I.
Il me semblait certain jours que la souffrance insoutenable que j'endurais depuis son départ s'amenuisait. Il m'était possible de respirer presque normalement.
Je pouvais m'asseoir sur mon lit et ressentir le poid atrocement lourd de mon coeur. Ses battements tantôt furtifs étouffés par les sanglots, tantôt alourdis par la dépression qui me rongeait.
6 mois, qu'ils avaient tous quittés la ville. Ma douce Alice au rire cristallin, la bien-être que pouvait me procurer Esmée, dans sa façon extraordinairement normale de représenter pour moi une mère. La sagesse de Carlisle, autant dans ses soins que dans ses propos. L'humour potache d'Emmett, même l'indifférence de Rosalie et sa prétention me manquait.
Je ne pouvais qu'en vouloir à Jasper. Cependant, quand mes crises d'hystérie frôlaient l'intolérable, je m'imaginais le tuer. Lui ôter la vie pour m'avoir enlever le seul amour qui ne comptera jamais pour moi.
L'être parfait, qui a emmené mon coeur, mon âme, ma vie.
Le souvenir d'Edward fut le plus violent, il me cloua au lit, les bras serrant le plus fortement possible un oreiller alors qu'il étouffait mes cris d'agonies.
Charlie ne s'inquiétait plus, il avait dépassé ce stade plusieurs mois auparavant. Quand à son ultimatum: si tu ne reprends pas goût à la vie tu vas retourner vivre chez ta mère, il n'a fait qu'accentuer la sensation d'abandon qui rôdait autour de moi tel un vautour.
Ces derniers moi ne se résumaient qu'à ça. Un abandon pur et simple, celui de l'amour, celui de mon avenir, celui de mon goût de vivre. Pourtant un bref rayon de soleil avait traversé ce cauchemar, Jacob. Pendant les rares après midi que nous avons passé ensemble, il m'a semblé que mon coeur se faisait plus léger.
Quelques rires avait même perçé ma gorge. Jacob m'a abandonné lui aussi. Un matin, plus de nouvelles, pas d'appels, pas de lettres, aucunes réponses à mes supplications.
Je n'avais pas cherché plus, lui aussi devait pensé que j'étais un poids à fuir.
Dans le meilleur de mes états, je m'imaginais qu'il avait trouvé une fille, équilibré, qui aime rire avec lui, discuter, vivre tout simplement. Elle ne doit pas être un boulet que l'on traîne.
- s'en est trop Bella, rugit Charlie, alors que j'avais la tête baissé sur un bol de céréale.
Je levais vers lui un regard neutre, celui là même que je lui servais en rentrant des cours, avant d'aller travailler à la boutique de Loisir des Newton.
Celui là même censé le préserver des tourments que je vivais.
- qu'y a t il?
Cette voix fantomatique aurait du me faire frémir, autant de nonchalance, de neutralité devait rendre Charlie totalement fou.
- il y a 3 mois je t'avais prévenu! Si tu ne changeais pas ton comportement, tu retourne vivre avec ta mère.
Une sensation oubliée s'empara de mes joues, les enflammant, les rendant cramoisies.
J'osais même me lever d'un bond mal agile, me rattrapant à la table en bois clair de la cuisine.
- tu veux te débarrasser de moi!
le regard de Charlie passa de la colère à l'angoisse, puis à la tristesse.
- ce n'est pas ça. Je ne sais plus quoi faire, tu es là, je te vois chaque jours et pourtant tu es comme absente.
Il s'arrêta, probablement pour chercher les bons mots.
Je comprenais chacune des paroles qu'il disait. Pourquoi se mentir, je n'avais effectivement plus envie de faire un effort de courtoisie pour donner le change. Pourtant j'avais essayé, j'allais en cours, faisais mes devoirs, cuisinais chaque soirs. Tout cela se passait dans le silence le plus complet, même une messe dominicale devait être plus bruyante.
Des larmes affluèrent à mes yeux, il me fallait toute la volonté du monde pour les contenir.
- je ne veux pas quitter Forks, décrétai je, d'une voix forte, mais peu convaincante.
- que crois tu Bella? Charlie s'était levé à son tour, craignant que je m'effondre ou voulant affirmait son autorité de père.
Je n'en savais rien, et peu importait d'ailleurs. Il m'était impossible de partir, il ne le fallait pas.
- Penses tu réellement qu'il va revenir? depuis 6 mois pas un coup de fils!
Cette dernière phrase fut plus douloureux qu'un coup de fusil pénétrant ma poitrine à bout portant. Les larmes déferlèrent sur mes joues en torrent.
Charlie avança ses bras pour m'enlacer, je reculais d'un pas vacillant.
- bella, je suis désolé. Comprends moi, je te vois souffrir, ce n'est pas normal d'avoir mal de cette façon, pendant aussi longtemps.
Il me serra contre son torse, sa chemise sombre de shérif devint humide en quelques secondes.
Les sanglots passèrent au hoquet de rage.
Contre lui d'être injuste, contre moi d'être aussi stupide. Je ne pouvais qu'aquiescer à ses paroles.
Il était partit, il ne reviendrait jamais.
"ce sera comme si je n'avais jamais existé".
Les larmes redoublèrent, je m'effondrais. Charlie me porta jusqu'à mon lit, attendant que la crise passe. Avant qu'il ne quitte la chambre, j'entendis péniblement sa voix.
- dés demain je vais chercher le billet d'avion, ça ne peut plus durer Bella, tu iras beaucoup mieux chez ta mère.
La peine qu'il avait ressentit m'était égale, c'était à lui de m'abandonner à son tour.
C'est la première fiction que j'ai écrite. Elle parle de vampire, de l'univers de Twilight tel que nous le connaissons.
Bien sûr, le scénario change, vous n'allez pas lire la réplique du tome 2 de la saga, cette fiction sera grandement différente, mais pour le premier chapitre, pas tellement, il pose simplement les bases.
