Eyes Only par MacBethncis
Après SWAK et avant Twilight.
Ceci n'est pas le début de leur Amour, ça c'est une autre histoire.
Ceci n'en est pas la fin non plus. Cette histoire n'existera jamais.
Ceci est un éclat de leur vie à deux...
Chapitre 1. Dans ces yeux.
Washington, un Vendredi de Mai 2005. Tard dans la soirée.
"Oh I am what I am
I'll do what I want
But I can't hide
I won't go
I won't sleep
I can't breathe
Until you're resting here with me
I won't leave
I can't hide
I cannot be
Until you're resting here with me."
" Vous venez d'écouter "Here with me" de Dido sur ... "
La voix de la présentatrice cessa d'émettre lorsque Gibbs coupa le moteur de sa voiture. Il quitta son véhicule et entra dans l'immeuble à proximité. Il n'était pas chez lui, alors que pourtant il était là où il voulait vraiment être. Il tourna la clé dans la serrure, pénétra dans le hall et déposa le sac de courses sur la table de la cuisine. Après ces quelques gestes familiers et anodins, il se dirigea vers la chambre. Il allait retrouver la seule personne qui lui donnait l'impression d'avoir trouvé un foyer.
"Pourquoi avoir tant tardé avant de venir alors ?" énonça la mauvaise conscience qui le torturait depuis plusieurs jours maintenant. Mais Gibbs chassa cette question au loin, avec toutes les autres qui se posaient à lui sur sa relation avec DiNozzo. Pourtant, un jour le barrage finirait par céder et elles déferleraient toutes sur lui. Quand, était toute la question ! Mais surtout, Jethro refusait de comprendre que toutes ces questions avaient une seule solution : affronter ce qu'il ressentait pour Tony...
Il ouvrit la porte de la chambre et s'arrêta sur le seuil. Tony s'était endormi, tout habillé sur son lit. Gibbs l'imaginait très bien en train de tourner en rond, ne voulant qu'une chose : revenir au bureau. Il était également prêt à parier qu'il y avait un vieux film dans le lecteur dvd. Il savait aussi que Tony avait attendu qu'il vienne, en vain.
Combien de soir s'était terminé de cette façon ?
Mais ce soir ce serait différent. Ce soir, il était là.
Gibbs descendit son regard sur le torse de DiNozzo et il vit qu'il se soulevait calmement, sa respiration était silencieuse. C'était si bon de ne plus entendre ce sifflement rauque qui retenait son attention, lors de ses visites à l'hôpital. Tony avait toujours les traits tirés, des cernes sous les yeux mais il ne l'avait jamais entendu se plaindre. Pourtant, Gibbs sentait que quelque chose n'allait pas, il avait cru que ça passerait, il s'était laissé, un temps, aveugler par le sourire de DiNozzo mais quelque chose avait changé. Jethro avait compris depuis longtemps que Tony dissimulait sa fragilité et ses cicatrices sous bien des masques de protection : Une enfance solitaire, un statut de coqueluche de l'école sans avoir de véritables amis, une fausse confiance en soi, une image de dragueur pour un homme qui ne cherchait qu'à être aimé. Pourtant sa joie de vivre était sincère et communicative. Et Gibbs l'admirait pour cela. Il ne devait jamais la perdre, Gibbs serait là pour que ça n'arrive jamais. Il s'en était fait la promesse, il y a longtemps déjà.
Jethro s'assit sur le lit et passa sa main dans les cheveux de Tony. Et surtout, une caresse sur son front soucieux pour en effacer les rides. Mais au lieu d'apaiser Tony, ce dernier se réveilla d'un coup.
- Tony ? C'est moi.
Tony essaya bien de lui répondre mais une quinte de toux l'en empêcha.
- Ca va ?
- Oui, ça va passer, dit-il, en se détournant de Gibbs.
- Je peux t'aider ?
Quand DiNozzo eut repris son souffle :
- Tu m'aides, tu es là, puis comme si tout allait bien, Tony dit : Je reprends le boulot dans une semaine.
- Non, deux. J'ai eu ton médecin au téléphone.
- J'en peux plus ici, lui dit Tony, en se redressant.
- Tony, c'est pour ton bien.
- Tu sais ce qui aurait été bien ... puis Tony s'arrêta net, se rendant compte qu'il avait dit ça tout haut.
- Je ne comprends pas ?
- Ce n'est rien, fais comme si je n'avais rien dit.
- C'est trop tard, continue.
- D'accord. Ce qui aurait été bien, c'est que tu viennes me voir à l'hôpital.
- Je suis venu.
- Oui, avec les autres. C'est Toi que je voulais voir, que tu sois là, lui rétorqua Tony, le regard tourné vers la fenêtre et le ciel étoilé.
- Je ne pouvais pas, on se serait posé des questions.
