Conflit

Résumé: Les membres de SG1 sont contraints de laisser Jack derrière eux…
Genre: Action et Romance S/J

Spoilers: Saison 8 après « La cité perdue » (Final de la saison 7) mais Jack est encore Colonel et Pete n'existe pas. (la saison 8 idéale finalement… ;-) )

Disclaimer : Les personnages et l'univers ne sont pas à moi mais à la MGM…

NB : Un immense merci à Gjc597 pour son soutien et sa disponibilité. Que ferais-je sans toi… ? 18.
Un grand merci à Helios pour ses corrections ultra rapides ! A Suz' également! ;-)
Et un bisou à Aurélia ! Merci de m'avoir relue si vite et de m'avoir permise de piquer le titre d'une de tes fics ;-)

Attention, cette fic contient des scènes violentes susceptibles de choquer les plus jeunes… (Déconseillée aux moins de 13 ans)

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Aussi glacée que les violentes rafales de vent lacérant son visage, la panique envahit brusquement tout son être et il tomba à genoux, ses forces amoindries. Une vive douleur irradiait de son dos et lui coupait le souffle, empêchant momentanément ses poumons de se procurer l'oxygène nécessaire à sa survie. Les yeux braqués sur ses trois coéquipiers qui fuyaient toujours sans un regard en arrière, il se sentit basculer en avant et s'effondra lourdement, face contre terre. Il protégea son visage dans un vain effort et, l'espace d'un instant, hésita à appeler de l'aide, mais le pas assourdissant de ses poursuivants l'en dissuada.

Il avait reçu suffisamment de coups dans sa vie pour savoir que celui-ci était mortel. Ouvrant la bouche à la recherche d'un peu d'air, un son étranglé s'échappa de sa gorge et bientôt le goût métallique de son propre sang vint se mêler à celui, amer, de la terreur.

Seul. Il allait devoir s'en sortir seul.

Posant une main en appui, ses doigts s'enfoncèrent dans l'argile et Jack parvint, au prix d'un suprême effort, à se redresser suffisamment pour faciliter la prise d'oxygène. La douleur le fit suffoquer mais il serra les dents et lutta vaillamment contre l'évanouissement. Il s'effondra pourtant, les yeux douloureusement fermés, le visage maculé de terre et de sang.

Il sentait le froid s'insinuer à travers ses épais vêtements, glaçant la sueur qui perlait sur chaque atome de sa peau. La peur, la douleur, qui d'ordinaire se transformaient en adrénaline et rendaient plus efficaces encore ses efforts de survie, lui ôtèrent lâchement toutes ses forces et à chaque seconde il devait lutter contre l'asphyxie. L'un de ses poumons devait être perforé, si ce n'était les deux et Jack réalisa avec angoisse qu'il allait mourir. Même l'arrivée impromptue de la Tok'ra ou des Asgards n'y changerait rien. Il allait mourir. Là. Dans quelques secondes.

Le corps parcouru de tremblements violents, il laissa un bref instant la fatalité le submerger mais son instinct de survie reprit brusquement le dessus et il concentra tous ses efforts sur sa respiration.

Ce n'était pas la première fois qu'il avait cette sensation. Ce n'était pas la première fois qu'il mourait. Et malgré ce profond sentiment de terreur et d'anéantissement, l'espoir lui insuffla le courage d'aller au-delà de ses forces.

Il ne voulait pas mourir. Malgré la solitude de son existence, malgré la perte d'une partie de lui – la plus grande – il ne voulait pas mourir.

Bandant ses muscles, les mains enfoncées dans la boue, il laissa sa souffrance s'échapper de lui dans un hurlement sourd et parvint à se relever, les jambes désespérément tremblantes et affaiblies. Il cligna des yeux plusieurs fois, sa vision rendue floue par la sueur qui glissait de son front et son souffle rauque résonna étrangement à son oreille.

Penché en avant, courbé en deux, il réussit à faire un pas, puis un second, mais les cris dans son dos lui apprirent la proximité toujours plus grande des Jaffas lancés à sa poursuite. Un tir lui frôla soudain la tête et il tituba encore quelques secondes avant de sentir une autre douleur lui pulvériser la cuisse droite, le faisant s'effondrer de nouveau, le souffle coupé.

