Auteur : Athey

Traductrice : Emiiliya

Disclaimer : Cette fanfiction est une traduction de Rebirth de Athey, qui m'a donné l'autorisation de traduire sa fic. Les personnages sont la propriété exclusive de l'auteur J.K Rowling.

Bonjour tout le monde, me voici avec une nouvelle traduction qui, j'espère, vous plaira ! Bonne lecture ! :)


Chapitre 1 –

Au milieu d'une terrible tempête d'hiver, le 31 Décembre 1926, une femme faible et chétive, enceinte, trébucha contre la porte de St. Ada's Children's Mission à Londres. Elle avait déjà commencé à accoucher, et les religieuses et les assistants de l'orphelinat l'aidèrent rapidement et appelèrent une sage-femme.

Elle n'était pas là depuis plus d'une heure lorsque le bébé naquit. Un garçon, avec un fin duvet de cheveux noirs, des yeux noirs, et des traits gracieux. C'était un magnifique bébé – un contraste frappant avec la femme qui l'avait mis au monde, que peu de gens déclarèrent être une beauté. La femme vécut juste assez longtemps pour indiquer aux sœurs de le nommer Tom, comme son père, et Elvis, comme son propre père à elle. Et qu'il devrait porter le nom de son père. Jedusor.

Tom Elvis Jedusor.

Elle mourut ensuite. Elle ne dit jamais son nom.

Ce fut quatre mois plus tard qu'un autre garçon fut apporté à St. Ada's Children's Mission. Ils estimèrent qu'il avait probablement le même âge que le jeune Tom. Il fut amené par le policier qui informa aux sœurs qu'il avait été retrouvé dans les bras d'une femme décédée dans un parc. La femme n'avait aucune identification sur elle, et était habillée bizarrement. La seule forme d'identification pour les deux était le nom brodé sur la couverture de l'enfant. Herakles.

C'était un drôle de nom. L'une des sœurs le reconnut comme provenant de la Mythologie Grecque, bien qu'elle ne connaisse pas réellement les détails du vieux mythe entourant le personnage. Juste qu'il était un des fils de Zeus.

Il n'avait aucun nom pour aller avec le premier, donc l'une des religieuses le nomma Herakles Jude, de St. Jude, le patron des saints désespérés. Herakles, étant un nom étrange, fut rapidement réduit à Heri par les sœurs.

La soirée où le jeune Heri fut amené à St. Ada's, il fut placé dans le même lit que Tom, puisqu'ils n'avaient aucune autre place. Ils étaient les deux plus jeunes, le prochain étant déjà âgé de deux ans et demi. Les trouvant serrés l'un contre l'autre, le nouvel arrivant resta à partager son lit avec Tom pendant deux mois avant qu'ils en achètent un nouveau. Et pourtant, il n'y avait pas d'urgence. Les deux semblaient parfaitement contents de partager un lit.

Tom avait toujours été un bébé un peu étrange. Toujours calme. Ne pleurant jamais. Heri était différent. Il était le plus petit des deux, mais semblait avoir deux fois plus d'énergie. Il était aussi le seul avec qui Tom semblait se plaire.

C'était au début de Juillet 1938, et Albus Dumbledore marchait d'un bon pas dans les rues de Londres vers un immeuble ancien, en pierre grise avec une haute clôture en fer forgé autour de lui. L'indication sur le portail indiquait St. Ada's Children's Mission, Londres, Angleterre.

La barbe et les longs cheveux auburn de Dumbledore se soulevèrent sous la brise. Il portait un costume plutôt flamboyant en velours prune et attirait les regards choqués et perplexes des gens dans la rue. Il fit son chemin jusqu'à la porte et toqua. Il fut accueilli par une jeune fille dont les yeux s'élargirent considérablement lorsqu'elle vit l'apparence du vieil homme.

« Bonjours, j'ai rendez-vous avec une certaine Mrs Cole qui est, je crois, la directrice de cet établissement. »

« Oh, » dit la fille qui semblait perplexe devant la tenue excentrique de Dumbledore. « Heu… un instant… MRS. COLE ! » cria-t-elle par-dessus son épaule.

