Artificial Humans
Chapitre 1 : Genesis
C15 était jeune. Une quinzaine d'années. Carré long sur cheveux châtains. Yeux couleur azur.
C'est sur elle que Gero exerça ses talents, la cybernétisant avec talent.
Dans ce laboratoire terré dans la falaise escarpée des hautes montagnes nord, C15 fut l'un des prototype sur base humaine le plus abouti de Gero. Las, le scientifique s'en détourna pour créer un C16 de toutes pièces ; une machine aussi grande que massive.
C15 s'intéressait de près aux travaux de Gero, assistant à de nombreuses tentatives/opérations du scientifique de l'armée du Red Ribbon.
Durant des mois, Gero fut le seul être humain vivant que C15 côtoya car il lui était interdit de sortir. Elle ne s'entêta point, trouvant d'autres occupations, notamment celle d'assister le scientifique. Elle avait libre accès à tous les travaux, profitant de ne point avoir besoin de sommeil pour compulser les données collectées par Gero, se les appropriant nuit après nuit.
Pour une raison qui échappa à C15, Gero jugea C16 comme un échec ; bien trop dangereux pour être manipulé. La vérité était que Gero était effrayé par ce qu'il créait, par ce qui sortait de son laboratoire. Gero se faisait peur, tout en laissant gonfler son ego.
En outre, Gero supportait de plus en plus difficilement la solitude. Il se rêvait au centre d'une élite scientifique, récompensé par de nombreux prix par la communauté scientifique mondiale. Or Gero n'était rien d'autre qu'un paria qui se jugeait incompris.
De plus, l'âge déjà avancé de l'homme exacerbait son désir d'être reconnu. Il finit par élaborer la théorie qu'il était beaucoup trop talentueux pour être compris et distingué. Aussi en voulait-il au monde entier. Les armes qu'il créait ne faisaient que refléter son potentiel destructeur !...
C15 était le seul point de mire pour Gero. Durant des mois, ces deux êtres s'étaient côtoyés, n'ayant d'autre horizon qu'eux-mêmes.
C15 flattait les sens endormis de Gero. Il était particulièrement attaché à ce qu'elle dégageait. Sa jeunesse, notamment, le rendait fou. Il se mit à nourrir toutes sortes de pensées lubriques à son sujet. De sujet d'expérience, elle passa à objet de fantasmes.
Un jour, Gero eut un geste ; paume ouverte sur une fesse. C15 se tourna si violemment qu'il eut la peur de sa vie. La façon dont elle le dévisageait n'avait plus strictement rien d'engageant.
"Ne vous avisez plus jamais à un tel geste." siffla-t-elle.
"Tu... tu verras lorsque... je deviendrai moi-même un cyborg... je saurai te donner envie de ma personne, C15."
Cette nuit, Gero déchargea de son véhicule deux corps dans des housses opaques.
"Je vais avoir besoin de toi, C15."
Ils déposèrent les corps sur les deux tables de la salle d'opération et Gero ouvrit les housses.
"Bien. Retirons leurs vêtements. Je dois opérer cette nuit même. Occupe-toi du garçon."
C15 plissa les yeux.
"As-tu fini de pinailler pour si peu, C15 ?!"
C15 s'exécuta, retirant d'abord la veste à capuche du garçon. Chaque fois que son regard tombait sur le visage angélique, quelque chose en s'animait. Elle retirait à présent son t-shirt, le passant par la tête et le long des bras.
Elle défit les lacets des baskets pour les enlever. Elle eut un instant d'hésitation au moment de déboutonner le jeans. Ses doigts tremblaient tandis que ses sourcils étaient froncés.
Du coin de l'œil, elle veillait sur le corps que Gero dépouillait de ses vêtements.
Elle fit glisser le pantalon ouvert le long des cuisses puis des mollets.
Au moment de se saisir de l'élastique du caleçon, elle détourna le regard, paupières étroitement closes, faisant glisser le sous-vêtement des hanches jusqu'aux cuisses.
