Ce Qu'il Nous Reste


Disclaimer : Jo Rowling est la mère attitrée des personnages d'Harry Potter.

Pairing : Hermione Granger et Severus Snape

Rating : M

Relectrices de choc : Morgane et Lilou Black — Une énorme merci à elles pour leur super travail.

Résumé : Cinq ans ont passé depuis la bataille contre Voldemort. Hermione ne se souvient toujours pas de sa dernière année à Poudlard. Severus est bien décidé à lui rappeler ce qui les lie. D'autant que leur fils a besoin de sa mère plus que tout. [Suite de l'Amante du Professeur Snape]


Note de l'Auteur : me voici de retour avec la suite de ma fic "L'Amante du Professeur Snape". Nous avions quitté Severus et Hermione sur une note plutôt amère. Je vous laisse découvrir donc cette suite que certaines (les lectrices de la première heure) qui ont attendue depuis très longtemps

Bonne lecture !


Résumé de la première partie : Lors de sa septième année, Hermione a entretenu une relation licencieuse avec son professeur de Potions. Entre-temps, elle a découvert qu'elle était enceinte. Rien ne s'est passé comme les amants l'auraient voulu. La guerre qui fit rage fut terrible. Hermione, horriblement torturée par des Mangemorts, s'est lancée un sortilège d'amnésie et a tout oublié de sa dernière année. Elle n'a gardé aucun souvenir de Severus, de ce qu'ils ont vécu ensemble. Tout ce qu'elle sait, c'est ce qu'on lui a dit, et encore, on ne lui a pas tout raconté.


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Retrouver ce qui a été oublié

Cinq années s'étaient écoulées depuis la bataille qui avait eu lieu à Poudlard en 1998. Le règne de terreur du mage noir qui se faisait appeler Lord Voldemort avait pris fin avec cet ultime affrontement. Depuis, le monde de la sorcellerie britannique se remettait progressivement des horreurs et des dommages subis.

Le climat social s'éclaircissait et les sorciers, au fil des ans, purent enfin se tourner vers un avenir qu'ils espéraient radieux.

Pourtant, une certaine personne ne s'était jamais véritablement remise de cette guerre aussi sordide que cruelle. Ironiquement, elle ne gardait aucun souvenir de cette terrible année. Elle s'était éveillée un soir, dans un lit d'hôpital de Ste Mangouste, gravement blessée, et l'esprit chamboulé par mille questions. Que lui était-il arrivé ? Pourquoi ce trou noir d'un an ? Qui avait bien pu lui faire une chose pareille ?

On lui avait expliqué avec beaucoup de douceur qu'elle avait été torturée par des Mangemorts. C'est aussi avec un certain tact qu'on lui avait annoncé qu'elle avait perdu un enfant, une petite fille. À demi-mot, elle avait compris qu'elle ne pourrait plus jamais enfanter, puis on l'avait autorisée à voir le bébé. Elle avait pleuré à l'idée de ne jamais connaître la maternité. Elle avait pleuré ce petit être qui n'ouvrirait jamais les yeux. Elle avait aussi pleuré ce garçon, cet homme qu'elle avait aimé, lui disait-on, mais qui n'avait pas survécu et dont elle ne se rappelait rien. Puis, enfin, elle avait hurlé de douleur en découvrant qu'elle était dorénavant seule au monde.

Sans famille.

Quand elle était sortie de l'hôpital, son ancien professeur de Métamorphose, Minerva McGonagall, l'avait prise sous son aile. Tant bien que mal, Hermione avait tenté de résoudre l'énigme de ce temps perdu. Elle avait tout essayé, en vain. Hermione, n'étant pas de celles qui se laissent abattre, avait persévéré sans obtenir de résultat. Finalement, elle avait fini par rendre les armes et laisser tomber ce combat qui la fatiguait plus que tout.

Pour oublier cette année d'absence, elle s'était acharnée dans ses études qu'elle termina avec les honneurs. Ce succès lui offrait un bel avenir au sein du Ministère de la Magie mais c'était vers l'enseignement des Sortilèges qu'elle avait décidé de se tourner.

