Écho d'âme
— Rukia !
Elle lève le regard sur lui. Inquiète. Bat des cils. Pourquoi se sent-elle si faible ? Quel est tout ce sang ? Les questions virevoltent dans les brumes de son esprit sans vraiment faire de sens, esquivant l'évidence avec précaution.
Des bras puissants l'entourent. La serrent. Elle grimace vaguement alors que la douleur fait écho dans son corps, lointaine, réelle mais distante. Et alors qu'elle identifie un parfum familier, le murmure franchit ses lèvres :
— Ichigo…
Son grand regard bleu nuit contemple ce visage mille fois observé, ces traits droits, fins, un peu rêches, cette peau encore juvénile, ces sourcils éternellement froncés, ce regard ambré. Un regard triste, douloureux. Si facile à lire, à distinguer. La culpabilité tournoie dans les prunelles, virevolte tel un funeste oiseau avant de replonger, intense. Puis s'estomper un peu pour laisser place à l'inquiétude, au désarroi. Et l'impuissance grandit à son tour, soufflant les autres…
Rukia connaît que trop bien cet amalgame de sentiments tourbillonnants, impitoyable torture de l'âme. Elle l'avait éprouvé, elle aussi. Tant de fois. Trop de fois.
Un sourire naquit sur ses lèvres, doux, paisible, rassurant.
— Tout va bien se passer, Ichigo.
Sa main, animée d'une frêle impulsion, vint trouver le poignet du shinigami remplaçant, goûtant la chaleur de la peau sous ses doigts.
— Tout va bien se passer.
Et elle continua à sourire alors qu'il hurle son nom de toutes ses forces; il lui semble brièvement distinguer la chevelure d'Orihime qui se précipite sur elle aussi. Ses sens l'abandonnent peu à peu, la plongeant dans les ténèbres de l'inconscience. Mais son âme, elle, résonne paisiblement au contact de celle d'Ichigo.
Tout va bien se passer.