Gero se tenait figé, jouissant de la vue du corps nu de la fille.
15 eut envie de le bousculer !...
De son côté, elle faisait ce qu'elle pouvait pour éviter de poser le regard sur la nudité juvénile de celui qui était allongé sur la table de métal.
"Pouvons-nous commencer ?..."
"Comme te voilà impatiente !..." amusé. "Tu étais dans le même état lorsque..."
"Je ne souhaite pas le savoir. Je vous le redemande : pouvons-nous commencer ?"
15 secondait Gero, notant mentalement chaque geste pour les sauvegarder dans sa mémoire.
Elle possédait un répertoire très complet concernant les techniques utilisées par Gero.
Le travail sur les jumeaux durant trois jours et deux nuits. 15 assurait les tâches routinières, regard s'apesantant régulièrement sur les draps chirurgicaux qui recouvraient les corps nu et à demi-cybernétisés des futurs 17 et 18.
Gero n'avait fait aucun mystère de ses projets concernant les cyborgs : ce seront les plus puissants, les plus déshumanisés ; de super-armes de destruction massives, aux capacités surhumaines.
Gero s'occupait d'abord des corps avant toute nécrose. Puis il finalisait le travail en manipulant les données à sa guise.
C'est à ce stade que 15 intervint ; discrètement, nuit après nuit, elle falsifia les données entrées par Gero, conservant les traits humains en y apportant sa touche personnel. Elle parvint à duper Gero en créant les lignes de commandes double et codées.
Le scientifique, très affaibli après les heures d'intervention sur les deux cyborgs, n'y avait vu que du feu !...
L'instant de vérité. Grâce à un courant de densité combinée - encore un secret que Gero maîtrisait à la perfection - le scientifique faisait revenir la vie artificielle dans le corps modifié de ses créatures. Le moment était toujours délicat et signait soit la réussite complète, soit l'échec total.
Les corps sursautaient littéralement sur les tables lorsque le courant alternatif les parcourait.
L'opération était très impressionnante, même pour un œil exercé.
17 fut le premier a se redresser d'un coup, ouvrant grand des yeux d'un bleu limpide, données défilant à vitesse grand V à l'intérieur de son cerveau modifié.
Grâce à l'intervention de C15, il vit défiler les heures d'intervention nécessaires, le martyr que ce fut pour les corps, la volonté affichée de Gero de les dépouiller de toute humanité.
17 eut immédiatement un regard terriblement dur à l'égard de Gero.
Gero le détecta et reprit sa créature : "Adresse moi un autre regard, 17. Tu me dois la vie."
Le cyborg eut un rire dément : "La vie ?!" déchirant le drap chirurgical d'un mouvement de main. "Tu n'as fait que servir tes propres ambitions !..."
18 émergeait, entendant la colère dans la voix de son frère. Elle se redressa lentement sur la table, mémoire emmagasinant le même processus.
"17, je ne tolèrerai aucun signe de rébellion de ta part. Pas plus que de ta soeur." brandissant un désactivateur dans une main et l'index de l'autre.
"Tu penses vraiment que..." descendant de la table, s'écroulant, sans vie, l'instant d'après.
Gero venait d'user du désactivateur.
18 s'effondra également.
15 observait le désactivateur, fascinée par cet engin. Quelques coupes et scans suffirent à lui en faire comprendre le fonctionnement.
Elle fabriqua un double, dans le plus grand secret.
Alors que Gero prenait du repos, 15 se rendit dans la salle où les deux cyborgs reposaient, dans des caissons créés pour les rendre captifs.
C15 observait le couvercle des caissons se soulever, mains tremblantes.
Les cyborgs ne tardèrent pas à quitter leurs gangues électroniques, méfiance palpable.
17 fit un tour d'ensemble du regard. "Le vieux con n'est pas avec toi ?..." parlant de Gero.
