Bonjour à tous,

Cette fic est la suite de « Aime-moi et Merlin t'aimera ou pas », donc il vaut mieux l'avoir lu pour ne pas être paumé mais vous pouvez tout de même tenter ^^.

On rappelle que cette fic est en co-écriture entre P'tite Yume, pour le point de vue d'Etta et Cloclo-Sorcière-mégalo, pour le point de vue de Kity.

Bonne lecture !


Chapitre 1 : Les années fanent…

-… pour ensuite entrer à Oxford. J'ai longtemps songé à me rendre en France pour…

Et blablabla.

Un énième soupir m'échappe. Mais quand cette torture prendra-t-elle fin, par Merlin ? Ah, je dis merci à Dana et Lily ! Qui d'autres, me direz-vous ? Il n'y a qu'elles pour prétexter être en droit de décider de ma vie… et ma mère. Mais bon, le jour où elle me dira de me trouver un garçon romantique, sérieux et stable, mon chien Chups tiendra une boutique de croquettes pour chats. Et encore, cette condition me semble encore plus plausible…

-… Le premier Ministre m'a même fait venir à son bureau car il trouvait en moi toutes les qualités désirées pour…

Et si, je m'enfonçais ma fourchette dans la gorge ? Mouais, on fait mieux dans le genre suicidaire… je peux peut-être essayer de me fracasser la tête contre mon assiette en porcelaine ? Ou alors, tenter l'étouffement en avalant de travers une arête du saumon qui repose sagement dans mon plat ?

-… mais je sais que je vaux bien mieux que ça…

Certainement. Si seulement je le connaissais depuis plus d'une heure, je pourrais surement lui prouver que de un, il ne vaut rien du tout, que de deux, il est aussi intéressant que le saumon de mon assiette –dans ses grands jours- et que de trois, s'il compte se marier qu'il devrait bannir les monologues insipides et interminables qui puent le narcissisme et l'amour propre démesuré à plein nez. Mais, pas de bol –ou plutôt, je ne connais que trop bien ma chance-, je ne le supporte que depuis quarante-trois minutes. Et trente-sept secondes... trente-huit… trente-neuf…

-… Dans quoi travailles-tu déjà ? me dit-il alors.

-Là, maintenant, je m'entraîne à dormir les yeux ouverts, répondis-je calmement avec une moue d'ennui. Ton babillage incessant m'aide beaucoup… merci.

Comme foudroyé, cet homme imbu de lui-même -dont je serai incapable de retrouver le nom- me regarde comme si je l'avais giflé. Oh, bah, je suis encore plus douée que je le pensais… je gifle les gens par la parole. Je m'aime… le problème, c'est que je suis la seule. Je ne compte pas les quelques déséquilibrés mentaux qui me considèrent comme fréquentable, hein…

Puis, prenant surement conscience de mes paroles insultantes, il se lève avec une dignité bafoué, m'apprend qu'étant le fils de machin et le meilleur de son école –comme quoi, sur un malentendu, même les plus pathétiques ont leurs chances…- il ne peut accepter qu'une femme le dénigre de cette façon. Non mais, franchement, est-ce que je l'ai dénigré ? Moi, qui ai supporté son discours emmerdant à souhait pendant tout le repas ? Il pourrait me témoigner un peu plus de gratitude… tout de même…

Il s'apprêtait à appeler le serveur pour demander l'addition mais je lui dis de s'en aller, maintenant.

-Je payerai. Tu te crois surement supérieur, Machin-Chose, mais j'ai fini mes études, moi, et je travaille vraiment, moi, je n'ai pas besoin de ton fric que tu tires tout droit du porte-monnaie de ton Papa…

-Mon père est le directeur de…

-Mon père, j'le connais pas. C'est peut-être le facteur du coin. Pourtant, c'est bien moi qui payerai. Au revoir !

Cette fois-ci, il s'en va réellement, me laissant seule dans ce restaurant luxueux, rempli de clients bien sur eux et distingués. Seule face à mon assiette et mon saumon. Seule dans ce monde qui ne semble me ressembler en rien. Seule avec mon pauvre petit cœur brisé et mon sang qui bouillonne encore…

Je me demande d'ailleurs quand les morceaux se recolleront et quand mon sang se refroidira. Pas de si tôt, apparemment. Moi qui avais eu si longtemps la présomption d'être forte et qui apparaissais aux autres comme une jeune femme froide et sans cœur. Ouais, bah, j'aurais largement préféré.

