Auteur: Elbée
Rating: M
Warning: Slash HpxDM Lemon UA
Me revoilà pour une nouvelle fanfiction ! Bienvenu à vous qui, d'une manière ou d'une autre, vous êtes retrouvés sur ce premier chapitre !
Avant toute chose, j'aimerais indiquer mes inspirations, les sources qui m'ont influencé dans la création de cette fanfic:) : le livre Interview with a vampire de Anne Rice, la série TV 'Vampire Diaries' de CWTV, le manga Vampire Knight de Matsuri Hino... Et ceux qui sont familier avec l'univers de World of Darkness (de White Wolf Publishing) noterons probablement que je m'en suis inspiré sur plusieurs point, (je parle du Old WoD, –je ne connais pas le nouveau – et donc de 'Vampire : The Masquerade' et de 'Wereolf : the Apocalyse'). Je m'en suis inspirée très librement...
Voilà voilà, donc je vous mets en garde dès à présent, cette fanfiction sera bel et bien un UA ! Par ailleurs son rating est M, et elle comportera des relations homosexuelles, donc si vous n'aimez pas, abstenez vous de lire cette histoire ;)
Le mise en ligne de nouveaux chapitres se fera toutes les deux semaines, le dimanche et pour info cette fanfiction comportera 9 parties au total (environ de la même longueur que ce premier chapitre – c-a-d 10.000/12.000 mots)
Sur ce bonne lecture ! Et à bientôt !
Plus Que Du Gris
Chapitre 1 : Deux-cent vingt lunes
Harry jeta un dernier coup d'œil dans le miroir au dessus de la commode et porta sa main à sa bouche afin de gratter l'infime tâche de dentifrice qui se trouvait à la commissure de ses lèvres.
Ses yeux verts s'attardèrent encore un instant sur son reflet, avant qu'il ne paraisse enfin satisfait et ne se saisisse de ses clefs de moto dans le tiroir du meuble. Il portait ce jour là un jean noir et une chemise bleu foncé, le col légèrement entrouvert, et bien que Harry n'en fut pas réellement conscient, n'importe quelle fille se serait laissée dire qu'il était un jeune homme tout à fait séduisant.
Beau à sa manière, il n'avait pas grand chose en commun avec les icônes que l'on pouvait voir dans les magazines, mais il avait un charme indéniable, et possédait un atout indiscutable: des yeux d'un vert profond, chose plutôt inhabituelle mais indéniablement séduisante lorsque l'on avait des cheveux aussi noirs que les siens. De taille moyenne, il était bien proportionné naturellement, possédant une musculature fine et des épaules droites.
Bien que d'ordinaire peu soucieux de son apparence, Harry était néanmoins tout à fait conscient que c'était sa tenue soignée et son physique avantageux qui lui avait valu ce travail à mi-temps qu'il avait obtenu dans cette boîte de nuit en centre ville, le Moonbeam ça et le fait que son amie Hannah Abbot l'avait recommandé auprès de son cousin qui dirigeait l'endroit bien-sûr. Harry n'y travaillait que depuis quelques mois, mais appréciait beaucoup l'endroit. Contrairement aux autres boîtes de nuit qu'il avait pu visiter, l'endroit possédait une classe indéniable, à l'écart des quartiers minables que la ville de Poudlard connaissait. C'était là qu'il s'apprêtait à aller : il commençait dans une heure.
Bien-sûr il ne voyait pas cet emploi comme une fin en soi, et ne comptait certainement pas finir ses jours comme barman. Mais à 18 ans, le bac tout juste en poche, il était incertain de ce qu'il voulait faire de son futur, et sa vie lui convenait très bien ainsi pour l'instant. Il avait ce sentiment grisant commun à la jeunesse d'avoir toute la vie devant lui.
Contrairement à son habitude, il n'était pas allé en ville ce jour là, pour aider son parrain Sirius au garage. C'était chez Sirius et Remus, son autre parrain de cœur et le compagnon de ce dernier, qu'il vivait depuis la mort de ses parents et parfois Harry songeait qu'il pourrait lui aussi devenir garagiste professionnel.
Il aimait beaucoup les motos et en possédait une, un modèle qu'il avait bidouillé lui-même et dont il était plutôt fier. Oui, il pourrait travailler à plein temps dans un garage, songea t-il. Ou bien peut-être pourrait être partir voyager et découvrir le monde. Ou encore aller à l'université... Enfin, ce n'était pas comme s'il n'avait pas le temps de penser à tout cela plus tard bien-sûr.
-J'y vais! À toute à l'heure! »S'exclama t-il à l'intention de Remus à l'étage supérieur en ouvrant la porte d'entrée.
Remus était son autre 'parrain d'adoption' pour ainsi dire. Plus officiellement, il était le partenaire de Sirius, mais Harry les considérait tout deux comme ses parents et tenait à eux plus que tout au monde. Il leur devait énormément, il le savait. Ils étaient la seule vraie famille que Harry avait.
Harry referma la porte, ne se souciant pas de fermer à clef, descendit les marches du porche, puis enfourcha sa moto qui se trouvait près des marches avant de mettre le contact et de démarrer le moteur qui se mit à rugir d'abord, puis à ronronner comme un tigre sous contrôle.
Il aperçut Remus à la fenêtre de l'étage lui faisant un signe d'adieu auquel il répondit avec un léger sourire. La maison, ou le chalet plutôt, était très semblable à celles que l'on pouvait voir dans leur petit village de Pres-au-Lard: mignonne, en cèdre rouge, et très accueillante. Harry l'aimait beaucoup, particulièrement en hiver quand il neigeait. L'endroit ressemblait alors à un véritable chalet de montagne.
Le village ne comprenait qu'une trentaine de maisons au total, ce qui en faisait un endroit plutôt reculé, la ville la plus proche, Poudlard, était à une trentaine de minute de là. À vrai dire personne ne venait ici, ce n'était même pas comme si le hameau se trouvait à proximité d'une grande route, non. Il n'y avait rien d'autre à des kilomètres à la ronde si ce n'était une grande et belle forêt, et hormis les occasionnels amateurs de randonnée perdus, il était rare de voir de nouveaux visages.
Cet isolement n'était pas sans raison, mais parfaitement calculé au contraire. Indispensable, même. Car malgré les apparences, ni Harry, ni Remus, ni Sirius ni aucun des habitants du hameau de Près-au-lard n'étaient humain. Et s'ils n'étaient pas des monstres, les hommes auraient peiné à voir la différence: l'ignorance était parfois une nécessité aussi, Harry et les autres le savaient, afin que leur secret commun reste ce qu'il était, l'isolement était de mise.
Harry était un loup-garou, du clan Gryffondor. Enfin, il était un louveteau, songea t-il avec un petit sourire, mais plus pour longtemps. En effet, s'il avait atteint ses dix-huit ans, âge légal de la majorité pour les humains, les loup-garous, eux, ne considéraient adulte que tout loup ayant passé sa deux-cent vingtième pleine-lune.
Or, il se trouvait que Harry atteindrait ses deux-cent vingt lunes demain. Penser qu'il serait bientôt un loup adulte à part entière l'enchantait; il aurait le droit de prendre la parole au conseil, à même titre que ses deux meilleurs amis, Ron et Hermione, qui avaient déjà atteint leur majorité quelques mois auparavant, même si en pratique les jeunes loup laissaient toujours la paroles aux plus anciens. Autant dire que Harry avait hâte.
Il filait à toute allure sur la route déserte qui reliait Près-au-Lard à Poudlard, le vent sifflant dans ses oreilles. Il s'aperçut qu'il avait encore oublié de mettre son casque. S'il tombait sur la police, Sirius allait le tuer, ça ferait la deuxième fois ce mois-ci. Si Harry oubliait toujours de mettre son casque, ça n'était pas par esprit rebelle, mais plus parce qu'il savait parfaitement qu'il ne risquait rien de toute façon, si ce n'était une amende.
Être un loup-garou comportait certains avantages, comme le fait d'avoir une peau et des os à peu près résistants à toute sorte de choc... Après tout, un corps qui se transformait à volonté ne pouvait que l'être. De même, il n'avait pas prit la peine de prendre une veste, malgré le fait qu'il sorte par une nuit de Novembre, et qu'il voyageait à moto. Le froid n'était jamais un soucis pour lui et ses congénères.
Les pensée de Harry retombèrent sans surprise sur qu'il se passerait le lendemain., il ne pouvait s'empêcher d'y songer. Ils se changeraient tous en leur forme lupine, et les adultes accueilleraient Harry comme l'un des leur, au cours de la cérémonie. Il se trouvait qu'un autre louveteau deviendrait adulte cette nuit là aussi, étant né le même jour que lui: son ami Neville Longdubat. Mais partager ce jour avec Neville ne le dérangeait absolument pas, loin de là. Au contraire il se réjouissait à l'avance.
Un seul détail l'ennuyait, bien qu'il ne tentât simplement de ne pas trop y penser, après tout cela ne le concernerait peut-être pas. Devenant adulte, les loup-garous devenaient sujet à ce qui était communément appelé le phénomène de 'l'enchaînement', qui était une des nombreuses bizarreries de leur espèce. L'enchaînement était unique aux loup-garous, mais était souvent associé aux autres phénomènes de liens magiques, comme ceux que connaissaient certaines autres créatures comme les vélanes.
Si la majorité avait été fixée à deux-cent vingt lunes chez les loup-garous, ce n'était pas par hasard. C'était à ce moment précis et pas avant qu'un loup-garou pouvait trouver sa compagne ou son compagnon de vie. L'enchaînement, disaient certains, était plus une malédiction qu'un cadeau. D'où le nom peu attrayant du phénomène.
En effet, un loup pouvait se trouver enchaîné à n'importe qui et se laissait mourir d'amour si l'attraction n'était pas retournée. Ces cas étaient néanmoins très rares, fort heureusement. Dans tous les cas, s'ils étaient retournés, disait-on, les sentiments étaient plus forts et plus vifs qu'aucun autre amour.
