Résumé : Alors que les Gardiens combattaient Pitch, une ombre grandissaient en silence. Et quand enfin le calme revint, elle frappa les Gardiens en traître, plongeant la Terre dans le froid et le chaos, le bouleversant de fond en comble. Coupé de ses compagnons et accompagné d'une rescapée, Bunnymund va devoir trouver une aide qui ne vient pas de son Monde pour pouvoir le sauver.
Ma bêta m'a fait la remarque que le résumé ne contenait pas le quart de ce qui allait se passer. C'est vrai. J'aurais aimé étoffer un peu, mais il y a une limite de caractères. Alors je rajouterais simplement au résumé la mention « À leurs risques et périls. »
Concernant les couples, je ne me prononcerai pas tout de suite. Bien sûr, il y en aura ! Mais les sentiments sont tellement compliqués, torturés dans un monde où tout va de travers, alors sachez que ça ne sera pas un amour mielleux oh-je-t'aimerai-pour-l'éternité. Ni un coup de foudre. Les sentiments se construisent, changent, se manipulent… Ils ont plusieurs teintes, plusieurs façons d'être éprouvés et repoussés…
Ai-je dit que cette histoire est née pendant mes périodes de révision pour les partiels de janvier ? Traduction : rating T, jeunes gens, voire M pour certains chapitres, je pense. De la torture physique et mentale, du Angst… J'ai le cœur bien accroché, alors ce sera à ma bêta de juger. Aucun personnage ne sera à l'abri. Mais ça démarrera tout doucement, promis.
Disclamer : les personnages des Cinq Légendes ne m'appartiennent pas, bien évidemment, et sont à W. Joyce et DreamWorks. Ils sont juste un peu masos sur les bords – et ils en redemandent. Etant en avance dans la première écriture, je peux vous annoncer que un ou deux personnages des nouvelles Guardians of childhood de William Joyce se sont invités (ce qui n'était pas prévu à la base…). Les autres sont à moi, sauf un (ou deux) qui sont à ma sœur de cœur. Plus de précisions dans le chapitre 2, pour ne pas vendre la mèche trop tôt…
Après cette intro, voici la lecture !
Extrait 1. Les Chemins entre-croisés.
Un calme paisible régnait au sein du Warren, un calme comme il n'en existait sûrement plus à la surface de la Terre. Les yeux fermés, E. Aster Bunnymund cherchait un son, un son très particulier qu'il n'avait plus eu le loisir d'entendre depuis… si longtemps… De mémoire de Pooka, il ne l'avait entendu qu'une seule fois, et cette seule fois était lors de son enfance. Autrement dit, cela ne datait pas d'hier.
Il savait voyager dans le Temps. Il pouvait se rendre d'un bout à l'autre de la planète en l'espace de quelques instants. Mais voyager entre divers Mondes, ça, c'était un poil plus compliqué. Même pour lui.
Ses oreilles tressaillaient au moindre bruit. Le souffle du vent qui agitait doucement les branches des arbres. Les petits pas des œufs qui se promenaient ça et là, et ceux, plus lourds, des sentinelles de pierre qui montaient la garde. Puis son ouïe s'affina encore. Presque à l'autre bout du Warren, il pouvait percevoir le bruit de pas lents, de pas humains. Un humain qui réfléchissait. Enfin, il put distinguer les battements d'ailes des papillons, le léger son des feuilles qui touchaient délicatement le sol.
Et ce fut à ce moment là qu'il l'entendit.
Une vibration infime, celle d'un fil d'Ariane que l'on pince pour espérer voir où il mène, pour voir si la distance à parcourir est encore longue. Un fil, un unique fil, une promesse presque inespérée. Bunny se concentra encore, tendant les oreilles pour retenir chaque nuance du son. Cette vibration, il devrait la reconnaître parmi des milliards. C'était le point de départ d'un pari fou, mais un pari ô combien vital.
Un pari pour l'avenir de leur Monde.
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Camila toussa dans la manche de son manteau, enveloppée d'un nuage de fumée noire. Encore un crétin qui ne pensait pas à vidanger son moteur. Et ça n'aidait pas ses poumons à mieux fonctionner. Elle attendit qu'une trottinette à moteur passe pour traverser la rue et s'enfoncer dans un dédale de ruelles qu'elle connaissait par cœur.
Le ciel s'était assombri quand elle poussa la porte de chez elle. Le soir n'était pas encore très avancé, mais les fumées crachées par les usines et les engins en tout genre obscurcissaient le ciel. Et ce serait pire en été, lorsque la chaleur viendrait y mettre son grain de sel. Alors, l'air lui serait quasiment irrespirable sans machine pour l'aider.
La jeune femme ferma la porte d'entrée derrière elle et appuya sur deux interrupteurs. Le premier alluma la lumière, le second mit en route une pompe qui assainissait l'air de son appartement. Elle remerciait silencieusement le propriétaire du théâtre où elle travaillait pour avoir installé des appareils semblables dans les locaux.
Camila se débarrassa de ses affaires et s'avança jusqu'à la cuisine. Immédiatement, elle remarqua un objet posé bien en évidence sur la table : un œuf. Un œuf coloré. Se pourrait-il que… ?
