Un arrière goût de souffrance
/!\ Warning! Spoil Civil War!
Assise sur une chaise à bascule dans un grand salon exotique en bois sombre, je tentais difficilement de faire manger Frigg. Ma fille était née seize mois après James, juste après l'incident du Winter Soldier. Une fois encore, Steve n'avait pas été là. Mais je n'avais pas accouchée seule. Loki avait été à mes côtés, jouant à merveille le rôle de la sage-femme.
La douleur avait été si intense que je m'étais transformée en Jotün au beau milieu du travail. Loki avait été adorable. Il avait ramené de la glace, avait refroidit mon corps, m'avait encouragé même quand sous la douleur je l'avait insulté.
Quand il avait posé ma petite fille sur mon ventre, j'avais pleuré et je l'avais profondément remercié. Il avait sourit et m'avait ébouriffé les cheveux. Sa joie s'était agrandit quand il avait su quel nom je souhaitais donner à ma fille.
Frigg était on ne peut plus normale. De petites mèches brunes bouclaient sur son crâne fragile, ses beaux yeux bleus observaient le monde avec méfiance et ses sourires étaient rares mais merveilleux.
Elle avait une apparence humaine mais son caractère tenait plus du Jotün. Le parfait opposé de son grand frère.
Elle était née le douze Septembre, le jour où le SHIELD est tombé aux mains de Hydra. C'était une drôle de coïncidence, mais c'était ainsi.
Quand Steve est rentré, fatigué de son combat et accablé de chagrin par les retrouvailles avec Barnes, il m'a trouvée dans le salon, assise à côté de Loki, berçant doucement ma petite fille endormie, James jouant innocemment sur le tapis. Il est tombé à genoux, en larmes.
J'avais laissé Frigg avec Loki et avais pris mon mari dans mes bras. Je l'avais laissé sangloter de longues minutes, frottant son dos et embrassant ses cheveux. Je lui avais murmuré: "Tout va bien Steve... Tout va bien maintenant.
-Je l'ai retrouvé, Nihal... Mais il ne m'a pas reconnu... Et maintenant je suis papa à nouveau...
-Je suis sûre qu'il serait heureux pour toi, mon amour. Quand il sera à nouveau lui même nous pourrons lui présenter James et Frigg.
-Oui, tu as raison..."
Je l'avais longuement embrassé, essuyant ses larmes patiemment. Il avait fini par se calmer, m'avait sourit et était allé porter sa fille, remerciant mon frère au passage.
Voir ce grand soldat blond bodybuildé, couvert de sang et de poussière, porter délicatement notre petite crevette brune endormie était un spectacle extrêmement adorable.
Je m'étais glissée à ses côtés, embrassant tendrement sa joue. Loki en avait profité pour prendre une photo de famille sur le vif. Elle était désormais en deux exemplaires, chacune dans notre portefeuille ou dans la poche intérieure de notre veste.
James avait trois ans et quatre mois maintenant. Il avait plutôt bien vécu l'absence de son père durant les événements de la chute du SHIELD, même si la figure paternelle lui avait manquée. C'était durant cette période que j'avais compris pourquoi Steve avait donné ce nom à notre fils. J'avais été parfaitement d'accord avec lui, c'était un très bel hommage à son ami disparu.
Entre temps nous avons vécu plutôt sereinement. La période Ultron a été dure à encaisser pour tout le monde mais on s'en est bien sortit.
Stark avec plus de séquelles que les autres, mais nous ne nous en étions pas encore rendu compte. Nous n'avions pas remarqués, trop occupés à savourer le calme et la victoire, la faille qui se créait en Tony. Et cette faille est devenue un ravin sans que nous ayons pu y faire quelque chose. Il était rongé de culpabilité et quand l'heure de la Civil War sonna, son camp était déjà choisit.
Je n'y avais que peu participé, les Avengers n'ayant pas souhaité mettre en danger une femme avec ses enfants. Mais la chute du SHIELD avait lâché tous les dossiers sur Internet, y comprit le mien. Stupide Fury.
Le monde entier était au courant que j'étais le réceptacle du Tesseract et que j'étais Jotün. Les États du traité criaient au danger, m'invectivant de mensonges blessants. Ils arguaient que j'étais un monstre, que je devais être contrôlée ou être mise en cage, comme mes enfants.
Je n'avais évidemment pas supporté cela. J'avais immédiatement confié James et Frigg à Loki qui les a amenés à Asgard, en sécurité. Les Avengers n'ont pas posé de questions sur la survie de Loki, ils étaient trop occupés à préparer la guerre.
Je ne savais pas pourquoi ils y mettaient autant d'ardeur, mais moi j'avais mes raisons: je devais protéger mes enfants. Mon instinct Jotün reprenait le dessus, me rendant folle de rage à l'idée que de sales chefs d'État puissent poser leurs pattes sur mes enfants pour les mettre en prison, les étudier, ou pire, en faire des armes.