Rien ne la satisfaisait plus depuis bien longtemps. Ce vide incommensurable qui lui étreignait le cœur la rendait malade. Elle voulait se souvenir, elle devait se rappeler ce qu'elle ne savait plus !

Si elle n'y parvenait pas, elle avait peur de devenir folle...

oO§Oo

En ce beau jour de printemps de l'année 2003, le monde sorcier vivait paisiblement et en harmonie. Chacun vaquait à ses occupations et pourtant, on sentait encore une certaine retenue parmi la population.

Hermione Granger inspira profondément le parfum du papier qui imprégnait la salle avant de quitter la petite librairie dans laquelle elle venait d'acheter de nouveaux livres.

Elle avait toujours aimé lire. Bien qu'elle ait terminé ses études depuis longtemps, elle éprouvait toujours un grand plaisir à se plonger dans les pages d'un nouvel ouvrage.

La lecture lui permettait d'échapper à son quotidien qu'elle trouvait plutôt morne. Ayant décliné l'offre du Ministère, elle était pour le moment encore en recherche d'emploi. Hermione désirait enseigner à Poudlard, mais Minerva lui avait rappelé que le château était toujours en cours de rénovation. Depuis la fin de la guerre, une grosse partie du collège était inhabitable. Les réparations, plus longues que ce que le Ministère de la Magie avait escompté, étaient toujours en cours. L'établissement ne pourrait accueillir les élèves sorciers avant plusieurs années.

En attendant, les familles devaient prendre leur mal en patience et se tourner vers l'enseignement à domicile ou les cours par correspondance. Malheureusement pour Hermione, quinze ans d'expérience au moins étaient requis pour assurer des cours à domicile, c'est pourquoi elle dut se tourner vers d'autres possibilités même si elle n'avait pas besoin de travailler dans l'immédiat. En tant que victime de guerre, elle touchait une coquette somme d'argent qui lui avait permis de louer un petit appartement non loin du Chemin de Traverse. Rien d'extravagant, mais ça lui convenait bien comme ça.

Elle allait rentrer chez elle quand elle fut interpellée par une amie de longue date.

— Hermione ! Quel plaisir de te voir ici ! s'exclama Ginny Weasley qui était devenue Madame Potter depuis trois ans.

Harry et elle s'étaient mariés en toute intimité, enfin presque. Hermione avait été heureuse pour ses amis même si elle avait eu du mal à ne pas broyer du noir durant les quelques jours de festivités qui avaient suivi la cérémonie. Non pas qu'elle soit jalouse, mais elle se sentait mal en société. Pour qui ne la connaissait pas, elle pouvait se montrer un peu renfermée et toujours terriblement silencieuse. On l'excusait à cause de son passé et de ce qu'elle avait vécu, mais cela la chagrinait toujours quand on y faisait référence même par inadvertance. Elle affichait alors un sourire pincé et trouvait toujours une excuse pour s'éloigner.

La solitude était devenue sa meilleure amie. Cela lui rappelait son enfance, ses années d'école primaire où personne ne la comprenait. À Poudlard, elle avait eu Ron et Harry. Puis il y avait eu cette guerre et elle y avait perdue ses parents, des amis et… Ron. Elle n'avait jamais été amoureuse de lui. Elle l'avait cru à une époque avant de se rendre compte que ce n'était qu'un simple béguin. C'est pourquoi elle n'avait jamais donné suite quand il avait rompu avec Lavande.

Sa septième année s'était terminé dans un néant aussi lugubre que terrifiant. Parfois, elle restait allongée dans son lit à fixer le plafond pendant des heures. Ces moments d'apathie précédaient de fortes crises d'angoisse et de douloureux accès de chagrin et de peine mêlés qui, plusieurs fois, avaient manqué de lui faire perdre l'esprit. Elle n'avait plus personne au monde. Elle était seule et de toute évidence, ses amis s'étaient éloignés d'elle, à moins que ce ne soit le contraire. Hermione leur reprochait la vigilance incessante dont ils faisaient preuve à son endroit, comme s'ils lui cachaient des choses. Elle avait appris à gérer ce genre d'attitude mais leur amitié n'avait plus jamais été la même.