Cette fois-ci, il savait qu'il ne pourrait jamais se relever. La tête alourdie par le manque d'oxygène, ses membres paralysés par la douleur, des flashs de lumières se mirent à briller à travers ses paupières closes. Un froid glacial enserrait à présent son coeur alors même qu'il sentait la vie le quitter, l'attirant inexorablement vers le néant.

Est-ce que tout ça valait le coup ? se demanda-t-il soudain, aux portes de la mort. Avait-il seulement fait les bons choix, dans sa vie ?
Pourquoi avait-il toujours ce doute, toujours ce même regret qu'il se refusait pourtant à analyser… ?

Son esprit embrumé d'interrogations inutiles, il ouvrit brusquement les yeux, terrifié par l'obscurité immuable qui envahissait peu à peu sa conscience. Puis, dans un dernier spasme, la vie déserta le corps de Jack O'Neill.

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Première partie

La Porte des Etoiles était déjà en vue lorsque Sam réalisa que son supérieur ne les suivait plus. Courant à perdre haleine, elle se retourna à plusieurs reprises, et manqua de tomber, ses pieds s'embourbant dans la boue. Le souffle court, les poumons en feu, elle finit par ralentir puis fouilla les alentours de son regard anxieux.

Personne.

Empoignant sa radio, elle se contenta de la faire crachoter, voulant éviter au Colonel de se faire remarquer s'il s'était caché. Elle attendit ensuite, mais seul le silence lui répondit.

La peur au ventre, elle se tourna vers la Porte que Daniel venait à peine d'ouvrir et regarda Teal'c rebrousser chemin pour la rejoindre.

- Que se passe-t-il ? Où est O'Neill ? demanda-t-il, arrivant à sa hauteur.

Sam secoua vivement la tête avant de reporter son attention sur le chemin de terre.

- ... Je ne sais pas... bredouilla-t-elle, le souffle rendu court par sa course effrénée.

La même inquiétude au fond des yeux, ils scrutèrent les environs quelques longues secondes puis le Jaffa finit par retrouver l'usage de la parole.

- Que fait-on ?

La jeune femme réfléchit un instant puis se tourna vers Teal'c, la mine résolue.

- Daniel et vous, passez la Porte. Je reste ici pour tenter de trouver le Colonel. Avant de plonger dans le vortex, attendez que les Jaffas soient là. En vous voyant, ils croiront que nous avons tous réussi à fuir et n'entameront pas de recherches.
- Comment ferez-vous pour rentrer ?
- J'attendrai qu'ils soient partis. Ils n'ont aucune raison de rester ici, de toute façon.

Teal'c hésita un bref instant puis finit par acquiescer. Il n'était plus tant de tergiverser. L'ennemi se rapprochait.

- Très bien. Bonne chance.

Sam se contenta de hocher la tête et repartit au pas de course, s'enfonçant dans les bois afin de contourner la troupe des Jaffas lancée à leur poursuite.

Pourquoi ne s'était-elle pas retournée plus tôt ?

Pourquoi avoir attendu d'arriver à la Porte ?

Ces vaines questions envahissaient peu à peu son esprit mais elle tenta de les chasser afin de rester vigilante et alerte.

C'était pourtant comme cela qu'on lui avait appris à fuir. Regarder en arrière faisait perdre du temps et était bien plus dangereux encore. Une chute maladroite et c'était l'équipe toute entière qui risquait sa vie. Alors on courait à perdre haleine sans jamais se retourner. C'était pourquoi le Colonel fermait toujours la marche. Pour être là, si l'un de ses hommes venait à tomber. Mais lui ? Qui couvrait ses arrières ? Qui était là pour l'aider à se relever ?

Le ventre noué d'angoisse, elle plongea au sol alors qu'à quelques mètres seulement, plusieurs dizaines de Jaffas passaient en courant. Le visage collé à la terre humide, Sam retint son souffle, attendant patiemment d'être de nouveau isolée, puis redressa la tête et scruta les environs.

