CHAPITRE 1


Un jour il était mort. C'était arrivé juste comme ça. Un malheureux accident, une voiture qui roulait trop vite, une seconde d'inattention, un choc. Mais contrairement à ce qu'il avait pensé tout au long de sa vie, ce ne fut pas la fin. Il était encore là, se tenant debout. À ses pieds se tenait un corps sans vie. Le sien. Il ne put en détacher ses yeux. Il avait mis du temps à comprendre qu'il était mort. Et encore plus à assimiler que les contes, que sa mère lui lisait quand il était enfant étaient vrais. Les esprits existaient. Et dorénavant il en était un. Invisible aux yeux de tous.

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Iwaizumi marchait d'un pas rapide, les mains dans les poches et la tête enfoncée dans les épaules. Oikawa, quant à lui, sautillait joyeusement dans la rue, aux côtés de son meilleur ami. Il chantonnait un air Disney, un sourire ineffaçable gravé sur les lèvres. Sourire qui s'élargit encore plus lorsqu'il vit l'air grognon de son ami.

- Iwa-chan ! Tu pourrais sourire un peu ! C'est notre premier jour à l'université, tu vas faire mauvaise impression auprès des filles !

Oikawa ne reçut même pas un grognement. Il n'aimait pas être ignoré. Mais ces derniers temps, il s'y était habitué.

Iwaizumi ralentit le pas et leva la tête face aux bâtiments imposants de la faculté. Ils restèrent tous les deux, figés, le souffle coupé. Ce n'était pas la première fois qu'ils voyaient l'université, mais à chaque fois, ils en restaient impressionnés. Il faut dire que l'université de Tokyo est la plus belle de tout le pays ! Enfin d'après ce que Oikawa avait lu.

- Ça y est ! On y est ! On est enfin à l'université ! Tu te rends compte Iwa-chan ? C'est maintenant que tout commence !

Oikawa sautait sur place, débordant d'impatience et excité comme un enfant la veille de Noël. À côté de lui, Iwaizumi lança un coup d'œil rapide autour de lui, soupira puis recommença à marcher sans prêter attention à Oikawa, en pleine admiration des lieux.

- Hééé Iwa-chan ! Tu pourrais m'attendre au moins ! Cria Oikawa en courant derrière son meilleur ami.

L'université de Tokyo, en plus d'être la plus belle, était la meilleure de tout le Japon. Sa réputation était même reconnue à l'international. Cette université c'est ce dont Oikawa rêvait depuis toujours. Avec Iwaizumi, ils s'étaient fait la promesse qu'ils iraient ensemble à la meilleure université du pays et qu'ils deviendraient joueurs professionnels. Puis qu'ils intégreraient tous les deux l'équipe nationale et remporteraient les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020.

Tout le monde les avait mis en garde « Ce projet est peut-être un peu ambitieux, vous devriez viser moins haut pour ne pas être déçus. » Ce à quoi Oikawa répondait toujours par l'un de ses fameux sourires signifiants « Pensez ce que vous voulez, Iwa-chan et moi, on réalisera notre rêve. Que vous nous souteniez ou non. » Et maintenant qu'il se trouvait ici, Oikawa ne pouvait empêcher ses yeux de briller et son estomac de se serrer.

- Hé Iwaizumi !

Le cri fit sursauter Oikawa, qui avait totalement perdu conscience de la réalité, perdu dans ses pensées. Hajime lui se retourna avec nonchalance, comme s'il s'attendait à se faire interpeller.

- Hanamakki. Matsukawa, répondit-il seulement.

Lorsque Tooru vit ses deux anciens coéquipiers, il se souvint qu'eux aussi avaient été acceptés ici. Ce qui le fit sourire. Beaucoup de gens pensaient que Matsukawa et Hanamakki étaient de mauvais élèves, sûrement à cause de leur personnalité… exubérante ? Mais c'était tout le contraire. Ils étaient même ce que l'on pouvait appeler des génies.

