Brrrrr
!
Il fait un froid de canard
Bordel !
J'ai vraiment pas
envie d'y aller
Mais je ne peux pas faire cela à un vieux pote
qui a toujours été là pour moi dans les bons comme dans les
mauvais moments.
Alors j'ai fait un effort, je me suis arrangé.
Oh
pas fait beau, je ne me fais pas d'illusions,
Je sais que je ne
suis pas beau mais je suis .. chou comme il disait.
Je
soupire.
Jette un oeil vers la fenêtre et me désespère en
constatant que mon souffle embue la vitre.
Breeuhh
Je reste un
moment à rêver devant le spectacle de ce grand manteau neigeux qui
s'étend à perte de vue rendant beau ce qui est laid et cachant la
laideur pour en révéler la splendeur.
J'entends des bruits de
pas dans l'escalier, une main fine attrape les clés, le cadeau et me
somme en riant de me magner le cul.
Je soupire et sort en trainant
des pieds.
Mais que ne ferais-je pas pour Jürgen ?
Parvenus
à destination, nous sommes entrés dans le cocon douillet et
chaleureux qu'est la maison de Jürgen.
Déjà remplie de monde et
de cris joyeux.
La fête bat son plein
Nous embrassons Jürgen
et Lenchen, lui offrant leur présent et acceptons avec joie une
coupe de champagne.
Lenchen est une maîtresse de maison hors pair
et très rapidement grâce à sa douceur et l'attention toute
particulière qu'elle porte à chacun, nous faisant nous sentir
unique, je me détends et commence même à apprécier la soirée.
Au
moment ou je vais siroter et savourer ma première gorgée de
champagne, je sens une main s'abattre sur mon épaule.
Je me
retourne en sursaut et aperçoit Georg.
Nous sous sautons dans les
bras en riant.
Cela fait si longtemps.
Non
pas que l'on soit fâcheé, mais la vie, le temps, la vie de
famille.. tout ça nous a un peu éloigné.
Liens distendus mais
pas rompus.
Tout le monde rit et nous applaudit.
Les souvenirs
de l'époque Tokio Hotel reviennent et piapiapiapia chacun parle,
donne son avis jusqu'à ce que quelqu'un ait la bonne idée de
brancher le DVD et de projeter nos DVD live et autres.
Les
meilleurs moments de nos vies.
Les pires aussi.
Film des
souvenirs.
Quelqu'un
m'a demandé juste hier après-midi
Si je me souvenais de toi
Il
m'a montré toutes ses photos d'amis
Et j'en ai vu trop de toi
Mon
cœur
rate un battement lorsque ton visage d'ange apparait sur
l'écran
Bill
Bill ton visage d'ange
Bill et ce fameux été
ou nous nous sommes avoués nos sentiments
Je me souviens de la
douceur de nos baisers
De la saveur de nos étreintes
Du goût
de ton sperme
Tu me dépassais de deux bonnes têtes et pourtant
toutes les nuits dans mon lit tu étais si petit
Blottissant ta
tête brune et fatiguée contre mon torse.
Je me souviens du
regard attendri de Tom sur nous, de celui interrogateur de Georg
De
celui interloqué et peiné de David
Mais dans le fond tout le
monde était heureux
Tu redevenais le Bill Kaulitz que nous
connaissions et aimions tous: tendre, doux et attentionné.
Plus
de caprices, moins de drogues
Du coup tu reprenais du poids, du
souffle et de la vie
Tentant de réparer tes erreurs, retissant
des liens notamment avec ta mère.
Fini les caprices, les
errances, l'ego surdimensionné, ce diable en toi, ce vice vrillé au
corps qui te faisait aller faire l'amour avec Tom.
Ultime vice,
narcissisme égoïste poussé à l'extrême
Et cette peur aussi,
cette peur qui te faisait aller dans ses bras en terrain connu plutôt
que d'explorer le monde.
Oui je t'ai rendu moins dur et toi tu
m'as rendu heureux.
Nos escapades, nos fous rires
Ton visage
transfiguré par le plaisir lorsque j'atteignais ta prostate.
Ses
mots que tu gémissais de plus en plus fort, cherchant ton souffle
comme dans une sorte de transe jusqu'au cri final
Les
clichés d'un week-end en Angleterre
Quelques diapos d'un de nos
anniversaires
Enfin juste de quoi tout remuer
Avec une envie
folle
de te retrouver et de te chercher partout
La
face à cet écran ou ton visage apparaît en gros plan
Ou tes
yeux me fixent avec cette lueur tendre
J'ai envie de pleurer.