De toute façon, songea t-il, il n'y avait que peu de chance qu'il connaisse ce fameux 'enchaînement'. Dans leur village seuls quatre loups l'avaient connu, dont un de ses amis récemment. Il se rappelait parfaitement du petit drame qui avait éclaté quand Cedric Diggory, qui était devenu officiellement adulte quelques lunes de cela, avait du rompre avec Fleur Delacour, avec qui il avait été depuis qu'ils avaient 14 ans, juste parce que ses instincts lui criaient qu'il se devait a présent d'être avec la jolie Cho Chang de la meute voisine, les Serdaigle.
Les Serdaigle vivaient de l'autre côté de la forêt, et formaient une meute plus petite que la leur d'une cinquantaine d'individus environ. Les relations qu'ils entretenaient avec eux étaient très cordiales, et les alliances et mariages entre leur deux meutes étaient fréquentes. Harry Ron et Hermione avaient d'ailleurs plusieurs amis chez les Serdaigle.
La pauvre Fleur Delacour, abandonnée du jour au lendemain, avait tout fait pour le récupérer mais comme elle l'avait vite comprit, elle n'était certainement pas de taille à lutter contre un instinct aussi vieux que le monde. Elle avait tenté de rallier les gens de son côté et de discréditer Cho Chang, mais ça avait été perdu d'avance.
Très franchement, Harry s'imaginait mal dans cette position. Il n'avait jamais eu de copine sérieuse enfin il avait eut une petite histoire avec Ginny, la sœur de son meilleur ami, Ron, mais cela n'avait pas vraiment duré et il se voyait mal avec une des filles du clan, qu'il connaissait depuis tout petit.
Cependant, se retrouver enchaîné à l'une d'elle ne serait pas le pire. Non, il pourrait même se retrouver enchaîné à un autre mâle, songea t-il. La magie était aveugle après tout, aveugle et parfois stupide. Car l'homosexualité n'était pas très bien tolérée chez les loup-garou. Ceci était pour la simple et bonne raison qu'aucun louveteau ne pouvait naître d'une telle union, et que la race des lycans était en plein décroit. Les temps modernes n'étaient pas très bon pour les loup-garous, hélas. Ainsi, l'homosexualité entre deux loup-garous n'étaient pas souvent vu du meilleur œil au sein de la communauté, bien qu'elle de fut toutefois pas condamnée. Remus et Sirius vivaient ensemble depuis aussi longtemps que Harry pouvait se souvenir, et avaient toujours été acceptés par la meute.
De la même manière, les relations entre loup-garous et humains n'étaient guère bien reçues car les chances de donner naissance à des louveteau étaient divisées par deux. Néanmoins, étant donné le faible nombre de lycans dans leur clan, elles étaient généralement acceptée aussi à la condition que l'humain ou l'humaine ne vienne jamais au sein du village, endroit exclusivement réservé aux loups. Une règle assez dure, mais qui n'avait jamais été contournée.
Harry remua la tête comme pour chasser ces pensées inutiles présentement. Inutile de penser à tout cela et de s'inquiéter pour rien. De toute façon il serait fixé pour de bon demain.
Harry entra aux abord de la ville et descellera prudemment. S'il croisait la police, il ne voulait pas ajouter à non-port du casque, 'excès de vitesse'.
Harry n'aimait tellement cette ville, Poudlard. Il y régnait toujours une atmosphère malsaine et sombre, oppressante même, avec ses hauts gratte-ciels qui dominaient les gens de toutes leur hauteur comme des géants près à les étouffer. C'était une ville animée mais terne, ou les gens ne souriaient pas et se contentaient de baisser la tête et de marcher sans regarder autour d'eux. La ville comprenait de nombreuses zones industrielles désolées et sales, pleine de béton et de fer rouillé, de grosses cheminées vomissant des colonnes de fumée noire, comme un poison dans l'atmosphère malade de la ville.
La ville avait également une triste réputation pour son taux de criminalité, et offrait de nombreux lieu de débauche aux voyous qui avaient trouvé là un paradis pour leurs affaires illicites. C'était peut-être parce que cette ville était infesté par les vampires, songea Harry. Ceux-ci se cachaient parmi les humains, qui ne se doutaient de rien, les manipulant telle des marionnettistes cachés dans l'ombre, occupant souvent de hautes positions dans la société et se délectant de voir l'humanité souffrir pour servir leurs buts.
Harry ne comprenait vraiment pas pourquoi la meute s'obstinait à vivre si près d'une telle ville. Autrefois, leur peuple avait été nomade, mais les nécessités de la vie moderne les avait forcé à s'établir à un endroit pour de bon. Certes la forêt à côté de leur village consistait un domaine parfait pour eux, et ils n'allaient en ville que si cela était nécessaire – après tout ils vivaient dans de manière semi-autonome et évitait la ville bien trop peuplée et oppressante pour leur nature sauvage et prompte à l'emportement.
Harry ne faisait pas exception à la règle, et lui comme les autres loup-garous évitaient la ville autant que possible, ayant besoin de grands espaces.
Il arriva enfin au Moonbeam et contourna le bâtiment afin d'arriver devant l'entrée arrière.
Il faisait déjà sombre bien qu'il ne fut pas encore très tard, mais le soleil se couchait tôt en ce mois de novembre gris. Il ouvrit le garage réservé aux employé et y laissa sa moto avant de prendre les escalier pour rejoindre la salle principale.
-Salut Harry! » Lui lança Andy, un humain d'une vingtaine d'année avec qui Harry s'entendait plutôt bien.
Harry lui répondit en souriant, salua ses autres collègues et se mit en devoir de tout préparer avant que la boîte n'ouvre ses portes.
Il était environ 2 heures du matin, la boîte était pleine et la musique branchée battait les tympans des clients qui se déhanchaient comme si leur vie en dépendait tandis que d'autres s'embrassaient discrètement ou sans pudeur.
La boite possédait deux salles, mais c'était toujours la salle principale qui était la plus côtoyée, notamment à cause de la proximité du bar – auquel Harry travaillait. La décoration était colorée sans être trop tape-à-l'œil, et les jeux de lumières tamisées contribuaient beaucoup à l'atmosphère particulière de l'endroit, où des taches sombres dansaient entre les vifs éclairs de couleur.
La clientèle du Moonbeam était variée, mais de bon genre si on la comparait à celle d'autres boîtes de Poudlard. Certes, il y avait déjà eu des incidents, notamment un homme armé qui s'était mis à menacer les clients et avait blessé l'un des videurs, mais ce genre de choses était monnaie courante dans la ville, et Harry s'estimait plutôt chanceux de pouvoir travailler au Moonbeam.
Harry était entrain de terminer la préparation d'un cocktail Chai Russian, quand une désagréable sensation fantôme lui chatouilla la nuque l'intimant à lever les yeux, comme s'il avait l'impression qu'on l'observait. Il releva aussitôt la tête, notant enfin une odeur particulière, et son regard rencontra directement une paire d'yeux gris métallique qui le détaillait de l'autre côté du comptoir, l'air à la fois malicieux et moqueur.
-Salut, Harry. » Murmura le blond, un petit sourire aux lèvres, son ton faussement amical, comme s'ils étaient de veilles connaissances. « Je te t'ai pas trop manqué j'espère? » Ajouta t-il, son sourire s'agrandissant.
Harry leva les yeux au ciel, parfaitement ennuyé. Son expression narquoise et supérieure avaient le don de l'énerver toujours assez rapidement, c'était comme une sorte de talent que le blond possédait. Le loup-garou se rendait bien compte que c'était probablement sa réaction qui amusait et poussait l'autre à continuer, mais malgré cela il ne put s'empêcher de lancer un regard noir au vampire blond qui venait de s'asseoir à un des tabourets hauts libres au bar. Il posa son coude sur le comptoir et reposa son menton contre son poing fermé, considérant le jeune homme comme s'il attendait vraiment une réponse.
Draco était d'une beauté dévastatrice, mais Harry savait ce qui se cachait sous les mèches blondes soyeuses et les traits délicats de son visage pâle. Un créature manipulatrice et cruelle, assoiffée de sang. Draco était son ennemi naturel. Il était un vampire.
En fait, pensait Harry, on ne pouvait pas trouver plus 'vampire' que Draco. Il était exactement l'image même du vampire qu'on lui avait si souvent décrite au village dans son enfance. Draco avait un visage fin, délicat et un teint pâle qui l'aurait fait paraître à une poupée de porcelaine si ses yeux gris métallique n'avaient pas eu cette étincelle orgueilleuse et sournoise constante.
Mais ce qui rendait Draco attrayant – Harry ne l'aurait pas dit dans ces mots bien-sûr, même s'il pouvait voir ce que les humains voyaient chez le vampire – ce n'était pas uniquement son physique. Tout chez la manière du vampire de se déplacer, de parler, de sourire, de prendre son verre de ses doigts fins, était raffinée, comme s'il avait eu du sang princier dans les veines. Une classe innée que Harry ne possédait pas, et qui expliquait sûrement cette agaçante manière supérieure de le regarder qu'avait le vampire. Quoique cela fusse commun à tous les vampires, songea Harry, cette sale vermine condescendante. Ils jugeaient tous les loup-garous comme des animaux primaires, violents et déraisonné, comme si ces sangsues valaient mieux. Mais leur dédain n'était que pour mieux cacher leur peur, car face à un loup-garou métamorphosé, un vampire ne valait pas grand chose.
Selon ses collègues, Draco venait régulièrement au Moonbeam depuis son ouverture, avant même que Harry n'y trouve un emploi, et en avait apparemment fait son terrain de chasse deux à trois fois par semaine. Les vampires ne partageant leur 'territoire' que très rarement, Draco ne faisait pas exception à la règle, et il était quasiment le seul vampire à fréquenter l'endroit. Ce qui plaisait et exaspérait Harry. Plaisait car cela signifiait qu'il n'avait qu'un seul suceur de sang à supporter, et exaspérait parce que Draco était probablement la pire sangsue de son espèce.
