Ma fic se situe à peu près dans les alentours du volume 29 et 30.
Pour ceux, comme moi, qui ne sont pas très «chiffre», ça se situe pendant le tournage de Caïn et Setsu. Les deux sont de plus en plus confus sur ce qui les unit.
Amusez-vous bien pendant la lecture!
Les personnages et l'histoire ne sont pas ma propriété.
Chapitre 1
Karuizama était vraiment une destination de rêve.
En dehors des derniers évènements, l'endroit en lui-même n'en était pas moins une destination charmante appelant à la détente et au soleil. Les derniers cinq jours de tournage avaient passé beaucoup plus vites que prévu et, à cause des incidents auxquels elle avait été sujet, le voyage s'était prolongé d'une journée.
Kyoko souhaitait profiter des dernières heures pour chérir encore un peu de cette nature si apaisante, assurée que tout danger était maintenant écarté grâce à Tsuruga-san.
Momose-san lui avait gentiment recommandé un secteur un peu plus montagneux de la région, près d'une rivière azur nichée au creux d'un impressionnant ravin. Kyoko s'était promit d'aller y jeter un coup d'œil, déjà convaincue de se retrouver face à un ravin embaumant les herbes fraîches, aux parois brumeuses et aux refuges d'échos mélodieux. Elle s'approchait du lieu indiqué par sa collègue lorsqu'une impression étrange la mit sur ses gardes. Encore à vif de son expérience avec le membre des Beagles, le moindre son la mettait immédiatement en alerte. Se retournant, elle sursauta en apercevant la haute silhouette sombre de son ennemi juré.
- Shô…
Le visage fermé, les mains dans les poches, il n'affichait aucune surprise de la trouver là, ce qui semblait indiquer naturellement qu'il l'avait suivit. Aussitôt sur la défensive, Kyoko fronça les sourcils et sentit son corps entier se tendre.
- Qu'est-ce que tu fais là?...
Sans réponse, Shô continua de sortir des bois pour s'avancer vers elle. Instinctivement, elle recula, sans pour autant faiblir devant lui. Mais il ne lui répondait toujours pas, conservant ce visage sérieux et sans émotion. Elle pouvait néanmoins percevoir dans certains traits discrets que le chanteur était anxieux.
- Qu'est-ce que tu veux?, répéta-t-elle plus faiblement, déstabilisée par son silence.
- Nous avons été interrompus ce matin là.
Elle su aussitôt qu'il faisait allusion à leur conversation sous l'escalier, celle où Tsuruga-san était intervenu.
- Ce n'est pas l'impression que j'ai eu, affirma-t-elle d'une voix forte avant de se retourner. Pour ma part, je n'ai rien de plus à te dire.
Elle sentit aussitôt son bras être saisit fermement pour la faire pivoter. Stupéfaite, elle rencontra aussitôt le regard décidé de Shô sur elle d'une intensité qui la fit trembler. Sans voix, elle demeurait figée à ce regard alors que ses doigts la maintenait toujours avec force. Il rivait ses yeux aux siens comme s'il cherchait désespérément la réponse à quelque chose, la mâchoire serrée, les muscles tendus. Sentant la pression sur son bras augmenter, Kyoko tenta de se libérer en gémissant.
- Tu me fais mal…
Aussitôt, la main du chanteur se retira, comme si les paroles de Kyoko lui avaient fait l'effet d'une douche froide. Les yeux agrandis par la surprise, il baissa la tête en tentant de se reprendre.
- Tu ne devrais pas te promener seule…
- Je n'ai plus rien à craindre, ils sont partit. Tsuruga-san les a fait fuir!, déclara-t-elle fièrement.
Comme électrisé par la simple mention de ce nom, Shô la foudroya du regard.
- Qu'est-ce que tu voulais me dire?, répéta-t-elle, pressée de mettre fin à cet entretien.
Pendant un instant, il semblait chercher ces mots, prit entre la fureur et la crainte, il se rapprocha lentement d'elle pour essayer de se faire comprendre, mais elle continuait de reculer lentement.
- Quand nous serrons de retour… Il faudra que… tu reviennes…
Il avait murmuré la fin de sa phrase avec une expression douloureuse sur le visage. Pour lui, c'était l'aveu de la défaite, admettre qu'il avait eu tord, mais à cet instant, ce n'était pas aussi important que le fait de la ramener près de lui. Incrédule, Kyoko ne semblait pas saisir le sens de ses paroles et elle continuait de le fixer avec un air d'incompréhension. Les poings serrés, Fuwa savait qu'il devait prendre sur lui pour la convaincre.