De
te retrouver
Et de te chercher partout
De te retrouver
Mais
il est tard
Le vin tout comme les rires se tarit
Les invités
prennent congés, les embrassades fusent, les lumières
s'éteignent
Il est temps de refermer la porte des souvenirs tout
comme je referme la porte d'entrée de notre domicile avec la ferme
intention de ne plus repartir de sitôt.
Non plus repartir dans ce
long voyage stérile et douloureux.
La vie continue
Elle avance
ne s'attarde, pas, ne revient jamais en arrière
Comment ne
l'avais-je pas encore compris depuis tout ce temps ?
C'est résolu
et calme que je m'endormis serrant contre moi la tête brune aux
mèches bouclées de ma femme.
Et
puis j'ai repris ce matin mon job à huit heures pile
Et là j'ai
tout oublié
C'est drôle de voir comme les heures qui
défilent
Peuvent à ce point tout changer
Après tout je me
fous de l'Angleterre
Et j'aurai bien d'autres anniversaires
Je
vis la vie que je voulais mener
A quoi bon tout changer
Pour te
retrouver
Et puis te chercher partout
Pour te retrouver
Les
jours passèrent et je tentais tant bien que mal de ne pas sombrer
De
ne plus repenser à Bill et à la façon dont nous nous étions
quittés.
Depuis quelques temps déjà je le sentais troublé,
s'éloignant de moi sans que j'y puisse faire grand-chose.
Je ne
le comprenais plus revoyait avec une douleur au cœur ses larmes
perlaient de plus en plus souvent
Bill bien que fort et avec du
tempérament il était le plus émotif de nous tous.
Ses
sentiments le submergeaient le rendant parfois un peu instable mais
toujours si attachant.
Déstabilisant au possible pour son
entourage.
Un beau matin il nous avait tout simplement annoncé
qu'il partait, qu'il quittait le groupe
Qu'il laissait Tokio Hotel
et toute sa gloire pas glorieuse parfois pour se retrouver.
Il
allait en Inde faire une retraite spirituelle, puis il devait aller
dans le désert.
Il s'était tourné vers moi : m'implorant du
regard
Me suppliant silencieusement de lui pardonner le mal qu'il
était en train de me faire
Mais il n'assumait plus
La pression
des médias, l'attention constante braquée sur lui, la pression de
sa famille lorsqu'elle avait eu vent de son homosexualité.
Trop
de doigts rageurs pointés sur lui
Il avait lutté longtemps,
S'épuisant même
Puis ils avaient fini par gagner par
KO
Chaos moral
Après
tout je me fous de l'Angleterre
Et j'aurai bien d'autres
anniversaires
Je vis la vie que je voulais mener
A quoi bon
tout changer
Pour te retrouver
Et puis te chercher partout
Un
peu n'importe où
Chaos
moral
Amours immorales
Fils amoral
Bref tu es parti
Après
une dernière nuit de tendresse désespérée et de passions tu as
disparu
Et des années après je conserve toujours au creux de mon
oreille la sonorité de ces mots d'amour que tu me chuchotais d'une
voix fiévreuse.
Ils résonnent à mon oreille comme les
tintements d'un grelot magique
Un chant magnifique
Le chant du
cygne le dernier avant sa mort
Peut-être
à
Paris, à Neuilly, à Passy, à Lagny,
à Bondy, à Grigny, à
Parly, à Nancy,
à Trouville, à Blonville, à Deauville, à
Tourville,
au Tréport, à Newport, à Bangkok, à New-York,
Depuis
je n'ai plus jamais eu de tes nouvelles
C'est à croire que tu
avais disparu de la surface du globe
Du globe certes, mais pas de
celle de mon cœur
Non jamais, je te porte au fond de moi comme
une mère porte son enfant.
Ou te cachais-tu ?
Ou es-tu Bill
aujourd'hui ?
Qu'es-tu
devenu ?
Vis-tu ?
Dans quelle ville, sur quelle île ?
Es-tu
? ...
à
Rabat, à Djerba, à Oslo, à Tokyo
à Kyoto, à Stronzo, à
Paris, à Neuilly,
à Passy, à Lagny, à Bondy, à Grigny,
à
Parly, à Nancy, à Trouville, à Blonville,
à Deauville, à
Tourville, au Tréport, à Newport,
à Bangkok, à New-York, à
Rabat, à Djerba,
à Oslo, à Tokyo, à Kyoto, à
Stronzo...
D'après la chanson « Photos Souvenirs de William Sheller»
