NDA : Ceci est le premier chapitre de ma fiction UA Destiel : Renegades. Le titre vient par ailleurs de la chanson Renegades de X Ambassadors. Une amie m'a donné l'idée, et j'ai trouvé que les paroles collaient plutôt bien :) Je ne sais pas encore combien elle comportera de chapitres, ni même si la longueur sera toujours la même que pour celui-ci. D'ailleurs, j'écris d'autres fictions en parallèle, dont une autre UA Destiel. Et même si je suis -enfin- en vacances, je travaille à partir du 10 juillet donc désolée d'avance si je ne suis pas régulière :)
J'espère donc que cette histoire va vous plaire, et que vous accepterez de vous embarquer dans la vie de Dean, Cas, Sam et les autres !
Lucifaire
Musique : Jason Walker - Down
"I shot for the sky
I'm stuck on the ground
So why do I try, I know I'm gonna fall down
I thought I could fly, so why did I drown
Oh it's coming down, down, down."
Chapitre I : I'm stuck on the ground
Castiel observait la route d'un air songeur. Le paysage défilait sous ses yeux, flouté par la vitesse du chauffeur et par la fatigue tenace qui l'avait envahi depuis son départ pour le Texas. Il ne comprenait pas grand chose à l'immense bordel qu'était devenu sa vie, et chercher une logique dans tout ça ne lui apportait rien, à part un mal de crâne.
L'adolescent jeta un rapide coup d'œil à son vieux sac de voyage posé sur la banquette. Ses dix-sept ans tenaient allégrement dedans. Il n'avait pris que le nécessaire, préférant laisser son ancienne vie là où elle s'était terminée. Et elle s'était terminée à Manhattan, à des kilomètres de l'endroit où ses parents l'avaient envoyé.
D'eux, il ne souhaitait rien garder. Ne restait plus que son nom, Novak, et une haine farouche. Seuls éléments le reliant à sa famille.
La berline tourna à gauche, s'engageant sur un petit chemin en cailloux blancs, perdu entre des immenses champs. Des chevaux s'ébattaient joyeusement, maintenus dans leur pré par des barrières en bois. Et tout semblait en bois, ici. Du panneau qui surplombait le ranch, annonçant Red Side, en passant par l'écurie peinte de couleur rouge sang, et par l'imposante bâtisse qui veillait sur ce petit monde.
Des jeunes étaient appuyés à la rambarde, et ils remarquèrent immédiatement la voiture luxuriante qui venait de se garer sur le parking. Castiel s'enfonça dans son siège, gêné soudainement par le côté tape à l'œil du véhicule, qui contrastait avec le paysage sauvage autours d'eux. Être catalogué comme le petit riche de service dès le premier jour n'avait rien d'encourageant. À Manhattan, le monde qui gravitait autour de lui et de sa famille était bien différent de ces cow-boys perdus entre deux villes fantômes. Mais il ne souhaitait qu'une chose, c'était se fondre dans la masse, être comme eux, au moins jusqu'à son départ. Visiblement, les choses étaient mal parties.
Il osa enfin sortir de l'automobile, et balança son sac par dessus son épaule. Les jeunes semblaient être cinq ou six, et attendaient patiemment qu'il vienne à sa rencontre, les bras croisés et les yeux plissés à cause du soleil. Castiel se sentit défaillir. Jamais il n'oserait les aborder.
« - Eh, toi ! »
L'adolescent se retourna, et tomba nez-à-nez avec un homme dans la quarantaine. Sa carrure était plutôt impressionnante. Des cheveux blonds désordonnés tombaient sur son front, et une barbe mal entretenue dévorait le bas de son visage. Ses yeux bleus sondèrent le nouveau venu, avant qu'il ne lui tende une main amical :
« - Je suis Adam. Le directeur du ranch. Tu dois être le nouveau, Castiel Novak, c'est ça ? C'est Bobby qui vous prend en charge, mais je ne sais pas où il est passé, continua-t-il en voyant Castiel hocher la tête. Viens avec moi, on va te présenter aux autres, en attendant. »
Castiel le suivit sans broncher. Adam avait une autorité naturelle dans la voix, un accent à couper au couteau et un air jovial qui le déstabilisaient complètement.