Dumbledore entra dans le couloir miteux, mais impeccable et attendit avec un sourire calme sur son visage. Avant que la porte ne soit refermée, une femme décharnée, à l'air épuisé, s'approchait d'eux à petits pas. Elle avait un visage anguleux, et parlait derrière elle à une autre fille en tablier alors qu'elle se dirigeait vers Dumbledore.

« … apportez la teinture d'iode à Martha là-haut, Billy Stubbs a gratté ses croûtes et Eric Whalley suppure de partout, il y en a plein ses draps – la varicelle par-dessus le marché, » dit-elle sans s'adresser à personne en particulier, et puis son regard tomba alors sur Dumbledore et elle se figea sur place, l'ai aussi stupéfaite que si une girafe venait de franchir sa porte.

« Bonjour, » dit Dumbledore en tendant la main. Mrs Cole resta bouche bée.

« Je m'appelle Albus Dumbledore. Je vous ai envoyé une lettre pour solliciter un rendez-vous et vous m'avez très aimablement invité à venir aujourd'hui. »

Mrs Cole cilla. Estimant finalement que Dumbledore n'était pas une hallucination, elle répondit d'une voix faible. « Ah, oui, bien, bien, dans ce cas… venez avec moi. Oui, c'est ça. »

Elle conduisit Dumbledore dans une petite pièce, moitié salon moitié bureau. C'était aussi miteux que le hall, avec de vieux meubles dépareillés. Elle l'invita à s'assoir sur une chaise branlante et s'installa elle-même derrière une table encombrée, en le dévisageant avec appréhension.

« Comme je vous l'expliquais dans ma lettre, je suis venu vous parler de Tom Jedusor et Herakles Jude, et des dispositions à prendre pour leur avenir, » dit Dumbledore.

« Les deux ? Vous êtes de la famille ? » interrogea Mrs Cole.

« Non, je suis professeur, » dit Dumbledore. « Je voudrais proposer à Tom et Herakles une place dans mon école. »

« Et quelle est cette école ? »

« Elle s'appelle Poudlard, » répondit Dumbledore.

« Et comment se fait-il que vous vous intéressiez à ces deux ? »

« Nous pensons qu'ils possèdent certaines qualités que nous recherchons. »

« Vous voulez dire qu'ils ont obtenu une bourse ? Comment serait-ce possible ? Ils n'en ont jamais demandé. »

« Leurs noms figurent dans les registres de notre école depuis leur naissance… »

« Les deux ? Ils sont proches, mais je sais qu'ils ne sont pas apparentés. Ils sont tous les deux arrivés à différents moments. Il est difficile pour moi d'imaginer que ces deux garçons seraient tous les deux dans votre école. Qui les a inscrits ? Leurs parents ? »

Il est devenu évident que Mrs Cole était d'une vivacité d'esprit très malvenue. Dumbledore sortit subtilement sa baguette de la poche de son costume en velours et prit en même temps sur le bureau une feuille de papier parfaitement blanche.

« Tenez, » dit-il, il donna un petit coup de baguette et lui tendit le morceau de papier. « Je pense que ceci suffira à tout faire éclaircir. »

« Cela semble parfaitement en ordre, » dit-elle d'un ton placide en lui rendant la feuille. Ses yeux se posèrent alors sur une bouteille de gin et deux verres qui n'étaient pas là quelques secondes plus tôt.

« Heu… puis-je vous offrir un gin ? » proposa-t-elle d'une voix des plus raffinées.

« Merci beaucoup, » dit Dumbledore, ravi.

Il devint très évident que Mrs Cole n'était pas une novice en matière de gin. Après avoir versé dans chaque verre une dose généreuse, elle vida le sien d'un seul trait. Se léchant les lèvres sans retenue, elle sourit pour la première fois à Dumbledore qui n'hésita pas à pousser plus loin son avantage.

« Je me demandais si vous pourriez m'en dire plus sur l'histoire de Tom Jedusor et Herakles Jude. Comment sont-ils venus à votre charge ? Vous avez dit qu'ils étaient arrivés à différents moments ? »

« C'est vrai, » répondit Mrs Cole en se servant un autre verre de gin. « Tom est arrivé en premier. Je m'en souviens clairement, car je venais moi-même de débuter ici. C'était la veille du Nouvel An, il faisait un froid terrible et il neigeait. Une soirée abominable. Puis, une fille pas beaucoup plus âgée que moi monte les marches d'un pas vacillant. Oh, elle n'était pas la première. On s'est occupé d'elle et une heure plus tard, elle avait son bébé. Encore une heure et elle était morte. »

Mrs Cole eut un hochement de tête impressionnant et but à nouveau une longue gorgée de gin.

