Le ciel n'avait jamais été aussi dégagé que ce soir-là. Thomas en était bouche bée. La nuit était douce et pleine de tentation, le ciel emplie de constellations qui éclairaient leur communauté réunie. C'était la première fois depuis plus d'années qu'il ne saurait compté que Thomas observait des étoiles. Jamais il aurait pu imaginer un jour pouvoir en observer avec toutes les catastrophes naturelles que semblaient avoir subi la Terre. Mais ici, au repère, la richesse des terres innées lui permettaient enfin d'en avoir l'occasion. Une douce brise d'été venait caresser sa peau démunie de toute saleté.
Pleins de choses avaient changé depuis qu'ils étaient ici. Ils vivaient enfin en harmonie, profitaient de la vie à leur façon et souriaient face à ce qui s'offraient à eux sans se préoccuper de la pénurie qui continuait de ronger le reste du monde.
Il y a longtemps que Thomas n'y pensait plus. Il en avait eu marre de courir. WICKED n'existait plus ou du moins, si quelques survivants étaient toujours en fuite, il savait que leur localisation serait introuvable. Ils avaient construit leur chez eux, leur petit monde où ni Griffeurs ni toute sorte d'expériences ne venaient apeurer leur esprit de nouveau.
C'était la première fois que le brun s'était autorisé à sortir sa couchette dehors pour dormir à la belle étoile, à la lisière de la forêt, sur le sable tiède. C'était quelque chose de fastidieux, fascinant et sensationnel. Sous le ciel infini qui s'étendait au dessus de lui, il n'y avait plus de contraintes. Il n'y avait que la liberté...
Par ailleurs, sa rêverie s'estompa un instant lorsqu'un corps frêle se mouva à côté de lui. Cette personne aussi regardait le ciel. La lune se reflétait dans ses prunelles sombres à moitié endormies et et sur son doux profil qui s'apaisait sous ce silence. Sa tête reposait sur le bras étendu de Thomas mais cela ne le dérangeait pas le moins du monde, à vrai dire, il s'en satisfaisait pleinement. Tous les deux savouraient ce moment de plénitude et de sérénité ensemble, parce qu'ils en avaient décidé ainsi. Parce qu'inconsciemment, quelque chose les liait depuis tout ce temps et que ce soir-là, il apprenait à le comprendre enfin, sans que personne autour ne vienne les déranger.
- C'est la première fois de ma vie que je ressens ça, Tommy.
Le blond laissa échapper un long et doux soupir d'entre ses lèvres et ses yeux se fermèrent un instant laissant la nuit l'envelopper de sa douceur. Le brun esquissa ainsi un léger sourire, à peine perceptible, reflétant simplement le sentiment qu'il ne pouvait contrôler en entendant la voix du garçon à ses côtés.
- Quoi donc ?
Ses yeux fixaient toujours le ciel infini de ses astres éblouissants qui scintillaient tels des points lumineux dans ses iris, brillantes d'admiration. La beauté qui s'offrait à lui l'époustouflait.
- Cette sensation d'être libéré. Libéré de toute angoisse et de toute terreur. Comme si le tourment qui me rongeait depuis toute mon existence se volatilisait petit à petit en fumée. C'est incroyable de pouvoir enfin connaître cette sensation.
Le brun ferma les yeux et se mit à sourire de façon incontrôlable face aux paroles de son ami. L'entendre dire ces mots éveillaient en lui tous les sentiments passés, de l'instant où il avait envisagé terriblement une fin sans lui… À l'instant où son visage s'était transformé pour laisser place à son rayonnant sourire, annonçant que le remède avait fait son effet sur son corps malade.
Il se tourna ainsi vers lui, son coeur battait en se remémorant les émotions qui l'avaient traversées toutes plus douloureuses les unes que les autres mais aussi plus fortes qu'il n'aurait pu l'imaginer, comme si son coeur s'était ouvert d'une peine bien plus tendre que cela.
