Il faisait noir, comme toujours ça ne la gênait plus, en revanche, elle n'aimait pas ce froid humide qui semblait transpercer son corps. Des toux et des gémissements de douleur, peut-être même des claquements de dents brisaient le profond silence, chacun savait que l'heure approchait. Bientôt, ils viendraient pour choisir un homme envoyé au front, à la mine ou en pâture pour faire un échange. Une femme envoyée en maison close, traitée en marchandise d'échange, ou servantes. La jeune femme sursaute quand le lourd verrou se soulève et que le froid, plus saisissant encore entre en bourrasque dans la vieille bâtisse, la jeune femme aimait l'hiver, mais elle aurait voulu regarder la neige et le vent déferler leur colère à l'abri du froid et de l'humidité. Ils avancent en silence, ils doivent être trois, un de plus que d'habitude, le plus grand. Personne ne lève les yeux, car, personne ne veux partir même si ici, ils ne sont rien. Elle, elle a bien trop froid pour baisser la tête, et elle se fiche bien de ce qui peut arriver. Elle entend une voix claire et douce bien loin de celle des ivrognes et des paysans qui viennent chercher de la main d'œuvre et des femmes.
" Je cherche une femme.
Les deux hommes s'exécutent aussi aboyant sur l'ensemble
- Les femmes debout !
Ils n'ont pas à répéter, chacune d'elles savent ce qu'elles craignent en restant par terre. Dans la pénombre, elle ne voit pas les visages, mais la vingtaine de silhouettes de femme debout et les trois silhouettes masculines.
- Choisissez " lance alors la même voix qui avait donné l'ordre.
Le plus grand fait un pas en avant alors qu'en plus, du son de ses pas, la jeune femme entend nettement le son d'une canne qu'on pose sur le sol pour y prendre appui. Elle était certaine pourtant au bruit de son pas qu'il avait les deux jambes bien valides, c'était de toute évidence un homme de bonne famille ou un bourgeois. Alors pourquoi chercher une femme, ce genre d'homme évitait en général tout trafic lié à l'argent qu'il considéré comme imbus de son rang.
Elle entend finalement ses pas décidé alors que l'un des deux autres le suit faisait craquer une allumette. Une pour chaque femme. Ils passent tout deux d'une femme à l'autre comme s'il cherchait une femme en particulier, peut-être un homme à la recherche de sa fille ou femme enlevé peut-être même forcé à la prostitution le trafic de femme quel que soit son rang était monnaie courante à présent. La jeune femme ferme les yeux entendus les craquements d'allumette se rapprocher avant qu'il ne laisse l'allumette consumée tombé par terre et en cherche une autre dans la boite encore et encore. Finalement en ouvrant les yeux, la lumière, l'aveugle, elle fronce les sourcils regardant les yeux vert émeraude qui la fixaient une petite tâche marron à l'œil droit. Aussitôt, on la frappe au visage
" Baisse les yeux !
Elle coopère silencieuse alors que l'allumette s'éteint, son cœur s'est accéléré et puis plus rien. Elle entend le pas de l'autre homme, mais pas celui du plus grand. La jeune femme sursaute alors en entendant à nouveau la voix douce juste face à elle, dans la pénombre, elle n'avait pas vu qu'il n'avait pas bougé de sa place initiale
- Attendez.
Les pas reviennent en arrière et une énième allumette l'éclaire alors que cette fois, elle garde bien les yeux baissés
- C'est elle que je veux.
- Elle est plus chère, première main, vierge
On la frappe à nouveau pour l'inciter à approuver, le troisième à l'entrée allume finalement une lanterne qu'il amène près de deux autres hommes. Elle hoche simplement la tête regardant le sol sale.
- Je la prends lance alors cette voix sans visage.
Avant que la jeune femme ne comprenne la situation une main l'agrippe et couvre son visage d'une capuche, elle entend à peine les voix étouffées par l'étoffe
- Ne la blessez pas, je la veux intacte où le prix baissera
Elle est attachée avec moins de brutalité puis entraînée sans savoir où, mais avec la certitude qu'en quittant les lieux, elle offrait un court répit aux autres prisonniers. Elle entend la porte s'ouvrir et le froid la glaçait jusqu'aux os le vent plaquant le tissu sur son visage
- Allez !"
Pied nu, elle sent la neige sous ses pieds et un frisson remonter le long de sa colonne vertébrale