Affichant un sourire de façade quand la jolie rousse arriva à sa hauteur, elle ouvrit les bras pour la recevoir dans une accolade affectueuse.

— Ginny ! Quel plaisir de te voir, s'enthousiasma-t-elle faussement.

— Hermione, murmura Ginny avec douceur tout en l'observant de la tête aux pieds. Comment vas-tu ?

La jeune femme détestait ça mais Ginny ne pouvait pas s'en empêcher. Hermione était devenue pour elle une espèce de petite chose fragile qu'il fallait protéger à tout prix. Ça partait d'une bonne intention, certes... mais ça ne l'aidait pas du tout.

— Bien, Ginny, très bien, dit-elle en secouant la tête pour essayer de s'en convaincre elle-même.

Son amie acquiesça avant de resserrer sa main sur le sac qu'elle portait en bandoulière.

— Hermione, commença-t-elle en hésitant un peu. Je ne sais pas comment te l'annoncer mais... Je préfère que tu le saches avant de l'apprendre par quelqu'un d'autre.

Hermione écarquilla un peu les yeux et son cœur s'emballa. Elle imaginait déjà le pire. Ginny, voyant qu'elle allait se trouver mal, ouvrit la bouche avant de lâcher la nouvelle :

— Je suis enceinte, Hermione ! Harry et moi ne savions pas comment te le dire mais... voilà, c'est fait !

Hermione mit un moment avant de réaliser ce que Ginny venait de lui dire. Quand elle comprit, son cœur se serra sans qu'elle sache pourquoi. Envie ? Jalousie ? Était-elle sûre de vouloir le savoir ?

— C'est merveilleux. Je suis si heureuse pour vous ! réussit-elle néanmoins à répondre.

Que pouvait-elle dire d'autre d'ailleurs ? Ne plus pouvoir donner naissance n'était pas une raison pour en vouloir à toutes celles qui en avaient les capacités. De toute façon, elle ne voulait pas d'enfant.

— C'est vrai ? s'exclama Ginny, soulagée. Je suis si contente que tu le prennes comme ça. J'avais tellement peur de te blesser en te l'annonçant.

Hermione pencha la tête et sourit doucement avant de changer de sujet.

— Comment va Harry ? demanda-t-elle.

— Bien. Il adore son travail, tu sais, et ...

Les deux jeunes femmes parlèrent de tout et de rien encore un moment avant que Ginny ne retourne à ses occupations. Une fois que son amie ne fut plus en vue, Hermione se dépêcha de rentrer chez elle. Heureusement qu'elle n'habitait pas trop loin, car elle se sentait très mal.

Elle referma derrière elle la porte de son petit appartement et s'y adossa en tremblant. Son cœur battait à tout rompre et elle pouvait sentir le sang pulser au niveau de ses tempes. Sans savoir pourquoi, elle se mit à pleurer à chaudes larmes. L'angoisse faillit la faire suffoquer. Elle s'effondra à terre et commença à taper le plancher de ses poings serrés. Elle ne se s'arrêta qu'en sentant poindre la nausée. Elle se précipita aux toilettes pour y vomir la bile qui était remontée, aussi acide que le pire des poisons.

— Mais qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? se lamenta-t-elle. Je devrais m'estimer heureuse d'avoir oublié ces horreurs et pourtant je vais mal. Cinq ans et rien n'a changé.

Rien !

Elle avait tout tenté parce qu'elle n'était pas du genre à se laisser aller au spleen. Elle avait consulté un psychomage pendant quatre ans, en pure perte. Elle avait même essayé des potions sensées calmer l'angoisse et la dépression mais aucune n'avait fait effet. À part une forte somnolence, elle n'avait constaté aucune amélioration.