- Tu devras revenir avec moi!
Il avait lancé cet ordre presque en criant, répondant à l'explosion de son propre cœur. Il se sentait tremblant de se lancer sur cette pente.
- Je… je te trouverai un bel appartement… et… tu n'auras pas besoin de travailler comme avant… Je sais que je n'ai pas bien agit… mais j'ai compris maintenant! Et tu dois revenir! Tu es… Tu es tout pour moi…
Partagée entre l'ahurissement et la colère, Kyoko sentait les larmes lui monter aux yeux. L'hypothèse de retourner à sa vie d'avant, même si ça impliquait une certaine affection de la part du chanteur, la mettait dans une fureur noire.
- Tu rêves…, souffla-t-elle. Comment peux-tu supposer que je pourrais revenir? Après tout ce que tu m'as fait subir! J'ai une vie maintenant, j'ai un rêve! Je ne vis plus que par toi! J'apprends le métier d'actrice, je suis retourné à l'école… Je fais tout pour réparer ce que tu as gâché!
À bout de souffle, elle le sentit se précipiter vers elle pendant qu'elle tentait encore de reculer.
- Je sais que j'ai eu tord! Mais je t'aime!
- Tais-toi!
Il tentait vainement de la prendre dans ses bras, de la ramener près de lui, mais elle continuait de lutter pour s'éloigner de lui.
- Je ne te demande pas d'abandonner ta vie! Si tu veux continuer ton métier d'actrice ou cette stupide école, vas-y! Mais reviens…
- Non!
- Qu'est-ce qui t'en empêche? Pourquoi je ne mériterais pas une nouvelle chance? Pourquoi?
Soudain leur lutte sembla cesser un instant, elle pu se distancer mais en un mouvement, il revint la saisir plus durement par les bras, la maintenant face à lui. Lorsqu'elle releva les yeux, brouillés de larmes, ce fut pour apercevoir un visage rongé par la colère.
- Est-ce que c'est à cause de lui?
Kyoko su instinctivement de qui il parlait. Ren Tsuruga… Elle tenta de détourner le regard mais il la secoua brutalement.
- Est-ce que c'est à cause de lui?
Elle n'arrivait pas à prononcer un mot, muette de peur mais également incapable de dire à haute voix ses sentiments. Elle sentait les doigts serrer ses bras jusqu'à lui faire mal mais elle n'arrivait pas à se libérer, presque maintenue au dessus du sol par la force de son emprise.
- Pourquoi tu ne peux pas revenir? POURQUOI?
- Parce que je l'aime!
Les derniers mots s'étaient libérés de sa gorge comme le dernier souffle d'un condamné. Ils s'étaient projetés du plus profond d'elle-même et, malgré la situation, elle se sentit soudainement si légère.
Elle sentit Shô se figer, sans desserrer l'étau de fer dans lequel il l'avait capturé. Ses mains tremblaient et elle cru entendre un petit ricanement.
- Tu ne comprends toujours pas?, lui susurra-t-il d'une voix menaçante et caressante à la fois. Depuis ta naissance… tu as été élevé pour m'appartenir. Ils t'ont modelé pour me convenir, pour répondre à mes besoins! Tu n'as été créé que pour moi! Jamais il ne t'aura! Personne!
Il lui hurlait maintenant toute sa colère avec une force incroyable qui l'étourdissait.
- Peu importe ce que tu souhaites, TU ES À MOI!
Il prononça ses derniers mots avec une puissance étonnante et alors Kyoko se sentit projeté. Comme soulevée de terre, soudain libérée du contact douloureux de ses doigts, elle eu l'impression de voler. Lorsqu'elle se sentit redescendre, elle ferma les yeux pour se préparer à l'impact du sol mais elle ne sentit rien, seulement le vent souffler sur sa nuque et glisser sous elle. Alors elle ouvrit les yeux et aperçu Shô. Son visage n'était plus emprunt de colère. Ce qu'elle voyait dans ses yeux et à travers son corps tout entier, c'était une peur incroyable. Comme au ralentit, elle continua de tomber, ses yeux quittant finalement le visage de son ami d'enfance pour se perdre dans le ciel.
