Elle est assise à un bar
Sur un tabouret haut
Les hommes la regardent avec envie
Un pianiste les yeux fermés
Emplit la pièce particulaire de mélodies
Ses mains volent
Elle sourit à leur discrétion
Ils sont envoutés
Ils ne la courtisent pas
Son aura les effraie
o
Elle est puissante
Son arme de femme
Sa force magique
Attire et chasse
o
Elle aime jouer
Elle aime leurs hésitations
Elle se rapelle ce qu'il lui disait
Au creux de l'oreille
o
Elle l'attend
En draguant
Une habitude prise
Il y a bien longtemps
o
Une simple invitation
Pour qu'ils se revoient
C'est malsain
Ils s'en foutent
o
C'est eux
o
Et le voilà qu'il arrive
L'aristocrate
Blond platine
Espiègle et chic
o
Tout dans l'apparence
Magnifique
o
Les regards convergent à nouveau
Mais un regard méprisant
Et ils sont partis
o
Elle rit en elle
De sa répartie silencieuse
Le pianiste lui
Ne quitte pas sa transe pour
Cet ange démentiel
Avec ce sourire conquérant
L'ange éclipse tout
Même la femme splendide à son bras
o
Alors elle se félicite
De ne pas s'être laissée enjôler
Par ses belles paroles
o
D'avoir résisté au bleu acier de ses yeux
De lui avoir dit non
Non avec les yeux à sa demande muette
o
Mais il est beau et elle se souvient
De leurs étreintes
De leurs heures
A refaire le monde
o
A leurs baisers brûlants
A leurs baisers envoutants
A leurs baisers tendres
Et leurs baisers fougeux
o
Il la voit aussi
Elle et ses cheveux flamboyants
Qui l'ont tant électrisé
Autrefois
o
Ses yeux bleus océan et doux
Qu'il soupconne être le seul
A avoir vu aussi noir
o
A-t-elle aussi joué la comédie
Jusque ce soir
Jusque là
Sans l'autre
o
Il soupconne être le seul à avoir dû la soutenir
Plaquée contre le mur
Tout à ses baisers
Cachés
o
Il soupconne être le seul à l'avoir embrassée
De toutes ces façons qu'ils ont découvert ensemble
Aussi cruellement, dangereusement
Aussi tendrement, amoureusement
o
Il soupconne être le seul à ne pas lui avoir dit
Les trois mots qu'elle voulait entendre
Qu'elle savait
Le piano continue à déverser
Des notes qui portent leurs sentiments
Il voit son regard dépréciateur mais habitué
Il la voit lever un sourcil avec une classe qui lui découvre
Il voit ses lèvres s'étirer imperceptiblement
Il ne connait plus ce sourire
o
Cette mimique est nouvelle
Il se demande ce qu'elle lui dit
o
Il la voit elle et sa tenue si subtilement provoquante
Elle le fixe à présent et son sourire lui devient connu
Espiègle elle descent de son trône
Aucun regard ne se risque cette fois
o
A apprécier
La courbe de ses hanches
Le galbe de ses seins
La finesse de ses jambes
o
Elle approche en reine mais tel un félin
Sensuellement mais tout dans la réserve
Ses boucles flamboyantes portées par un vent imagé
Un vent en papier glacé
o
Le désir, la surprise et la révérence se disputent ses yeux à lui
Et tout en elle respire la luxure
Et la séduction
Mais si joliment que ce n'est pas vulgaire
o
C'est comme une tension qui passe entre eux
Comme une attente terminée
Un jeu abandonné
Ou bien recommencé ?
o
Ils se sont quitté alors qu'elle n'avait que 17 ans
Elle en a 23 et elle est captivante
Elle est magnifique et enchanteresse
o
Plus désirable encore que sortie de l'adolescence
Avec ses formes déjà si naturellement indescentes
Et son regard bleu se fixe dans le sien
o
Et il le soutient
Et ils ne se lâchent plus
Des souvenirs par vagues
Les enflamment
o
Ils brûlent
Leurs corps, leurs coeurs, leurs âmes
Tout vibre
C'est insoutenable
o
Ce bonheur
Cette passion
Cette douleur
o
Au premier qui craquera la défaite
A qui le gage ?