Elle aurait eu besoin d'une oreille attentive, d'une personne qui agirait sur elle comme un baume réconfortant… Elle avait tenté de fréquenter des hommes, d'avoir quelques aventures mais elle n'en avait tiré aucun plaisir et aucun de ses amants ne lui avait apporté ce qu'elle cherchait.

Cela faisait cinq ans qu'Hermione se sentait mal. Cette année arrachée, qui aurait dû l'aider à aller au-delà de ses traumatismes, la détruisait à petit feu et elle ne savait plus vers qui se tourner. Qui aurait pu l'aider ?Qui aurait pu l'épauler et la rassurer ? Elle n'était plus qu'une enveloppe vide qui n'avait plus goût à rien. Elle était brisée et ce n'était pas son ancienne directrice de maison et ses sermons horripilants qui allaient changer quoi que ce soit. Elle adorait Minerva, mais vivre avec elle plus de quatre ans lui avait largement suffi.

Finalement, elle finit par se redresser laborieusement et décida de prendre une douche avant d'aller se coucher. Il était encore tôt mais elle se sentait épuisée. Sa rencontre avec Ginny avait tout fait remonter à la surface de manière aussi désagréable qu'inattendue.

Elle devait se ressaisir rapidement.

Demain, elle prendrait le temps d'éplucher les petites annonces de la Gazette du Sorcier. Peut-être y trouverait-elle le travail de sa vie ?

oO§Oo

Elle fut réveillée le lendemain matin par des léchouilles agressives sur son visage. Elle ouvrit un œil et vit son gros chat roux qui la regardait d'un air renfrogné.

— Tu es enfin rentré, Pattenrond ? Cela va faire combien de temps ? Une semaine ? Deux semaines, grogna-t-elle d'une voix encore enrouée de sommeil.

Un miaulement significatif lui répondit.

Comprenant qu'il avait faim, elle sortit de son lit et s'aperçut qu'elle était toute nue. La veille, elle n'avait pas eu le courage d'enfiler une chemise de nuit. Elle s'habilla à la va-vite avant de se rendre vers la petite kitchenette. Avec un soupir las, elle récupéra la boite de croquettes pour chat et en versa une bonne rasade dans le bol de Pattenrond avant de vérifier qu'il lui restait de l'eau propre. Encore comateuse et un peu nauséeuse, elle se servit un verre de jus de fruits, puis se prépara du café. C'est à ce moment-là que le hibou postal lui amenant son journal quotidien frappa à la fenêtre d'un coup de bec. Posant son verre sur la table, elle alla lui ouvrir pour qu'il puisse entrer. Une fois au milieu du salon, il voleta quelque secondes avant de laisser tomber la Gazette et un parchemin à même le sol. Ensuite, il repartit sans demander son reste. Fût un temps, Hermione aurait ri d'une telle action, mais aujourd'hui, elle se contenta de les ramasser sans un mot.

Elle rapporta le tout là où elle prenait son café et but une gorgée du breuvage chaud qu'elle prenait sans lait ni sucre avant de décacheter la lettre. Elle reconnut aussitôt l'écriture élégante et stylisée de Minerva McGonagall.

Que lui voulait la vieille rombière ?

oO§Oo

Ma chère Hermione,

J'espère que cette lettre vous trouvera en bonne santé. Je me permets de vous écrire aujourd'hui pour prendre de vos nouvelles et pour vous transmettre une offre d'emploi qui, j'en suis certaine, pourrait parfaitement vous convenir.

Comme vous le savez maintenant, votre ancien professeur de Potions, Severus Snape, s'occupe seul de son fils de cinq ans. Il recherche depuis plus d'un an une gouvernante assez professionnelle pour ne pas démissionner au bout de vingt quatre heures. Croyez-moi, cela devient difficile pour ce pauvre homme de trouver la perle rare.

Je sais que vous n'avez encore jamais véritablement enseigné mais que c'est dans cette voie que vous vous tournerez d'ici quelques années quand le collège ouvrira de nouveau ses portes. Avant de lui suggérer vos compétences, je tenais à savoir ce que vous pensiez de cette idée.