Il fallait dire que l'animosité entre les vampires et les loup-garous était loin d'être une légende. Si les deux espèces devaient tant bien que mal cohabiter dans un même monde, ça n'était jamais sans une certaine agressivité. Harry n'avait jamais même songé à questionner l'origine de ses mésentente, c'était tout simplement ainsi.
Quand il avait été tout jeune, on lui avait raconté les choses terrifiantes que les vampires faisaient, et il se souvenait très bien des histoires d'horreur que lui et ses camarades se racontaient lors des veillées au coin du feu. Des contes sans queue-ni-têtes la plupart du temps, avec des vampires qui arrachaient les ongles de leur victimes pour leur enfoncer dans les yeux, ou qui venaient vous planter leurs crocs dans le cou si vous vous aventuriez trop tard tout seul dans un coin sombre de la ville.
Bien-sûr il savait parfaitement aujourd'hui que toutes ces histoires n'étaient rien de plus que cela: des histoires pour faire peur aux enfants. Mais tout de même, cette animosité envers les vampires étaient enracinée dans l'esprit de chaque loup-garou depuis la plus tendre enfance, et Harry restait persuadé qu'il y avait vraiment quelque chose de malsain dans l'existence même des buveurs de sang. Il suffisait de voir ce qu'ils devaient faire pour survivre. Et puis ils étaient tous manipulateurs et sans scrupule, c'était un véritable trait commun chez eux.
Évidemment, les loups-garous n'avaient pas vraiment quoique que ce soit à craindre des vampires. Si les vampires gardaient autant leurs distances, c'était aussi parce que les crocs et les griffes d'un lycanthrope étaient l'une des rares choses qui leur était souvent fatal, à part le soleil bien-sûr. Un bon coup de mâchoire bien placé, et il en était fini du suceur de sang. À vrai dire, et ce malgré les grands airs qu'ils aimaient se donner, les vampires craignaient les loup-garous, et à juste titre. Un vampire surpris par un lycanthrope hors de la ville où il trouve refuge n'est jamais en très bonne position. D'ailleurs seul un vampire inconscient se serait éloigné de la ville pour entrer en territoire loup-garou...
Car contrairement à la croyance humaine, les vampires, bien qu'immortels s'il parvenait à échapper aux ennuis, pouvaient parfaitement mourir. Enfin, si 'mourir' était un terme approprié à une créature déjà cliniquement morte.
Les vampires se protégeaient comme ils pouvaient, portant généralement de l'argent sur eux, métal bien connu pour ses effet néfastes sur les loup-garous. L'argent les brûlait à chaque contact, le degré de brûlure dépendant de la pureté de l'argent. Draco en avait une d'ailleurs, Harry l'avait déjà vu même si celui-ci n'y avait jamais fait allusion.
Mais cette faiblesse à l'argent, Harry le savait, n'était que le prix exigé par Gaïa, leur mère la Terre et patronne, pour le cadeau dont elle leur avait fait grâce, un prix qu'ils acceptaient sans se plaindre.
Il finit le cocktail qu'il était entrain de préparer avant de servir son client, ignorant tout d'abord Draco, avant qu'il n'ait plus d'autre choix et du reporter son attention sur lui, constatant que le prédateur le fixait toujours, comme s'il tentait de le mettre mal à l'aise.
Autant cela l'aurait fait jubiler à l'intérieur, il ne pouvait se permettre d'ignorer totalement le blond, celui-ci étant un client après tout et il tenait à son travail. Si son patron avait était lui aussi un loup-garou, les choses auraient été beaucoup plus simples et il aurait fichu Draco à la porte, mais son patron, humain, ne savait rien de la nature de Draco ni de celle de son employé d'ailleurs, et cela devait rester ainsi pour le bien de tous.
-Qu'est-ce que je peux te servir à boire? »Lui demanda Harry, sans sourire, mais gardant son meilleur ton professionnel.
Draco lui sourit de toute ses dents, et Harry ne manqua pas les deux petites canines pointues couleur ivoire qui perlaient doucement contre sa lèvres inférieures. Comment les humains pouvaient-ils manquer quelque chose de si évident ?
-Oh tu sais parfaitement ce que j'aimerais boire, mon louloup. » Susurra le blond d'un air entendu, une lueur espiègle dans les yeux, sachant exactement quel boutons pousser pour faire perdre au lycan son calme.
Comme prévisible, Harry sentit l'exaspération monter doucement en lui. Ce surnom débile avait le don de l'énerver prodigieusement. Il avait l'impression d'avoir vécu cette conversation des dizaines de fois auparavant. À chaque fois c'était le même petit manège. Pourquoi est-ce qu'il ne pouvait pas juste commander à boire et lui ficher la paix?
Enfin, Harry savait parfaitement pourquoi il ne le faisait pas. D'ordinaire, un vampire ne pouvait pas vraiment s'amuser en toute tranquillité à taquiner verbalement de la sorte un lycanthrope, au risque de recevoir un coup de griffe bien mérité. Mais ici, où Harry était le barman et lui un client, le brun n'avait guère le choix que de subir en silence les imbécillités qu'il plaisait à l'autre de débiter.
-Bon ne commence pas, je n'ai pas que ça à faire. »Répliqua le brun d'un ton sec, pressé d'en finir. « Tu veux quelque chose ou pas? »
Il savait parfaitement qu'il ne devait pas s'énerver si rapidement, mais c'était plus fort que lui.
Du calme, Harry, du calme. Garde ton sang froid, tu ne peux pas t'énerver, tu tiens trop à ce job, alors calme toi.
-Eh bien, eh bien... » Ricana Draco en levant un sourcil surprit, heureux de voir le masque impassible du brun s'effriter et faire place à l'exaspération coutumière. Bingo. « Ne serait-on pas légèrement sur les nerfs ce soir? Oh, mais j'oubliais, la pleine lune est pour bientôt, hm? Vous autres avez du mal à refréner vos instincts bestiaux, n'est-ce pas? »Demanda t-il rhétoriquement, son ton empreint d'un condescendance non-feinte.
Harry leva les yeux au ciel pour montrer son impatience.
À vrai dire, le vampire n'avait pas tort. À l'approche de la pleine lune, lui comme ses semblables se sentaient toujours plus agressifs et agités qu'à la normale. C'était l'effet qu'avait la pleine lune sur eux. D'ailleurs Draco aurait du se montrer plus prudent. Il n'était pas très malin de provoquer un loup-garou à l'approche de la pleine lune, les dérapages et pertes de contrôle se faisant bien plus fréquentes durant cette période.
-Double whisky. Chivas. » Commanda finalement le vampire, semblant enfin se lasser de son propre jeu, et devinant sûrement qu'il jouait avec le feu. « Ce n'est pas de tout ça, mais je suis là pour affaire. » ajouta t-il d'un air entendu.
Tu parles, pensa Harry aussitôt en le servant. Affaire qui se terminera dans un bang de sang, oui.
Draco but son verre cul-sec, avant de s'éloigner enfin, non sans un dernier sourire carnassier pour le brun, comme pour lui dire je sais que ça t'énerve, mais tu ne peux rien y faire.
-Tu devrais lui demander son numéro... »Roucoula une vois féminine tout près de l'oreille de Harry.
Le brun tourna la tête et vit Hannah Abbot, qui l'aidait au bar ce soir avec Andy, affichant un petit sourire sur les lèvres. Hannah était une grande jeune fille blonde, plutôt jolie mais parfois pas très maligne.
-Hein? À qui? Lui! »Répliqua Harry avec incrédulité.
Franchement, les filles, pensa t-il, elles jouaient toujours les expertes en matière de sentiments, comme si les garçons étaient tous des blocs de bétons, mais là, elle ne pouvait pas avoir plus tort que sur ce coup là.
-Hmm, hé bien, j'ai vu son air intéressé, et puis... il vient toujours te parler, Harry... »
Le brun eut un petit rire étranglé mais ne répondit pas, sachant qu'il lui était impossible de fournir à Hannah une excuse satisfaisante. Hannah était humaine ils était allés au lycée ensemble, à Poudlard Comprehensive.
Ce n'était pas parce qu'il était un lycanthrope qu'il avait été dispensé d'aller à l'école, évidemment. Les jeunes louveteaux étaient scolarisés de manière privée dans le village par un des leurs qui possédait le titre d'enseignant jusqu'en primaire. Ceci était nécessaire afin de s'assurer qu'aucun d'entre eux ne révèlent leur secret accidentellement, les jeunes ne se rendant pas bien compte de ce qu'ils faisaient parfois, et ayant tendance à se transformer à la moindre occasion. Envoyer des jeunes loup-garous qui ne comprenaient pas encore très bien l'importance de se montrer discret dans une école remplie d'humains aurait été trop dangereux. C'était un risque qui ne pouvait être pris.
Mais quand ils avaient enfin l'âge d'aller au collège, les jeunes loup-garous allaient à l'école en ville, et devaient apprendre à cacher leur véritable nature aux yeux des humains. Harry s'était fait quelques amis humains, dont Hannah, et celle-ci l'avait recommandé auprès du patron de la boîte, son cousin, quand Harry lui avait mentionné le fait qu'il cherchait un travail à temps partiel. Les loup-garous qui jugeaient les humains indignes de leur amitié étaient bien idiots, songea Harry en pensant à Lavande Brown, une jeune louve de son âge qui avait toujours méprisé les filles au lycée simplement parce qu'elles étaient humaines.
Il appréciait Hannah, bien que parfois elle parla un peu trop pour dire des sottises. Cependant, Harry ne pouvait pas vraiment lui en vouloir pour ce qu'elle venait de dire.
Bien-sûr, aux yeux de n'importe qui d'autre, Draco aurait pu avoir l'air d'être entrain de flirter avec lui, mais la vérité était bien évidemment à des kilomètres de là : Draco aimait simplement jouer avec lui comme un chat aime narguer un chien depuis la branche haute d'un arbre sur laquelle il s'est sagement perché.
Il jeta un coup d'œil au vampire, qui se trouvait à présent au milieu de la piste de danse, désormais tout occupé à séduire une jeune fille blonde pour qui tout espoir semblait de toute façon déjà perdu.
