chez moi ? »

-Je suis venu voir si les rumeurs colportées par les Pookan étaient vraies ou juste une de leurs stupides blagues ! »

Je le regardai avec des yeux ronds comme des billes puis fermai les yeux. Il y avait trop longtemps, j'étais bien une Changelin ou enfant de fée vampirisé ou un Vampire changelinisé mais du temps avait passé et… Et je ne savais pas trop ce que j'étais exactement. « Attends, attends, attends. Pookan ? Si… Je me souviens bien… Oui, les fées aux attributs d'animaux. Je suppose donc que le Petit Peuple a appris pour moi.

-Comment pourrions-nous ne pas savoir ! Je vous le demande !! Mais il paraît que vous, par contre, vous ne savez R.I.E.N

-Non, j'ai la mémoire embrouillée, c'est tout – corrigeai-je avec mauvaise humeur.

-Sur la nature de Changelin – précisa t-il en secouant sa pipe vers moi. La fumée s'échappant comme un incendie.

-Là oui, j'en sais rien… » Avouai-je en levant les mains et les yeux.

Le Leprechaune tira sur sa pipe dont le tuyau s'était allongé en quelques secondes en m'observant de sous ses sourcils épais et en bataille, il s'assit à l'indienne sur ma cuisse sur le drap. « Ah ah ! Alors les Pookan ne sont pas si menteurs que ça ! La grande enchanteresse de Scathach est une Sidhe vampirisée qui ne sait rien ! »

Commence à m'énerver lui !

« Pas la peine de prendre un air méchant, enchanteresse, ça ne prend pas avec un fier Leprechaune ! – Fit-il en se relevant si vite qu'il dut se rattraper en reculant et une fois droit, tira sur ses bretelles vertes à pois blancs.

-Quel est votre nom au fait ? Moi c'est…

-Ecaterina, oui je sais, moi je suis Dogal ! Dogal O'Cleirigh ! »