Personne.

Elle se releva tant bien que mal, épuisée, et s'élança de nouveau dans les fourrés, longeant le chemin à travers bois. Elle parcourut encore quelques dizaines de mètres avant que des voix sèches ne lui parviennent. Courbée en deux, la jeune femme se rapprocha tout en cherchant à rendre sa respiration chaotique la plus silencieuse possible, puis, alors que les buissons se faisaient de plus en plus rares, elle s'allongea et rampa lentement jusqu'à l'orée de la forêt.

Lorsqu'elle découvrit le corps immobile de son supérieur aux pieds de quelques Jaffas, elle étouffa le gémissement de peur qui menaçait de passer le barrage de ses lèvres. La main crispée sur son P90, elle réprima l'envie brutale de se relever et de tuer les gardes présents mais ce coup d'éclat n'aurait fait que précipiter leur perte à tous les deux. Elle s'abstint donc et regarda l'un des Jaffas passer son pied sous le corps du Colonel pour le retourner. Ainsi étendu sur le dos, le visage de son supérieur oscilla légèrement puis se tourna dans sa direction et Sam croisa son regard vitreux et inerte.

- Il est mort, dit l'un des Jaffas, se tournant vers son chef.

Le souffle coupé, en partie anéantie par la vision qui s'offrait à elle, la jeune femme mit quelques secondes à réaliser la portée de ces mots. Sans même en prendre conscience, des larmes jaillirent de ses yeux et se mêlèrent à la sueur, rendant floue l'image de Jack allongé sur le dos, les bras en croix.

Immobile et sans vie.

- C'est O'Neill, répondit le Prima. Même si les autres sont parvenus à passer la Porte, notre Seigneur devrait être satisfait.

D'un geste de la main, il ordonna à ses hommes d'emporter le corps inerte du Colonel et Sam fut arrachée à sa funeste contemplation. La respiration courte, la gorge serrée à n'en plus pouvoir, elle ne chercha même pas à lutter contre le violent désir de vengeance qui prenait peu à peu le dessus sur sa raison. Le corps tendu à l'extrême, elle se figea cependant lorsque la voix du Prima s'éleva de nouveau :

- Emmenez-le rapidement et mettez-le dans le sarcophage. Le Seigneur Ba'al le veut vivant.

Aussi soudainement qu'elle était apparue, la douleur dans sa poitrine s'atténua au profit d'un soulagement indescriptible. S'aplatissant de nouveau au sol, Sam regarda les Jaffas emporter le Colonel tandis que le gros de la troupe revenait au pas de course, bredouille.

- Ils ont réussi à passer la Porte, Kal'im.
- Aucune importance, répondit le Prima. Nous avons ce que nous voulions.

Sam tiqua sur ces derniers mots.

Ainsi donc, ces embuscades à répétition n'étaient pas un pur hasard ? Ba'al voulait le Colonel.

Depuis presque deux mois maintenant, SG1 n'avait pu faire un pas sans tomber sur les Jaffas du Goa'uld, à tel point qu'ils avaient cru à la présence d'une taupe au sein même du SGC. Mais après enquête, ils avaient repoussé cette hypothèse, à juste titre apparemment. S'ils tombaient si souvent sur les hommes de Ba'al, ce n'était du qu'au faux Dieu lui-même qui avait scindé ses troupes pour couvrir le plus de planètes possibles à la recherche de SG1.

A la recherche de Jack O'Neill.

Toujours allongée par terre, Sam observa les troupes Jaffas s'éloigner, emportant avec elles le Colonel. L'imaginer aux mains du Goa'uld lui était insupportable mais le savoir mort l'était plus encore. Lorsque le dernier garde eut enfin disparu, la jeune femme se redressa, partagée entre la peur et l'espoir. Epuisée, elle passa une main tremblante sur son visage où se mêlaient encore larmes, sueur et boue. Ses vêtements étaient humides et glacés, et de violentes rafales de vent la ramenèrent brutalement à la réalité.

