Prologue : Une vie trop parfaite
Il était une fois, deux bonasses incroyables qui vivaient dans une immense ville dynamique, capitale mondiale du show-biz : La Trinité-sur-Mer. Elles menaient une existence paisible à bord de leur yacht qu'elles avaient hérité de leurs grands-parents respectifs. Elles étaient toutes les deux encore au lycée, mais cela ne les empêchait pas de dépenser leur fortune (illimitée, bien évidemment) dans les nombreux plaisirs que peuvent procurer l'argent (travelos, glaces italiennes, garde-robe extravagante, sans oublier les Twix). Car leur véritable plaisir était de bouffer toutes sortes de sucreries mauvaises pour les dents, telles que les Kinder bueno, les carambars et les fraises tagada.
Krikri, une paisible jeune femme aux yeux rieurs, innocente et parfois même naïve, faisait tomber tous les hommes. A ses heures perdues, elle allait faire un petit tour dans la salle de sport pour entretenir sa musculature puissante. De temps en temps elle prenait des cours d'arts martiaux, mais comme c'était trop facile et qu'elle « butait » (mots de Phiphi) tous ses adversaires, elle n'y allait plus. « Si c'est pour s'ennuyer, disait-elle, autant lire un bon Agatha Christie, une coupe de champagne à la main ! »
Phiphi, une jeune fille aux yeux bleus et aux cheveux blonds frisés, était toujours calme. En effet, elle savait garder son sang-froid dans toutes les situations. Son plus grand rêve cependant était de fonder une famille avec l'homme de sa vie. Mais elle réservait cette partie-là de sa vie à quand « elle serait trop rouillée pour réussir des missions ». Mais ce n'était pas encore près d'arriver car même si elle était moins agile que Krikri, son cerveau était toujours en train de faire des calculs de probabilité, ce qui aidait fortement dans les missions les plus extrêmes.
Chapitre 1 : Un pervers étonnant
Un jour, alors qu'elles n'étaient que deux adolescentes se plaignant de leur vie monotone de lycéennes, un événement bouleversa leur vie à jamais. Un homme prénommé Jéjé avait remarqué depuis quelques temps que Krikri et Phiphi étaient nettement plus intelligentes que la majorité des ados de leur âge, alors immédiatement, il pensa qu'elles seraient parfaitement aptes à remplacer les deux incapables qui lui servaient d'espionnes au Whoops : Bibi et Nana, deux pestes qui ne se séparaient jamais de leur intégrale de Twilight (une des raisons pour lesquelles elles échouaient toujours leurs missions, car l'intégrale pèse lourd).
Il les aborda d'une manière tout à fait inhabituelle. En effet, il descendit d'un arbre devant elle, et, alors qu'une feuille pendait dans ses cheveux gris, il déclara :
« Hey les meufs ! Ceci n'est pas un plan drague. Ne me sortez pas vos vieilles phrases clichées pour me remballer, je suis parfaitement au courant que je suis trop vieux pour vous ! »
Krikri et Phiphi se demandèrent alors qui était ce bonhomme qui les dérangeait dans leur journée shopping sacrée ! Elles l'ignorèrent dans un premier temps, puis, finalement curieuse de savoir ce que ce vieux pervers leur voulait, Phiphi lui demanda contre toute attente :
« Bon, vous nous payez un verre ? »
Jéjé, surpris, accepta car c'était sans doute le seul moyen d'avoir une conversation sérieuse avec ces deux chaudasses. Ils allèrent donc dans un bar pas loin du lycée, et une fois leur verre servi, il leur expliqua modestement :
« Je suis Jéjé, à la fois béjé et directeur du Whoops, l'agence d'espions la plus réputée de la planète. »
« Ouais c'est ça, et moi je suis la représentante de Dieu à Trifouillis-les-Oies. » lui répondit Krikri en s'étouffant avec le glaçon de sa grenadine.
Jéjé, ne sachant pas comment les convaincre, décida de sortir l'artillerie lourde : un labello laser qui détruisit la moitié du bâtiment. Emerveillées devant ce spectacle, les deux jeunes filles hésitèrent à accepter l'emploi que leur offrait Jéjé : deux postes d'espionnes. D'un côté, cela tombait très bien car elles avaient justement besoin d'argent pour s'acheter la veste de leurs rêves. Mais d'un autre côté, elles avaient oublié leur vernis marron dans leur loft. Heureusement, Jéjé en sortit un de sa poche en souriant :
« J'étais sûr que vous alliez le vouloir ! Alors, vous acceptez le job ? »
« Oh my god ! Il a le nouveau vernis de Sephora ! Comment ce vieux croûton peut-il autant être à la pointe de la mode ? »
« Le vieux croûton connait vos goûts mesdemoiselles. »
Les deux jeunes filles se regardèrent avec perplexité et sans un mot - se demandant probablement si ce bel homme pouvait être un pervers prêt à tout. Cependant le vernis Sephora valait bien de prendre ce léger risque. Avec un sourire malicieux elles se mirent d'accord.
D'un coup de pied bien placé, Krikri fit voler le vernis des mains flasques de Jéjé puis, avec une série de mouvements rapides et fatals, elle le mit à terre. Pendant ce temps, Phiphi ne perdit pas une seconde. Avec un saut souple, elle sauta en l'air et réceptionna au passage le fabuleux vernis. Une fois à terre, elle lança un regard satisfait à son amie et d'un commun accord elles partirent en courant avec leur petit butin. C'était exactement ce qu'attendait Jéjé pour pouvoir tester leurs capacités. Satisfait à son tour, il monta dans son jet afin de les rattraper et à nouveau les surprendre tel un harceleur.
Les filles s'arrêtèrent plus loin dans un café, essoufflées et hilares. Elles étaient très fières de leur coup, d'autant que ce n'était pas la première fois qu'elles volaient un beau vernis. Assoiffées par leur course, elles commandèrent chacune une grenadine (pour changer). Toujours en train de se moquer de ce vieux pervers qui n'avait sans doute rien compris et ne s'était toujours pas remis de sa chute spectaculaire, elles furent tout à coup interpellées par une silhouette posée à l'autre bout du café, qui semblait les observer. Elle portait un chapeau qui cachait la moitié de son visage. Elles n'y firent plus attention jusqu'à ce que la silhouette s'approche de leur table, soulève son chapeau, et se révèle n'être autre que Jéjé !
« Bonjour les filles ! déclara-t-il avec un sourire narquois. Si je suis encore là, c'est pour vous prouver la modernité des équipements du Whoops qui me permettent de me déplacer plus vite que deux jeunes voleuses en fuite. Ma proposition est bel et bien sérieuse, et je vous demande d'y réfléchir pour demain. Je reviendrai vous voir. »
Sur ces mots, il sortit du café et disparut. Les deux jeunes filles, bouche bée, se consultèrent du regard, puis Krikri dit :
« Je pense qu'on devrait accepter. Ça a l'air marrant, ça mettrait un peu de peps dans notre vie, et il a sûrement plein d'autres vernis qu'il pourra nous offrir ! Qu'est-ce que t'en penses ? »
« Mouais… répondit Phiphi, je me demande quand même s'il va réussir à nous retrouver demain. Mais c'est vrai que j'ai bien envie d'essayer. Par contre, faudra lui demander combien il compte nous payer, je ne veux pas faire de bénévolat ! »
« Tu as bien raison, surtout qu'il faut sauver le monde si j'ai bien compris. Pas question de faire ça pour des prunes. »
« Ça a l'air exaltant comme aventure » conclut Phiphi en sirotant sa grenadine d'un air rêveur.