- Cache ta joie ! Tu as pas l'air d'être heureux de nous voir ! Gémit théâtralement Hanamakki.

- Hmm.

Hanamakki sourit sournoisement et tourna son regard vers son acolyte.

- Mattsun, tu penses qu'il comptait nous éviter ?

- Quoi ? Lui ? Nooon ! Pourquoi aurait-il fait ça ?

- Peut-être parce que vous êtes pas nets, répondit Oikawa avec un sourire taquin.

Iwaizumi leva les yeux au ciel. Et reprit son chemin, ignorant totalement les deux nouveaux arrivants. Oikawa lui emboîta rapidement le pas, suivit des deux énergumènes hurlant à quel point Iwaizumi était sans cœur. Oikawa était content d'être là, avec eux. Ses amis. Son Iwa-chan.

La matinée d'aujourd'hui était consacrée à la cérémonie d'accueil des nouveaux étudiants. Ils se rendirent donc tous à l'amphithéâtre principal. Le plus grand. Et Oikawa devait se l'avouer, l'intérieur des bâtiments était encore plus impressionnant que l'extérieur. Ancien et moderne s'y mêlaient de manière totalement improbable, et pourtant, tout semblait être en parfaite harmonie.

Oikawa et ses trois amis allèrent s'asseoir là où il restait de la place. Heureusement pour eux, ils purent rester côte à côte. Mais plus le temps filait, plus les nouveaux arrivants devaient se séparer de leurs amis afin de prendre place sur les sièges isolés.

Le directeur arriva et réclama le silence. Tous se turent. La cérémonie débuta. Elle fut longue, très longue... et peu utile. Toutes ces explications, ils les avaient déjà eues lors de leur inscription. Oikawa, s'ennuyant, n'arrêtait pas de gesticuler et de se plaindre.

- C'est long ! Iwa-chan je m'ennuie !

- Iwa-chan, j'ai faim !

- Hé ! Tu as vu ça ? On dirait qu'il a un truc collé entre les dents !

Et lorsque la cérémonie fut enfin terminée, un cri de soulagement s'échappa des lèvres du passeur.

- Aaaah enfin ! J'ai cru qu'il n'allait jamais se taire !

Puis tous les étudiants se levèrent et sortirent de l'amphithéâtre afin de rejoindre la cafétéria et de manger un peu avant les premiers cours.

De nouveau dans le couloir, Iwaizumi sortit une feuille de sa poche. Oikawa se pencha par-dessus son épaule pour voir de quoi il s'agissait. Son emploi du temps. Tooru le mémorisa, c'était toujours plus utile dans la tête.

- Au fait, tu as finalement choisi quel cursus suivre ? Demanda Hanamaki à Iwaizumi.

Oikawa posa son regard surpris sur son ancien coéquipier. Il savait très bien ce que Iwa-chan faisait. Il était dans le pôle sportif. Afin de devenir pro. C'était leur rêve et tout le monde le savait. Alors pourquoi posait-il la question ?

- Médecine.

Oikawa cru avoir mal entendu. Il s'était figé. Complètement hors-circuit. Quoi ?

- Mais avec les entraînements ? Ça ne va pas être trop compliqué ? Demanda Mattsun.

« Enfin un avec du bon sens » pensa Oikawa. Après tout Iwaizumi lui avait toujours dit qu'il envisageait un double cursus. Mais il lui en aurait parlé non ? Oikawa était perdu.

- Je compte pas passer pro, répondit sèchement le brun.

- HEIN ? QUOI ?

Les trois crièrent à l'unisson. Il semblerait que personne ne s'attendait à une telle réponse. Oikawa ne comprenait pas. Pourquoi avait-il changé d'avis ? Ils étaient d'accord pourtant ! C'était leur rêve depuis toujours ! Alors pourquoi ce revirement de situation ? Avait-il changé de rêve ?

- C'est juste plus dans mes projets.

- C'est à cause de ce qui est arrivé ? Demanda Hanamaki, qui se reçu immédiatement un coup de Matsukawa.