Ils se rapprochèrent du petit groupe, et Castiel sentit son appréhension monter d'un cran. Il n'avait jamais eu de talent pour se faire des amis.
« - Les gars, je vous présente Castiel Novak, déclara immédiatement Adam en arrivant à leur hauteur. Castiel, voici tes nouveaux partenaires. »
Ils étaient cinq. Il y avait ce petit blond agaçant qui mâchouillait son chewing-gum avec arrogance, répondant au nom de Gabriel. Un asiatique gringalet qui attendait, visiblement ennuyé, nommé Kevin. Un noir à l'air sérieux et impassible, qui s'appelait Raphaël, un jeune brun plutôt séduisant appelé Michaël et enfin un blond qui se faisait surnommer Luci.
« - Luci ? Répéta Castiel, étonné.
- Pour Lucifer, répondit-il avec un sourire éhonté. »
Les autres ricanèrent. Adam secoua la tête :
« - Et où est Dean ?
- Bobby est allé le chercher, répondit Michaël. Ils vont bientôt rentrer. »
Les adolescents se lancèrent un regard que Castiel ne sut interpréter. Quant à Adam, il serra les dents et passa une main nerveuse dans sa tignasse cendrée.
« - Bien. Qui veut faire visiter les lieux à Castiel ?
- Mais … C'est l'boulot de Dean …
- Dean n'est pas là, alors quelqu'un doit le remplacer. Kevin ? »
L'asiatique soupira discrètement, et posa un regard ennuyé sur le jeune brun. Un regard qui donnait clairement l'impression à Castiel qu'il n'était qu'un boulet à traîner.
« - Et ne soupire pas comme ça, sinon tu sais ce qui t'attends !
- Oui, monsieur, souffla Kevin en abaissant les épaules dans un geste fataliste.
- Voilà Dean ! »
Le petit groupe fit volte-face. Un pick-up bleu se gara là où s'était arrêtée la berline de Castiel quelques minutes plus tôt, et un homme en descendit. Sa casquette était profondément enfoncée sur son crâne, et une barbe grisonnante mangeait ses joues. Il fit le tour du véhicule, et ouvrit la portière passagère, dont s'extirpa celui que les autres avaient désigné comme étant Dean. Ce dernier avait une mine affreuse sur le visage, et se traîna derrière l'homme, les mains enfoncées au fond de ses poches et un chapeau visé sur sa tête.
« - On t'attendait pas aussi tôt, Castiel. Je suis Bobby, le gérant, déclara-t-il d'une voix bourrue. Et voici Dean, le dernier des garçons. »
Dean ne releva pas la tête, et un silence gênant s'installa dans le petit groupe. Bobby roula des yeux et tourna les talons, marmonnant quelques insultes dans sa barbe et abandonnant la chaleur de ce milieu d'après-midi pour la pénombre de sa demeure.
« - Bon, les garçons, vous connaissez vos tâches de la journée, déclara finalement Adam en frappant dans ses mains. Kevin, tu fais visiter à Castiel. Quant à toi Dean, on va avoir une petite discussion sur ton escapade de ce matin. Et enlève ce putain de chapeau ! Ordonna-t-il en envoyant le couvre-chef voler dans l'air, et s'échouer aux pieds de Castiel. »
Ce dernier put enfin découvrir le visage de cet inconnu. Et ce fut une réelle claque. Castiel devait bien l'avouer, ce Dean ne devait laisser personne indifférent. Ses cheveux châtains étaient dressés sur son crâne, et prenaient une jolie couleur dorée avec le soleil. Son visage était fin, ses traits bien dessinés, sa bouche pulpeuse. Une multitude de tâches de rousseurs venait s'échouer sur son nez. Quant à son corps, il semblait plutôt svelte, mais finement musclé, et sa peau tannée rendait la peau de Castiel blanche maladive. Mais le plus saisissant, c'étaient ses deux émeraudes ourlées de longs cils blonds, et qui fixaient Castiel d'un air vidé de toutes émotions.