Séduire était dans la nature même des vampires. Modifier à loisir leur aura afin de paraître plus séduisant, ou même parfois plus dangereux s'il se trouvaient d'humeur plus cruelle était un de leur pouvoir. Cette capacité ne fonctionnait bien-sûr que sur les humains, et Harry ne pouvait pas en vouloir à Hannah et les autres pour soupirer sous le charme du blond. Si seulement elles savaient... Mais jamais elles ne sauraient, et tout ce que Harry pouvaient faire pour elles étaient de s'assurer que Draco ne leur tourne jamais autour. Le blond le savait très bien d'ailleurs, c'était une sorte d'accord tacite. Ne touche pas à mes amis, et je ne te dérangerais pas.
Un nouveau client lui fit signe, et il repoussa ces pensées au fond de son cerveau, ne songeant plus à Draco avant la fin de la soirée, jusqu'à ce qu'il ne croise une ultime fois le regard du vampire qui sortait enfin de la boîte. Celui-ci avait une expression satisfaite sur le visage, la jeune fille de tout à l'heure à son bras le regardant comme s'il était une sorte de dieu vivant.
Il n'y avait pas grand chose qu'Harry puisse faire, et puis de toute façon ça ne le regardait pas. Les affaires des vampires étaient leur affaires, et s'ils ne se mêlaient pas des siennes, il ne se mêlerait pas des leurs. C'était sur cette notion que la coexistence de leurs espèces se faisaient, et c'était parfait comme ainsi.
Vampires et loup-garous ne se croisaient que très rarement de tout manière, les premiers préférant la ville et l'abri qu'elle leur procurait, chose compréhensible puisque leur survie dépendait directement des humains, tandis que les lycans, vivant en meutes, préféraient le calme de la foret et les grands espaces. Ainsi, les deux espèces n'avaient affaire à l'autre que très rarement, et le mépris cordial qui les unissait était toujours affiché comme une sorte de conduite par défaut si jamais l'un des membre d'une espèce venait à rencontrer l'un de l'autre. Les vampires avaient néanmoins la stricte interdiction ne pénétrer le domaine des loup-garous, et si l'un d'entre eux décidait de s'aventurer dans la forêt, c'est la mort assurée.
Une heure plus tard, Harry avait enfin terminé, et sortant enfin de la boîte à présent à nouveau vide et silencieuse, il leva les yeux vers la lune argentée, inspirant avec plaisir l'air frais de la nuit. La lune était vraiment magnifique cette nuit là, et elle l'appelait, il le sentait au plus profond de lui même, le caressant de ses bras d'ivoire, le couvant de son regard protecteur.
Elle semblait pleine, mais Harry savait parfaitement qu'elle ne le serait vraiment que le lendemain. C'était une bonne chose qu'il ne travaillait pas demain soir, ou il aurait du trouver une bonne excuse pour manquer au travail. Bien-sûr, il savait qu'un jour ou l'autre la pleine lune tomberait une nuit de travail, mais puisqu'il ne travaillait au Moonbeam que depuis 3 mois, il valait mieux pour lui qu'il ne manqua aucune nuit pour l'instant.
Car si les loup-garous pouvaient se transformer à loisir le reste du mois, il s'agissait d'une obligation et non d'un choix la nuit de pleine lune. Contrairement à la plupart des croyances humaines, les loup-garous ne possédaient pas que deux formes, mais en fait trois, chacune correspondant à un stade de transformation variant de leur forme homidée, qui les rendait indifférentiables des autres humains, à celle de leur loup, leur forme lupus, et enfin celle crinos, qui était un état intermédiaire et aussi leur forme la plus meurtrière.
Mais lorsque l'astre rond se montrait ces nuits-là, leur corps se changeaient de leur propre gré, les laissant dans leur forme de loup supérieur, qui était une forme qu'ils ne pouvaient adopter le reste du temps et unique à la nuit de pleine lune. Sous cette forme, ils étaient d'énormes loups, deux fois plus gros que leur forme lupus, devenant incroyablement puissant, rapides et redoutables.
Pour beaucoup d'entre eux, il s'agissait de la meilleur nuit du mois, la nuit ou tous étaient ensemble sous leur forme de loup supérieur, réunissant la meute au complet comme la grande famille qu'ils formaient.
La nuit de pleine lune était toujours divertissante. Harry sortaient régulièrement sous sa forme canine avec ses amis pour courir ou tout simplement pour marcher ou courir dans la foret, mais il fallait dire que se trouver avec toute la meute avait toujours quelque chose de grisant.
Et demain serait encore mieux, puisqu'enfin il deviendrait un adulte à part entière bien-sûr.
Harry enfourcha à nouveau sa moto, et repartit chez lui, la nuit noire ne posant aucun problème pour sa vue perçante. Comme le reste de ses semblables, il possédait des sens sur-développées fort utiles, qui lui permettaient de sentir une odeur à des kilomètres à la ronde ou bien de voir des choses invisibles à des yeux humains.
Il regagna la maison qui était vide, Sirius et Remus s'étant apparemment absentés. Ils étaient probablement dehors, sous leur forme de loup, songea Harry. Après tout la lune était une vraie invitation cette nuit.
Il pensa un instant à se transformer lui aussi pour profiter du reste de la nuit, puis se dit qu'il valait mieux qu'il dorme un peu, il avait eu une longue journée.
La journée était passée avec une lenteur affolante. Il ne s'agissait pas vraiment de son anniversaire, mais la journée avait tout de même quelque chose de spécial pour Harry, puisqu'elle marquait la fin de sa jeunesse officielle. Dès ce soir, il serait un loup adulte devant lune et serait traité en tant qu'égal pour les autres, même si bien-sûr en pratique les jeunes avaient encore beaucoup à apprendre des anciens.
Il n'avait rien fait de spécial ce jour-là et avait passé la plus grande partie de la journée au garage, qui se trouvait aux abords de la ville, avec Sirius pour l'aider avant de rentrer au village quand le jour s'était mis à décliner.
-Prêt pour ce soir, Harry? »Lui demanda Remus en le voyant quand il rentra dans leur maison, un petit sourire aux lèvres.
-Plus que jamais » Répondu Harry, qui ne cachait pas la hâte qu'il éprouvait.
-Sirius est resté au garage ? » Demanda l'homme, un plis soucieux se dessinant sur son front. « Il ferait mieux de se dépêcher... »
-Oui, mais il a dit qu'il ne tarderait pas » Précisa Harry, en jetant un coup d'œil à sa montre.
Il était sept heures du soir, et la nuit avait tendance à tomber très vite au moins de novembre en Angleterre. Si Sirius ne rentrait pas à temps, ça serait effectivement très problématique. Mais Harry ne se faisait pas de soucis, il savait ce qu'il faisait, il avait des années d'expérience en tant que loup-garou après tout.
En effet, Sirius arriva une vingtaine de minutes plus tard, un sourire insouciant sur les lèvres.
Sirius, grand, brun, fort et au physique plutôt avantageux était pour Harry le père qu'il n'avait jamais connu. Celui-ci avait d'ailleurs été le meilleur ami de son père – lui, Sirius et Remus avait formé une bande d'amis inséparables, avait-on dit à Harry. Harry aimait beaucoup l'insouciance et la jeunesse perpétuelle de son parrain, comme si celui-ci était toujours adolescent malgré ses 38 ans. Remus quant à lui, était beaucoup plus sage et réfléchi et, Harry le savait, il pouvait toujours compter sur ce dernier s'il avait besoin de quelque conseil.
Sirius embrassa la petite moue sur les lèvres de Remus avant de dire à Harry avachi dans le canapé :
-Allez, jeune homme, tu ferais mieux d'aller te changer. C'est pour bientôt. »
Harry se leva et s'étira. La transformation à la pleine lune ne dépendant pas de leur volonté, elle survenait toujours à un moment inattendu, concordant avec l'arrivée de la lune mais quelque peu aléatoire néanmoins.
-Et n'oublie pas d'enlever ta montre cette fois ! »Ajouta Remus, faisant faire à Harry une légère grimace.
Oui, il se rappelait parfaitement du mois dernier ou il avait faillit oublier sa montrer comme un parfait idiot. Une montre qui lui venait de son père en plus... la perdre l'aurait vraiment chagriné.
Il sortit de la maison, sachant que l'encadrement de la porte deviendrait trop étroit pour lui après sa transformation s'il restait à l'intérieur, et enleva le jean et le tee-shirt qu'il portait avant de les déposer sur la chaise à bascule en osier qui se trouver sur le porche. Puis, avec une facilité déconcertante et naturelle, il poussa son corps à passer à sa forme crinos, qui était une forme intermédiaire d'homme-loup. Ses os se mirent à craquer et à se déplacer, mais Harry ne sentait même plus la douleur, tant il était habitué à ces transformations.
Sous sa forme crinos, il avait l'allure d'un énorme loup bipède de deux mètres cinquante, conservant une anatomie humanoïde mais possédant la tête d'un loup, et le corps couvert de fourrure soyeuse et noire, tandis qu'une queue touffue prolongeait sa colonne vertébrale, ce qui était particulièrement utile pour son équilibre. Ses pattes étaient puissantes, ses muscles développés et son cou massif et ses larges pectoraux lui conféraient une allure indubitablement impressionnante.
Si beaucoup de légendes racontées par les humains décrivaient justement les loup-garous comme d'immense homme-loups, c'était bien parce que les lycanthropes étaient totalement pareils à des loups normaux sous leur forme lupus, et qu'il était impossible pour un humain de les différencier de leur cousins loups.
Mais contrairement à ce que les humains pouvaient bien penser, ils possédaient en fait trois formes et non simplement deux. Deux de ces formes étaient relativement discrètes : celle d'homidé qui les faisaient paraître en tout point à des humains – seuls d'autres êtres supernaturels pouvaient détecter la différence – ainsi que leur forme lupus qui était si proche du loup traditionnel, que seul ceux-ci pouvait sentir qu'un petit quelque chose clochait. Le seul indice qui pouvait mener un humain sur la piste était évidemment l'intelligence bien trop aiguë pour un loup qu'un lycanthrope pouvait montrer sous sa forme canine.
