Auteur: Ookami97 (moi donc mais ça vous l'avez compris depuis le temps, 'fin j'espère)
Titre: "Success"
Disclamer: *essuie une larme* non non, j'ai toujours pas réussi à mettre la main sur Katsuki et Eijiro. Mais j'ai pas encore abandonné hein!
Rating: T
Genre: Angst, Romance
Note: BONJOUR! Bon, comme vous le voyez, la rentrée ne m'a pas achevée. Hourra! Voici donc mon tout nouveau bb, Success, une fanfiction qui est la fusion de deux idées et qui m'a en partie était inspirée par une chanson (We'll be together de Sting si ça vous intéresse). Au départ donc, j'avais deux idées distinctes, 1) un Kiribaku mais angst et 2) les aventures de nos apprentis-héros favoris mais dix ans plus tard, j'ai mixé les deux et PAF! Voilà le résultat. Je prend énormément de plaisir à écrire cette fic, j'ai un univers bien précis en tête et j'espère que j'ai réussi à le retranscrire dans mes lignes. J'espère aussi que vous apprécierez autant que moi. J'ai aussi glissé pas mal de références, des titres de chansons, des p'tits trucs qui proviennent de films, ce genre de choses quoi donc si vous voyez un truc qui vous parle, dites-moi si vous savez d'où ça vient! (Je suis curieuse de savoir si on a les mêmes ref' lel)
Bref, sur ce, je vous souhaite une bonne lecture!
(Sinon rien à voir mais j'ai remarqué que tous les titres de mes fics Kiribaku commencent par un S... Est-ce un signe? Est-ce un complot? Le Christ Cosmique est-il derrière tout ça? La Terre est-elle plate? Et si tout n'était qu'une simulation? Seul le temps nous apportera des réponses.)
Chapitre 1 – World class
Le poste de télévision s'alluma dans un crépitement, son écran de verre épais parcouru d'un frisson magnétique avant que l'image ne s'affiche entièrement dans un flash assourdissant. Le son grésilla une ou deux secondes avant de se stabiliser, faisant crisser les hauts parleurs. Le volume des cris et les acclamations augmentait peu à peu jusqu'à envahir toute la pièce comme si la foule était juste là, sortie du petit poste. Sur l'écran, un large podium, caché en partie par le présentateur qui hurlait dans le microphone d'une voix nasillarde.
«…En troisième position ce mois-ci, Shoto ! Bravo !… »
Le brouhaha de la foule fut si fort qu'il recouvrit momentanément la voix qui peinait à se faire entendre.
« … Suivi du numéro deux, Ground Zero… »
À nouveau, les décibels des applaudissements explosifs recouvrirent tout le temps de quelques secondes. À l'écran, l'image devint encore plus lumineuse, comme si la caméra filmait un projecteur. La voix réussit à reprendre le dessus :
« … Accueillons notre héros numéro un, Deku ! Félicitations !… »
Puis l'écran devint subitement noir, un ultrason persistant grésilla avant de s'affaiblir peu à peu, plongeant la pièce dans le silence le plus total. Dix ans plus tard, ils étaient tous devenus de grands héros, mais pas de la façon dont ils auraient pu l'imaginer. Dix ans plus tard, les choses semblaient avoir changé, mais en réalité, n'avaient-elles pas toujours été les mêmes ?
§§§
Les lumières de la ville de Tokyo brillaient dans la pénombre de la nuit comme un ciel étoilé qui se serait répandu sur les toits et les grattes ciels. La ville illuminait tous ses alentours, touchant le ciel de ses rayons comme l'aurait fait un soleil. Les soirs comme celui-ci, elle semblait plus vivante aux heures les plus noires de la nuit que pendant les longues journées baignées de soleil. La soirée du classement des héros venait de se terminer, l'after avait duré jusqu'à trois heures du matin : un rassemblement des nominés qui se retrouvaient entre vieilles connaissances, pour la plupart, et qui se jetaient dans les bras des uns et des autres après ne pas s'être revus depuis des années. Le champagne avait coulé à flots et l'étage de l'hôtel de luxe qui avait été réservé pour l'occasion se vidait peu à peu de ses invités, qui titubaient difficilement jusqu'aux taxis qui les attendaient.