Je soupire à nouveau, en laissant tomber ma tête en arrière, mes yeux clos dirigés vers le plafond. Mais pourquoi ? Pourquoi faut-il qu'il me hante jusqu'au plus profond de mes pensées ? Pourquoi faut-il qu'il vienne errer, tel un fantôme, dans mes rêves ? Me faisant croire que rien n'est fini… qu'il est toujours là, près de moi… me susurrant que ses bras me sont encore autorisés mais…

Une larme coule. Foutus sentiments ! Foutu cœur qui ne veut pas comprendre que le vase en cristal dans lequel il reposait est brisé, que le poison s'est répandu… glacé. Blessant sans tuer. Déchirant sans effacer.

Je l'aimais. Plus que tout. Comme jamais je n'ai aimé quelqu'un. Et d'ailleurs, il a été le seul. Il a toujours été le seul. Oui, je l'aimais… et je l'aime encore. Contre toute logique et toute raison, après ce coup de poignard –très bien visé, si ça peut jouer en sa faveur-, je l'aime encore. Et j'ai cru… oui, je l'ai tellement cru… j'ai tellement cru que je pourrai l'aimer encore longtemps sans qu'il ne me fasse souffrir. Je croyais qu'il m'aimait et qu'il m'aimerait encore… mais j'étais comme ces filles, à rêver du Prince Charmant. Alors que, rien qu'en ayant l'exemple de ma mère, j'aurais dû savoir que ce n'était qu'un mirage pour bercer les petites filles avant la nuit.

Mais je le vois encore, comme si ma vue ne voulait plus rien voir d'autre depuis, à ma porte. Je l'entends encore me sortir les pires mots que je n'ai jamais eu à subir l'écoute…

On ne peut plus continuer. Je ne peux plus continuer, comme ça. Ça ne mène à rien. Je ne t'aime plus, Kity. Je suis si désolé, Kity, mais je ne t'aime plus… c'est fini. Je ne veux pas te blesser, je ne veux pas te faire souffrir encore plus en poursuivant cette mascarade qui dure depuis déjà trop longtemps. Kity, c'est fini.

Kity. Kity. Ce prénom, dans sa bouche, m'écorchait à vif. Je lui ai dit de s'en aller, de partir loin. De ne plus ni me voir, ni me parler. Et j'ai refermé la porte sans ni attendre son assentiment, ni espérer d'avantages d'excuses. S'excuse-t-on après avoir poignardé quelqu'un ? C'est le comble de l'inhumanité. C'est affreux, c'est écœurant.

J'ai jeté les quelques affaires qu'il avait laissé dans mon appartement par la fenêtre, sans même m'inquiéter de la présence de piétons le long du trottoir. J'ai pleuré et je me suis soulée jusqu'aux aurores. Minable. Il m'a rendue minable. Enflure.

-Mademoiselle… ? Tout va bien ?

J'ouvre les yeux et aperçois la mine inquiète d'un serveur. Sans prendre la peine d'essuyer mon unique larme, je me redresse et réponds :

-Votre saumon est mauvais.

xOx

-Alors ? m'agressent Lily et Dana dés que je passe le seuil de l'appartement.

-La prochaine fois, évitez les Fils à Papa qui ne savent conjuguer les verbes qu'à la première personne, déclarais-je.

Lily se laisse tomber dans le canapé qu'elle vient surement de quitter en m'entendant rentrer. Dana, quant à elle, ne semble pas prête à lâcher le morceau…

-T'as rien à dire de bien sur lui ? T'es sûre ?

-Dana… ce type est insupportable.

-Tu fais strictement aucun effort, aussi…, intervient, tout de même, Lily.

-Déjà, j'accepte d'aller à ces rendez-vous niais que vous m'imposez, je pense que c'est largement suffisant !

-C'est pas niais… on essaye juste de t'aider à…

-… retrouver l'amour, complétais-je avec lassitude. Merci, j'ai saisi. Mais ya des choses qui ne vaut mieux pas rechercher après les avoir perdu… et je me sens arriver à la conclusion que l'amour est l'une de ces putains de choses.