o
Mais la jeune femme à son bras
S'indigne de son manque d'attention
Et s'interpose dans ce duel visuel
Elle brise leur lien
o
Et colle sa bouche contre les siennes, à lui
Il est furieux, il la repousse
Il a perdu
o
La voleuse de sa fièrté part dignement
Vexée mais insipide
Mais c'est toujours lui qui décide quand et comment
Elle a brisé sa loi
o
Mais l'autre est radieuse
Elle est victorieuse dans ses yeux et son sourire moqueur
Et il se souvient qu'avec elle
C'est un guerre éternelle contre la norme
o
C'est un jeu libre
Mais ils sont ensemble en prison
Ils se tuent
C'est un jeu dangereux
o
Avec elle, il ne sait jamais
Elle en joue
C'est ainsi qu'elle l'attire
L'imprévu
o
Toujours
Il se rappelle quand elle l'embrasait, l'enflammait
Puis qu'elle le giflait
Et partait
o
Elle rivalisait avec son hégémonie
L'imitait et surenchérait
Le piment aux frontière de l'éclatement
Mais à jamais sans terme
o
Il se devait de la reconquérir
Constamment
Tantôt souris tantôt chat
Il étaient des charis
o
Et se chariaient indéfiniment
La chasse était leur quotidien
C'était leur jeu
Mais l'est-ce toujours ?
o
C'est un jeu à vie
C'est un jeu sans limite
C'est eux
Alors oui
o
Elle s'approche alors
Plus près
Avance son visage près du sien
Et dépose ses lèvres sur sa joue
o
Défiante
Provocante
Toujours
o
Mais quand elle lui sourit
Il reconnait
Un peu de sa Rose intime
o
Et il inspire son effluve
Toujours la rose
Et ses lèvres nues l'attirent encore autant
o
Et il la trouve magique
En un instant
Il comprend pourquoi Rose les voulait...
Ces mots
o
La jalousie incendie son sang
Et il semble électrifié tant la pression
Le parcourt, le détruit, le perd
Il se penche vers elle doucement
o
Et autre chose que du désir le fait vibrer
Les yeux dans les yeux
Il hésite, un peu
o
Car le jeu toujours
Entre eux
o
Il dépose à son tour
Avec la légèreté du papillon un baiser sur sa tempe
Puis plus bas
Là où ses frissons naissent
o
Il lui rend ses tortures
Qu'elle avait déjà tant expérimenté
Sur lui, dans leur jeunesse en bout de course
o
Son effluve l'étourdit toujours autant
Elle comble ce manque de lui
Et il lui les souffle
Ces trois mots
o
Après des cris
Des menaces
Des blessures jamais pansées
Il aura fallu six ans
o
Et Rose se fige
Peut-être est-ce trop tard
Peut-être est-ce passé
Leur moment
o
Il se détache d'elle
Une peur dans les yeux
Il cherche son regard
Et elle lève la tête
o
Et il voit sa peur à elle
Sa méfiance
Et son espoir qu'elle peine à masquer
o
Alors guidé par son viel intinct
Il cèle leurs lèvres
Et l'embrasse avec plus de tendresse
Peut-être que jamais
o
Une larme coule
Mais les yeux de Rose sont secs
Le prince a avoué
o
Elle se détache de lui
Observe à nouveau ses yeux
Et prononce un simple mot
Une syllable, trois voyelles
o
La réponse à une question posée bien des années auparavant
Quand il la prend dans ses bras et enfouit sa tête dans ses cheveux
Rose pleure
Et leurs corps s'emboitent toujours parfaitement
o
Jouent-ils encore ?
Review please !