Ils furent dans les derniers à sortir de l'hôtel. Deux hommes en costard-cravate, l'un les poings enfoncés dans les poches, l'autre une cigarette entre les lèvres et un briquet entre les doigts, faisant crisser la pierre pour créer une étincelle.
Il inspira une bouffé, l'air gonflant ses poumons, ses épaules s'affaissant lorsqu'il souffla la fumée qui s'éleva dans l'air froid et vif de la nuit déjà bien avancée. Il reprit la barrette de nicotine entre ses lèvres, faisant un signe de la main à une grosse berline noire qui ralentit, s'arrêtant juste au bout du tapis rouge qui descendait depuis les marches du bâtiment. Un dernière latte et la cigarette fut nonchalamment jetée sur le sol, à peine consumée et encore fumante, lorsque les deux hommes s'engouffrèrent dans la voiture avant de disparaître aussitôt dans le vrombissement lourd d'un moteur de six cent chevaux.
Les éclats des lumières artificielles se reflétaient sur les vitres teintées, glissant sur le verre à toute vitesse alors que la grosse automobile filait sur l'autoroute, lancée à toute vitesse. L'intérieur était calme et silencieux. On entendait à peine les échos du ronflement du moteur, le grondement lointain étouffé comme s'il provenait d'un autre véhicule.
Le coude appuyé sur le rebord de la portière, le fumeur était presque collé à la fenêtre, son regard perdu suivait tant bien que mal l'extérieur qui défilait à plus de cent cinquante kilomètres heure sous ses yeux. Ses cheveux blonds hirsutes retombaient sur son front et ses tempes, à peine secoués par les vibrations de la voiture. Dans ses prunelles carmines se reflétait l'éclat de la ville, remplaçant les émotions qu'elles auraient pu traduire. Ses traits étaient neutres, ses lèvres pincées, sa mâchoire serrée. Le menton appuyé contre son poing, il restait silencieux, spectateur muet du spectacle qui courait sous son regard.
À coté de lui, le dos enfoncé dans le dossier en cuir, les avant-bras reposant mollement sur ses cuisses, l'autre homme à la chevelure rouge comme le feu et aux iris de la même teinte avait lui aussi le regard dans le vague, ses orbes embrumées d'une fatigue certaine qui semblait le torturer depuis plusieurs heures. Il tourna lentement la tête vers sa gauche, la silhouette habillée d'un costume noir entrant dans son champ de vision.
« Je n'en peux plus. Cette soirée à vraiment duré trop longtemps. Mais bon, c'était sympa de revoir les autres, surtout après autant de temps… »
À côté de lui, la silhouette demeura immobile et silencieuse. Les yeux du rouge s'ouvrirent un peu plus, comme si le silence d'en face l'avait un peu sorti de sa fatigue. Il pencha son buste vers lui, posant une main sur la cuisse du blond qui finit par tourner le visage dans sa direction.
« Ça va, Katsuki ? Tu as entendu ce que je t'ai dit ? »
Il cligna des yeux, détaillant le visage en face de lui. Eijiro. Toujours le même sourire collé aux lèvres, les mêmes mèches rouges qui retombaient de chaque côté de son visage, la même cicatrice au coin de la paupière droite, le même visage qui lui avait toujours renvoyé cette aura apaisante pendant des années, la seule figure qu'il avait acceptée auprès de lui. Il soupira. Un souffle léger et presque inaudible, ses épaules se soulevant d'une manière à peine visible avant de se retourner de nouveau vers la fenêtre. Son visage retomba mollement au creux de sa main.
« Ouais. »
La voiture ralentit, prit un virage avant de s'engouffrer dans un garage. Elle finit par s'arrêter totalement, les portes s'ouvrant de chaque côté avant de se refermer aussi sec. Alors que le blond marchait en direction de l'ascenseur qui menait jusqu'aux étages de l'immeuble, celui aux cheveux rouge payait la course, penché à la fenêtre du chauffeur. Il rejoignit son compagnon qui l'attendait, le dos appuyé contre le mur de béton froid. Les portes métalliques s'ouvrirent dans un souffle, la lumière blanche du petit habitacle se reflétant sur leurs visages et dans leurs yeux fatigués. Ils entrèrent à l'intérieur, Kirishima appuyant sur le bouton de l'étage 48, qui s'illumina lui aussi d'un halo bleuté. Un nouveau souffle et les portes se refermèrent sur eux, l'ascenseur montant lentement jusqu'à leur appartement.