Dans une parfaite coordination, elles haussent les épaules, sans répliquer. Faut dire, quelles paroles, honnêtes et sincères, de réconfort pourraient me donner deux filles qui filent le parfait amour ? Dana avec Léo, aussi stupide que flemmard, mais qui semble la combler au-delà de toute vraisemblance Lily qui partage une maison avec Potter-La-Sucette depuis la sortie de Poudlard et qui trépigne à l'idée d'une demande en mariage –qui ne saurait tarder, si vous voulez mon avis. Oui, je suis bien entourée.

-Sirius n'est pas là ? m'enquis-je.

-Nan… il est surement avec sa nouvelle copine…, répond Dana, comme si la question ne se posait même pas.

-Parfois, je me demande quand il murira, commente Lily.

-Mais qui veut qu'il murisse ? répliquais-je en riant légèrement.

Lily me lance un regard dubitatif mais finit par acquiescer, en souriant. Depuis qu'elle sort avec son meilleur ami, Lily s'est mise à apprécier Sirius qu'elle voit sous un nouveau jour… comme quoi, même l'impossible peut devenir possible. A tout hasard.

Faut dire, Lily, logeant avec James, et Sirius, avec Dana et moi, c'est normal que les relations se soient apaisées entre eux. Ce qui ne veut pas dire qu'ils s'adorent… enfin, plutôt, si, ils s'adorent mais jamais vous ne les entendrez l'avouer… Vous connaissez Sirius et Lily. Deux têtes d'hippogriffe, aussi amène aux concessions et aux revues de jugements que moi à danser la Macarena en plein Ministère de la magie… c'est dire… quoique…

D'ailleurs, quand je dis que Sirius loge avec Dana et moi, je devrais plutôt dire qu'il squatte pour une durée indéterminée. Lily et James ayant emménagés ensemble, Sirius se retrouvait comme dans une situation… bancale, disons. Donc, il s'est dit, tout naturellement, « Mais pourquoi n'irais-je pas faire une p'tit coucou à cette bonne vieille Kity et sa copine Dana ? ». Et comme une fleur, il est débarqué, ses affaires avec lui.

Avec son air de chiot abandonné, comment aurais-je pu lui refuser un hébergement de courte durée ? Juste histoire qu'il se trouve un nouveau chez lui ? Oui, mais voilà, maintenant, ça fait sept mois que ça dure ! Et le sujet ne revient même plus sur la table… avec Dana, on s'est faites une idée. Monsieur compte bien s'éterniser.

J'aime beaucoup Sirius, je vous assure. C'est même mon meilleur ami, un peu mon confident. Etrangement, c'est vers lui que je me suis tournée en premier quand Fred m'a larguée… et il a sur m'écouter, sans ni me juger, ni me mentir. Du genre, « T'inquiète, Kity, il reviendra… il regrettera… il t'aime toujours… ». Mais, malgré tout la reconnaissance et tout l'amour que je porte à Sirius, je vais vous le dire franchement… il est invivable ! Littéralement invivable ! Ramenant ses copines à la maison, laissant ses caleçons trainer n'importe où dans notre petite salle-de-bain, n'éteignant jamais la lumière après être sorti d'une pièce –faisant doubler nos frais d'électricité !-… en plus, il a trouvé le moyen de s'engueuler avec la concierge qui nous fait, désormais, crasse sur crasse ! Et je ne vous raconte même pas le nombre ahurissant de fois où il a oublié de fermer notre appart' à clé ou de fermer une fenêtre alors que, dehors, il pleuvait à torrent… Si vous avez de la place chez vous, surtout n'hésitez pas !

Le mini miroir, que je ne quitte jamais, se met alors à chauffer dans ma poche et je le sors pour le placer devant mon visage. Le nouveau moyen de communication à la mode… un vrai bonheur. Surtout quand vous vous retrouvez en face à face avec votre supérieur…

-Oui ? grommelais-je, peu amène.

-Au bureau, tout de suite !

-Je vous demande pardon ? Il est 23 heures ! Vous êtes déjà bien gonflé de m'appeler à cette heure, vous auriez pu me réveiller !

-Et vous de me parlez sur ce ton, Catherine ! C'est qui le boss, ici ? Je vous dis de venir immédiatement !

-Préparez le café, claquais-je avant de mettre fin à la communication.

Je soupire. Cet homme est vraiment…

-Un jour, il finira par te virer, m'avertit Lily, gravement.

-Me donne pas de faux espoirs, Lil's, je t'en pris !

xOx

-… ils sont au nombre de quatre. Un quart d'heure chacun et, si vous faites bien votre boulot, vous pourrez être au lit vers minuit et demi.