- Je ne me souviens pas d'avoir vu quelque chose d'aussi beau, souffla alors le blond.
- Moi si.
Le brun scrutait intensément sa personne comme s'il faisait face à la plus belle merveille du monde. Son nez retroussé, ses fines lèvres rosés qui se dessinaient pleinement sous la lune, ses yeux fauves et fiévreux, ses cheveux dorés et emmêlés..
Son visage trouva le sien, le scrutant d'une intensité sincère.
L'astre de la nuit se reflétait dans ses prunelles obscures et profondes. Une précieuse mèche blonde venait effleurer son petit nez qui savait se rebiquer lorsqu'il riait.. Ses fossettes enchanteresses venaient mettre en valeur l'éclat de son sourire jovial qu'il esquissait en regardant le garçon à côté de lui. Le corps du blond se tourna alors sur le côté, face à lui et une de ses mains vint se poser délicatement entre leurs deux visages qui s'admiraient timidement. Thomas voulait garder un certain contrôle, un certain sérieux, mais le profil de son ami se dessinant sous les ombres de la nuit et son sourire attrayant faisaient crépiter des flammes inconnues dans son coeur. Il ne pouvait retenir le mouvement de ses lèvres qui s'étiraient toujours plus de façon naturelles et lascives.. Son enveloppe pivota alors sur elle-même, de profil, pour qu'il puisse se mettre entièrement face à lui. Son bras qui s'étendait sous son cou se rabattu alors autour de celui-ci pour qu'il puisse doucement se rapprocher de lui. Leurs jambes se frôlaient, frissonnantes, et leurs visages n'étaient qu'à quelques centimètres, s'admirant l'un l'autre d'un sourire indescriptible. Sentimental.
- Je suis tellement heureux que tu sois là, Newt.
- Hmm.. Moi je ne sais pas, est-ce que j'aurais été mieux ailleurs qu'ici ?
Thomas se mit à rire doucement, accentuant le reflet de la lune dans ses yeux à moins que cela était un tout autre sentiment, faisant briller ses prunelles humides.
- Je sais que tu ne pouvais pas rêver mieux, avoue-le.
Newt poussa alors un rictus amusé et ses yeux scrutèrent les traits détendus du brun avec précision et lenteur, faisant accélérer un peu plus les battements de celui-ci qui se sentait incroyablement attiré par une certaine possibilité. Puis, comme un geste inattendu, la main du blond se déplaça lentement, fébrile, s'aventurant lentement sur le visage de son ami, venant ainsi caresser du bout de son index et de son pouce ses cheveux bruns décoiffés.
- Non, sans aucun doute.
Thomas entrouvrit la bouche, inspirant l'air comme une nécessité absolue. Une boule se formait dans sa gorge et au creux de son ventre à mesure qu'il sentait les doigts de Newt descendre sur sa peau, sur son cou qu'il effleurait toujours d'une même lenteur faisant frissonner le brun. Le blond considérait chaque détail de sa parcelle qui pouvait passer sous ses doigts, le scrutant comme une évidence.. Puis il eut cette sensation.
Cette attraction.
Cette folle fascination qui s'émancipait d'eux comme une séduction. Ils étaient enchaînés par le désir de se trouver après tous ces instants passés à courir, sans réellement apprendre à ressentir. Et les centimètres entre eux se réduisaient peu à peu..
- Tommy.
Le souffle du blond était venu caresser sa joue chaude mais ce fut si soudain que le brun en fut surpris. Newt avait sourit légèrement en se reculant, comme si quelque chose venait de le déranger partiellement. Ses doigts s'étaient décollés de sa peau et ses jambes ne touchaient plus les siennes, Thomas en fut presque blessé mais le regard que lui lançait Newt semblait simplement refléter son incertitude. Son hésitation. Peut-être avait-il peur? Ou peut-être était-il simplement réticent ? Dans les deux cas, le brun ressentait l'angoisse monter en lui à mesure que le silence s'imposait et que les centimètres s'agrandissaient entre eux.