« A-t-elle dit quelque chose avant de mourir ? » demanda Dumbledore. « Quelque chose sur le père de l'enfant, par exemple ? »

« Maintenant que j'y pense, oui en effet, » répondit Mrs Cole qui semblait plutôt contente à présent, avec son verre de gin et un visiteur avide d'entendre ce qu'elle avait à raconter. « Je me souviens qu'elle m'a dit : "J'espère qu'il ressemblera à son papa", et pour parler franchement, elle avait raison d'espérer parce qu'elle-même n'était pas une beauté… ensuite, elle m'a dit qu'elle allait l'appeler Tom, comme son père, et Elvis comme son père à elle… oui, je sais, c'est un drôle de nom, n'est-ce pas ? On s'est demandé si elle ne travaillait pas dans un cirque… Et elle a dit aussi que le nom de famille de l'enfant était Jedusor. Et puis elle est morte un peu plus tard sans ajouter un mot. Alors, on a appelé l'enfant comme elle l'avait souhaité puisque ça semblait si important pour cette pauvre fille, mais aucun Tom, aucun Elvis, aucun Jedusor n'est jamais venu le voir, ni aucun membre de la famille. On l'a donc gardé à l'orphelinat et il y est toujours resté. »

Mrs Cole, presque machinalement, remplit à nouveau son verre d'une solide mesure de gin. « Heri est arrivé quelques mois plus tard. Le policer l'a amené ici. Il semblerait que sa mère soit morte dans un parc alors qu'elle le tenait dans ses bras. Quelqu'un a trouvé le bébé qui pleurait violemment dans les bras d'une femme morte. Et l'a apporté ici. Sa couverture portait le nom "Herakles", mais rien d'autre. La femme n'avait aucun papier, donc nous n'avions aucune idée de son nom de famille. Une des filles lui a donné le nom Jude. »

Elle avala une autre gorgée de gin alors qu'elle s'arrêtait. Deux taches roses étaient apparues en haut de ses pommettes. Puis elle reprit : « Ce sont de drôles de garçons. »

« Oui, » dit Dumbledore, « je m'y attendais un peu. »

« Comme larrons en foire, aussi. N'allant jamais nulle part sans l'autre. Mais les autres enfants ne veulent pas trop être avec eux… Ils sont… bizarres. »

« Bizarres dans quel sens ? » interrogea Dumbledore avec douceur.

« Eh bien, ils… »

Mais Mrs Cole s'interrompit et il n'y avait rien de flou ni de vague dans le regard inquisiteur qu'elle lui lança par-dessus son verre de gin.

« Ils sont définitivement inscrits dans votre école, dites-vous ? »

« Définitivement, » assura Dumbledore.

« Et rien de ce que je pourrais vous raconter n'y changera quoi que ce soit ? »

« Rien. »

« Vous les emmènerez avec vous quoiqu'il arrive ? »

« Quoi qu'il arrive, » répéta Dumbledore d'un ton grave.

Elle l'observa avec attention, semblant se demander si elle pouvait ou non avoir confiance en lui. Apparemment, elle estima qu'elle le pouvait, car elle dit soudain d'une voix précipitée : « Ils font peur aux enfants. »

« Vous voulez dire qu'ils les brutalisent ? » demanda Dumbledore.

« Je pense que oui, » répondit Mrs Cole, les sourcils légèrement froncés. « Mais il est très difficile de les prendre sur le fait. Il y a eu des incidents… des choses très désagréables… »

Dumbledore ne la pressa pas d'en dire davantage, mais il était clair qu'il était intéressé. Elle but une nouvelle gorgée de gin et ses joues roses prirent une teinte un peu plus foncée.

« Le lapin de Billy Stubbs… Tom a affirmé que ce n'était pas lui et je ne vois pas comment il aurait pu faire ça, mais quand même, il ne se serait pas pendu tout seul à une poutre du toit ? »

« Je ne pense pas, » répondit Dumbledore à voix basse.