La forme crinos, en revanche, qui était un parfait mélange entre l'homme et le loup, leur donnait une apparence de créature monstrueuse au yeux des humains, tel les hybrides impossibles qu'ils devenaient quant à leur dernière forme, le loup supérieur, ils ne pouvaient la contrôler, et la transformation se produisaient invariablement, qu'ils le veuillent ou non, lors des nuits de pleine lune, d'où provenait la légende qui voulait que les loup-garous ne transforment que les nuits de pleine lune, et ce contre leur gré.
Harry aimait particulièrement sa forme crinos car elle lui permettait de se déplacer aussi aisément sur deux pattes que sur quatre pattes, même si l'absence de véritables main, il devait l'avouer était parfois regrettable.
Il se mit a courir, utilisant ses quatre pattes et se déplaçant ainsi avec rapidité pour aller chez Hermione. La maison de Hermione était le plus en retrait du village et donc directement sur le chemin, puisqu'ils allaient vers la lisière de la foret, là où tout le village se réunissait lors de la pleine lune.
Quand il arriva enfin devant chez elle, elle accourut vers lui en le voyant
-Harry ! » S'écria sa meilleure amie qui se trouvait elle aussi sous sa forme crinos.
Elle semblait très heureuse de le voir, bien qu'il l'ait vu quelques heures auparavant ce jour-la.
Ron était lui aussi déjà là – de toute façon les deux tourtereaux ne se séparaient guère –, et il donna une tape amicale sur l'épaule du brun.
-Alors, hâte de rejoindre la cour des grands » Se moqua gentiment le rouquin.
Parler était un peu plus difficile pour eux sous cette forme, à cause de leur gorge déformée, mais restait cependant possible.
-Pff Ron, je te signales que tu étais dans la même position que moi il y a a peine quelque mois de ça, alors épargne moi le discours s'il te plaît... » Répliqua Harry avec un sourire, sa voix beaucoup plus profonde et grave sous cette forme.
Le soir tombait, et il commençait à faire de plus en plus sombre. Oui, c'était pour bientôt.
-On y va ? »Demanda Hermione qui avait tiré la même conclusion.
Les deux autres acquiescèrent, et ils se mirent en route, d'autres habitants du village, qu'ils connaissaient tous bien-sûr, empruntant le même chemin, tels des pèlerins allant ensemble dans une direction commune.
C'était la tradition que de se réunir à la la lisière de la forêt avant la pleine lune afin de se transformer ensemble.
La plupart du village était déjà là, et ils saluèrent leurs amis, l'excitation commune croissant. Harry, Ron et Hermione discutèrent un instant avec Neville, Dean et Seamus. Neville semblait lui aussi excité à l'idée de passer du statut de louveteau à celui de loup adulte, et lui et Harry s'enthousiasmèrent quant à la nuit à venir.
Remus et Sirius les rejoignirent peu de temps après, quelques minutes avant que la pleine lune n'agisse enfin.
Harry sentit un craquement soudain dans ses épaules et jeta un regard équivoque à Ron et Hermione, qui le lui rendirent. Eux aussi l'avaient sentit. Ça y était.
Harry serra les dents alors qu'un nouveau douloureux craquement transperçait ses tibias.
Les transformation de pleine lune étaient toujours pénibles, malheureusement. Rien à voir avec les transformations voulues, le reste du temps, qui se faisaient rapidement et étaient bien moins douloureuses.
-Aaaah » Grogna Harry tandis que ses doigts se courbaient, que ses ongles poussaient, que son crâne s'allongeait et que ses bras se tordaient.
Oui vraiment, la douleur intense ressentie à chaque pleine lune était vraiment des plus difficiles à supporter, il s'en serait bien passé. Mais ayant connu ce phénomène tous les mois depuis sa plus tendre enfance, Harry ne songeait pas trop à s'en plaindre, c'était juste une autre facette de sa vie.
Incapable de rester en position debout à cause de la forme de ses genoux et de ses hanches, mais aussi à cause de la douleur lancinante qui lui coupait le souffle, il tomba à quatre pattes afin d'achever sa transformation, priant pour que la douleur s'arrête rapidement.
Puis, enfin, les élancements cessèrent. Harry rouvrit ses yeux, puis remua ses membres comme pour se débarrasser de vilaines crampes. Sous cette forme, Harry avait une fourrure très noire, et ses yeux de loup était verts, ce qui était une chose plutôt rare chez un loup, puisque la plupart de ceux-ci avaient les yeux jaunes. Il cligna des yeux et regarda autour de lui. Sa forme de loup supérieur n'était guère différente de sa forme de loup normale, la principale distinction étant la taille énorme qu'il avait à présent comparé à un loup traditionnel : à environ 1 mètre cinquante au garrot, il avait plus la taille d'un cheval que d'un loup.
À la lisière de la forêt se trouvait à présent une petite centaine de loup, tous énormes et de pelage de toutes les couleurs, certains achevant de se transformer visiblement, tandis que d'autres jouaient déjà ensemble, se poursuivant ou se chamaillant comme de jeunes chiots.
La scène, si elle avait été vue par un humain passant par là, aurait été extrêmement dérangeante. Une meute impressionnante folâtrait comme si de rien n'était.
Mais fort heureusement, les humains passant par là étaient rare durant le jour, et ils le devenaient encore plus une fois la nuit tombée. Ce n'était pas pour rien que la large forêt à côté de leur village, une réserve naturelle, était surnommée 'la forêt interdite' par les humains. On disait qu'elle abritait de nombreux loups sauvages. À juste titre.
Harry se tourna vers ses amis. Hermione finissait sa transformation, elle semblait éprouver encore de la douleur, et Ron à ses côtés, à présent devenu un grand loup brun aux yeux jaunes, gémissait doucement, la soutenant comme il le pouvait.
Harry entendit un jappement familier sur sa gauche, et aperçu Remus, un loup au pelage gris soyeux, qui trottait vers lui, aux côtés d'un loup noir qui n'était autre que Sirius.
Harry poussa un glapissement joyeux en les voyant.
::Alors, bébé Harry est devenu grand :: fit Sirius pour le taquiner.
Sirius fit mine de se jeter sur Harry comme s'il s'apprêtait à se bagarrer avec lui, en poussant un grognement espiègle, n'usant pas réellement de sa force et se contentant de chamailler son filleul comme il le faisait toujours. Harry évita l'assaut avec agilité.
::Je n'y peux rien si tu te fais vieux Sirius... Dis-moi, n'as tu pas gagné quelques poils blancs sur ta fourrure depuis la lune passée ?:: Répliqua Harry avec humour, ce qui ne manqua de faire rire Sirius, mentalement puisqu'ils étaient incapable de rire lorsque sous leur forme lupine.
L'échange ne s'était pas fait verbalement, mais uniquement grâce à un lien mental partagé par toute la meute. Car lorsqu'ils se transformaient en loup ainsi, la parole leur devenait impossible à tous : la forme de leur gorge et leur cordes vocales inappropriées ne permettant guère plus que des grognements canins. Néanmoins, cela n'était pas un problème, puisque communiquer par la pensée se révélait tout aussi efficace et même bien plus pratique pour agir la meute comme un seul homme.
En effet, s'ils pouvaient ouvrir des liens mentaux avec un ou plusieurs loups dans leur entourage pour converser, ouvrir son esprit totalement afin d'entrer en communication totale avec l'entièreté de la meute était possible, ce qui permettait une coordination inouïe, qui aurait été autrement impossible au sein d'un groupe aussi important. C'était un lien propre à la meute et à ses membres, ainsi un loup provenant d'une meute différente n'aurait pu y accéder.
Soudain, Harry reçut comme une sorte de décharge électrique via ce lien mental, et il redressa subitement la tête, comme le firent tous les autres autour de lui, eux aussi avaient sentit l'impulsion. C'était un signal que venait de leur envoyer leur chef de meute, Albus Dumbledore : tous étaient à présent dans leur forme glorieuse de loup, et il était temps.
Aussitôt, tous se mirent à trotter ou à galoper vers la forêt, quittant la lisière et s'enfonçant dans les profondeurs plus sombres et plus épaisses de la forêt, la clarté de la lune pleine filtrant quelques rayons d'argent à travers les hauts pins comme pour les guider. Il faisait très froid, mais même le vent glacial de novembre n'aurait su les mordre à travers leur épaisse fourrure.
Plusieurs loups se mirent à hurler, de joie et d'impatience, et Harry ne put s'empêcher de les joindre, tout en continuant sa course, flanqué de Ron et Hermione qui l'imitèrent à leur tour, exprimant leur exaltation, le vent leur sifflant dans les oreilles, les pattes puissantes martelant l'humus humide qui couvrait le sol de la forêt, tous allant dans une même direction.
Une dizaine de minutes plus tard, ils atteignirent enfin leur destination. Là, autour d'un grand roc dressé, ils formèrent un cercle dans la terre battue tandis que leur chef, Albus Dumbledore, un grand loup gris imposant, se fraya un chemin vers le roc, les loups s'effaçant avec humilité à son passage, avant de grimper avec agilité sur le rocher pour monter jusqu'au sommet.
Il les regarda, d'un air sage et majestueux qui imposait le respect à tous et, ensemble, ils courbèrent la tête devant leur chef afin d'indiquer leur estime et leur acceptation de son commandement. Puis, le chef jeta sa tête en arrière et se mit à pousser un long hurlement à la lune, que l'on voyait parfaitement depuis cette endroit, puisque les arbres ne poussaient étrangement pas autour du roc dans un champ d'une vingtaine de mètres de diamètre.
C'était ainsi que commençait chaque cérémonie de pleine lune. Toujours. Il se métamorphosaient ensemble, puis courraient ensemble.
Dumbledore finit son hurlement solitaire, et fut repris en cœur par toute la meute, dans un fabuleux concert.
Les yeux ouverts, le museau rivé vers l'astre lunaire qui lui donnait cette forme canine, Harry avait l'impression que c'était de l'adrénaline pure qui coulait dans ses veines tandis qu'il hurlait de concert avec ses pairs. Il adorait être sous sa forme de loup, il se sentait si libre c'était comme si les possibilités lui étaient infinies lorsque la forêt lui ouvrait ses bras et que la douce lune caressait sa fourrure de ses rayons protecteurs.
