Ce texte a été écrit pendant la 13e Nuit du Fof. Suivant les contraintes du jeu, il a été rédigé en une heure et avait pour thème de départ "Dragon". Le Fof est un forum d'entraide et de discussion autour de la fanfiction (pour plus d'informations, n'hésitez pas à aller voir le lien dans ma liste d'auteurs favoris).
Disclaimer: Les personnages ainsi que l'univers potterien appartiennent à JK Rowling. L'auteur n'en tire aucun bénéfice financier.
Bonne lecture éventuelle!
*Le vieux dragon*
Minerva McGonagall a exactement un quart d'heure pour finir sa toilette avant de descendre dans le Grand Hall à huit heures précises pour le petit-déjeuner. Elle est devant la glace, son peigne en corne à la main. Ses gestes sont sûrs et précis, son expression concentrée. Ses cheveux sont presqu'entièrement blancs maintenant : une longue chevelure de vieille femme, se dit-elle, entre le grisâtre et le blanchâtre. Il est vrai que, de plus en plus souvent, elle se sent vieille. Fatiguée. Exténuée même, comme chargée d'un fardeau qui n'est pas à sa mesure. Cette sensation d'impuissance la taraude surtout depuis la mort d'Albus, depuis que Snape a révélé sa véritable face, depuis que des forces hostiles dirigent l'école.
Elle pose le peigne et se contemple dans un soupir.
On l'a souvent appelée « le vieux dragon ». Elle crachait le feu sur tous ceux qui osaient s'attaquer à ses chouchous de Gryffondors et elle les couvait comme une femelle de dragon couve ses œufs. Qui n'a jamais accusé le Professeur McGonagall de favoritisme éhonté envers ses élèves ? D'abord, il y avait eu le quatuor infernal des Maraudeurs, ensuite, le « Trio d'or » de Potter.
Mais ceux qui disaient cela ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez. Si jamais Minerva McGonagall avait cherché à favoriser les intérêts de quelqu'un, il s'agissait plutôt de la totalité des élèves de Poudlard et de l'Institution elle-même. C'est au nom de la sécurité et du bien-être de tous les étudiants et non pas de « son précieux Potter » qu'elle n'avait pas hésité à s'opposer publiquement aux méthodes médiévales de Dolores Ombrage, deux ans auparavant. Et elle avait été aussi scandalisée par sa façon de manipuler les élèves pour les enrôles dans son infâme « Brigade Inquisitoriale » que par son système barbare de punitions.
Elle se regarde en silence. Est-ce qu'elle ressemble vraiment à un dragon ? Elle craint bien que oui. Quitte à avoir un air de similitude avec un animal, elle avait toujours voulu ressembler à un chat. Un chat, tout en restant un chasseur, peut, en même temps, être doux et subtil. C'est un animal gracieux, élégant, un être de courbes et de mollesses musquées. C'est sans doute pour cela que sa forme-animagus est un chat : il s'agit de ce qu'elle aurait voulu être. Dans le miroir, elle voit un visage maigre et anguleux, un nez long et pointu, des yeux plutôt petits et implantés profondément. Sa peau parcheminée et couverte de ridules ferait presque penser à des écailles…
Un dragon alors ? Oui, mais un dragon qui n'a plus les moyens de cracher du feu. Elle est impuissante face aux horreurs qui se passent à Poudlard. Oui, « horreurs », le mot n'est pas une exagération. Elle a parlé à Snape, elle a essayé de lui faire entendre raison. Elle se serait même interposée physiquement : elle n'a pas vraiment peur de la douleur ou de la mort. Tout du moins, elle oublie ces considérations lorsqu'elle voit la façon dont certains élèves sont traités. Cependant, elle est liée par sa promesse à Albus. Oui, ce cher vieux Albus qui, au détour d'une conversation anodine autour d'un « creamed tea » lui a fait promettre que, si jamais la situation devenait vraiment grave, elle ferait tout pour rester à Poudlard le plus longtemps possible, occuper un poste de professeur le plus longtemps possible, conserver un pied dans la forteresse le plus longtemps possible. Même si cela impliquait de faire des concessions face à une situation insupportable.
C'est ce qu'elle fera. Elle enroule ses cheveux en chignon, y enfonce les épingles, une à une. Elle ne sera pas le dragon qui crache du feu et lutte ouvertement. Elle sera le chat qui vient sans bruit et sait se faire discret, mais qui n'en reste pas moins un félin et qui n'hésitera pas à planter les griffes dans la gorge de son adversaire au bon moment.