« Comment s'y est-il pris pour monter là-haut, je n'en sais fichtre rien. Même avec l'aide d'Heri… et Heri lui a donné un alibi, mais nous savons tous que c'était faux. Tout ce que je sais, c'est que lui et Billy se sont disputés la veille. Tom a insisté qu'il s'est battu parce que Billy embêtait Heri. Et puis, (Mrs Cole but une gorgée de gin qu'elle renversa en partie sur son menton), en revenant de notre excursion d'été – une fois par an, on les emmène à la campagne ou au bord de la mer –, Amy Benson et Dennis Bishop n'ont plus jamais été les mêmes. Tout ce qu'on a pu tirer d'eux, c'est qu'ils sont allés dans une grotte avec Tom et Heri. Ils ont juré qu'ils y étaient simplement entrés pour voir, mais je suis sûre qu'il s'est passé quelque chose, là-dedans. Et il y a eu bien d'autres histoires, de drôles d'histoires… »

Elle leva à nouveau la tête vers Dumbledore et malgré la rougeur de ses joues, elle avait le regard assuré. « Je crois qu'il ne se trouvera pas beaucoup de gens pour les regretter. »

« Vous comprenez bien, je pense, que nous ne les garderons pas à l'école tout au long de l'année ? » dit Dumbledore. « Il faudra qu'ils reviennent ici au moins chaque été. »

« Ça vaut mieux que de prendre un coup de tisonnier sur le crâne, » répondit Mrs Cole avec un léger hoquet. Elle se leva et resta étonnamment stable, bien que la bouteille de gin soit au deux tiers vide. « J'imagine que vous avez envie de les voir ? »

« Oui, j'aimerais beaucoup, » assura Dumbledore en se levant à son tour.

Elle le fit sortir du bureau et le conduisit dans les étages, distribuant instructions et remontrances à ses aides et aux enfants qu'elle croisait.

« Voilà, c'est ici, » dit Mrs Cole, alors qu'ils s'arrêtaient au deuxième étage, devant la première porte d'un long couloir. Elle frappa deux fois et entra.

« Tom ? Heri ? Vous avez de la visite. Voici Mr Dumberton – pardon, Dunderbore. Il est venu vous dire… enfin, il vaut mieux qu'il vous explique ça lui-même. »

Dumbledore entra dans la pièce et il aperçut deux jeunes garçons. Le plus petit des deux était assis, les jambes croisées sur le sol avec un livre sur ses genoux et ses yeux s'écarquillèrent comiquement quand il vit l'apparence du vieil homme. L'autre, qui était assis au bord du lit, observa Dumbledore et plissa des yeux, suspicieux.

Mrs Cole ferma la porte et le groupe resta silencieux quelques instants. Les deux garçons se ressemblaient. Cheveux noirs, bien que celui qui était assis sur le lit les avait bien peignés en arrière proprement et avec style tandis que les cheveux du plus petit semblaient fous et luttaient contre les forces de la gravité.

Le garçon sur le sol commença rapidement à se mettre sur ses pieds, posant son livre sur le lit derrière lui, contre le mur.

« Comment allez-vous ? » dit Dumbledore, faisant un pas en avant et tendant une main.

Le petit garçon déjà debout lança brièvement un regard à celui toujours assis sur le lit, avant de se retourner vers l'homme excentrique et pris sa main avec hésitation et la serra.

« Es-tu Herakles ou Tom ? »

« Je suis Herakles, » dit lentement le garçon. Ses yeux se plissèrent doucement.

Tom hésita un instant avant de se lever et de prendre la main de Dumbledore qui lui était tendue de nouveau. Dumbledore tira une chaise de bois dur et s'assit, tout comme les deux garçons, à côté du lit que Tom occupait un moment avant.

« Je suis le professeur Dumbledore. »

« Professeur ? » répéta Tom, il paraissait méfiant. « C'est un peu comme docteur, non ? Qu'est-ce que vous êtes venu faire ici ? C'est elle qui vous a amené pour nous examiner ? »

Il montra du doigt la porte par laquelle Mrs Cole venait de sortir.

« Non, non, » répondit Dumbledore avec un sourire.

« Je ne vous crois pas, » répliqua Tom. « Elle veut qu'on nous examine, c'est ça ? Dites la vérité ! »

Il prononça ces trois derniers mots d'un ton claironnant qui avait presque quelque chose de choquant. C'était un ordre qu'il semblait avoir souvent donné auparavant.