Eijiro et Katsuki étaient devenus deux héros, deux sauveurs de l'humanité acclamés par la foule et foulant le podium du classement chaque année. Ils avaient grandi ensemble depuis Yuei et ne s'étaient jamais quittés. Pendant quatre ans, Bakugo était parti vivre aux États-Unis et Kirishima l'avait suivi, ils n'avaient reposé le pied au Japon que depuis deux ans seulement, s'installant dans un luxueux appartement d'un des plus hauts immeubles de la capitale.
Un rebond, à peine perceptible, et l'ascenseur s'arrêta, ses portes s'ouvrant sur un environnement totalement différent de celui du parking grisâtre et morne. Un large couloir recouvert d'une moquette rouge et bleue, parcouru de grandes portes en bois brut. Le tintement métallique d'un trousseau de clé brisa le silence qui régnait à l'étage, et deux tours de serrure plus tard, l'une des larges portes s'ouvrit sur l'appartement des deux héros.
L'intérieur était blanc, immaculé. Les portes, les étagères qui couraient le long des murs, le canapé en cuir à peine visible au bout du long couloir de l'entrée. À gauche, la chambre à coucher, vaste espace recouvert d'une moquette beige et moelleuse. Au centre, un large lit king size aux draps de la même couleur lactée que les murs, recouvert d'une couverture épaisse et d'un nombre démesuré d'oreillers. De chaque côté, deux tables de chevet, identiques, noires et minimalistes. Sur l'une, une radio Metronic, et sur l'autre, un livre qui n'avait probablement pas été ouvert depuis longtemps, un marque page glissé entre les pages 10 et 11, une montre Zénith posée sur la couverture, cachant le titre.
Au bout du couloir, le grand salon donnait sur une cuisine ouverte, les deux pièces séparées par une large colonne rectangulaire et un bar. Sur le plan de travail, une orchidée, blanche elle aussi, posée sagement dans un long vase translucide, une cafetière dernier cri et plusieurs bouteilles de vin, soigneusement glissées dans un range-bouteille en acier. Deux hautes chaises noires étaient rangées juste sous le bar, recouvert d'une plaque en verre de la même couleur. Les meubles, eux, aussi bien le frigo et le four que les placards qui côtoyaient la hotte étaient d'une couleur argentée, rappelant la teinte métallique de l'aluminium.
Le salon était spacieux et épuré, ses larges baies vitrées offraient une vue imprenable sur toute la ville de Tokyo à la manière d'un loft. Tout à gauche de la large fenêtre, un télescope était dirigé tout droit vers le ciel. Juste devant les grandes vitres en verre, des stores barraient la vue pour conserver un peu d'intimité dans cette cage de verre. Sur les murs de l'appartement, dans le couloir et dans la pièce à vivre étaient accrochés de grands tableaux contemporains, peints de noir et de rouge. En face du canapé, fixée au centre du mur, une télévision écran plat. Et entre les deux, une table basse en verre sur laquelle traînaient deux télécommandes et un cendrier.
La porte refermée derrière eux, les deux hommes se débarrassèrent de leurs vestes Kirishima pendant la sienne dans le placard de l'entrée, Katsuki la jetant nonchalamment sur le dossier du canapé sur lequel il se laissa lourdement tomber quelques secondes après, s'enfonçant dans le cuir souple, soufflant, comme lassé, desserrant la cravate qui l'avait étranglé toute la soirée. Il sortit son paquet de cigarettes de la poche de son veston, jetant un œil à l'intérieur. Il était presque vide. Il en prit une, la coinçant entre ses lèvres pendant que sa main plongeait au fond de la poche de son pantalon de costard à la recherche de son briquet.