Le brun frissonna malgré lui. Dean était saisissant, tant par son physique avantageux que par la froideur qui émanait de son être.
Castiel se baissa subitement, pour se soustraire au regard insistant du blond, et attrapa le chapeau du bout des doigts, comme s'il était effrayé à l'idée de le toucher. Il le secoua légèrement et fit tomber la poussière au sol, avant de le tendre à son vis-à-vis. Leurs doigts s'effleurèrent rapidement, et Castiel jura apercevoir l'ombre de sourire sur les lèvres de l'autre, avant qu'il ne s'éloigne de lui, traîné par le bras par Adam.
Et Castiel jura intérieurement.
« - Et là, c'est ta chambre. »
Castiel laissa tomber son sac sur le plancher, et observa la pièce. Elle était toute simple. Au bout d'un couloir, au deuxième étage de la maison. Sa superficie n'était pas bien grande, et la petite fenêtre ne laissait pas passer beaucoup de luminosité.
« - Je partage ma chambre avec quelqu'un ? Demanda Castiel en avisant les lits superposés.
- Ouais. Dean. »
Le brun fit volte-face, et dévisagea Kevin. Se pouvait-il que le jeune asiatique ai remarqué sa gêne en présence du joli blond, et qu'il le fasse marcher ? C'était impossible qu'il partage sa chambre avec Dean. C'était une coïncidence au goût douteux.
« - Avec Dean ?
- Son dernier coloc est parti, déclara Kevin en haussant les épaules.
- Pourquoi ?
- Si jamais tu veux changer de chambre, tu peux toujours demander à Bobby … rajouta-t-il en évinçant la question. »
Le départ de l'ancien colocataire de Dean semblait être un sujet tabou. Bien. Castiel allait se faire un plaisir de fouiner un peu.
« - Bon, maintenant que t'as tout vu, j'vais te laisser t'installer. Demain, Charlie t'accompagnera pour acheter des fringues un peu moins … « ville ». Tu verra, elle est sympa. »
Castiel osa un sourire amical au jeune asiatique, qu'il lui rendit maladroitement. Il était pratiquement sorti de la chambre, quand il repassa la tête par la porte :
« - Oh et, Castiel ? Si jamais t'as des problèmes avec Dean ... hésite pas à nous en parler.»
Plié en deux pour atteindre le bas de l'armoire, Castiel achevait de trier ses affaires. La maison était toujours vide et, à l'exception de la radio de Bobby que le jeune homme pouvait entendre, le silence régnait. Par la petite fenêtre, Castiel pouvait voir les autres garçons ranger leurs ustensiles et s'étirer paresseusement.
Il repensa à la dernière phrase de Kevin. Vérité, ou mensonge pour l'effrayer ? Dans tous les cas, l'asiatique avait su comprendre Castiel rapidement. Car oui, il se retrouvait bien malgré lui lié à des histoires. Sans doute parce qu'il était manipulable, plutôt naïf même. Mais le fait que cette phrase soit tombée si juste n'était peut-être qu'un simple hasard.
Ensuite, il y avait le problème que Dean lui avait légèrement tapé dans l'œil. Mais qui aurait pu lui en vouloir ? Il avait 17 ans et à peine sorti du placard. Ses parents étaient riches, stricts, et auraient détesté un fils gay, ce qu'ils avaient d'ailleurs fait. Et puis Dean était beau, charismatique. Il dégageait une aura qui ne pouvait pas laisser les autres indifférents. Alors non, Castiel n'était pas amoureux de Dean, au contraire, mais était déstabilisé par l'attirance purement physique qu'il ressentait.
« - Alors c'est toi mon nouveau coloc ? »
Castiel sursauta et découvrit un Dean adossé au mur, les bras chargés par les draps, un petit sourire charmeur sur les lèvres.
« - Je t'ai apporté des couvertures, rajouta-t-il. Ah et, on lave les draps une fois par semaine, et c'est la dernière fois que je fais ta lessive, continua-t-il en lui lançant ses couvertures au visage.