Les yeux de Tom étaient écarquillés et il fixait Dumbledore qui ne réagit pas, continuant simplement de sourire aimablement. Quelques secondes plus tard, Tom cessa de l'observer, mais parut encore plus méfiant.

« Qui êtes-vous ? » demanda froidement Heri.

« Je vous l'ai dit. Je suis le professeur Dumbledore et je travaille dans une école qui s'appelle Poudlard. Je suis venu vous proposer une place dans cette école – votre nouvelle école si vous acceptez de venir. »

Tom eut une réaction des plus surprenantes. Il sauta de son lit et se plaça devant Heri dans une position de défense, séparant le petit garçon de Dumbledore, l'air furieux.

« N'essayez pas de me raconter des histoires ! L'asile, c'est de là que vous venez, n'est-ce pas ? Professeur, oui, bien sûr – eh bien, nous n'irons pas, c'est compris ? C'est cette vieille pie qui devrait y être, à l'asile. Nous n'avons jamais rien fait contre la petite Amy Benson ou Dennis Bishop, vous pouvez leur demander, ils vous le confirmeront ! »

« Je ne viens pas de l'asile, » dit Dumbledore avec patience. « Je suis un enseignant et si tu veux bien t'assoir calmement, je vous parlerai de Poudlard. Mais bien sûr, si tu préfères ne pas y aller, personne ne t'y forcera… »

« J'aimerais les voir essayer, » ricana Tom.

A ce moment, Heri mit sa main sur l'avant-bras de Tom et le poussa sur le côté. Tom le regarda et leurs yeux se connectèrent. Aucun ne dit un mot, mais c'était comme si une conversation silencieuse se passait entre eux puisque Tom eut un petit grognement et se rassit sur le lit à côté de Heri.

« Poudlard, » continua Dumbledore comme s'il n'y avait pas eu d'interruption, « est une école réservée à des élèves qui ont des dispositions particulières… »

« Je ne suis pas fou ! » coupa Tom.

« Je sais que tu n'es pas fou. Poudlard n'est pas une école pour les fous. C'est une école de magie. »

Il y eut un silence. Tom s'était figé, le visage sans expression, mais son regard se fixait alternativement sur chacun des yeux de Dumbledore, comme s'il essayait de déceler le mensonge dans l'un d'eux. Le visage de Heri semblait passer du choc de la réalisation à l'euphorie.

« De magie ? » répéta Heri dans un murmure.

« Exactement, » dit Dumbledore.

« C'est… c'est de la magie ce qu'on arrive à faire ? » demanda Tom.

« Qu'est-ce que vous arrivez à faire ? »

« Toutes sortes de choses, » répondit Tom dans un souffle. Sous le coup de l'excitation, une rougeur monta de son cou vers ses joues creuses, il paraissait fébrile. « Nous pouvons déplacer des objets sans les toucher. Heri a disparu du sol et apparu sur le toit, » il s'arrêta et regarda le plus petit qui hocher la tête pour confirmer. « Les animaux font ce que je veux sans que j'aie besoin de les dresser, » continua Tom, haletant. « Je peux attirer des ennuis aux gens qui me déplaisent. Aux gens qui essaient de blesser Heri. Leur faire du mal, si j'en ai envie. »

Les mains de Tom tremblaient maintenant et il baissa la tête, les observant pendant un instant avant de les serrer entre ses genoux. « Je savais que j'étais différent, » murmura-t-il, les yeux fixés sur ses doigts frémissants. « Je savais que nous étions exceptionnels. J'ai toujours su qu'il y avait quelque chose. »

« Eh bien, tu avais raison, » dit Dumbledore qui ne souriait plus, mais observait intensément Tom. « Vous êtes des sorciers. »

Tom releva la tête. Son visage était transfiguré : on y lisait un bonheur effréné, ses traits finement dessinés semblaient à présent plus grossiers, son expression presque bestiale. Il tourna la tête et regarda Heri à côté de lui, qui était émerveillé. Leurs yeux se rencontrèrent et un sourire sauvage apparut sur le visage de Heri.

« Vous êtes aussi un sorcier ? » demanda Heri, se tournant vers Dumbledore.