Avant le déclenchement des hostilités j'avais envoyé une lettre à Tony. Je lui disais que je comprenait ses raisons, je lui expliquais les miennes, je lui disais qu'il n'avait pas à culpabiliser pour ses armes, et j'avais conclu par "Que le meilleur gagne".
Je ne sais pas s'il l'a reçue. J'espère que oui. Même si cela n'aurait pas changé grand chose.
J'ai participé au combat de l'aéroport. Je maîtrisais mieux mes pouvoirs, j'ai pu mettre Vision hors d'état de nuire. Mais quand j'ai vu War Machine -pardon, James- tomber en chute libre j'ai compris qu'il ne s'en sortirait pas indemne. J'ai exposé mon dos au camp ennemi qui avait été un jour mes amis et j'avais utilisé ma glace pour ralentir la chute de l'homme de fer, assez pour que Tony le rattrape.
Il m'avait lancé un regard impénétrable, je ne savais quoi en penser. Je n'ai pu lui demander, car Natasha m'avait asséné un coup de couteau entre les omoplates. Je m'étais évanouie de douleur et de fatigue.
Je m'étais réveillée dans une cellule. Je ne pouvais voir à cause d'un bandeau sur mon visage, je ne pouvais bouger à cause d'une camisole de force. Ils me prenaient réellement pour un danger alors que c'étaient eux qui me menaçaient.
Clint était aussi dans les cellules, avec les autres. Il m'expliqua qu'ils avaient été fait prisonniers mais que Steve et Bucky étaient à la poursuite de l'agent de Hydra. Cela ne me rassura pas. J'avais un mauvais pressentiment.
Tony vint voir les cellules mais ne m'adressa pas la parole. M'avait-il seulement vue? Il voulait savoir où était Steve. Falcon lui passa l'information quand les micros cessèrent de retranscrire les discutions. Je n'aurais jamais balancé cela, moi.
Steve vint nous libérer avec Bucky. Ils avaient l'air...changés. Plus tristes, comme si la plus mauvaise nouvelle du monde s'était abattue sur eux. Ce qui n'était pas totalement faux.
Ils nous emmenèrent chez T'chala, alias Black Panthère, au milieu d'une jungle impénétrable. Le bâtiment moderne était assez peu discret, mais nous étions dans le pays de T'chala, il était roi, nous ne risquons rien.
Steve me raconta brièvement ce qui s'était passé. Je ne fus pas aussi docile que lui et j'étais allée engueuler Bucky. Je me suis arrêtée quand j'ai vu qu'il avait les larmes aux yeux. Alors j'ai cessé je crier et je l'ai pris dans mes bras, comme je l'avais déjà fait pour Steve.
Le soldat de l'hiver avait pleuré longtemps, s'épanchant sur mon épaule, vidant son sac qui lui pesait lourd sur le coeur. Les meurtres, les tortures. La souffrance, je l'avais déjà connue, je ne pouvais que comprendre.
Je n'avais rien dis, je l'avais laissé parler. Cela lui a fait du bien, je pense. Ensuite il s'est endormi dans mes bras. Steve l'a mit au lit, et le lendemain ils ont parlé sérieusement.
Pendant de temps j'étais allée à Asgard pour me détendre sous un autre ciel, respirer un autre air, voir mon frère et récupérer mes enfants.
Thor et Loki m'avaient chaleureusement accueilli. Visiblement Thor avait bien prit la "résurrection" de son frère. Ils avaient eu vent des événements sur Midgard et savaient que je souhaitais penser à autre chose. Thor avait retapé mon armure lui même pendant que Loki m'emmenait visiter Jotünheim. J'avais découvert la terre de mes ancêtres après toutes ces années sur Terre.
A peine arrivés nous avions virés au bleu. Nous nous étions regardés avant d'exploser de rire. Le bleu et rouge nous allaient si bien!
Nous avons exploré ce monde que nous connaissions si mal, nous avons redécouvert nos origines, nous avons suivis les traces d'autres Jotün avant nous. Ce fut un merveilleux périple.
Nous sommes rentrés à Asgard. J'ai récupéré mes enfants à qui j'avais manqué et j'avais dis au revoir à mes frères.
J'avais repris le Bifröst avec le sourire aux lèvres. Steve avait posé des questions et je lui avais raconté. Pendant un après-midi entier j'avais suspendu les habitants de la tour à mes lèvres en leur contant mon aventure, James et Frigg babillant dans mes bras.
Je crois que cela avait adouci l'atmosphère tendue de l'après-guerre. Ça, et le fait d'avoir des enfants en bas âge dont nous devions nous occuper.
Bucky a découvert avec surprise et joie que notre fils portait son nom. Il a évidemment été nommé parrain sur le champ.
Je n'avais aucune nouvelle de Tony et des autres. Steve m'a dit qu'il leur avait envoyé un téléphone pour nous joindre au cas où. J'espérais de tout coeur que les États reviendraient sur leur décision, que nous ne serions plus des parias et que nous reverrons les autres en tant qu'amis. Je l'espérais si fort...