- T'es Dean, c'est ça ? »
Castiel se gifla mentalement. Comme s'il n'avait pas retenu son prénom.
« - Hm, il paraît. Et toi Castiel. C'est un peu long, comme prénom. Tu risques de finir avec un surnom avant la fin de la journée. »
Il se retourna un instant, posa ses affaires sur le lit, et Castiel ne dériva absolument pas son regard sur la chute de ses reins. Regard qu'il releva bien vite en voyant son camarade faire de nouveau demi-tour :
« - T'es plutôt du genre … Mec au-dessus, ou mec en-dessous ? Demanda Dean, un éclair de malice au fond des yeux.»
Castiel sentit ses joues surchauffer. Venait-il vraiment de se faire griller entrain de mâter ? Et Dean venait-il réellement de lui faire comprendre ?
« - Habituellement, je suis en dessous, mais bon … ça me gène pas de changer, continua le blond en fixant l'autre adolescent.
- Euh … Ben … Je suis ouvert … Enfin, j'veux dire … C'est que j'ai jamais vraiment … balbutia Castiel, le regard fuyant.
- Dormi dans un lit en hauteur ? »
Il y avait clairement du sarcasme dans sa voix, et Castiel fut certain qu'il venait d'être grillé magistralement.
« - Les lits … Euh … Oui, si … En haut … En haut ça me va très bien, répondit-il rapidement en secouant la tête.
- Okay, génie. »
Et, vraiment, Castiel aurait pu s'écraser la tête contre le mur tellement la honte était cuisante. Mais il aurai juré avoir déceler une once de drague dans la voix de Dean, comme s'il l'avait intentionnellement emmené à penser à quelque chose de moins sage que « qui dort où ».
« - Tu sais monter à cheval ? Questionna subitement Dean en se laissant tomber sur sa couchette.
- Euh … Non. »
Pour dire vrai, l'idée de savoir monter à cheval ne lui avait même pas traversé l'esprit. Et il ressentait maintenant une certaine appréhension. L'équitation ne faisait définitivement pas parti de sa liste de choses à faire avant de mourir.
« - Je viens de Manhattan, rajouta-t-il rapidement, comme si cette information avait pu expliquer ses lacunes.
- Ah ouais, je vois. Chez vous, c'est plutôt taxi et compagnie. Et vous montez à cheval comme si vous aviez un balai dans le cul.
- Vu ton accent, tu viens pas vraiment du Texas non plus, répliqua Castiel en fronçant les sourcils. »
Dean haussa les épaules et s'allongea sur son lit, sans répondre.
Le silence s'installa dans la pièce, baignée par cette jolie lumière orangée de fin de journée. Castiel observa son coéquipier quelques instants. Il ne le connaissait absolument pas, mais il l'aimait déjà bien.
Le jeune brun n'avait pas l'habitude de ce genre de rencontre. Dans son lycée privé surcoté, les amitiés se construisaient petit à petit, et on devait ami avec quelqu'un parce qu'il n'était pas pire que les autres. On se choisissait par défaut, et on finissait par s'apprécier avec le temps.
Là, tout était différent. Il était piqué au vif par Dean, souhaitait le connaître, était intéressé par le vague aspect de sa personnalité qu'il avait pour l'instant vu. Mais peut-être était-ce seulement parce que Dean était la première personne avec laquelle il avait tenu une conversation, ici ? Peut-être que Dean était attirant ? Ou alors parce que Castiel aimait les gens, tout simplement. Il ne pouvait s'empêcher de s'attacher en quelques secondes, malgré le fait qu'il se débattait constamment contre ce trait de caractère, qu'il considérait comme le pire des défauts.
Sur ces pensées, il s'attela à préparer son lit, et, épuisé, il s'endormit entre les couvertures, à des années lumières de son ancienne vie, et aux portes de la nouvelle.
"Les gens ont toujours peur de la nouveauté. Pour faire du neuf, il faut se donner le droit à l'erreur." - Björk