Elle ne pouvait rien faire, seule. Tenter de les suivre ne leur laisserait que peu de chance à tous les deux. Ce fut donc avec un profond sentiment d'impuissance et de désespoir qu'elle vit au loin les trois vaisseaux Al'kesh s'élever au-dessus de l'épaisse forêt.

Qui sait où le Colonel allait être emmené ? Qui sait si elle le reverrait un jour ?

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Jack s'éveilla avec la même terreur au ventre qu'à l'instant même de sa mort. Il ouvrit vivement les yeux et inspira avec avidité l'oxygène avant de réaliser qu'il n'éprouvait plus aucune douleur, plus aucune souffrance à faire ce simple geste. Observant les parois lumineuses autour lui, il eut tôt fait de comprendre qu'il n'était pas mort et encore moins dans une quelconque dimension se rapprochant de près ou de loin au Paradis... ou à l'Enfer.

Quoique.

Il se trouvait dans un sarcophage.

Passant une main tremblante sur ses yeux afin de chasser les images terrifiantes de son agonie, Jack décontracta son visage que la boue séchée et le sang rendaient désagréablement figé.

Il savait parfaitement ce qui l'attendait. Humiliation, souffrance... encore. Il était à priori aux mains de Ba'al et brusquement, la mort - sa mort - lui sembla finalement plus qu'enviable.

Posant une main sur la paroi supérieure du sarcophage, il sursauta violemment lorsque celle-ci se mit à bouger. Les battant s'ouvrirent lentement et deux paires de bras vinrent à sa rencontre pour « l'aider » à se relever.

- C'est bon ! C'est bon ! grogna-t-il pour la forme. Je peux encore faire ça tout seul !

Insensibles à sa remarque, les deux Jaffas le maintinrent contre eux et Jack enjamba le sarcophage avant de balayer la pièce des yeux. C'était une salle ordinaire d'un vaisseau Hat'ak et pas moins de cinq Jaffas et leur chef faisaient office de gardes.

- Je suis Kal'im et je sers notre Dieu Ba'al.
- Je suis ravi pour vous… maugréa Jack avant d'être poussé vers la porte d'entrée.

A l'instar de son dernier séjour chez le Goa'uld, il fut emmené dans une autre pièce où on l'obligea à se dévêtir et à se laver avant de mettre un ensemble de toile épaisse et sombre. Passé ce moment volontairement humiliant, O'Neill fut conduit devant le maître des lieux et on le força à se mettre à genoux.

Ba'al, nonchalamment assis sur son trône, l'accueillit avec un sourire plein de satisfaction et Jack dut réprimer un violent frisson au souvenir des tortures passées. Cachant ses peurs derrière un masque impénétrable, il salua son hôte :

- Eh, mon pote ! Ca faisait longtemps !
- O'Neill. J'ai eu quelques difficultés à vous trouver.

Celui-ci tressaillit à peine, haussant les sourcils de surprise tout en cherchant dans son esprit les raisons d'une telle quête.

- Vraiment ? Vous me cherchiez ? … Je vous manquais tant que ça ?

Il n'obtint qu'un sourire pour toute réponse. La mâchoire crispée, Jack attendit que Ba'al lui donne la raison de sa présence ici mais ce dernier ne semblait pas pressé et l'observait pensivement. Enfin, après quelques longues secondes de silence, le Goa'uld se leva et s'avança tranquillement vers lui.

- Je devrais presque vous remercier, O'Neill, dit-il avec un soupçon de moquerie dans la voix. Anubis est mort, venant gonfler ma flotte de ses vaisseaux, et les autres Grands Maîtres sont plus fragiles que jamais depuis cette défaite.

Jack haussa les épaules et le Goa'uld s'arrêta devant lui.

- Oh, vous savez… C'était pas grand-chose... Mais ça m'a fait plaisir, vraiment !
- J'imagine, acquiesça Ba'al, plus souriant que jamais. Et à présent ? Que me reste-t-il ?

Perplexe, O'Neill mit un instant avant de répondre.

- … Pardon ?
- Que me reste-t-il pour me divertir… ?