Un nouveau crissement de la pierre, une étincelle, une première bouffée de fumée et l'attirail fut jeté sans ménagement sur la table en verre, avant qu'il ne croise ses jambes dessus, laissant tomber sa tête en arrière et passant son bras par dessus le dossier.
Il ferma les yeux, sentant son corps s'enfoncer toujours plus dans le sofa rembourré qui le soutenait. L'alcool dans son sang faisait légèrement tourner sa tête, rendant ses membres et ses paupières lourdes. Le goût âpre du champagne était resté au fond de sa gorge et il en sentait presque les effluves remonter à chaque fois qu'il déglutissait. Il était épuisé, physiquement, son corps était lourd mais aussi mentalement. Il avait l'impression que sa tête devenait trop étroite, il avait l'impression de sentir sa cervelle battre dans ses tempes. Au loin, il entendait encore le brouhaha des discussions et des rires de la soirée, la musique lente de l'orchestre, le tintement des verres, le pétillement des bulles de champagne, le grésillement du micro. Il voyait les lumières du podium sous ses paupières, les flashs des appareils photo, les reflets de la ville contre la vitre de la berline. Il fronça les sourcils, essayant de chasser les images et les sons de son esprit mais ils demeuraient, s'intensifiaient même, se gravant lentement mais sûrement en lui, créant un souvenir de plus. Un souvenir insupportable dont il allait se rappeler pendant les jours et les nuits à venir, un souvenir qu'il préférerait oublier dès ce soir. Si seulement il aurait pu effacer ces dernières heures…
Il sortit de sa léthargie, se levant difficilement de son confort, titubant jusqu'à la cuisine, se penchant pour attraper la bouteille de scotch dans le bar. Il se tourna, se saisissant d'un verre qui reposait au bord de l'évier et se versa une quantité généreuse du liquide ambré. Dès que l'alcool eut touché ses lèvres, son goût caramélisé et sa saveur brûlante remplaçant les effluves amères du champagne, il se sentit soulagé. Les images qui dansaient devant ses yeux devenaient floues et s'effaçaient jusqu'à disparaître. Appuyé contre le bar, il tourna les yeux vers la large baie vitrée depuis laquelle brillaient comme des milliers de flammes les lumières nocturnes urbaines. Il laissa ses yeux se balader sur les points étincelants, son esprit déconnecté, seulement conscient du goût suave et enivrant sur sa langue.
Deux bras passés autour de sa taille le sortirent de ses pensées. Eijiro, les deux premiers boutons de sa chemise ouverte -il s'était lui aussi débarrassé de sa cravate, se tenait en face de lui, son regard doux le sondant comme il le faisait souvent, son éternel sourire collé aux lèvres, un sourire léger, sincère, apaisant. Un sourire qui était comme les lumières de la ville, un sourire qui étincelait dans la pénombre de la nuit. Katsuki passa une main sur sa joue, sentant sous ses doigts la peau chaude et veloutée de son visage, la glissant dans son cou à mesure qu'il rapprochait son buste du sien avant de poser ses lèvres contre son sourire. Tellement doux… Le verre de scotch tinta sur la plaque noire du bar, maladroitement reposé alors que la main qui le tenait était maintenant perdue dans les mèches carmines. Le baisa dura, leurs lèvres se frôlant avant de se rencontrer de nouveau, celles d'Eijiro, douces et satinées, celles de Katsuki, empreintes d'effluves d'alcool et de tabac.