« Oui. »

« Prouvez-le, » exigea Tom, du même ton impérieux que lorsqu'il avait lancé : « Dites la vérité ».

Dumbledore haussa les sourcils. « Si, comme je le crois, vous acceptez votre place à Poudlard… »

« Bien sûr que nous acceptons ! » cria Tom.

« Alors vous devrez m'appeler "professeur", ou "monsieur". »

Le visage de Tom se durcit très furtivement puis d'une voix polie qu'on ne reconnaissait pas, il répondit : « Je suis désolé, monsieur. S'il vous plaît, professeur, pourriez-vous me montrer… »

Heri regarda du coin de l'œil Tom et sourit légèrement avant de le masquer de son visage et donner un sourire tout aussi poli au professeur.

Dumbledore sortit sa baguette d'une poche intérieure de sa veste, la pointa vers l'armoire minable qui se trouvait dans un coin et donna une petite secousse d'un geste désinvolte.

L'armoire prit feu.

Tom et Heri se relevèrent d'un bond, hurlant en état de choc et de rage. Mais au moment où Tom se ruait sur Dumbledore, les flammes s'évanouirent, laissant l'armoire intacte.

Tom regarda successivement l'armoire puis Dumbledore, ensuite, avec une expression avide, il montra alors la baguette magique. « Où peut-on en avoir une comme ça ? » Les yeux de Heri étaient aussi fixés sur le petit bâton de bois de Dumbledore, bien que son expression fût moins cupide et plus ébahie.

« On verra en temps utile, » répondit Dumbledore. « Je crois que quelque chose essaye de sortir de votre armoire. »

En effet, un faible grattement s'en échappait. Pour la première fois, Tom parut effrayé. Dumbledore étudia les yeux de Heri s'élargir d'horreur et déglutir difficilement, regardant Tom avec une expression inquiète sur son visage.

« Ouvrez la porte, » dit Dumbledore.

Tom hésita puis il traversa la pièce et ouvrit brusquement la porte de l'armoire. Sur la plus haute étagère, au-dessus d'une tringle à laquelle étaient suspendus des vêtements usés jusqu'à la corde, une petite boîte en carton tremblait et bruissait comme si des souris enfermées à l'intérieur essayaient frénétiquement de s'en échapper.

« Sors-la de l'armoire, » dit Dumbledore.

Tom prit la boîte qui continua de trembloter. Il avait l'ai énervé.

« Y a-t-il dans cette boîte des choses qui ne devaient pas être en votre possession ? » demanda Dumbledore.

Tom lui lança un long regard, clair et calculateur.

« Oui, c'est possible, monsieur, » dit-il enfin d'une voix neutre.

« Ouvre-la, » ordonna Dumbledore.

Tom ôta le couvercle et vida sur son lit le contenu de la boîte sans même y jeter un coup d'œil. Dès qu'ils furent libérés de la boîte, les objets cessèrent de trembler et restèrent parfaitement immobiles sur les couvertures.

« Vous les rendrez à leurs propriétaires avec vos excuses, » dit Dumbledore d'une voix calme en rangeant sa baguette dans la poche de sa veste. « Je saurais si vous l'avez fait ou pas. Et vous devez être prévenu : le vol n'est pas toléré à Poudlard. »

Tom ne parut pas gêné le moins du monde, il continuait d'évaluer Dumbledore d'un regard froid. Enfin, il dit d'une voix sans timbre : « Oui, monsieur. »

Dumbledore tourna son regard sur Heri, dans l'expectative. Le petit garçon déglutit de nouveau et hocha la tête. « Oui, monsieur. »

« A Poudlard, » poursuivit Dumbledore, « on apprend non seulement à se servir de la magie, mais à la contrôler. Vous avez – par inadvertance, j'en suis sûr – fait usage de vos pouvoirs d'une manière qui n'est ni enseignée, ni acceptée dans notre école. Vous n'êtes pas les premiers, et vous ne serez pas les derniers, à vous laisser emporter par vos dons de sorciers. Mais vous devez savoir que Poudlard peut très bien exclure des élèves et que le ministère de la Magie – oui, il existe un ministère – punit encore plus sévèrement ceux qui violent la loi. Tous les nouveaux sorciers doivent accepter, lorsqu'ils entrent dans notre monde, de se soumettre à ces lois. »

« Oui, monsieur, » répétèrent Tom et Heri simultanément.

