Titre : Too lost in you

Auteur: Katsuura

Fandom : Sherlock BBC

Rating : T mais évoluera sûrement

Résumé : John préfère une soirée au calme avec Sarah à une enquête avec Sherlock. Est-ce que cela cache quelque chose? Sûrement...

Bonne lecture.

Le ciel de Londres s'assombrissait doucement en cette fin d'après-midi. Le soleil d'automne jetait ses derniers éclats dans le salon du 221B sur Baker Street avant que la pénombre ne gagne la pièce. La douceur et la quiétude régnaient dans l'appartement et la lumière dorée lui donnait un aspect douillet et chaleureux malgré le désordre ambiant.

Une porte claqua et une cavalcade se fit entendre dans les escaliers ainsi qu'une voix péremptoire.

-John!

Sherlock Holmes entra telle une tornade dans l'appartement, manteau ouvert et écharpe dénouée.

-John! J'ai besoin de toi.

La pièce paisible un instant auparavant était devenu subitement électrique sous l'influence du jeune homme. L'œil brillant et le visage animé du détective annonçaient à qui le connaissait une nouvelle enquête. Il dégageait une énergie et un entrain hors du commun lorsqu'une énigme intéressante se présentait. Son corps était alors vif et nerveux et son discours volubile et ardent.

Son colocataire et collègue occasionnel, John Watson, était assis dans son fauteuil préféré, le journal qu'il lisait quelques instants auparavant dans une main, une tasse de thé dans l'autre. Il ne semblait pas étonné ou inquiet de l'agitation qui secouait le détective. John leva un sourcil flegmatique en direction du détective, sans bouger, attendant visiblement une explication. Mais Sherlock était déjà dans la cuisine retournant diverses bouteilles et coupelles à la recherche de quelque chose dans le capharnaüm éparpillé sur la table.

-Où est-elle? Non... Non... Ah! Je l'ai!

Il fourra une petite bouteille au contenu douteux dans sa poche avant de se retourner triomphant vers John. Il sembla surpris du manque de réaction de John. Il fit un vague geste de la main en direction du porte-manteau.

-Pas encore prêt? Allez John, Lestrade m'a appelé. Quelque chose qui semble intéressant pour une fois. On a trouvé un corps chez lord Barrymore. Impossible de l'identifier. Ils ne la trouvent dans aucun fichier : nom inconnu, aucune description de personne disparue ne correspond. Il faut trouver son identité et ce qu'elle fait là. La police patauge, comme d'habitude!

Devant l'immobilité évidente de son interlocuteur, il s'arrêta et fronça les sourcils.

-Et bien? Dois-je ajouter que cela pourrait se révéler dangereux? Ajouta-t-il mi ironique. Il savait que John ne l'accompagnait pas que pour avoir une dose d'adrénaline mais il s'amusait toujours de l'intérêt que suscitait la promesse du danger chez l'ancien soldat.

John plissa les yeux et prit une inspiration comme s'il se lançait dans un débat.

-Non, Sherlock, je suis désolé, mais ce soir j'ai des projets, répondit-il en se levant pour poser sa tasse sur la table du salon.

-Des projets? Demanda sceptique le détective.

-Je sors avec Sarah ce soir. Nous allons au cinéma et puis nous irons dîner dans un restaurant, lui expliqua le médecin, d'un air décidé comme pour défier le ton dubitatif de Sherlock.

-Oh je t'en prie, s'exclama celui-ci, levant les yeux au ciel d'exaspération, tu peux repousser à plus tard dans la soirée ou, mieux, à un autre jour. Je suis sûr qu'elle ne t'en voudra pas. Et ne me dis pas, ajouta-t-il avec véhémence, que tu préfères ça à une enquête avec moi.

-Et bien, en fait, si! S'exclama John, s'échauffant. Ça peut te sembler bizarre, mais je préfère passer une soirée au calme avec quelqu'un avec qui je peux discuter de tout et de rien...

-On discute!

-Tu monologues! Quelqu'un avec qui plaisanter... Reprit John imperturbable.

-Il y aura Anderson et Donovan!

-... bref, passer une soirée normale, réussit à achever John.

-Assommant! Je ne vois vraiment pas ce que les gens peuvent trouver à ce genre d'activité.

-Sherlock, je ne vais quand même pas te faire un dessin! Soupira John exaspéré.

-Futilités! Rejeta-t-il froidement.

Sherlock fit le tour de la pièce à grandes enjambées avant de s'arrêter devant la fenêtre. Il se perdit quelques instants dans la contemplation de la ville à ses pieds. Il se retourna et fixa quelques instants John de son regard perçant. Celui-ci frémit. John connaissait ce regard. Il s'agissait de ce regard implacable relevant le moindre détail grâce auquel Sherlock découvrait inévitablement la vérité. John ne détourna pas les yeux malgré son malaise. Il releva le menton et serra un peu plus fort le journal dans sa main. Il ne voulait pas infléchir sa décision. Il devait tenir tête au détective. Il le fallait.

Après quelques instants de cet examen, Sherlock se redressa de toute sa hauteur, resserra son écharpe autour de son cou, murmura "bonne soirée" d'un ton rogue et retraversa le salon à grand pas, disparaissant dans les escaliers sans prendre la peine, à son habitude, de refermer la porte de leur appartement.

John l'entendit dévaler la dernière volée de marches, claquer la porte de l'immeuble et à nouveau l'appartement fut plongé dans le silence. John soupira et essaya de relâcher la pression qu'il avait sentie grandir toute l'après-midi. Il avait réfléchi longuement au cours qu'avait pris sa vie ces derniers mois, à son installation à Londres, à son emménagement avec Sherlock, à leur vie en commun depuis, leurs enquêtes, leurs aventures, leur relation.

Il étira ses doigts crispés sur le journal et fit quelques pas dans l'appartement. Il finit par se laisser retomber dans le fauteuil qui avait accueilli toutes ses réflexions durant l'après-midi. Il passa la main dans ses cheveux courts et les ébouriffa machinalement. Il l'avait fait. Du moins le premier pas. Il avait pris sa décision et il devait continuer.

Il prit son portable sur la table basse et chercha dans le répertoire le numéro de Sarah. Après tout, maintenant qu'il avait parlé d'un rendez-vous à Sherlock, autant que celui-ci ait lieu. Surtout que John ne doutait pas que le détective ne louperait pas le moindre indice prouvant que John n'était pas sorti, ce qui pourrait se révéler très dangereux pour lui.

Avec détermination, John appuya sur la touche appel de son téléphone. Sarah décrocha dès la seconde sonnerie. La voix douce de la jeune femme arracha un sourire à John. Elle accepta avec un plaisir évident l'invitation. Ils se donnèrent rendez-vous devant le cinéma en début de soirée. Lorsqu'il raccrocha, John se sentait peu apaisé. La jeune femme avait cet effet sur lui. Elle était douce, compréhensive, l'écoutait en souriant. Elle atténuait sa mauvaise humeur, anesthésiait ses angoisses et amadouait ses appréhensions. Auprès d'elle, il se sentait serein. Il se sentait aussi plus fort et protecteur.

Décidé à passer une bonne soirée malgré son altercation avec Sherlock, John se rendit dans la salle de bain pour se préparer et couper court à toutes les pensées qui continuaient à bourdonner dans son esprit.