« -Il fait beau aujourd'hui, non ? »

Isa est accoudé à la fenêtre et se retourne vers Lea, qui est assis sur le lit en face de lui. Celui-ci, ne répond pas et se contente de regarder l'azuré, sans un mot.

« -Tu crois que Ventus viendra nous rendre visite ? », lance l'apprenti astronome en se rapprochant de son ami.

Lea préfère le mutisme à un simple hochement de tête.

«-Tu as faim ? »

Isa approche une cerise de la bouche de son camarade, qui se penche en arrière afin d'exprimer son dégout. Toujours aucune parole.

« -Tu te faits du mal.

-Tu t'es enfin décidé à parler ? Pour dire des choses sans aucuns sens...

-Il faut que tu acceptes la réalité, Isa.

-Mais, de quoi tu parles ?

-Tu as conscience que tu parles à un cadavre ?

-Ce n'est pas : 'un cadavre' ! »

Sur ses mots, l'azuré vint se blottir dans les bras de son amant, fraichement décédé depuis plus de deux semaines. Cependant, la froideur du corps et l'odeur nauséabonde de la chair en décomposition ne semblait pas déranger le devin lunaire.

La chaleur ambiante et l'odeur enivrante de cannelle de son défunt meilleur ami, étaient encore présentes dans sa mémoire. Lea n'était pas mort. Pas temps qu'Isa se souviendrait de lui.

«-C'est ton cadavre, Lea ! »

Ainsi, l'adolescent refusant d'accepter la mort de l'être cher, vint embrasser les lèvres violacées et glacées de celui avec qui il avait toujours vécu. La voix du rouquin, résonnait dans sa tête, l'intimant de reprendre contenance et d'accepter cette triste constatation : il était mort. Néanmoins, cette voix n'était pas celle de son ami Simplement celle de sa raison. Isa était devenu fou, au moment même où le cœur de Lea, avait cessé de battre Et cette malsanité ne cessera que lorsqu'il décidera de le rejoindre.