- Hé me frappes pas !

- Même pour toi, c'est pas très délicat de parler de ce sujet. Tu sais bien que-

- Il n'aurait pas voulu qu'on arrête de parler de lui Mattsun.

Iwaizumi resta silencieux tout le long de l'échange, les yeux regardant le sol, la tête baissée.

Oikawa observa tristement son ami d'enfance. Il put voir qu'il retenait ses larmes, sous ce visage dur. Il avait envie de le prendre dans ses bras, mais il ne pouvait pas, il ne pouvait plus. Et il ne pourrait certainement jamais plus. La distance qui semblait les séparer maintenant, était vraiment trop importante. Oikawa senti son cœur se serrer. Et la réalité lui revint en pleine face. Ça faisait mal.

- Iwa-chan…

Le châtain jeta un dernier regard à son meilleur ami, puis tourna les talons. Il avait besoin d'air. Il voulait être seul. Non en fait, il devait être seul. Il devait être seul afin de faire face à la réalité.

Il marcha d'un pas rapide, ne prêtant pas attention où il allait, ne voyant rien de ce qui l'entourait. Et quand il se retrouva enfin dehors, il inspira une grande bouffée d'air.

Tel un automate, il se dirigea vers le banc le plus proche et se laissa tomber dessus. Il fixait le sol et quelques larmes roulèrent sur ses joues. Il resta, là, la tête baissée durant de longues minutes.

- Hey princesse si tu continues de pleurer, ton mascara va couler !

Oikawa releva la tête pour voir d'où provenait la voix. Et lorsqu'il vit un garçon, de son âge sûrement, les cheveux aussi noirs que les plumes des corbeaux et un regard aussi perçant que celui d'un chat, s'asseoir à ses côtés, la surprise ne cessa de grandir. Oikawa le fixait, les yeux grands ouverts, bien que toujours un peu humide.

- Pas besoin de me fixer avec cet air de poisson frit, je me doute bien que tu portes du mascara waterproof, fit l'inconnu avec sourire narquois.

Puis il soupira et s'adossa au banc en étirant ses bras. Le brun pencha sa tête en arrière afin de fixer le ciel. Oikawa ne prononça toujours aucun mot. Clignant des yeux plusieurs fois, sans le lâcher du regard.

- À la cérémonie, c'est toi qui arrêtais pas de geindre ? C'était vraiment insupportable. Personne ne t'a appris à vivre en société ?

Oikawa le fixait toujours. Il semblait avoir buguer.

- Tu comptes rester là à me fixer pendant longtemps ? Ou tu vas retrouver l'usage de ta langue ?

Oikawa ne réagit pas.

- Sinon je peux te laisser pleurer tranquillement si tu préfères, s'amusa le brun faisant mine de se lever.

- Je ne pleurais pas, marmonna Oikawa.

La fierté du châtain l'avait poussé à se reconnecter à la réalité. Il ne supportait pas que quelqu'un ait pu le voir si faible. Et encore plus cet inconnu à l'air fourbe sorti de nulle part, ne savant faire que des remarques sarcastiques.

- Je te préviens je ne goberais pas l'excuse de la poussière dans l'œil, fit le brun en posant son regard sur lui.

- Je ne m'abaisserais pas à utiliser une telle excuse, rétorqua Oikawa outré.

L'inconnu ricana et adressa finalement un grand sourire au châtain.

Puis le brun se releva.

- Bon, c'est pas que je n'apprécie pas cette conversation passionnante, mais j'aimerais éviter d'arriver en retard à mes cours dès le premier jour. À plus, princesse !

Oikawa le regarda s'éloigner, perplexe et la tête remplie de questions.

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Après cette rencontre étrange et assez brève, Oikawa alla rejoindre son meilleur ami qui devait déjà se trouver en cours.