Ils continuèrent ainsi durant une dizaine de minutes, jusqu'à ce que les hurlements finissent par mourir progressivement et que tous ne reportent leur attention sur Albus.
::Mes frères, mes sœurs :: commença Dumbledore, sa voix puissante de chef de meute raisonnement avec clarté dans l'esprit de chacun. Il laissa un instant passer, avant de poser son regard d'abord sur Harry, puis sur Neville qui se trouvait non loin de lui, à côté des jumeaux Weasley. ::Ce soir, notre meute compte deux loups adultes de plus comme vous le savez, Harry et Neville ont définitivement quitté l'âge de louveteaux pour devenir des loups à part entière. Espérons que Gaïa se montre bonne pour vous, et vous fasse l'honneur de vous offrir un compagnon. ::
Harry réprima une grimace à cela, sachant parfaitement que Dumbledore faisant directement référence à l'enchaînement. Trouver un compagnon de vie était effectivement considéré comme un cadeau et une bénédiction de la lune – même si Harry ne comprenait pas vraiment en quoi cela l'était vraiment. Néanmoins, il n'avait encore rien ressentit, ce qui était bon signe. Harry avait entendu dire qu'on loup enchaîné détectait immédiatement son compagnon, à sa vue ou à son odeur, et là, malgré le fait que tous soient réunis, Harry ne se sentait pas diffèrent de d'habitude. Excellent.
::Vous êtes dans la force de l'âge, mais n'oubliez pas de prendre soins des jeunes et de respecter vos anciens. :: Poursuivis Dumbledore, toujours à l'intention de nouveaux adultes. Harry respectait énormément leur chef de meute, mais il dût tout de même réprimer son envie de lever les yeux au ciel devant le discours quelque peu moralisateur. ::Que personne ne l'oublie jamais, au sein de la meute nous formons un seul corps. Nous sommes tous les enfants de Gaïa et devons respect à la terre et à notre famille. ::
Albus hocha une fois sa tête avant de pousser un nouveau hurlement, plus court, et plusieurs aboiement d'approbation se firent entendre, tandis que certains loups commençaient à se trémousser, leur excitation refaisant surface maintenant que le chef venait de terminer.
Harry savait ce qui allait se passer à présent, les plus jeunes d'entre eux partiraient, laissant les adultes désirant participer au conseil. Jusque lors, Harry n'avait jamais pu assister au conseil, mais ce soir il était enfin autorisé à prendre part s'il le souhaitait. Lorsqu'ils avaient été plus jeunes, lui et Ron (et Hermione qui avait jugé cette idée stupide et risquée), s'étaient cachés dans la forêt pour tenter d'espionner le conseil et voir ce qu'il s'y passait. Néanmoins, cela s'était révélé être une totale déception, puisqu'ils n'avaient rien pu entendre de ce qu'il se disait, la discussion se faisant bien sûr mentalement.
Mais il n'empêchait que le conseil avait quelque chose d'intrigant pour les plus jeunes, et que le droit d'y participer était une chose que tous les jeunes louveteaux attendaient avec impatience. Ainsi, le fait qu'il allait enfin pouvoir y participer pour la première fois l'enchantait, enfin il serait un véritable membre de la meute, et il aurait le droit de donner son avis sur les décisions prises.
Son père, James Potter, avait était très impliqué au sein du conseil lors de son vivant lui avait-on dit, et il comptait bien lui faire honneur. Bien-sûr ce soir, il se contenterait d'écouter et d'apprendre. D'après Ron, ces conseils étaient en fait très ennuyants -rien d'intéressant ne s'y passait, lui avait-il dit – aussitôt démentit par Hermione qui avait grommelé quelque chose au sujet du manque d'intérêt de son petit-ami pour les choses importantes.
Peu à peu, les louveteaux et beaucoup des adultes quittèrent les lieux, partant chasser ou tout simplement courir, et laissant derrière eux les loups qui participeraient au conseil ce soir là. Ron et Hermione était restés. Sans surprise, les jumeaux Weasley et leurs amis Lee, Seamus et Dean étaient partis, ceux-ci n'étaient pas vraiment réputé pour leur grand sérieux, et Harry n'était pas surpris qu'ils ne souciaient guère de la vie politique de la meute.
Minerva McGonagall, la compagne d'Albus était là, à son côté droit. Étaient également présents Sirius et Remus qui ne manquaient jamais un conseil, ainsi que Dedalus Diggle, Mondigus Fletcher – un loup que Harry jugeait un peu étrange, sa présence au conseil le surprenait un peu – , Alastor Maugrey et Kingsley Shacklebolt, deux loups très puissants, réputés pour leur intelligence et leur force, ainsi que le père de Ron : Arthur Weasley, accompagné de sa femme Molly et de ses trois fils ainés, Bill, Charlie et Percy –les Weasley avaient toujours été très impliqués dans la vie de la meute.
Harry reconnut le loup à la fourrure brune pâle qu'était Neville, et lui fit un petit signe de la tête, l'autre semblait très impatient de commencer, tout comme l'était Harry. Ainsi, à côté du grand roc, une vingtaine de loup restèrent pour assister aux conseil, et une fois tous les autres éloignés, Albus, qui était à présent descendu du promontoire, les regarda un instant.
Leur chef de meute, Dumbledore, était un loup fort et sage, dont l'âge avancé n'avait en rien diminué le charisme et la puissance. Tout dans son allure intimait le respect, et bien qu'il ne fut plus tout jeune et que sa force eut été bien plus grande par le passé – une véritable légende –, personne ne remettait son autorité sur la meute en question.
Malgré cela, Dumbledore avait été le chef depuis maintenant un demi siècle, et Harry savait que le temps d'un nouveau chef serait bientôt venu, Dumbledore lui-même en avait déjà parlé vaguement. L'arrivée d'un nouveau chef de meute au pouvoir ne pouvait se faire que de trois façon : la mort de l'ancien chef, le renoncement au pouvoir de celui-ci, ou, solution plus brutale: la confrontation entre le chef actuel et un prétendant à la place. Harry ne pensait pas que quinconce défierait ainsi Dumbledore, mais ce cas de figure n'était pas à exclure.
::Bien, je suis désolé de devoir débuter ce conseil par un sujet si sombre, mais il est inévitable est mérite toute notre attention. La situation ne peut plus être ignorée, et il nous faudra agir bientôt. :: Annonça Dumbledore, ses yeux jaunes de loup lourds de sens.
::La chef de la meute des Serdaigles, Nimphadora Tonks, est venu me parler aujourd'hui :: Poursuivit-il::Un des leurs a été porté disparu officiellement aujourd'hui, cela fait des semaines qu'ils n'ont plus eu de ses nouvelles. Cela fait maintenant trois loups disparus dans leur meute, et nous avons toutes les raisons de penser que ces disparitions sont liées à celles que notre meute a connue... ::
Le cœur de Harry se serra a la nouvelle. Alors ça continuait. Depuis le début de cette année, ils avaient perdus deux des leurs, Rebeus Hagrid et Sturgis Podmore, sans savoir si ceux-ci étaient morts ou non. Les circonstances de leur disparition demeuraient un véritable mystère : ceux-ci avaient tout simplement disparus sans laisser de traces, à quelques mois d'intervalle.
L'hypothèse, improbable mais possible, d'une sorte de départ soudain avait été rejetée. Ni l'un ni l'autre n'avaient laissé le moindre mot pour signaler leur départ, et avaient tout laissé derrière eux, argent, maison et, dans le cas d'Hagrid, une compagne en larme: Olympe Maxime restait inconsolable, et avait tenté par tous les moyens de retrouver le disparu, sans aucun résultat.
::Je maintiens l'hypothèse d'un chasseur, Albus.:: Fit Sirius avec conviction. ::Je ne vois pas ce qu'il pourrait s'agir d'autre : cinq loups disparus en l'espace d'une année, c'est beaucoup trop pour n'être qu'une simple coïncidence, je suis sûr que tout le monde ici sera d'accord avec ça. ::
Harry jeta un coup d'œil inquiet à ses amis qui eux aussi semblaient anxieux. Poudlard et sa région n'avait pas connus de chasseurs depuis des dizaines d'années, en fait, seuls les plus vieux d'entre eux en avaient déjà croisé. Les chasseurs étaient des humains descendant de lignées dotés de quelques pouvoirs, et se faisaient un devoir de tuer le plus grand nombre de créatures magiques, généralement loup-garous et vampires, qu'ils pouvaient.
::Ça m'étonnerait :: Rétorqua Maugrey, surnommé 'Fol-Œil à cause de ses yeux vairons. ::Ça ne leur ressemble pas... Ce n'est pas leur méthode. ::
Maugrey avait eut beaucoup d'expérience avec les chasseurs par le passé, et leur devait de nombreuses blessures, dont une grande balafre en travers du visage. Les lycanthropes guérissait normalement de toutes les blessures avec le temps, mais le chasseur qui l'avait blessé avait été muni d'un sabre à lame d'argent, rendant la guérison lente et quasi-impossible.
::Fol-Oeil a raison, et je suis sûr que vous en êtes conscient :: renchérit Kingsley en regardant Dumbledore un instant avant de reporter son attention sur Sirius qui semblait contrarié de voir son hypothèse piétinée de la sorte. ::Les chasseurs aiment s'affirmer, et s'il s'agissait d'une troupe de chasseurs, ils nous l'auraient déjà clairement fait savoir à l'heure qu'il est, en brûlant notre village par exemple... ::
Harry relâcha sa respiration. Si Maugrey et Kingsley pensaient qu'il ne s'agissait pas des chasseurs, alors ils devaient sûrement avoir raison. Enfin, il restait le fait que ces disparitions avaient bel et bien eu lieu...
