Auteur : Chocow
Disclaimer : Les personnages appartiennent à Tite-Kubo.
Rating : M.
Pairing : Grimm/Ichi, of course =D
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Les mains tremblantes, la respiration haletante, il attendait. Ses cheveux bleu turquoise étaient poisseux de sang, et sa blessure à l'arcade sourcilière le brûlait d'une douleur lancinante. Il avait chaud et froid à la fois. Tout son corps était parcouru de tremblements nerveux. A chaque convulsion, son visage se tordait de douleur. Ses muscles étaient meurtris. Les coups avaient été violents. Blotti au fond d'une ruelle, le corps frémissant de la panthère se cachait de ses assaillants. Ses doigts serraient trop fort un revolver vide, si bien que ses articulations devenaient blanches. Il était poursuivi, poursuivi par des hommes plus nombreux que lui. Il n'avait aucune chance.
Plus que la douleur, il ressentait un horrible manque. Ses doigts remuaient et l'homme se mordit la langue, en proie à un stress incontrôlable. Son nez reniflait le vide, et il aurait bien voulu renifler autre chose. La drogue lui manquait incroyablement. Le bleuté se mordit les doigts.
« P'tain de merde... », Jura-t-il.
Il devait attendre le jour. On le remarquerait aussitôt, s'il sortait maintenant. Son ombre tremblotante le trahirait, dans la rue gorgée de la lumière vacillante et rougeâtre des réverbères. Une silhouette noire se montra à l'entrée de la ruelle si profonde qu'on en distinguait difficilement le bout, les ténèbres la dévorant. Les muscles du drogué se contractèrent dans l'ultime espoir de ne pas être vu. Bon dieu, ce qu'il avait mal. Dégage, pensa-t-il très fort comme pour convaincre l'homme de main de s'éclipser. Ce dernier leva la tête, comme si il avait aperçu du mouvement. Il attendit, à l'affût. La panthère restait immobile en se mordant la lèvre inférieure jusqu'au sang. L'autre finit par partir, et le bleuté laissa échapper un soupir rassuré.
Quelques heures passèrent, où Grimmjow crut qu'il allait mourir. Premièrement, à cause de ses blessures, deuxièmement, à cause du déchirement intérieur que lui causait le manque. Puis le soleil se pointa enfin, teintant le ciel d'une lueur rose orangée. Cette lumière propagea le soulagement dans tout le corps du bleuté. Il osa enfin se lever, ses membres engourdis parcouru d'un fourmillement extrêmement dérangeant. Ses mains tremblaient tout aussi fort, mais cette fois, pas à cause du froid. D'un revers du poignet, il se frotta le nez, des larmes perlant au coin de ses yeux rouges tandis qu'il étouffait un bâillement. Le sang coagulé avait séché sur son visage, laissant des traces rougeâtres le long de sa joue. Le bleuté n'y prêtait pas attention. Il s'aventura dans la rue déserte, rasant les murs avec une paranoïa à la limite de la folie. L'effet du manque le rendait toujours aussi nerveux. Après avoir regardé des dizaines de fois par-dessus son épaule, il osa enfin rentrer chez lui.
C'était un immeuble aux couleurs ternes et aux murs d'un jaune rappelant l'urine. Quelques fenêtres brisées, des ampoules en panne, une odeur de refermé et de poussière... Le bleuté monta quatre à quatre les marches puis s'engouffra dans son petit et minable appartement. Il arriva dans le salon. La pièce n'était pas éclairée, et le soleil perçait à peine à travers les rideaux qui couvraient chaque fenêtre et la couche de saleté qui les recouvrait. Grimmjow ne voulait pas qu'on le voie. Des fringues sales, des journaux et des vieilles canettes gisaient sur cette moquette poisseuse et grisonnante. Un canapé éventré et une table basse couverte de poussière constituaient les seuls meubles de la pièce. Il les avait récupérés à la déchetterie. On pouvait également noter la présence de sachets vides, présentant quelques traces de poudre blanche.
Grimmjow enjamba le bazar et courut dans ce qui lui servait de chambre. Les volets soigneusement fermés laissaient à peine un rai de soleil pénétrer la pièce, aussi, elle était presque totalement sombre. Le bleuté appuya sur l'interrupteur, et une lumière jaune terne envahit la chambre. Un matelas gris posé à terre lui servait de lit. Le drogué n'avait plus d'argent pour s'acheter un vrai lit. Avec quoi aurait-il acheté sa came, sinon ? Il jeta son arme à terre, et se jeta sur le tiroir de sa commode. Fouillant comme un dératé le casier, à la recherche de quelque chose pouvant soulager son manque, le toxico poussa presque un cri de joie lorsqu'il trouva un petit sachet contenant un petit gramme de cocaïne.
Retournant à grands pas dans le salon, il poussa à terre tout ce qui se trouvait sur la petite table basse, et tremblotant, il versa le contenu du sachet sur la surface lisse. Roulant avec difficulté un billet, il était presque parcouru de spasme tant la drogue lui avait manqué. A bout, il inspira profondément la ligne de poudre. Il retomba, adossé au canapé, l'air hagard et satisfait.
Il s'appelait Grimmjow Jaggerjack et était pro dans l'art de gâcher de sa vie.