Devant le regard soudain dangereusement cruel du Goa'uld, Jack déglutit péniblement mais se força à rester de marbre. Ba'al se pencha alors vers lui et confirma ses doutes en susurrant :

- … si ce n'est torturer un vieil ami…
- … Très original ! parvint à articuler O'Neill.
- Les choses les plus simples sont parfois les meilleures.
- Je pensais davantage à boire une bière en regardant un bon film ou…

Mais Ba'al ne le laissa pas finir et se tourna vers son Prima.

- Attachez-le !

Docile, Jack se laissa entraîner par deux Jaffas et quelques secondes plus tard, il avait les poignets liés au pan d'un des murs de la salle.

- Vous voyez, ici... poursuivit le Goa'uld, les vôtres ne vous retrouveront jamais. N'espérez pas une quelconque aide extérieure ou même un miracle. Pour arriver jusqu'à vous, votre équipe devrait annihiler ma flotte entière, chose que même les Grands Maîtres ne pourraient pas faire.
- Et donc c'est tout ? répondit Jack, faisant taire le sentiment de panique qui enserrait douloureusement sa gorge. Vous allez me torturer sans rien demander ?
- Oh mais si ! Je compte bien que vous révéliez à votre Dieu tous les petits secrets que vous cachez.

O'Neill leva les yeux au ciel et soupira :

- Vous pourriez m'épargner ces histoires de divinité ? C'est pesant à la fin...

Ces propos ne firent qu'accentuer le sourire du Goa'uld et Jack fit rapidement dans sa tête un bref résumé de la situation.

Il se trouvait dans le vaisseau-mère de Ba'al et s'apprêtait à être torturé indéfiniment. Cette fois-ci, pas d'aide psychologique d'un Daniel ascensionné, pas d'intervention possible d'un Yu ou autre serpent pour le sortir de là. Et toutes les idées de génie de Carter n'y pourraient rien...

Non.

Il ne lui restait plus qu'une seule et unique chance : le Tok'ra Olt'is qui pénétrait à l'instant même dans la salle et s'agenouillait devant le faux Dieu.

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C'était une de ces journées grises et pluvieuses. La faible lumière du jour traversait avec difficulté le tissu pourtant léger des rideaux et chaque objet de la pièce semblait d'une tristesse absolue.

Allongée sur le lit, enroulée dans une couette épaisse et d'ordinaire chaleureuse, Sam fixait la forme mouvante et fantomatique des arbres à travers la fenêtre. Le noeud qu'elle gardait continuellement au ventre ne voulait pas disparaître. Mais comment l'aurait-il pu ? Ils ne l'avaient toujours pas retrouvé.

Cela faisait trois semaines maintenant. Trois semaines qu'elle avait choisi de rentrer au SGC plutôt que de suivre son supérieur, estimant qu'ainsi, elle aurait plus de chances de le sauver... Au début pourtant, tout semblait aller pour le mieux, compte tenu de la situation. Malgré l'Alliance rompue, le Tok'ra infiltré chez Ba'al les avait tenus informés des divers déplacements du Goa'uld et une mission de sauvetage avait été organisée sous le commandement du Major Carter. Ils n'attendaient plus que la confirmation d'Olt'is pour intervenir au moment le plus opportun. Hélas, depuis une semaine maintenant, ils n'avaient plus eu aucune nouvelle du Tok'ra.

Sam avait pourtant passé des journées et des nuits entières à remuer ciel et terre pour obtenir la plus petite information sur la situation mais sans cet allié indispensable toute tentative était vouée à l'échec. C'était donc épuisée physiquement et psychologiquement qu'elle avait été contrainte par le médecin de la base de rentrer chez elle. Voilà pourquoi, alors que le Colonel O'Neill était toujours porté disparu, elle se trouvait allongée sur son lit dans une immobilité coupable.

Certes, elle était fatiguée. Elle n'avait dormi en tout et pour tout cette semaine que trois à quatre heures en moyenne par nuit et ses journées étaient plus que chargées. Mais rester là, dans sa chambre, à attendre en vain que le sommeil ne vînt la prendre, lui était insupportable.