- Tu es sûr de ce que tu fais ?
Il y avait comme une détresse derrière la voix brisée du blond mais celui-ci ne laissait paraître aucune faille. Il restait fort face à Thomas et ne souhaitait pas montrer ses peurs les plus profondes bien qu'une partie d'entres elles soient vaincues. En vérité, le soucis venait de là, et il le savait.
Newt ne voulait plus souffrir.
Il ne voulait plus avoir mal. Se sentir abandonné. Mais c'était une chose qui paraissait à cet instant inenvisageable pour Thomas. À cet instant et pour tous les instants à venir. Il voulait faire de lui l'homme le plus heureux du monde et lui montrer que quoiqu'il puisse se dresser sur leur chemin ou quelque soit le genre de ténèbres qui allaient l'envahir, il ne serait plus seul pour les affronter.
Plus jamais.
Quelques secondes à peine après sa demande, Thomas avait ainsi déposé une main sur sa nuque, ses doigts se perdant sur sa joue qu'il caressait doucement sans rien dire. Comme si le message pouvait être clair à travers ce geste sensuel et fébrile à la fois. Il ne pouvait plus rien faire sans lui ou même imaginer un monde sans lui. Sous cette nuit étoilée, tout semblait les lier pour que leur âme s'unisse d'une façon dont la décision leur appartenait.. Et les yeux de Newt papillonnaient à mesure qu'il sentait Thomas approché son visage du sien. Le bras de celui-ci qui enroulait son cou en était venu à entourer son corps délicatement.
Le temps ralentissait. Le son se réduisait pour ne laisser place qu'à une simple bulle qui se refermait autour d'eux, les laissant seuls, face à leur monde.
Leur monde à eux où rien autour ne viendrait les brusquer..
Le brun posa alors son front contre le sien, rapprochant son corps qu'il serra contre lui tandis que ses doigts effleuraient le bord de sa mâchoire. Il se perdait dans ses yeux et c'est la seule chose qu'il pouvait lui dire.
Lui montrer.
Lui montrer qu'il devait lâcher enfin prise et cesser d'avoir peur car enfin, il était là, avec lui, pour le protéger jusqu'au bout comme lui a pu le faire depuis sa remontée de la Boîte. Leur respiration se saccadait presque similairement. Leur souffle se mêlait fiévreusement sans qu'aucun des deux n'osent vraiment faire le premier pas.
Puis, Newt se mit à frémir, laissant sa main reprendre sa douceur le long de son cou, puis sur ses bras dénudés. Et Thomas approcha timidement son visage du sien, se sentant chuter dans une infinité sensationnelle lorsqu'il scrutait ses prunelles. Il laissa ses lèvres effleurer les siennes un instant, sentant la chaleur dans son ventre envahir alors son corps tout entier qui s'enflammait instinctivement, laissant un frisson exaltant parcourir son échine lorsqu'enfin leurs lèvres s'écrasèrent avec tendresse et passion à la fois.
La douceur qui émanait de leur geste timide fit fuser la chaleur de leur corps en un million de crépitement sensationnel. Leurs lèvres se frôlaient, remuaient lentement d'un amour inconditionnel, savourant le goût exquis de l'autre qui s'imprégnait d'une fraicheur inattendue, aussi accorte que la brise, la nuit, qui les étreignait. Leurs souffles se saccadaient et revenait se mêler dans une danse folle que leurs bouches dessinaient chaque seconde un peu plus. Les doigts du brun se mêlaient dans les cheveux dorés de Newt, qu'il serrait doucement, le collant à lui comme si sa vie en dépendait constamment. Leurs jambes s'enroulaient et se frottaient étroitement l'une à l'autre comme un lien qui se formait définitivement entre eux. Ils ne faisaient plus qu'un, sous le vaste univers qui s'ouvrait face à eux comme des millions de possibilités. Ils faisaient face à l'immensité du monde obscur qui sombrait petit à petit dans la maladie, la souffrance et la mort.