Aveuglé par autant de colère, il l'avait projeté le plus loin possible de lui, de toute ces forces. Mais quand il la vit s'éloigner, il aperçu le ravin derrière eux. Son visage se décomposa et il se précipita vers elle, mais elle sombrait déjà vers les rochers et la mince rivière agitée.
- NOOOOOOO…!
.
.
- …OOOOOOOOOOOOON!
Il n'avait plus de souffle, son cœur battait d'un rythme douloureux, jusqu'à lui défoncer la poitrine. Devant lui, il ne voyait rien d'autre que sa main tendue pendant qu'il tentait désespérément de respirer. Son corps entier était tendu, secoué par les frissons et par la peur, trempé de sueur. Il lui fallu quelques minutes pour reprendre contact avec la réalité, quelques minutes pour ramener sa main vers lui et pour fermer les yeux, un instant.
Juste un rêve…
Ren se laissa tomber dans son lit, son corps encore secoué d'une émotion intense qui le faisait encore trembler de manière incontrôlable. Sa chambre était baignée dans le noir le plus complet et il ne percevait aucun bruit en dehors de sa propre respiration. Ramenant ses mains à son visage, il tenta de se ressaisir, mais les images de son cauchemar faisaient encore vibrer une peur assourdissante en lui.
Un rêve bien différent de ceux qu'il faisait dernièrement.
Certes, le voyage à Karuizama n'avait rien de récent, mais depuis la pause de tournage avec BJ et, donc, de leurs personnages de Caïn et Setsu, Ren avait prit aussi une pause de ses réflexions sur Kuon, cherchant à se ressourcer le plus possible dans Ren Tsuruga. Néanmoins, cette pause avait également laissé un étrange vide quant à la présence constante de Kyoko auprès de lui.
Depuis les évènements avec le harceleur, la St-Valentin et puis ces personnages de frère et sœur, il ne pouvait plus nier que tout ça échappait totalement à son contrôle. Prendre conscience de ses sentiments n'avait été qu'une étape. Il n'avait pas prévu que… il n'avait pas cru possible qu'ils s'accroissent à ce point.
Il se souvenait encore parfaitement de cette sensation, ce fameux soir où il avait créé Katsuki, lorsqu'il l'avait tenu dans ses bras, couchée au sol, puis de l'apaisement fabuleux qui l'avait envahit lorsqu'il avait dormit à ses côtés en tant que Caïn. Il avait cru comprendre alors toute la puissance de ce que pouvait être l'amour mais lorsqu'il y réfléchissait à présent, il ne comprenait pas comment il avait pu lui résister dans une position pareille. À cette simple idée, il sentit aussitôt une agréable chaleur l'envahir. Chaque jours, ses sentiments devaient plus forts. Il continuait de la découvrir, surpris de son propre étonnement, conquis par ses sourires, vaincu par ses larmes.
Toujours le visage entre ces mains, il tenta de refouler toutes les images qui commençaient à le submerger.
À l'époque, les incidents du voyage à Karuizama avait éveillé une étrange urgence en lui, comme s'il avait pressentit la possibilité qu'un jour, elle ne soit plus là et depuis, tout s'était enchaîné à une vitesse incroyable. Son être tout entier s'était soudain révolté à cette idée et, depuis, il se sentait grugé de l'intérieur. Ce simple rêve venait de le paralyser entièrement. La simple suggestion de sa mort le mettait dans un état… indescriptible. Ses terreurs à propos de son passé et de Rick se transmettaient maintenant sur Kyoko. Le plus terrible était que, malgré qu'il s'agisse d'un rêve, Ren pouvait totalement imaginer cette situation dans la réalité. Pour lui, Shô Fuwa était un réel danger et ça ne faisait aucun doute. Il l'avait utilisé pendant des années et il était impossible de supposer ces limites afin de la récupérer. Parce qu'il allait le tenter… ça, Ren en était absolument persuadé.
Sortant enfin de son état réflectif, il se laissa aller à soupirer un instant. Il s'assit sur le bord du lit et jeta un regard à sa montre.
3h43…
Mais il lui était impossible de se rendormir après un rêve pareil. Il saisit son agenda, posé sur la table de chevet, et consulta son horaire de la journée. Il avait un rendez-vous tôt en matinée pour tourner une publicité de parfum, rien qui nécessite une concentration particulière. Encore tendu, il se leva péniblement et se dirigea vers la douche.
Si vous avez des suggestions ou des commentaires, je les attends avec impatience!