Ses yeux noisette cherchèrent le calendrier, par réflexe. Elle fronça les sourcils. Non, la date n'était pas entourée… Alors… Alors ce n'était pas Luis.
Luis était le frère aîné de Camila de deux ans. Quand elle était plus jeune et que ses problèmes de poumons étaient plus graves, il s'était démené comme un diable pour trouver des solutions pour pouvoir la soigner, pour lui faciliter la vie. Elle se souvenait de ces journées où elle était coincée dans son lit, raccordée à une machine pour lui permettre de respirer. C'était pendant ces années-là qu'elle avait développé un talent particulier pour le dessin.
Tous lui disaient que ses dessins étaient magnifiques. Certains ajoutaient qu'ils avaient l'impression qu'ils étaient vivants. Plus vrais que nature, du moins la nature qui avait existé bien avant qu'elle ne vienne au monde. Car dans leur Monde de machines, un Monde industrialisé, elle n'avait encore jamais vu l'ombre d'une forêt. Sauf dans des livres aux couleurs fanées. Sauf en rêves.
Elle dessinait, et elle rêvait. Et elle avait guéri grâce aux efforts obstinés de son frère, aidés de quelques amis. Mais son frère avait dû tremper dans quelques commerces peu légaux. Alors il s'était éloigné de la ville et revenait rarement. Pour ses anniversaires, toujours. Mais une fois par an n'est pas beaucoup, donc de temps à autre, il passait. Il avait un double des clefs et quand elle n'était pas chez elle, il laissait un petit quelque chose et entourait le jour sur le calendrier.
Mais la case n'était pas entourée et l'œuf n'était visiblement pas de la main de Luis.
Camila le prit délicatement et le leva à la hauteur de son regard. Elle devait l'admettre, il était magnifique. Les motifs peints avec soin étaient incrustés de détails, de symboles qu'elle ne connaissait pas. Ce qui acheva de la convaincre que ce n'était pas Luis qui l'avait déposé ici. Les œufs, il en faisait des omelettes, il n'aurait jamais la patience de les peindre avec tant de minutie. Personne qu'elle connaissait, d'ailleurs, pas même ses collègues de travail qui confectionnaient les décors de théâtre. Ça l'intriguait. Et comment auraient-ils pu entrer chez elle, de toute manière ?
Prise d'une sueur froide, elle posa l'œuf et fouilla prudemment son appartement afin de vérifier qu'elle était bel et bien seule. Et une fois qu'elle en eut fait le tour, elle revint à la cuisine, l'œuf toujours sur la table.
- Comment est-ce que tu es arrivé là, toi ? demanda-t-elle en s'asseyant à la table.
Elle posa les bras sur la table et observa l'œuf. Qui sait, peut-être lui pousserait-il des jambes, qu'il sauterait au sol sans se casser et qu'il la mènerait au trou d'un terrier de lapin, comme dans le livre d'Alice ?
Mais non, il resta parfaitement immobile.
Camila soupira, souriant presque à sa propre imagination, et se leva. Elle mangea quelque chose et alla se coucher, non sans emporter l'œuf avec elle et un carnet à dessin. Un neuf, puisqu'elle avait fini le dernier la veille. Elle posa l'œuf sur sa table de nuit et esquissa quelques lapins en jaquette et montre à gousset à la patte, s'endormant sans s'en rendre compte sur une page.
Et sans se rendre compte à la lumière de la lampe que l'œuf émettait une faible lueur verte.
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Bunny la trouva enfin, perchée au point le plus haut du Warren. La nuit était tombée et elle s'était rapprochée du principal puits de lumière qui laissait passer le peu de clarté nocturne qui régnait à la surface. Cette nuit encore, la lune était cachée par les nuages, laissant le soin à certaines plantes phosphorescentes du Warren d'éclairer les environs.
Il s'approcha sans un bruit, l'entendant parler. A l'Homme de la Lune, peut-être, mais celui-ci était visiblement incapable de leur rendre la pareille. Lui seul savait, d'ailleurs, s'il entendait les paroles qu'ils leur adressaient.
Un soupir précéda un silence, Bunny prit ça comme une invitation. D'un bond, il s'approcha encore et finit par s'asseoir à côté d'elle.
- Ca y est ? demanda-t-elle après un instant de silence.
- On sera bientôt fixés.
Il leva lui-aussi les yeux vers le puits et les porta sur elle quand elle baissa le regard. Alors qu'elle était perdue dans ses pensées, Bunny l'observa en silence. Habituellement ramenés en arrière en catogan, elle avait lâché ses cheveux bruns qui dépassaient difficilement ses épaules. Ses yeux sombres étaient perdus dans le vague, mais il pouvait deviner qu'elle réfléchissait à ses froncements de sourcils et à la manière dont sa main gauche se serrait sur la poignée de l'épée qui ne la quittait que rarement.
- Va dormir, proposa-t-il enfin, je reste pour veiller un peu.
Elle redressa la tête et ils échangèrent un regard en signe de réconfort, mais aussi pour se signaler que maintenant, ils ne pouvaient plus reculer.
- Bonne nuit Bunny…
- Bonne nuit Anne.
Un prologue tout en douceur, profitez-en, il n'y en aura pas beaucoup !
Une review est toujours agréable~ !
A bientôt !