::Alors qu'elle est ton hypothèse, Kinglsey ?:: Demanda Arthur Weasley, un loup à la fourrure entre le roux et le brun. ::Qui pourrait être bien responsable... ::
Kingley secoua la tête pour montrer son ignorance, et Dumbledore reprit la parole :
::Je m'entretiendrai avec Nimphadora Tonks à ce sujet demain, afin que nous puissions trouver une solution. Les recherches que nous avons faites quelques mois auparavant n'ont rien données, et après cette nouvelle disparition, il est temps de redoubler nos efforts... ::
Harry espérait de tout cœur qu'ils retrouvent Hagrid rapidement. Harry l'avait souvent considéré comme sa 'nounou' lorsqu'il avait été plus jeune, et l'homme avait été toujours très important pour lui. S'il s'avérait que les disparus étaient morts...
Il dirigea ses pensées vers la nouvelle conversation, les autres parlaient à présent de l'histoire qui avait fait le tour du village la semaine dernière : un des leurs avait été vu par un humain alors qu'il se transformait, et tous avaient craint que l'homme n'aille raconter ce qu'il avait vu. Non pas qu'ils craignaient que quiconque ne le prenne au sérieux, – cela aurait pu être un problème dans les temps anciens, ou chacun était prompt à croire la moindre bêtise. Non, le danger aurait plutôt été que la rumeur que des loup-garous se trouvaient dans le foret interdite ne se répande, même sous forme de blague, et qu'elle ne tombe dans l'oreille d'un chasseur. Néanmoins, il semblait que l'humain ait jugé bon de se taire. Un coup de chance : ils ne pouvaient prendre de tels risques à nouveau, et devait redoubler de prudence lorsqu'il s'agissait de se transformer.
Ils parlèrent ensuite de choses plus triviales et moins intéressantes aux oreilles de Harry qui ne pouvait s'empêcher de songer aux disparitions. Qui serait le suivant ? Sirius, Remus ? Ron, Hermione ? Lui-même ? Il aurait vraiment voulu aider le village, trouver le responsable, mais il n'y avait pas grand chose à faire. Ils n'avaient aucune piste d'ailleurs... Mais enfin, le fait qu'ils n'aient pas trouvé de cadavres justement, était peut-être bon signe. Il espérait juste qu'ils n'étaient pas morts...
Le conseil se termina environ une heure plus tard, et Harry comprit pourquoi Ron jugeait le conseil ennuyeux. Beaucoup de points concernant la vie du village avait été discutés, et bien qu'il en comprenait l'intérêt, il n'en restait pas moins qu'au bout d'une dizaine de minutes, Harry avait juste envie de partir avec ses amis pour courir dans la forêt. Finalement, avoir le droit d'assister au conseil n'était pas si excitant que ça, songea t-il.
Quand ils furent enfin libres, Harry demanda à Neville s'il voulait se joindre à eux, tandis que lui Ron et Hermione s'apprêtait à quitter l'endroit, mais celui-ci déclina l'offre, et ils finirent par partir tous trois, entamant sans plus tarder une course comme ils le faisaient toujours. Harry gagnait généralement, il était l'un des plus rapides de la meute à vrai dire, grâce à ses longues pattes et sa morphologie élancée.
Courir était son grand plaisir. Quand il commençait, il avait toujours l'impression de pouvoir continuer des jours durant sans jamais s'arrêter, tant l'adrénaline qui courrait dans ses veines lui donnait des ailes. Bien-sûr, les nuits de pleine lune, ces sensations s'en trouvaient décuplées : tout était toujours plus vif et plus fort sous l'influence de la pleine lune.
Quelques heures plus tard, ils s'arrêtèrent, à bout de souffle mais grisés, et il décidèrent de faire une petite pause. Un faible son parvint jusqu'à ses oreilles à l'ouïe extraordinairement fine, et Harry releva la tête. Dans le lointain, on pouvait entendre des loups hurler à l'unisson. Le son était si faible cependant que ces loups ne devaient pas être de leur meute, réalisa Harry. Ces loups se trouvaient de l'autre côté de la forêt, à leur opposé Il s'agissait probablement des Serdaigles.
Même si leurs relations avec les Serdaigles étaient excellentes, chacun restaient tout de même de son côté, les nuits de pleine lune. Ces nuits étaient, après tout, des nuits que chacun devait passer avec les siens.
Harry vit Hermione tourner la tête et tendre son museau noir vers son côté droit, comme si elle venait de sentir quelque chose. Harry huma à son tour l'air et perçut l'odeur qu'elle venait de détecter. Des galopements se firent entendre, se rapprochant d'eux à chaque secondes, et Harry reconnut enfin les loups qui venaient vers eux.
Quelques plus tard en effet, arriva un petit groupe de loups. Le groupuscule était mené par les jumeaux Weasley, flanqués de Seamus, Dean et Lee et suivit des filles : Ginny, Parvati Patil et Angelina Johnson.
Ils se saluèrent avec quelques aboiements de bienvenue, la queue battante, et sautant gaiement comme les jeunes loups qu'ils étaient.
::Alors, qu'a pensé notre nouvel adulte du si honorable et ennuyeux conseil ?:: Lui demanda George, avec une lueur amusée dans le regard.
::Un peu long c'est vrai...::Admit Harry, aussitôt coupé par Ron qui s'exclama :
::Ah je te l'avais bien dit, mais tu refusais de me croire !::
Harry fit mine de lui chiper une oreille entre ses crocs, son équivalent canin d'un coup de poing amusé sur l'épaule, et répliqua :
::Oui bon, mais admet que tout n'était pas sans intérêt... ::
Son esprit retourna sur la sombre affaire de disparition, le visage souriant de Hagrid passant l'espace d'une seconde dans sa tête. Il chassa les tristes pensées.
::Une course jusqu'à la rivière ?:: Proposa Seamus, son idée aussitôt accueillie de jappements enthousiastes. Il s'élancèrent, évitant facilement les arbres grâce à leur sens sur-développés , et tandis qu'Harry gagnait la tête du cortège, il ne put s'empêcher de pousser un long hurlement de bonheur, le museau vers la lune, aussitôt reprit par les autres.
Harry colla son dos contre les carreaux immaculés de la cabine de douche, massant son cuir chevelu de ses deux mains, et il poussa un soupir de bien-être. De la vapeur d'eau fumante sortait de la cabine, et il avait l'impression qu'il aurait pu rester des heures sous le jet d'eau brûlante. Il examina les ongles de sa main droite et entreprit de les nettoyer du mieux que possible.
La terre qui s'était coincée dans ses griffes lorsqu'il avait été sous sa forme de loup était restée sous les ongles quand il s'était re-métamorphosé – une vraie plaie à enlever.
Après une nuit passée à courir dans la forêt, prendre une bonne douche chaude était toujours un véritable délice, même si se débarrasser de la saleté qui lui collait à la peau pouvait parfois prendre un certain temps.
Finalement, il coupa l'eau et sortit de la cabine. Il se saisit d'une serviette propre qu'il enroula autour de la taille, puis dû essuyer un coin du miroir au dessus du lavabo avec sa main, tant celui-ci était embué. Le miroir finit enfin par lui renvoyer une version trouble de lui-même, la vapeur et l'humidité empêchant une image nette, et Harry tenta de dompter sa masse de cheveux noirs, qui semblait tout particulièrement encline à partir dans tous les sens après la douche.
Au bout d'une minute il abandonna et regagna finalement sa chambre pour enfiler son pyjama et fermer les rideaux, puisque la lumière filtrait déjà par la fenêtre. C'était le tout petit matin, le jour se levait doucement la lune venait de céder sa place au soleil et les avaient relâché de son emprise.
Évidemment, il était épuisé, ils l'étaient tous toujours après les nuits de pleine lune.
Il dormirait bien jusqu'à midi, songea t-il, sombrant déjà dans le sommeil avec un ultime soupir de bonheur alors qu'il se glissait entre les draps frais de son lit.
Lorsqu'il poussa la porte du pub Les Trois Balais, Harry constata immédiatement que l'endroit était particulièrement animé ce soir là. Les sièges étaient tous pris, certains allant même jusqu'à s'asseoir sur les tables, et les conversations allaient bon train, créant un sympathique vrombissement, ponctué parfois de rires et d'exclamations.
Il avait dormi jusqu'à tard, et ne s'était pas réveillé avant une heure de l'après-midi, puis était resté chez lui avec Remus afin d'aider celui-ci à désherber le potager et nettoyer la maison. Des tâches triviales mais nécessaires que Remus lui confiait régulièrement.
Il ne commençait son travail au Moonbeam un peu plus tard ce soir là, et à la suggestion de Ron, il avait décidé de rejoindre ses amis au Trois Balais, un pub typiquement anglais que dirigeait seule Mme Rosmerta, une lycan de la meute des Serdaigle. Les loup-garous des deux meutes s'y réunissaient souvent, l'endroit étant presque toujours ouvert et offrant à qui le voulait un bon moment de détente à l'aide d'un pinte de bière ou d'une partie de carte.
Le lieu était pratiquement uniquement fréquenté par les loup-garous, ceux qui étaient d'ici mais aussi les voyageurs qui étaient de passage, bien qu'il arrivait parfois que quelques humains y viennent par hasard, souvent des gens perdus qui voulaient trouver leur chemin. En effet, le pub se trouvait le long d'une route qui passait sur le côté Est de la forêt où il n'y avait que très peu de passage.
L'intérieur de pub était chaleureux, les murs palissés de pin et le feu de la cheminée de pierre donnant à l'endroit un aspect amical et ouvert, et Harry aimait s'y rendre de temps en temps.
Il jeta un coup d'œil circulaire, et salua quelques unes de ses connaissances, avaient qu'il ne repère ses amis près de la table de billard où ils avaient apparemment entamé une partie. Étaient là bien-sûr, Ron et Hermione, mais aussi les jumeaux, Neville, Sean, Seamus et Angelina, ainsi que quelques filles de la meute des Serdaigles : Luna Lovegood, Padma Patil et Fleur Delacour. Bref, ils étaient plutôt nombreux, plus que d'habitude en tout cas, et tous semblaient heureux à part Fleur qui avait l'air contrarié et jetait des regards sombres vers le bar.
