Rien

Les yeux baissés, les mains jointes, les genoux contre l'âpre poussière du sol. Les lèvres closes. Aucun d'eux n'oserait même relâcher sa respiration, face à la terreur qu'il leur inspire. Il est leur seigneur, il est leur maître, il est leur roi. Il est tout puissant. Il y a si longtemps, leurs yeux emplis de pure terreur, leurs hurlements de douleur et leurs genoux tremblants le faisaient frémir de plaisir : son esprit se vidait, laissant place à une euphorie perverse, à une jouissance malsaine.. C'était il y a longtemps. Aujourd'hui, tout ce qu'il ressent, jour après jour, c'est...rien. Tout juste une pointe de mépris envers ces larves tremblantes qui sont la fierté du monde sorcier, les derniers vestiges d'une puissance éteinte. Il se sait tout puissant, il est Dieu. Mais il ne sent rien.

Alors il pointe un doigt décharné vers elle, et il la regarde soulever sa robe de soie noire et se relever. Il la regarde mais il ne la voit pas. Son esprit est fixé sur le lointain. Elle avance, la tête haute et les seins lourds et fiers, mais ses yeux... Ses paupières sont à moitié closes, et elle fixe le bord de sa robe par dessous ses cils noirs et épais. Elle est la soumission incarnée, parfaite, et autrefois, cette simple vue aurait suffi à... Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, il se contente de lever sa baguette et de lancer un 'Endoloris' dans un murmure indifférent. Elle tombe à terre, gémit et rit de douleur, mais il ne ressent rien. Il lui a arraché - non, elle lui a donné - un asservissement total, absolu, et cela ne lui fait rien.

Alors il part dans un bruissement de soie noire, il fixe le bois sculpté du lit, le sang sur les draps et le marbre du sol, et une seconde fois, il lève sa baguette. Il ne crie pas, il ne rit pas. Il embrasse la douleur, il l'accueille, il l'abrite, il s'ouvre à elle. Il est la douleur. Et il ne ressent rien. Il ne ressent rien du tout, parce que Tom a eu ce qu'il voulait, mais que Voldemort s'en moque, désormais. Et pourtant, il n'y renoncerait pour rien au monde. Le pouvoir le dévore, mais il ne pourrait pas vivre sans lui.

AN : J'ai poursuivi sur la thématique du pouvoir dans un drabble sur Dumbledore : Solitude. Ces deux OS ne prennent tout leur sens que liés l'un à l'autre.