Leur amour durait depuis des années. Lorsqu'ils s'étaient rencontrés, depuis le lycée, depuis Yuei, ils ne s'étaient plus jamais quittés. Eijiro était rentré dans la vie de Katsuki sans vraiment lui demander son avis, un ami peut être un peu envahissant au début qui était devenu un compagnon encourageant, le tirant toujours vers le haut, une main tendue qu'il avait saisie à de nombreuses reprises. Au début pourtant, ça n'avait pas semblé facile. Katsuki avait toujours été quelqu'un d'égocentrique, tourné vers lui-même, qui ne s'était jamais vraiment ouvert aux autres. Il était, malgré le fait qu'il ait toujours été entouré, seul. Eijiro était une ouverture, une invitation à sortir de sa bulle de solitude, d'accepter de s'ouvrir et de se reposer sur quelqu'un. Il avait eu du mal à s'y faire au début, trop fier pour accepter de laisser entrevoir ses faiblesses et sa vulnérabilité. Être sincère face à quelqu'un d'autre, être sincère envers lui-même… Il ne s'était jamais vraiment bercé d'illusions mais même à lui, il ne se persuadait vraiment que de ce qu'il voulait croire. Seulement, avant même qu'il ne s'en soit rendu compte, ils étaient devenus amis, lui s'ouvrant et acceptant de se reposer sur lui sans même qu'il le réalise et Eijiro l'acceptant à bras ouverts comme s'il avait attendu ça depuis le début. Et de fil en aiguille, de l'amitié, ils étaient passés à l'amour.
Leurs lèvres se séparèrent, leurs deux corps reprenant de la distance. Eijiro recula, s'étira, faisant craquer ses os, et bailla, étouffant le son de sa voix endormie derrière sa main.
« Je vais me coucher, je suis crevé. Il s'approcha rapidement de lui pour l'embrasser une dernière fois au coin des lèvres. Tu viens ?
-J'arrive. » Répondit seulement Katsuki, reprenant le verre à moitié plein contre lui.
Et la pièce fut replongée dans le silence, éclairée seulement par les néons de la cuisine dans son dos et les lumières lointaines de la ville qui se reflétaient sur son visage, teintant sa peau d'une luminosité blanche qui rendait son teint blafard.
De nouveau, ses yeux se perdirent sur l'étendue urbaine en face de lui. Il finit son verre en deux gorgées, grimaçant lorsque la deuxième glissa dans sa gorge, le brûlant au passage, sa tête devenant de plus en plus cotonneuse. Il se saisit de la bouteille pour se servir encore une fois, un dernier, juste un dernier et il allait rejoindre Eijiro.
Il porta le verre à ses lèvres et le liquide sombre disparut peu à peu, se diffusant dans son sang et rendant ses membres lourds. Il était fatigué lui aussi, et il avait du mal à garder les yeux ouverts. Il ne pensait plus à rien maintenant, il avait juste la sensation d'être vide. C'était ce qu'il recherchait tout le temps et que seul l'alcool pouvait lui procurer. Il buvait et il oubliait miraculeusement tout ce qui le rendait fou de rage, tout ce qui le rendait haineux et aigri. Dès que les effets commençaient à se faire ressentir, tout devenait beaucoup moins dur à supporter. Tout avait beaucoup moins d'importance.
Il reposa le verre sur le bar et se redressa, titubant, évitant maladroitement le canapé en cuir blanc et la table basse en verre, se dirigeant jusqu'à la chambre à coucher plongée dans le noir. Lorsqu'il entrouvrit la porte, la lumière feutrée s'infiltra à l'intérieur de la pièce, éclairant la silhouette d'Eijiro, glissé sous les draps, probablement déjà endormi. Il ne bougeait pas et son souffle était léger. Appuyé contre la porte. Katsuki l'observa silencieusement de longues secondes. Il regardait son dos nu, musclé, ses épaules à peine soulevées par sa respiration silencieuse, ses cheveux qui retombaient sur l'oreiller, la couette qui le recouvrait jusqu'à la taille. Puis, peu à peu, ses yeux descendirent jusque sur le sol, se perdant sur la moquette beige, devenue grise dans la pénombre.
Sans savoir pourquoi, il sentit son cœur se serrer et la chaleur de la haine remonter depuis son abdomen jusque dans sa cage thoracique. La bile acide qui reflua au fond de sa gorge lui donna envie de vomir, il quitta l'encadrement de la porte contre lequel il était appuyé pour se ruer dans la salle de bain, s'appuyant contre les murs lorsqu'il perdait l'équilibre. Il ouvrit la porte sans douceur et celle-ci cogna contre le mur -Eijiro allait sûrement être réveillé par tout le bruit qu'il faisait, mais il n'y pensait pas une seconde- et se précipita au dessus de l'évier, projeté en avant par la première vague, dans lequel il vomi tout le contenu de son estomac. Le goût âpre et amer de l'alcool qui envahissait sa bouche lui donna de nouvelles contractions qui tordaient son ventre et brûlaient sa gorge. Il vomi de nouveau, et cette fois, le goût métallique du sang se mêla à celui de la bile qui remontait jusque contre ses dents. Il alluma le robinet, laissa couler l'eau à flots, nettoyant les restes sombres collés à la faïence et les résidus au coin de ses lèvres. Il se rinça la bouche et s'aspergea le visage, la fraîcheur de l'eau lui remettant un peu l'esprit en place.