Harry suivit son regard et constata que l'objet de son apparente colère n'était autre que Cho Chang, qui se trouvait à l'instant dans une intense conversation avec sa meilleure amie Marietta Edgecombe. Évidemment.
Harry poussa un soupir et leva les yeux au ciel. Fleur était vraiment incorrigible, malgré les mois qui passaient, elle ne semblait pas capable d'oublier son ancien petit-ami qui l'avait lâché après qu'il ne se soit trouvé enchaîné à Cho.
Le profond désarroi et la tristesse initiale de Fleur s'étaient rapidement transformés en une haine et un véritable mépris pour la jeune fille asiatique, s'étant finalement convaincue que Cho avait manipulé Cédric et profité de lui.
-Tiens, tu veux bien me tenir ça une seconde, Harry ? »Lui demanda Ron en lui tendant sa pinte de cidre. « C'est à mon tour de jouer. »
Ron étudia un moment le billard, prenant un faux air d'expert qui fit rire ses frères jumeaux qui commencèrent à se moquer de son faible talent pour le jeu, et Harry bu une gorgée du verre de son ami le regardant faire un coup qui se révéla particulièrement inefficace, entraînant de nombreux quolibets de la part de Seamus et des jumeaux.
Ron releva le menton, comme s'il n'avait que faire de leur moqueries, un sourire aux lèvres prouvant qu'il n'était pas réellement dérangé par leur blagues.
-Je vous prend quand vous voulez aux échecs, bande de primaires ! » Annonça t-il en tendant la queue de billard à Dean.
-Alors Harry, j'ai entendu dire que tu es adulte depuis, hier ? Félicitations. »
Harry avait reconnu la voix de Fleur qui s'était rapprochée de lui sans qu'il ne s'en rende compte.
-Oh heu, merci. »Répondit-il en se tournant vers elle.
Malgré ses congratulations, Fleur n'avait pas l'air très contente et ne souriait pas, son regard restant morose.
-Si tu t'enchaînes, veille à ne briser la vie de personne, d'accord ? »Poursuivit-elle d'un ton mélodramatique, poussant un long soupir à fendre l'âme.
Voyant enfin ou elle voulait en venir, Harry ne put s'empêcher de lever un sourcil agacé. Fleur était vraiment obsédée par ce qui lui était arrivé. Il comprenait, et était triste pour elle, mais franchement au bout de presque un an à écouter ses lamentations, ressentir de la compassion devenait de plus en plus difficile la jeune fille ramenait toujours les conversations au 'pauvre-Cedric-qui-se-faisait-contrôler', ou bien a cette 'manipulatrice-et-garce-de-Cho-Chang', ou bien à quoi que ce soit qui se rapprocha du fait qu'elle s'était soit disant fait volé son ex petit-ami.
-Oui, bien je pense que je le saurais déjà maintenant si je m'étais enchaîné » Trancha Harry. « Tu m'excuses, je vais voir mon parrain. » Dit-il en apercevant soudain Sirius qui était attablé non loin, afin de se trouver une excuse, mais aussi parce qu'il n'avait réellement pas vu l'homme de la journée, celui-ci étant déjà parti au garage lorsqu'il s'était réveillé.
Il s'éloigna prestement de la belle blonde qui parut un peu déçue, et s'approcha de Sirius qui releva les yeux à son approche.
-Harry, comment ça va ? Tu as passé une bonne nuit, hier ? » Demanda t-il avec un de ces sourires dont il avait le secret.
Il faisait bien évidemment référence à la dernière nuit de pleine lune, et non au repos qu'il avait pris ce jour là.
-Oui, super, et toi? Comment ça a été au garage aujourd'hui ? Je voulais passer te filer un coup de main, mais Remus m'a gardé en otage pour désherber le potager... »
-Ça ne m'étonne pas » Rit doucement l'homme aux cheveux noirs. « Comment ça se fait que tu n'es pas au Moonbeam ce soir ? Je pensais que tu travaillais le vendredi ? » Lui demanda t-il en lui faisant signe de s'asseoir avec lui.
Harry obtempéra et s'assit à la table en répondant :
-Oui, mais je ne commence pas avant tard, ce soir. Je compte partir dans une heure... »
-Ça te plaît toujours ? Ce travail, je veux dire. Si tu n'aimes pas y aller, ne te sens pas obligé. Tu sais que tu peux toujours travailler au garage avec moi, ou bien même trouver autre chose... » Lui demanda Sirius en l'étudiant.
Les loup-garous qui travaillaient ainsi en ville étaient plutôt rares, et ceux qui occupaient des postes les obligeant à passer du temps mêlés aux humains étaient encore plus rares, les loup-garous fuyant généralement les foules.
-Non, ce n'est pas si mal... » Répondit Harry en haussant les épaules. « Je n'y resterais pas toute ma vie, mais c'est intéressant, je rencontre pas mal de monde et les gens qui fréquentent cette boîte sont plutôt corrects. Enfin, corrects pour Poudlard je veux dire... » Ajouta Harry avec un sourire en coin.
-Tant mieux. » Fit Sirius avec un sourire, portant son verre à ses lèvres.
-Il y a juste cet imbécile de vampire qui vient de temps en temps... Il me tape sur le nerf, une véritable plaie. » Fit Harry d'un air pensif, l'image de Draco lui apparaissant soudainement.
-Un vampire ? Répéta Sirius en reposant son verra sur la table, une expression sérieuse se peignant sur son visage. « Ne laisse aucun vampire t'ennuyer, Harry. Cette vermine est juste assez bonne pour nous craindre. Si tu as le moindre soucis avec l'un de ces parasites, n'oublie pas que tu as toute la meute avec toi... »
Harry eut un sourire. Oh oui, ça il le savait. Et les vampires savaient cela aussi. S'en prendre à un loup-garou, c'était s'en prendre à toute sa meute.
-Ne t'en fais pas, je n'ai jamais eu le moindre problème... pour qui tu me prends ? » Le rassura t-il avec un petit rire.
Sirius allait ajouter quelque chose d'autre, mais il fut soudain interrompu par la voix de Ron qui appelait Harry depuis le billard.
-Harry ! On fait une nouvelle partie, tu joues ? »
-Ok ! » S'écria t-il en se levant, coupant court a leur conversation. « Bon, à toute à l'heure Sirius. »
Celui-ci lui répondit avec un signe de la main, haussant les épaules et apportant à nouveau son verre à ses lèvres.
-Quoi, Harry, tu comptes faire équipe avec Ron ? »S'exclama George en tapant l'épaule de Harry qui les avaient rejoins. « Préparez vous à mordre la poussière! » Fit-il en riant.
-Défi relevé ! » répliqua Harry et tapant la main de Ron en signe de victoire.
Il avait bien le temps d'une ou deux partie avant de partir au Moonbeam, après tout.
La soirée se déroulait comme une autre nuit parmi tant d'autres, Harry servait les clients, nettoyait, souriait aux filles qui gloussaient en commandant à boire rien qui ne sortait de l'ordinaire. C'était vendredi soir, et la boîte était bien remplie comme tous les week-ends.
Rien n'aurait pu laisser entendre que cette nuit serait au contraire pour Harry d'un de ces moments que l'on oublie jamais.
Les clients se pressaient au bar, et il n'avait pas une minute à lui, il devait se dépêcher de servir les gens qui s'agglutinaient sur sa partie désignée du comptoir et c'était un travail épuisant : prendre et remplir les commandes, encaisser, rendre la monnaie, il fallait qu'il soit partout à la fois pour que les clients pressés de retourner sur la piste soient satisfaits. Les vendredi soirs étaient souvent les plus fatiguant, et bien qu'il ne fut que deux heures du matin, Harry avait déjà hâte de retrouver son lit pour une bonne nuit de sommeil.
Il était tellement obnubilé par son travail, qu'il faillit briser le verre qu'il tenait à la main quand ses doigts se crispèrent subitement, comme mû de leur volonté propre, alors qu'une étrange sensation le prit. C'était comme s'il venait de recevoir un intense choc électrique dans tous ses membres, un choc électrique qui au lieu de le paralyser l'aurait rendu en fait plus vivant. Subitement, ses sens se décuplèrent et une odeur qu'il n'avait jamais senti le força à tourner la tête.
C'était bien plus qu'une odeur, c'était une attraction totalement impossible à ignorer, il devait trouver la source de cette incroyable odeur. Le parfum l'attirait tel un insecte hypnotisé par la lumière. Il aurait été bien en peine de décrire ce que lui seul était capable de sentir en cet instant car cette odeur ne s'apparentait pas à quelque chose de physique dans ce monde, c'était bien plus abstrait que cela mais le parfum était si puissant et si bon que toute autre pensée l'avait momentanément quitté et plus rien d'autre ne semblait aussi important que de savoir d'où provenait cette douce émanation qui appelait son être comme le chant envoûteur d'une sirène.
Les têtes des clients collés au comptoir lui coupaient la vue et il ne pouvait voir par delà ce mur humain qui le séparait de l'odeur.
Heureusement, le parfum se faisait plus vif, plus proche, encore plus intense si c'était possible, et c'était la chose la plus magnifique au monde pensa Harry. Par la lune, il aurait pu tuer pour ce parfum et aurait pleuré de désespoir s'il avait disparu.
Il s'était figé, le verre toujours dans sa main aux jointures blanchies par le tsunami d'émotions qui se déferlait en lui, comme un ouragan ravageur.
Un instant plus tard, ses yeux se posèrent enfin sur l'origine de cette fragrance qui semblait s'approcher de lui : un jeune homme à la peau pâle comme de la porcelaine, des cheveux blonds qui tombaient sur son front en mèches soyeuses, un air désinvolte et arrogant et un regard aux reflets métalliques pour parader son insolence.
-Salut, Harry... » Fit Draco Malfoy d'une voix traînante, ses lèvres retroussées en un petit sourire sardonique.
Et soudain, les pièces du puzzle s'emboîtèrent et Harry comprit. Il était enchaîné à Draco Malefoy.
Le verre dans sa main éclata.
À suivre...