Qu'était-il en train de vivre à cet instant précis, alors qu'elle était douillettement enroulée dans sa couette ? Etait-il battu ? Torturé ?... Tué ?

Dans un grognement plaintif, Sam cacha son visage dans l'oreiller, le coeur au bord des lèvres. Sa respiration s'était faite haletante, et peu à peu, une profonde irritation vint remplacer sa détresse, lui ôtant toute possibilité de repos.

Comment pouvait-on seulement lui demander de se détendre alors qu'il était Dieu sait où, à subir Dieu sait quoi ? Elle avait autre chose à faire que dormir !

D'un geste vif, Sam repoussa violemment sa couverture et enfila rapidement un jean et un pull par-dessus son tee-shirt. Debout, les mains posées sur le chambranle de la fenêtre, la jeune femme tentait de contrôler la colère qui enflait irrémédiablement en elle.

- Vous ne dormez toujours pas ?

La mâchoire crispée, Sam secoua nerveusement la tête mais resta le dos tourné à l'entrée. Même la voix sereine et la présence rassurante de Teal'c ne parvenaient pas à la calmer.

- Vous voulez en parler ?

Sam laissa échapper une exclamation agacée.

- Parler de quoi ? demanda-t-elle finalement. Le Colonel est porté disparu depuis trois semaines et on nous oblige à rester ici ! A nous reposer !

Sa voix montant étrangement dans les aigus, elle se contraignit à inspirer profondément et pressa une main tremblante sur son front brûlant.

- Me reposer... reprit-elle en se retournant. Je ne veux pas me reposer !

Le Jaffa, posté devant la porte d'entrée, posa sur elle un regard compréhensif.

- Si vous tombez malade, vous n'arriverez à rien.
- Je connais mes limites, Teal'c, et elles sont très loin d'être atteintes.
- Je le sais.

Il inclina respectueusement la tête et Sam soupira en s'asseyant lourdement sur le lit. Le pas vif et léger de Daniel se fit alors entendre dans le couloir et le jeune homme passa timidement la tête par l'embrasure de la porte.

- Un souci ? demanda-t-il avant de pénétrer dans la pièce.

D'un commun accord tacite, Teal'c et lui avaient jugé préférable de passer la journée chez Sam. Celle-ci s'était vivement emportée lorsqu'on lui avait gentiment dit que la base lui serait fermée pendant trois jours et elle avait quitté le SGC furieuse. La voyant si remontée, ils s'étaient invités chez elle et la jeune femme avait accepté cette invasion de bonne grâce.

Tout plutôt que rester seule à tourner en rond.

Mais seule ou accompagnée, l'attente était malgré tout insupportable.

Dans un nouveau soupir, Sam redressa la tête et jeta un œil significatif à son ami. Un silence pesant s'était fait dans la pièce où seul résonnait le bruit sec de la pluie sur les carreaux de la fenêtre. Ils s'observèrent quelques longues secondes puis Daniel se racla finalement la gorge.

- Bon… Et si on retournait au SGC ?

A peine avait-il fini sa phrase que Sam se mettait debout, emboîtant le pas d'un Teal'c sortant déjà de la pièce.

Au diable les ordres ! Hammond n'allait quand même pas leur interdire l'entrée de la base !

***

Près d'une demi-heure plus tard, Sam toquait à la porte du bureau de son supérieur. Elle avait demandé à Daniel et au Jaffa de la laisser y aller seule sachant que le Général n'aurait pas apprécié une telle invasion. Lorsque celui-ci leva les yeux vers la nouvelle venue, il soupira bruyamment et s'adossa lourdement à son fauteuil.

- Major… Il me semble vous avoir donné l'ordre de ne pas revenir avant trois jours.
- Je le sais, Mon Général mais permettez-nous de rester à la base et nous ne mettrons pas les pieds dans nos bureaux aussi longtemps que vous le jugerez nécessaire.

Hammond sourit malgré lui et acquiesça.

- J'allais de toute façon vous faire appeler.

Le cœur de Sam bondit violemment dans sa poitrine.

