Disclaimer : Albator et son équipage, Warius appartiennent à leur créateur M. Leiji Matsumoto

Les autres sont à moi

1.

Le café coulant lentement du distributeur, Danéïre était demeurée longuement à attendre que les tasses se remplissent.

- C'est du monopole, ma petite dame !

- Non, c'est de la mécanique !

- Vous occupez la place.

- Oui, si je veux !

- Vous savez qu'on a instauré une très vieille tradition : qu'on batte une femme si elle prend trop ses aises ?

Assis à l'une des tables du restaurant, Kropion se leva, colosse chauve hormis la queue de cheval de deux mètres et sans nul doute pas loin des cent trente kilos !

Mais l'inconnue qu'il entendait défendre ne semblait nullement se démonter !

- Et de quel droit me battriez-vous ? rétorqua cette dernière.

- Du fait que tu m'as dit « oui » il y a dix ans, que tu as réitéré ce serment peu après notre retour de vacances !

- Tu avais dû me faire boire pour que j'en arrive à cette extrémité, gloussa-t-elle.

- Nous n'étions pas très frais, toi et moi, mais nous étions sincères !

Danéïre rit doucement.

- Et toi, pré-vieillard cacochyme, cesse de ronchonner, c'est ton cappuccino que je préparais !

- Ma Dana ! Et voilà aussi que ton expresso est prêt !

Cessant leur petit jeu, Alérian et Danéïre s'embrassèrent passionnément.

- Tu as été trop convainquant, murmura cette dernière. L'armoire à glace juste derrière toi n'était pas loin de te dévisser la tête !

- Oui, de quoi ? grogna Alérian à l'adresse du colosse.

- Désolé. Je pensais que la dame avait besoin d'assistance ! Mais elle se débrouille très bien !

- Et depuis quand vous volez au secours des demoiselles en détresse ?

- C'est mon boulot ! Sous peu, j'aurai à être le garde du corps d'un certain colonel Rheindenbach !

- Je doute qu'il ait besoin de qui que ce soit !

- Ca, je ne sais pas. Ce sont les ordres de mon frère d'amiral Zéro !

- L'amiral Zéro n'a pas de frère !

- Si, moi ! gronda Kropion. Il m'a personnellement chargé de son officier !

- On voit que vous ne le connaissez pas, ce colonel !

- En effet, je ferai sa rencontre le jour du départ, j'apprendrai. Je remplirai la mission fixée par mon petit frère ! Madame, je vous laisse avec votre Monsieur d'époux selon toute évidence !

- Oui, c'est mon mari. Il ne m'a jamais manqué de respect et cela n'arrivera jamais !

- J'en suis heureux. Excusez-moi de m'être interposé !

Le colosse s'éloignant, Danéïre fixa Alérian.

- Tu savais… ?

- Non, Warius cache de bien nombreux secrets, se contenta de grommeler le jeune homme à la crinière d'acajou où tranchait la mèche blanche partant de sa tempe gauche. Quant à toi et moi, savourons nos cafés avant que l'on vienne encore nous interrompre ! Tu es bien gardée, ma tigresse !

- Oui, mais personne n'aurait eu à faire quoi que ce soit contre toi !

La jeune femme rit.

- Cela fait vraiment un mois que nous avons répété nos vœux matrimoniaux ? Le temps passe bien trop vite !

- A qui le dis-tu…

- Warius va te confier une mission ?

De la tête, Alérian approuva.

- Comme à l'habitude, rien de précis j'imagine. Et pas un mot sur l'armoire à glace au début ! Je sens que je vais encore déguster…

- Et moi, j'espère bien que non ! s'alarma Danéïre. Mon pauvre chéri, tu n'auras donc jamais une mission paisible ?

- Si j'avais voulu l'absence d'action et de surprise, j'aurais été fonctionnaire !

- Mauvaise langue, pouffa la jeune femme. Mon père fut fonctionnaire durant quinze ans avant d'être indépendant et d'ouvrir l'hôtel familial !

- Comment pourrais-je l'oublier, il nous raconte cette histoire à chaque fois que nous le voyons ! Nous y aurons sans nul doute droit ce soir !

Serrés l'un contre l'autre, amoureux comme jamais, Alérian et Danéïre rejoignirent le tout-terrain pour regagner leur penthouse.


Quand son beau-père leva son verre, Alérian sut ce qu'il allait rapporter, mais se garda bien de toute réflexion !

- J'avais un peu plus de ton âge, Alie, quand j'ai abandonné mon bureau, mes tampons, et autres manies de fonctionnaire pour me lancer dans la carrière d'indépendant, rejoindre ma chère et tendre qui venait elle d'hériter de l'hôtel de ses propres grands-parents ! Ça, ce fut une aventure, je te prie de le croire, jeune freluquet ! D'ailleurs, de mon temps, rien n'était aussi facile que ne l'est votre vie, les enfants ! Laissez-moi donc vous révéler tout de mes débuts d'hôtelier !

Silencieux, complices, Alérian et Danéïre ne dirent rien, se contentant d'écouter le récit qu'ils connaissaient par cœur !