Il s'essuya les yeux d'un revers de la main, chassant les larmes qui remontaient malgré lui. Il se redressa, croisant son reflet dans la glace. Il le fixa comme s'il s'agissait d'un inconnu. Qui était-il ? Où allait-il ? Qu'était-il devenu ? Était-il au moins toujours le même homme ou était-il quelqu'un de complètement différent ? Il n'aurait pas su le dire, il ne se reconnaissait même plus lui-même. Surtout, il était déçu. Écœuré, enragé contre sa propre image. Bordel… Il avait tellement honte. Il le cachait comme il le pouvait mais lorsque la nuit arrivait, la pénombre l'entourant et l'étouffant comme s'il n'avait plus aucune issue de secours, il se sentait pris au piège et n'arrivait plus à cacher son ressenti. Lui qui avait toujours clamé haut et fort qu'il serait numéro un, le plus fort, le plus grand, le meilleur des héros. Si il y avait bien un objectif qu'il n'avait pas un seul instant perdu de vue, c'était bien celui-là. Et il avait échoué lamentablement, tous ses efforts balayés comme si de rien n'était. Comme si toutes ces années, le mal qu'il s'était donné, la force qu'il avait mise à profit pour réussir tout ce qu'il entreprenait n'avait en fait jamais rien valu. Comme si il n'avait jamais rien valu… Il était le numéro deux, surpassé par celui qu'il avait toujours voulu écraser et détruire. Celui dont la simple vue suffisait à donner des frissons de rage jusque dans le bout de ses doigts. Celui qui aurait mieux fait de se jeter du haut du toit au collège. Cette place était faite pour lui, putain ! Mais il était deuxième, derrière cette figure qu'il avait toujours eu en aversion. Il était deuxième, derrière ce putain de Deku. Ce sale nerd avait réussi là où lui, supposé être le meilleur, avait lamentablement échoué.
Le visage du nerd se superposa au sien dans la glace. Ses deux billes vertes le fixant, un sale petit sourire narquois flottant sur son visage.
Katsuki n'eut même pas le temps de sentir la pulsion de haine qui le submergeait qu'il avait déjà lancé son poing dans la glace, ses phalanges s'enfonçant dans le verre qui vola en éclats. Les morceaux argentés du miroir tombaient par morceaux, dans l'évier, sur le sol, les éclats reflétant la lumière comme des paillettes semblables aux lumières de la ville. Les gouttes de sang s'échappaient de sous sa peau claire, les jointures de ses doigts devenues blanches tant son emprise se resserrait sur la faïence tachée d'hémoglobine. Son regard était fiché dans celui de son reflet brisé, ses prunelles rouges le foudroyant du regard, méprisantes et cruelles.
« T'as encore échoué, Katsuki. Encore. »
Et le silence l'enveloppa de nouveau, la pénombre de la pièce se resserrant autour de lui, se remettant à l'étouffer lentement comme chaque soir, semblable à une mort lente et douloureuse.
Et voilààààà pour le chapitre 1!
J'attends vos retours avec beaucoup d'impatience les amis alors n'hésitez pas! :) Vos reviews me font toujours plaisir!
Le chapitre 2 sera posté dans deux semaines et il en sera ainsi à chaque fois. Et oui, fini la belle époque où je foutais rien de ma vie et où je pouvais écrire impunément sans me préoccuper du reste. Y'a la fac maintenant et putain SDL c'est dur. Donc souhaitez-moi bon courage et soyez au rendez-vous pour le prochain chapitre! Je compte sur vous! (Meuf qui met pas du tout la pression)
Bon weekend les gars!