"Non. En fait... j'ai... agi à son insu."
17 plissa les yeux, posant ses poings sur ses hanches.
"Dans quel but ?" questionna 18.
"Gero voulait vous arracher toute humanité. Je l'ai dupé en falsifiant vos données."
17 ne put s'empêcher de pouffer de rire. "Tu as... dupé cet enfoiré ? Bravo, 15 !" à la limite d'adresser une tape amicale dans le dos de C15, pouces levées.
"Pourquoi avoir agi contre Gero ?" demanda 18, toujours sur la défensive. "Qu'est-ce que ça t'apporte ?"
"Je trouve ses procédés discutables."
17 croisa les bras, s'installant sur la table. "Tu sais qu'il y a des caméras dans cette pièce, n'est-ce pas, 15 ?"
"Oui. Je m'en suis occupée par un brouillage d'ondes."
"Tu es redoutable, 15. Ou douée. Selon."
"Je ne cerne toujours pas ton mobile." dit 18.
"Disons que... je me sens plus proche de vous que de Gero."
"Toi aussi, tu es un cyborg à base humaine ?..." demanda 17.
"Oui."
"Voilà qui est amusant."
"Nous ne comptons pas obéir aux ordres de ce dégénéré." précise fermement 18.
"Je l'avais bien compris. Je ne compte pas non plus m'éterniser ici."
"Tu as un endroit où aller ?"
15 haussa les épaules.
"Je vois. Tu es comme nous, finalement."
La confiance de Gero filait entre les doigts de C15 ; ce dernier s'était mis en tête de créer un cyborg entièrement synthétique qui lui obéirait parfaitement et qu'il mettrait à contribution en vue de sa propre cybernétisation.
C'est ainsi que Gero donna la vie à C19, un cyborg capable d'aspirer l'énergie vitale d'autrui.
Peu avant l'opération de Gero, ce dernier tenta un nouvel essai en réactivant 17 et 18 ; essai qui se solda par un échec. Il nota néanmoins quelques échanges de regards entre 17 et 15 et ceci lui déplut fortement.
"Saleté de gamin... si tu penses pouvoir me doubler, tu fais une grossière erreur. Je vais trouver un moyen de ralier 15 à ma cause."
"Vous m'avez appelée, Docteur ?" demanda 15 alors que Gero l'avait faite venir dans une petite pièce peu éclairée qui lui servait à élaborer ses plans.
"Oui. Installe toi ici." lui désignant une chaise.
15 s'exécuta.
"Tu ne souhaites pas qu'il arrive malheur à 17, n'est-ce pas ?..." regard plissé de haine.
Devant la détresse muette de 15, Gero poursuivit son petit manège avec d'autant plus de détermination. "Je pourrai ne pas me contenter de le désactiver, tu sais... je l'ai créé et j'ai le pouvoir de le détruire entièrement. Sa vie repose entre mes mains, 15."
15 le fixait, lueur meurtrière dans le regard.
"Quand bien même tu tenterais quoi que ce soit contre moi, laisse moi te dire que ces efforts se révèleraient bien inutiles. J'ai programmé le caisson de 17 de manière à ce qu'il exécute lui-même la destruction."
"Espèce de..." sifflé.
"Si tu ne veux pas assister à la fin de 17, tu vas te montrer particulièrement gentille." accent lubrique sur le dernier terme, pivotant sur sa chaise, regard désignant son entrejambe renflée. "Allez."
15 serrait les poings, visage déformé par la hargne.
"Veux-tu vraiment que 17 disparaisse, 15 ?!"
Dans un haut-le-cœur, 15 s'approcha, ployant un genou après l'autre, larmes de rage contenues avec peine, ouvrant le pantalon de Gero pour prendre en bouche son membre répugnant.
"Bien... biiiien... ma... 15..." voix cassée de plaisir, mains filant dans les cheveux auburn, pressant la nuque pour plus de contact.