Je vous en prie, Hermione, ne faites pas comme moi et beaucoup d'autres qui ont dénigré cet homme fût un temps. J'admets volontiers qu'il a beaucoup de défauts mais ce n'est pas un homme mauvais. Il est possible que travailler avec lui vous sera a priori difficile mais pensez à ce pauvre enfant qui n'a pas demandé à subir les conséquences des actes passés de son père.

Je suis certaine que vous occuper du petit pourrait vous plaire et vous faire le plus grand bien. Il ressemble beaucoup à son père mais a bon caractère.

Votre dévouée,

Minerva McGonagall.

oO§Oo

Sidérée par cette proposition, Hermione prit le temps de relire chaque mot pour être sûre de comprendre ce que lui écrivait la vieille dame. Travailler pour Severus Snape ? Cette seule idée lui donnait des frissons. Elle n'avait pas oublié la façon dont il l'avait traitée quand elle était élève à Poudlard. Elle se souvenait également de la froideur qu'il avait exprimée à son égard à sa sortie de l'hôpital. Il ne l'aimait pas et le lui avait bien fait comprendre.

Snape était si… caustique, si horrible qu'elle avait été surprise d'apprendre qu'il avait un enfant. Elle ne l'imaginait pas avec une femme, encore moins avec un bébé dont il serait le père. C'était tout simplement impensable.

Par la suite, quelques mois après la chute de Voldemort, il avait dû rendre des comptes devant la justice magique. Si la plupart des Mangemorts avaient été condamnés à de lourdes peines, il avait obtenu un sursis à cause de son rôle d'agent double. Elle avait suivi l'affaire de loin mais avec intérêt. Elle ne s'en souciait pas vraiment mais cela lui permettait d'oublier momentanément ses malheurs.

L'ancien Mangemort avait été défendu par Belinda Jugeledroit, une femme exceptionnellement belle mais aussi froide qu'une banquise. Il s'était même murmuré au détour d'un couloir qu'ils avaient été amants. On pouvait toujours remercier la grande Rita Skeeter pour ses bonnes trouvailles pas forcément justes et bien souvent fielleuses. En tout cas, Belinda Jugeledroit n'était pas la mère de l'enfant, toujours d'après les rumeurs qu'elle avait entendues.

Le procès avait plutôt mal commencé pour son ancien professeur mais finalement, le verdict lui avait été favorable. Severus Snape était entré au tribunal accusé de meurtre et en était sorti blanchi, avec tous les honneurs et un statut de héros de guerre. La plaidoirie s'était articulée sur le passé et les secrets du prévenu dont rien n'avait été omis : la mort d'Albus, son statut d'agent double et ses sentiments pour Lily Evans Potter. Beaucoup pensaient que cet amour passé avait fait pencher les votes des membres du Magenmagot en sa faveur. Snape amoureux ? Pourquoi pas ? avait-elle songé même si pour elle, ça relevait presque de la science-fiction. Quoiqu'il en soit, la stratégie de l'avocate avait fonctionné, à la grande incrédulité d'Hermione. Du jour au lendemain, cet homme haï avait été adulé par les médias. Cette Belinda avait vraiment fait du bon boulot.

Revenant à sa lettre, elle fronça les sourcils, pensive.

Même si Minerva appuyait sa candidature, Hermione n'était pas certaine de vouloir travailler pour lui. Par ailleurs, si elle obtenait le poste, elle devrait aller vivre avec eux. Sans qu'elle sache pourquoi, cette idée était loin de lui déplaire. C'était ridicule, pourtant. Elle décida de ne pas donner suite. Ce serait inutile d'essayer et cela ne la mènerait nulle part.

Toutefois, au lieu de lui répondre dans l'immédiat, la jeune femme laissa passer deux jours. Deux longues journées identiques aux précédentes qui faillirent la rendre folle. Avec exaspération, elle récupéra le parchemin d'une main et le regarda comme s'il avait eu un quelconque pouvoir.