- Vous avez des nouvelles d'Olt'is ?
- Pas exactement. Jacob nous a prévenus du déplacement de la base Tok'ra sur P3Z454 puisque c'est la procédure en pareille situation. Mais le plus intéressant c'est qu'un nouvel espion posté sur un des vaisseaux de Ba'al a pris contact avec nous et nous a appris que la flotte du Goa'uld faisait route vers l'ancienne base Tok'ra.

Incrédule, la jeune femme mit un temps d'arrêt avant de demander :

- Olt'is aurait parlé ?
- Aucune idée. Mais bien sûr, la Tok'ra refuse cette possibilité…
- … Et met tout sur le dos du Colonel, poursuivit Sam, irritée.

Hammond haussa des épaules.

- Aucune importance, ce n'est pas la première fois que nous nous retrouvons dans une telle situation. Quoiqu'il en soit, nous savons où la flotte de Ba'al sera dans quelques heures. Certes, nous n'avons plus personne sur le vaisseau-mère mais Dal'ik, le Tok'ra infiltré, est d'accord pour nous aider. Tout comme Olt'is, c'est un fidèle de Selmak et je pense que nous pouvons avoir confiance en lui. Maintenant, c'est à vous de décider si cela vous suffit comme garantie.

Cette phrase n'était bien sûr qu'une formalité.

- C'est parfait pour moi ! répondit Sam avec entrain, le cœur cognant plus vite à l'idée d'agir.
- Très bien. Briefing dans une heure.
- A vos ordres !

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Après un Briefing long et rigoureux, SG1 put enfin se présenter en salle d'embarquement. L'envoi d'un U.A.V. avait été demandé par le Major Carter et l'équipe attendait avec impatience les premiers relevés. Ayant une portée beaucoup plus grande qu'un simple MALP, il leur apprit l'absence totale de tout être humain dans un rayon de dix kilomètres.

- Ils ne sont pas encore arrivés, déclara Daniel avec soulagement.

«… Ou alors ils sont en orbites » poursuivit mentalement Sam, mais elle préféra se taire de peur que le Général n'annule cette mission. Avec assurance, elle se tourna vers son supérieur, quémandant son aval pour un départ immédiat.

- Allez-y, répondit celui-ci après une brève hésitation. Bonne chance.
- Merci, Monsieur, acquiesça hâtivement la jeune femme avant de faire signe à son équipe de rejoindre la salle d'embarquement.

Et après un dernier geste à l'intention du Général Hammond, SG1 traversa le vortex.

La Porte des Etoiles se situait au beau milieu d'un large désert, rendant difficile toute tentative de dissimulation. En prévision d'une telle situation, les trois membres de l'équipe avaient revêtu leur uniforme couleur sable. Faisant quelques pas, le regard en mouvement à la recherche d'un abri quelconque, Sam sursauta violemment lorsque le son familier des anneaux de transfert se fit entendre. D'un même mouvement, ils se retournèrent mais se trouvèrent nez à nez avec plusieurs Jaffas lourdement armés.

- Plus un geste ! s'exclama le Prima, l'emblème doré de Ba'al ornant son front. Lâchez vos armes immédiatement !

Son P90 devant elle, Sam hésita quelques secondes, observant d'un œil inquiet les Jaffas les encercler lentement. Bientôt les anneaux de transfert se remirent en mouvement, gonflant les rangs ennemis et, dans un soupir las, la jeune femme finit par baisser son arme, incitant implicitement ses compagnons à faire de même.

A SUIVRE…

A mes fidèles reviewers: J'ai remarqué que vous aviez bien aimé L'Alliance. C'est une vielle fic mais qui pour moi représentait la fin idéale de la série. Mais je n'étais pas à l'aise avec l'action etc.

Conflit a été écrite deux ans plus tard. J'espère que, même si l'histoire vous plait moins, vous trouverez que c'est mieux écrit. En revanche, je ne cherche pas à avoir de comparaison dans vos reviews. Les deux fics sont très différentes. L'Alliance est plus légère et ship. Conflit est plus sombre.

Bisous!