Mais maintenant, plus rien ne pouvait les séparer.
Les simples caresses qu'ils se donnaient les rendaient de plus en plus forts, ardents ou même adulateurs leur étreinte timide se transformait en un véritable étau d'émotions folles. Newt se laissait porter par l'éréthisme de ses gestes, embrassant le brun d'une passion qu'il ne ressentait que pour lui, il laissa ainsi son corps s'aller au sien remontant ainsi ses jambes jusqu'à ses hanches pour venir basculer sur lui, en position assise. Leurs lèvres étaient scellées, le peu de fois où elles se décollaient pour qu'ils respirent, elles se cherchaient, se mordillaient de nouveau comme si plus rien n'avait d'importance. Thomas s'était redressé pour se mettre également assis, ses mains passaient de son dos avant de venir enrouler sa taille qu'il effleurait par moment de ses doigts accortes. Ceux de Newt, aussi frêles que d'une douceur invraisemblable venaient parcourir les épaules puis le torse du brun lorsqu'il se recula doucement, soufflant contre ses lèvres pleines et rosées par l'humidité. Leur front se posaient l'un contre l'autre d'une volonté et d'un désir qui ne pouvait que leur appartenir. Leurs prunelles brillaient d'admiration, de joie et d'une ardeur qui chauffait partiellement leur corps. Newt ne put ainsi retenir un sourire éclatant, ses yeux se mouvaient, admirant chaque détail de son visage en se mordant la lèvre, laissant un Thomas béa face à lui, des yeux pétillants reflétant la plaisir partagé précédemment.
- Je pourrais vite y prendre goût, ria Newt.
- Ce n'est que le début.
- Attends, on a fini l'aventure ensemble et tu me demandes d'en commencer une nouvelle ?
Un sourire narquois se dessina lentement sur le visage du brun qui resserra ses bras autour de lui, se redressant un peu pour venir se rapprocher d'autant plus. Leur nez se frôlaient d'une douceur presque chatouilleuse mais qui fit frissonner le blond agréablement. Ses mèches blondes venaient caresser le visage de Thomas.
- Et pourquoi pas ?
Le blond éclata un petit rire réchauffant.
- Il va falloir ne plus me lâcher. Après les derniers risques qu'on a pris, je ne tiens pas à revivre ça une seconde fois.
- Je ne te lâcherais pas.
Leurs yeux se plongeaient constamment dans l'autre et leur sourire ne cessait de s'agrandir, faisant rougir leurs joues. Thomas se laissa basculer en arrière pour revenir sur le dos, emmenant Newt avec lui.
Contre lui.
Le blond se mit à rire, révélant son sourire plus qu'éclatant. Rire que Thomas souhaitait entendre encore et encore comme une mélodie irremplaçable, simplement enivrante qu'il pourrait entendre chaque jour de sa nouvelle existence. Il roula un instant sur le côté, leur permettant de se retrouver dans leur position initiale bien sur cette fois-ci, ils paraissaient bien plus proches qu'au début. Le brun admira longuement son sourire et ses traits doux, pâles comme la lune qui brillait autant que ses yeux..
- Jamais.
Et c'était une affirmation évidente, gravée dans son esprit qu'il allait mettre en pratique dès cet instant. Les yeux du blond papillonnaient de plus en plus de fatigue ce qui incita ainsi Thomas à déposer un doux baiser sur le bout de son nez, faisant esquisser les commissures de celui-ci.. Mais bientôt, l'obscurité les envahissait de ses ténèbres, le poussant également à fermer les yeux pour s'endormir peu à peu dans les bras de Newt.
Ce garçon dont l'existence valait bien plus que les astres de l'univers tout entier.