Il parcourut l'université jusqu'à arriver devant la salle qu'il cherchait. Un petit amphithéâtre. La porte étant ouverte, Oikawa n'hésita pas une seconde et entra malgré que le cours ait déjà commencé. Puis il s'arrêta en plein milieu afin de repérer son ami. Une fois qu'il l'aperçut, il sourit grandement et alla s'asseoir sur la place vide à ses côtés. Mais ce sourire s'effaça rapidement en se souvenant de la conversation de tout à l'heure.

Et alors qu'Iwaizumi semblait suivre le cours assidûment, Oikawa ne cessait de le fixer, un éclat de tristesse dans les yeux. Il ne le lâcha pas du regard et resta silencieux. Jusqu'à la fin de la journée se fut comme ça.

Puis ils rentrèrent.

Lorsque Iwaizumi poussa la porte de l'appartement, Oikawa était sur ses talons et se glissa vite avant que la porte ne se referme.

Iwaizumi posa son sac sur le sol et alla directement en direction de sa chambre.

Oikawa le suivit silencieusement.

Depuis qu'ils avaient ce rêve, ils prévoyaient d'habiter ensemble lors des années d'université. C'est ce qu'ils avaient toujours voulu. A cette pensée, le coeur de Oikawa se serra.

Oikawa arriva dans la chambre de Iwaizumi, le trouvant assis à son bureau, la tête baissée.

Oikawa quant à lui s'assit sur le lit. L'ambiance était triste. Le châtain ne supportait pas ça.

- Iwa-chan… J'aimerais savoir pourquoi tu abandonnes le volley ? C'était ta passion pourtant ! Ton rêve ! … Notre rêve !

Seul le silence lui répondit.

- Depuis qu'on sait ce qu'est le volley, on s'était promis de devenir les meilleurs joueurs du Japon. N'abandonne pas à cause de ce qui a pu se passer ! Tu vas le regretter après ! Je le sais ! Je te connais Iwa-chan !

Oikawa s'était relevé. Mais Iwaizumi ne répondait toujours rien. Alors le châtain s'approcha de son meilleur ami. Et il put rapidement constater les légers soubressauts qui parcouraient le corps d'Iwaizumi. Il pouvait presque entendre ses sanglots silencieux.

Oikawa vint se mettre derrière lui. Iwaizumi semblait regarder quelque chose. Oikawa se pencha par-dessus son épaule et vit une photo. Une photo d'eux deux. C'était à la fin du collège qu'elle fut prise. Le petit Oikawa de la photographie avait un grand sourire et avait son bras derrière les épaules d'Iwa-chan, ce dernier avait les bras croisés, se retenant de rire, faisant semblant de bouder le Tooru de l'époque.

Oikawa se rappelait très bien le jour où cette photo avait été prise. Il sourit nostalgiquement en repensant à ce souvenir.

Il revint à la réalité lorsqu'il vit les larmes d'Iwa-chan mouiller la photographie.

- Shittykawa, tu n'avais pas le droit de me faire ça…. Murmura-t-il entre deux sanglots.

Les mots vinrent briser le cœur d'Oikawa. Ce n'était pas la première fois qu'il les entendait mais à chaque fois c'était tout aussi dur. Le châtain baissa la tête en serrant les dents et refermant ses poings. Il ne voulait pas pleurer à nouveau. Il ne voulait plus pleurer.

- Je sais Iwa-chan… Je sais… Je suis sincèrement désolé, si tu savais à quel point je suis désolé.


Hello !

J'espère que vous avez aimé ce premier chapitre.

La fiction devrait faire environ 7 chapitres.
Les 2 chapitres suivant sont déjà écrits. (Enfaitçafaitdéjàpratiquementunanqueçatraînaitsurmonordinateur .) Pour les autres chapitres j'espère que vous avez une dizaine d'année devant vous, parce que la fin risque de mettre du temps.

Une bonne nouvelle quand même: le chapitre 2 sortira la semaine prochaine. Le 28 février exactement !

Je remercie SylnodelShine pour sa correction :D .

Les personnages ne sont pas à moi, malheureusement.