-Splendide, raillais-je.

Sous le regard irrité de Gutenberg, mon patron, je pénètre dans l'espèce de salle d'attente où, en effet, quatre personnes se trouvent, dispersés et assis, parfaitement immobiles. Trois femmes et un homme.

Je jette un coup d'œil à la liste que m'a confiée Gutenberg et y lis le premier nom :

-Alice Crown ?

-Euh, oui, oui ! C'est moi ! Alice Crown ! s'exclame-t-elle, nerveuse, en se levant d'un bond.

-Euhm… vous pouvez rentrer chez vous. Une lettre vous sera envoyée. Bonne nuit, lui souhaitais-je, sous son air alarmé, avant de lire le second nom, Lizzie Moon ?

xOx

-Margareth Tweeth, déclarais-je, un quart d'heure plus tard, en entrant dans le bureau de Gutenberg sans frapper.

-Fairfax ? s'étonne-t-il. Déjà ? Vous avez bâclé votre job ! C'est pas possible ! Retournez-y immédiatement !

Assez agacée et lui désobéissant avec effronterie, je prends place dans le siège en face de son bureau. Je me sers du café d'un coup de baguette et, avec un sourire ironique, commence mon compte rendu :

-Crown est une jeune femme sensible et fragile, qui s'évanouirait en croisant un chat à l'air louche. Moon est une imbécile prétentieuse qui n'a pas cessé de reluquer Nathan Pulls par la vitre, alors qu'elle était en rendez-vous professionnel. Et Pulls a une tenue qui doit coûter dans les 500 galions à elle toute seul alors qu'il est un jeune avocat et que sa famille est pauvre, donc soit il a gagné au loto, soit il a volé en faisant son shopping, soit il n'est pas très net dans ses affaires. Enfin, Tweeth a été impassible durant tout notre entretien, n'a pas essayé de me charmer et sait de quoi parle cette affaire. Elle défendra parfaitement le mangemort Sullivan Willen, sans se montrer impressionnable ou corruptible.

Si vous ne l'aviez pas deviné, je suis une sorte de Profiler, travaillant pour le Ministère de la magie. Je me rends utile dans le choix des employés, dans les affaires criminelles et, parfois, je sers de psychologue quand on n'a personne d'autre sous la main. Je suis un peu la fille à tout faire… oui, c'est le rêve. On peut m'appeler à toute heure et je dois souvent coopérer avec des andouilles de la pire espèce. Mais bon, je suis bien payée. C'est déjà ça.

A la fin de ma tirade, Gutenberg reste un moment sans faire le moindre mouvement mais finit par lâcher :

-Et tout ça en un quart d'heure ?

-Désolée, j'ai dû faire trois pauses café, ironisais-je. Sur ce, faites de beaux rêves.

xOx

-… Oh ma chérie, si tu savais comme il m'emmène au septième ciel ! Et il le fait en me récitant des poèmes ! Danny est l'homme de ma vie ! Il faut vraiment que tu le rencontres !

-Tu veux plutôt dire que ce Danny est le cinquantième homme de ta vie, après Michael, Carlos, Benjamin, Dick, Tom…, ironisais-je.

-Non, lui, c'est différent… si tu savais, mon poussin, tous les merveilleux moments qu'on passe en …, m'assure-t-elle.

-Crois-moi, Maman, je préfère en savoir le moins possible ! la coupais-je, en sortant mon paquet de cigarettes de mon sac à main.

J'en prends une, en tenant mon téléphone portable entre mon oreille et mon épaule –une contorsion on-ne-peut-plus emmerdante mais utile-, et la place entre mes lèvres. Un coup de briquet plus tard et l'extrémité s'embrase…

Ça fait maintenant quatre mois que je fume. Lily dit que j'aurais mieux fait de ne pas commencer et même si je lui dis que je m'en fous d'une façon prodigieuse, je ne peux pas m'empêcher d'être d'accord. La cigarette, c'est une vraie merde. Déjà, ça part vite et on en devient vite accro. Mais, en plus, ce n'est même pas agréable et le goût de la fumée acre reste des heures sur la langue. Qu'un moyen d'échapper à l'haleine fétide, trois chewing-gum à l'affilée… du coup, au moins ya deux entreprises qui se font du fric celle des clopes et celle des bubble-gum… Youpi !