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« Hey, Ichi ! »
Le roux releva vivement la tête, un filet de bave ayant coulé le long de son menton. Il l'essuya d'un revers de main, se retournant vers le brun tatoué d'un '69', qui avait osé interrompre sa sieste. Le dénommé Ichi fronça les sourcils, en rajustant sa chemise.
« Quoi ?
-Qu'est-ce que tu fous à la bibliothèque ?
-Je travaille, ça se voit pas ?
-Allez, fais pas le con. On va s'amuser ! »
Le roux se laissa emporter par l'enthousiasme du brun, puis se leva en s'étirant. Il finirait sa sieste plus tard. Il s'appelait Ichigo Kurosaki, il avait 19 ans et était étudiant à la fac. Sa mère avait perdu la vie alors qu'il était encore un jeune enfant. Seulement, avec un père alcoolique et deux jeunes sœurs, l'adolescent n'avait pas eu le choix il devait travailler pour subvenir aux besoins de sa famille. Il avait trouvé un petit boulot dans un convini, le soir après les cours. Le travail terminé, il rentrait chez lui pour réviser, et il ne s'endormait que tard le soir. Sa vie décalée avait des conséquences sur ses études, qu'il s'acharnait pourtant à continuer. Il le fallait bien. Il n'allait pas continuer comme ça toute sa vie.
Shuuhei le traîna jusqu'à un bar, où ils burent allègrement sans compter, avec Renji. Ichigo se laissa aller avec l'ambiance détendue. Il s'arrêta toutefois de boire lorsqu'il sentit qu'il n'allait plus tenir debout. Saluant poliment ses amis, il quitta le bar. La nuit avait eu le temps de tomber. Le roux marcha sous les lampadaires, empruntant le chemin de sa maison. Il vivait seul dans un minuscule studio. Son père était resté à Karakura tandis que lui avait préféré s'exiler à Tokyo. Régulièrement, il envoyait à sa famille une partie de son salaire pour s'assurer que ses sœurs et son père vivent décemment. Il gardait assez pour payer le loyer et à manger. Cela suffisait déjà amplement. Un soupir.
La rue était déserte et silencieuse, quand soudain, un fracas monstrueux fit sursauter Ichigo. Au détour d'une ruelle surgit un homme aux cheveux bleus. Il avait le visage carré, la carrure athlétique, et un regard dément. Littéralement paralysé, le roux resta bêtement stoïque à regarder ce fou courir vers lui, comme s'il s'agissait d'une vision offerte par l'alcool qu'il venait d'ingérer. Ce n'était pourtant pas une illusion, puisque lorsque le bleuté s'arrêta maladroitement devant lui en se saisissant de son col, Ichigo entendit clairement sa voix grave et sourde.
« Toi. Donne-moi ton fric. »
Il avait l'air louche. Sa main tenait un portefeuille bien remplie. Il venait sûrement de plumer un autre homme. C'était donc ça, le bruit qu'il avait entendu. Le roux s'apprêta à répondre, négativement bien entendu, mais les mains puissantes de l'inconnu glissèrent sur son cou, tandis qu'il le plaquait au mur. Ichigo hoqueta, ses doigts cherchant à se défaire de cette étreinte qui l'étouffait, son corps parcouru de soubresauts nerveux.
« TON FRIC ! »
Il était nerveux, ça se voyait. Pourquoi ? On le poursuivait ? Il était suivi ? Il avait peur de se faire prendre ? Ichigo ne répondait pas, lâchant un gargouillement, griffant l'autre, en le suppliant silencieusement pour un peu d'air. Il ouvrit la bouche, cherchant désespérément de l'oxygène, mais sa respiration sifflante ne semblait pas alerter son assaillant. Dans une ultime tentative, il planta ses ongles dans la joue du bleuté. Dans un sursaut, ce dernier lâcha soudainement son étreinte pour porter une main à sa joue, tandis qu'Ichigo tomba à genoux, toussant et inspirant l'air comme un assoiffé avalerait une bouteille d'eau. Grimmjow baissa les yeux. Fronça les sourcils. Pourquoi... Pourquoi avait-il l'impression d'avoir déjà croisé ce regard ? Où ? Il ne se souvenait plus... Mais il était sûr de l'avoir déjà vu. Un visage lui revint en tête. Ce même visage.
« Me... Me r'garde pas comme ça, merde ! Et donne-moi ton p'tain d'fric !
-… Laisse-moi ! »
Le roux se releva et se mit à courir sans réfléchir. Lui échapper. Fuir. Il aurait dû rester avec ses camarades. Il n'aurait pas dû aller au bar. Il aurait dû rester dans sa ville natale. Il aurait dû. Il trébucha et des bruits de pas lourds lui indiquèrent qu'on le poursuivait. A peine se redressait-il pour fuir qu'il sentit qu'on lui étreignit le bras, le tirant en arrière. Il imaginait déjà une lame dans ses entrailles. Une main qui enserrait sa gorge. Ichigo songea qu'il était dommage de mourir comme ça. Et dans cette nuit sombre sans étoiles, dans cette rue déserte d'où perçait le miaulement rauque d'un chat, le roux sembla accepter ce qui allait forcément suivre. La mort.
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