— C'est complètement stupide ! se tança-t-elle à voix haute. Je n'ai pas besoin de travailler et encore moins pour ce sale type. Son gamin pourrait être le chérubin de l'année que ça ne changerait rien !

Et pourtant… Quelques instants plus tard, elle se retrouva assise en tailleur, par terre, en contemplant pour la millième fois cette lettre. Secouant la tête, elle récupéra un parchemin vierge, une plume et répondit à son ancienne directrice.

oO§Oo

Chère Minerva,

J'accepte de postuler pour ce travail, mais je ne crois pas être retenue par — elle avait failli marquer « l'effroyable maître des cachots » mais s'était reprise à temps. Cela lui amena un grand sourire sur son visage blafard — le professeur Snape. Connaissant ses exigences, il ne voudra que l'excellence, et je crains de n'être qu'une piètre novice en matière d'éducation.

Votre dévouée,

Hermione Granger

PS: je vais bien.

oO§Oo

Une fois son courrier terminé, elle scella le parchemin et attendit que le hibou postal passe le lendemain pour lui transmettre sa missive.

oO§Oo

Minerva McGonagall faisait les cent pas dans son salon. Elle n'avait toujours pas eu la réponse d'Hermione et cela l'inquiétait, d'autant plus que la dernière missive de Severus l'avait quelque peu exaspérée.

oO§Oo

Minerva,

Ma patience arrive à bout. Nous n'allons pas attendre indéfiniment qu'elle se rappelle l'année 1998. Il est clair que cela n'arrivera probablement jamais. Je vous rappelle que vous osez priver un enfant de sa mère. Vous avez d'ailleurs osé beaucoup de choses et jamais je n'aurais dû vous céder.

S.S

oO§Oo

Cet homme n'avait aucun tact. Elle s'était servie du fait qu'effectivement aucune gouvernante n'acceptait de rester longtemps au domicile de Severus. Elle avait sollicité l'aide d'Hermione sans éveiller de soupçons. Cela dit, en repensant à la dernière lettre de Severus, elle se rendait compte qu'elle avait laissé trop de temps passer.

Cinq ans déjà.

Elle avait voulu que la jeune femme profite de sa vie encore un peu, qu'elle puisse vivre comme elle ne pourrait plus le faire quand elle saurait la vérité. Elle se rendait compte un peu trop tard que c'était une erreur. Hermione était malheureuse, Minerva en avait bien conscience. Elle avait cru que sa peine s'atténuerait avec le temps mais la jeune femme ne parvenait pas à aller au-delà de son traumatisme. Elle avait privé sciemment une mère de son enfant. Elle en prenait l'entière responsabilité. Elle avait cru agir au mieux. Hermione était trop jeune pour s'occuper des couches sales et élever un enfant avec un homme presque deux fois plus âgé qu'elle.

Avec un profond soupir, la vieille dame était sur le point de s'asseoir quand le courrier du jour arriva enfin. Parmi les diverses lettres, elle reconnut l'écriture d'Hermione Granger. Les mains un peu tremblantes, elle récupéra le parchemin et le décacheta sans préambule.

Lorsqu'elle eut fini de le lire, elle en ressentit un tel soulagement qu'elle n'attendit pas plus longtemps pour prévenir le principal intéressé. Elle alla jusqu'à sa cheminée pour le contacter immédiatement. Elle avait accompli sa part de travail. Il était temps.

— Impasse du Tisseur, résidence des Snape, déclara-t-elle aux flammes qui changèrent instantanément de couleur.

Quelques secondes passèrent avant que le visage de son ancien collègue se reflète à travers elles.

— Avez-vous de bonnes nouvelles à m'annoncer ? demanda-t-il sans formalité.

Minerva acquiesça.

— Oui, je vous l'envoie dès la semaine prochaine.

À Suivre


Les bases de cette suite sont posées. Je n'en dis pas plus pour ne pas vous gâcher la surprise. J'espère que ce début vous donnera envie. N'hésitez pas à ajouter cette histoire dans vos follows et me laisser une review :)