Titre : Le dresseur de rhinocéros laineux
Personnages/Pairing: Damian, Colin et quelques autres évoqués.
Disclaimer: Rien à moi!
Rating : PG
Nombre de mots: 1123
Pour heera_ookami, lapin de son état et passionnée de Damian/Colin.
Le dresseur de rhinocéros laineux
Damian ne décolérait pas. Une sorte de rage froide qu'il n'avait encore jamais ressentie, même quand Drake faisait des immondices comme prévoir des plans de secours au cas où lui, lui, le fils de Batman, le seul vrai fils, tombait du mauvais côté.
Là, il était passé au cran au-dessus. Un rhinocéros laineux sur le sentier de la guerre, un Wisigoth cherchant à en finir avec Rome, Attila avec la gueule de bois, son père quand Grayson était blessé ou Alfred quand la fratrie terrible se tenait mal à table.1
Et sa frustration passait sur une demi-douzaine d'œufs qu'il traitait, à l'aide d'une fourchette, de la façon dont il aurait voulu traiter le méchant de la quinzaine. Quoique, pas avec une fourchette, bien sûr. Tout le monde faisait de drôles de tête quand il essayait de faire des petits trous dans les ennemis et ceci quelque soit l'instrument choisi. Son père prenait l'air désapprobateur et Grayson s'obstinait àlui tendre des embûches dans les couloirs du Manoir pour lui faire des câlins, parce que, quelque part dans son esprit apparemment mis à mal par trop de cabrioles, cette envie dénonçait un manque de chaleur humaine dans son enfance, manque qui se devait d'être comblé
Il ouvrit un placard, avec tellement de violence qu'il faudrait plus tard revenir avec un tournevis avant qu'Alfred voit ça, et attrapa une poêle, qui finit sur le feu. Voir cuire les œufs en imaginant qu'il s'agissait du cuir chevelu de celui qui…. Non, ne pas y penser. Il était un Robin, les Robin ne tuaient pas. Revenir plutôt à son train de pensée précédent, sinon il ferait le mur pour se livrer à des choses interdites.
Où en était-il ? Ah, oui : il vivait avec des dingues.
Et le pire d'entre eux était le rouquin stupide, inconscient et bêtement impulsif qui s'était hier soir jeté entre Robin et un terroriste2 armé d'un rayon aux propriétés inconnues destinées à casser du héros ! A quoi pensait Abuse, franchement ? Quand le psychopathe du mois concevait une arme destinée à lutter contre les héros, c'étaient des calibres pour dézinguer les héros surhumains ! Pas pour Robin. Lui n'aurait eu que mal au crâne, une chose dont il avait pris l'habitude à partager un toit avec Drake.
Abuse, lui,…Colin. Plusieurs mois avait dit Leslie, sauf si Batman réussissait à convaincre un quelconque magicien de s'en mêler et de ressouder tout ce qu'il y avait de cassé dans sa complexe physiologie.
L'omelette fut jeté dans une assiette avec la même délicatesse que le rhinocéros laineux précédemment évoqué aurait mise à piétiner à mort un ennemi et le plateau était désormais si plein, toasts, deux verres de jus de fruits différents, un chocolat chaud, l'omelette, un bol de céréales au miel3, une assiette de jambon et une grosse tranche de brioche qu'il aurait du mal à ne rien renverser.
Un coup d'œil à droite, un coup d'œil à gauche.
Personne dans le couloir, parfait.
Ecouter attentivement avant de tourner, mais le couloir suivant semblait vide aussi. Au bout, on entendait des éclats de voix dans la bibliothèque : Grayson et son père. Il préférait ne pas savoir : la tension entre eux deux avaient ces temps-ci atteint des sommets que lui-même n'avait jamais constaté, mais qu'Alfred prétendait en fait de retour, et Dick faisait payer chèrement à son père la peur qu'Abuse leur avait fait à tous. Damian ne comprenait pas trop quelle sorte d'abcès serait, probablement, crevé ce soir, mais il espérait que l'électrique tension entre les deux hommes redescendrait enfin d'un cran4.
Un pas à l'étage du dessus. Alfred, sans conteste. La voie était donc totalement libre. Damian ouvrit la porte qu'il convoitait, avec difficulté vu le plateau, et se glissa à l'intérieur.
Ni vu, ni connu.
« Damian ? »
Dans le lit, Colin s'était redressé. Des mèches rousses dépassant du pansement autour de la tête, les tâches de rousseur encore plus frappantes sur le teint blanc épuisé… Le cœur de Damian fit un drôle de petit soubresaut.
« Je t'ai amené à manger.
—Oh, il ne fallait pas te déranger. Je serai descendu plus tard à la cuisine.
—Ne dis pas de bêtise plus grosse qu'Arkham. Je ne peux pas laisser dire aux gens qu'on t'affame et tu dois te reposer. T'as vu ta tête, t'as besoin de te remplumer un peu.
—Je ne peux sûrement pas avaler tout ça, Damian. C'est un festin.
—M-A-N-G-E.
—Tu m'aides, alors. »
Damian se détourna pour tirer un fauteuil mais Colin avait déjà soulevé un coin des couvertures… Oh, de toute façon, son père et Grayson en avaient sûrement pour des heures, ils ne risquaient pas de débarquer !
Damian retira ses chaussures d'un coup de talon, se glissa dans le lit et à eux deux, ils attaquèrent le petit-déjeuner.
. **F.**
1 Apparemment avoir pris en plein dans le kevlar du costume un chargeur entier de kalachnikov le soir précédent n'était pas un prétexte pour mettre les coudes sur la table chez les Anglais. Damian se demandait parfois pourquoi l'Empire britannique n'avait pas simplement fini de conquérir le reste de la planète. Ils s'étaient probablement arrêtés pour le thé.
2 Terroriste apparemment prêt à mettre Gotham à sac pour faire entendre son opinion : l'indépendance de l'Ohio. Ce qui le rassurait face aux dingues avec lesquels il vivait, c'était que le reste du monde était bien pire, ou alors faisait bien semblant.
3 Que Dick continuait de prétendre destinées à Damian, officiellement l'enfant de la maison, alors qu'il en avalait trois bols tous les matins.
4 Et aussi que Todd se trompait complètement quand il prétendait que ce n'était qu'une sorte de parade amoureuse tordue. Damian n'avait vraiment pas besoin de ce genre d'image mentale ! C'était son père, quoi ! Et son…son Grayson.