Pourquoi ai-je commencé alors ? Disons que c'est à cause de Fred et de ma mère… l'un pour m'avoir jetée comme une merde alors que je l'aimais et la seconde pour être venue le lendemain, l'idée en tête de m'aider psychologiquement durant cette dure épreuve. Et d'enfiler cigarette sur cigarette juste sous mon nez, alors que les crèmes glacées n'arrivaient pas à m'empêcher de pleurer comme une madeleine. Du coup, je lui ai fumé tout son paquet de Marlboro en une soirée… pas sûr que ce fut bon pour mes poumons. Mais bon, au point j'en étais avec mon cœur brisé, je me suis dit que je pouvais bien me bousiller chacun de mes organes vitaux…

Un quart d'heure plus tard de conversation téléphonique avec ma mère, je raccroche alors que j'arrive devant la fleuriste avec qui j'ai des rendez-vous quotidiens… J'arrête le moteur de ma voiture –je suis revenue aux sources moldues, que voulez-vous- et j'en sors. Avant de pénétrer dans la petite boutique, j'écrase mon mégot sur le trottoir.

Toujours aussi lumineuse, la pièce principale est vide. Enfin, vide de présence humaine puisque, matériellement parlant, elle est spectaculairement bourrée. Entre les petits pots en céramique de toutes les couleurs, les décorations de tous genres, les photos d'amis, et la quantité invraisemblable de plantes sur des étagères, posées à même le sol, ou même accrochées au mur… on a à peine la place pour se déplacer. Heureusement, il y a aussi un petit coin tranquille avec quatre fauteuils, une table basse avec tout un tas de numéros de la Gazette du Sorcier et un distributeur magique de thé.

Au sol, des marques de trace de boue me disent que la fleuriste n'est pas si loin que ça… Allez, Sherlock, suit les pas ! Et je m'y attèle immédiatement, bien que je connaisse déjà parfaitement l'endroit où ces traces de pas vont me mener…

Je passe par une petite porte, au fond de la boutique, qui ouvre sur un petit jardin gazonné avec un immense arbre aux fruits multicolores. Je le traverse puis me rends à la minuscule serre, cachée derrière l'arbre à l'énorme tronc…

Mais dans le monde de la Magie, vaut mieux ne pas se fier aux apparences parce que, bien que de l'extérieur la serre ne parait pas plus grande qu'un cabinet de toilette, il suffit qu'on en passe le seuil pour découvrir un gigantesque musée de fleurs carnivores, plantes exotiques et légumes extraordinaires… tout ça, aussi ordonnés que mon tiroir de chaussettes. Pour information, je n'ai quasiment plus une seule paire complète…

Je m'aventure à travers les longues rangées de plantes et aperçois enfin la silhouette que je cherchais… qui me tourne le dos. Sur la pointe des pieds, je m'avance vers elle puis…

-Baaanzaaaï ! hurlais-je, juste derrière elle.

-Aaaaaaah ! crie-t-elle en bondissant avant de se tourner vers moi, armée d'une petite pelle boueuse.

J'éclate de rire et, dés qu'elle me reconnait, elle me rejoint dans mon hilarité.

-Pff ! Tu changeras jamais, Kity ! rie-t-elle, s'essuyant ses mains pleines, aux ongles multicolores, de terre sur sa salopette, sur laquelle il ya marqué, en rouge vif, « Mon cœur est une tomate trop mûre ! ».

-T'as pas l'air de vouloir changer, non plus, Etta !

J'appuis mes paroles d'un regard éloquent en direction de sa tenue… Chaussée de Doc Marteens Vert fluo, aux lacets jaune canaris, elle arbore une longue natte unique, pendant le long de son dos. Elle a une grosse tache de boue sur la joue droite et elle n'a pas non plus épargné son informe pull d'un rose franc, qui est lui aussi barbouillé de terreau humide. Mais, le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle a l'air épanouie !

-Non ! me répond-elle.

Elle se penche pour me faire la bise, collant bien exprès sa joue droite à la mienne… je sais, sans avoir besoin de sortir un miroir, que je porte maintenant une balafre de boue…

-Génial, merci Etta ! Moi, qui avait oublié de me mettre du fond de teint ! Alors, j'ai l'air plus bronzée, hein ? ironisais-je.

-On dirait que tu reviens des tropiques ! m'assure-t-elle.

On éclate de rire, puis elle me propose une tasse de thé… tant qu'elle n'échange pas le sucre avec l'insecticide, ça me va !


Alors ? Heureux de les retrouver ? ;)