Il était impossible de deviner ce que Tom pensait. Son visage resta dénué d'expression pendant qu'il remettait dans la boîte leur petit butin d'objets volés. Quand il eut terminé, il se tourna vers Dumbledore et dit sans détour : « Nous n'avons pas d'argent. »

« On peut aisément y remédier, » assura Dumbledore, en sortant de sa poche une bourse de cuir. « Il y a un fonds à Poudlard destiné à ceux qui ont besoin d'assistance pour se procurer des livres et des robes de sorciers. Vous devrez sans doute acheter certains de vos grimoires d'occasion, mais… »

« Où achète-t-on des grimoires ? » interrompit Tom qui avait pris la bourse bien garnie sans remercier Dumbledore et examinait à présent un gros Gallion d'or. Dumbledore tendit l'autre à Heri qui l'ouvrit rapidement et plaça deux pièces, un Gallion et une Mornille, sur sa paume, étudiant les différences.

« Sur le Chemin de Traverse, » répondit Dumbledore. « J'ai sur moi la liste de vos livres et de vos fournitures scolaires. Je peux vous aider à trouver tout ce qu'il vous faut… »

« Vous allez venir avec nous ? » demanda Tom en levant les yeux.

« Certainement, si vous… »

« Nous n'avons pas besoin de vous, » coupa Tom. « Nous avons l'habitude de faire les choses par nous-mêmes. Nous nous promenons dans Londres tout le temps. Comment s'y prend-on pour aller sur ce Chemin de Traverse… monsieur ? » ajouta-t-il en croisant le regard de Dumbledore.

Dumbledore remit l'enveloppe qui contenait la liste à Tom et Heri, et après leur avoir expliqué exactement comment se rendre au Chaudron Baveur depuis l'orphelinat, il précisa : « Vous verrez alors que les Moldus autour de vous – les gens qui n'ont pas de pouvoirs magiques – ne remarqueront rien du tout. Vous demanderez à Tom le barman – c'est facile à retenir, il a le même prénom que toi. »

Tom eut un mouvement d'impatience comme s'il essayait de chasser une mouche qui l'énervait.

« Tu n'aimes pas le prénom Tom ? »

« Il y a beaucoup de Tom, » marmonna Tom. Puis, incapable de réprimer l'envie de poser la question, comme si elle surgissait malgré lui, il demanda : « Est-ce que mon père était un sorcier ? On m'a dit que lui aussi s'appelait Tom Jedusor. »

« J'ai bien peur de ne pas le savoir, » répondit Dumbledore d'une voix douce.

« Ma mère n'avait sûrement pas de pouvoirs magiques, sinon elle ne serait pas morte, » dit Tom, plus à lui-même qu'à Dumbledore. « C'est sans doute lui, le sorcier. »

« Et une fois qu'on aura acheté nos affaires, quand est-ce que nous irons à Poudlard ? » demanda Heri, retirant l'attention aux murmures de Tom.

« Tous les détails sont indiqués sur le deuxième parchemin de vos enveloppes, » dit Dumbledore. « Vous partirez de la gare de King' s Cross le 1er septembre. Il y a aussi un billet de train. »

Heri hocha la tête et l'attention de Tom se retira de ses réflexions dans lesquelles il était. Dumbledore se leva et tendit de nouveau la main.

En la serrant, Tom dit : « Je sais parler aux serpents. Je m'en suis aperçu quand nous sommes allés en excursion à la campagne… ils viennent me voir et murmurent des choses. Mais Heri ne peut pas. C'est normal pour un sorcier ? »

« C'est inhabituel, » répondit Dumbledore après un moment d'hésitation, « mais ça s'est déjà vu. »

Il avait parlé d'un ton dégagé, mais ses yeux détaillaient le visage de Tom d'une étrange manière. L'homme et le jeune homme restèrent un moment face à face, se regardant fixement. Puis leurs mains se séparèrent et Dumbledore la tendit vers Heri. Ce fut un échange plus bref, bien que le jeune Heri examinait clairement le sorcier avec des yeux suspicieux et rétrécis. Finalement, ils se séparèrent, et Dumbledore s'avança vers la porte.

« Au revoir Tom, Herakles. Je vous verrai à Poudlard. »


N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ! :)