- Un patron qui prend des nouvelles de ces hommes. C'est tout. Je ne te demandais pas de m'embrasser devant les médecins.
- Tony ...
- Oh, je sais, je divague. Laisse tomber, dit-il d'une voix lasse, déserte de toute ironie.
- Je n'ai pas dit ça. Parle-moi. Je vois bien que quelque chose ne va pas et je ne te laisserai pas t'éloigner.
- M'éloigner ? C'est toi qui dis ça ?
Tony se remit à tousser et Gibbs lui dit :
- J'ai remarqué ce qui provoque ces crises. C'est plus émotionnel que physique.
- Tu racontes n'importe quoi ! Et puis, je ne vois pas comment tu aurais pu le remarquer puisque tu n'es jamais là.
Voyant que Gibbs va répliquer.
- Non, arrête-toi avant de prétexter le boulot, commença Tony. Il s'assit, au bord du lit, dos à Gibbs. J'ai eu Abby au téléphone cette après-midi. Elle m'a dit qu'il faisait calme. Je lui ai assuré qu'elle n'arriverait pas à me convaincre, que j'étais mieux chez moi, en disant cela, mais elle me l'a juré en ajoutant que c'était comme ça depuis une semaine. Pourquoi n'es-tu pas venu ? Tout ce que j'espérais c'était te sentir contre moi et m'endormir au creux de ton épaule, et dans un murmure ... J'ai failli mourir.
- Tout s'est bien terminé.
Gibbs avait dit cela d'un ton froid car il ne voulait pas parler de tout ce qui s'était passé. Il ne fallait pas. Mais Tony n'était pas de cet avis. Il avait besoin de réponses.
- 15 pourcents de chance ! 85 pour mourir.
En disant cela, Tony se retourna vers Gibbs puis ne voyant aucune réaction, il se leva en chancelant. Mais son état de santé n'y était pas pour grand chose. Cette détresse qui avait grandit en lui, depuis sa sortie d'hôpital, était devenue insupportable.
- Je comprends ta colère.
- Ma colère ! Je ne suis pas en colère. Cette scientifique était malade et sa fille lui avait mentis. Contre qui veux-tu que je sois en colère ?
- Contre moi.
Tony releva la tête vers Gibbs et ce dernier pu voir ces yeux. Gibbs réalisa enfin que Tony avait évité de le regarder jusqu'à maintenant. Et Gibbs comprit pourquoi. Anthony ne parvenait plus à cacher cette souffrance intense, il savait qu'elle se reflétait dans ces yeux. Oui, Tony l'avait dissimulée jusqu'à maintenant mais surtout Gibbs avait accepté de ne pas la voir.
"Depuis quand avais-je les yeux fermés ? Ce n'est pas normal de tant souffrir et ce par ma faute."
- Ce n'est pas de la colère... Puis d'une voix empreinte d'une connaissance acquise avec le temps. Une connaissance qu'il aurait préféré ignorer. Tu m'as fait mal, si mal. Sous ces lampes bleues, je n'attendais qu'une chose. Kate est restée et je ne la remercierais jamais assez mais c'est toi que je voulais ...
Gibbs pouvait voir les mâchoires de Tony se contracter de plus en plus : "Il est en train de se battre contre les souvenirs et les émotions qui l'assaillent."
Gibbs avait raison. Tony se revoyait ouvrir l'enveloppe et cette poudre blanche en sortir. Il se revoyait sur ce lit en train de chercher cet oxygène qui lui manquait, se mettre à tousser ...
"Je peux presque encore sentir le virus en moi. J'ignore comment faire pour me débarrasser de cette sensation. Gibbs peut-être ... Oui, il aurait pu faire la différence et je ne serais pas là à me battre seul contre ce vide en moi..."
DiNozzo savait que Gibbs s'était demené pour trouver un moyen de l'aider et il préférait aussi qu'il ne l'ai pas vu se laisser envahir par l'Y.Pestis. Tony avait voulu faire comme si tout allait bien mais il avait encore l'impression d'être dans cette chambre stérile à attendre de mourir ... Il fallait qu'il se sorte de là, si non il allait étouffer.
- Je croyais que j'allais mourir. Kate et moi avons joué le jeu mais j'étais persuadé de ne pas m'en sortir. Seulement, je ne voulais pas mourir avant de t'avoir vu et j'ai tenu pour te voir. Tu n'as donc pas compris ... Ta seule phrase et ta main dans la mienne ont suffit à me maintenir en vie. Et là, j'ai l'impression que si je n'étais plus là, ce serait pareil.
La tristesse de Tony était palpable et si forte que Gibbs en frissonna.
- Ne dis pas ça !
- Pourquoi pas ?
- Je suis là, non ?
- Oui, ton devoir de Marine.
- Ce n'est pas vrai.
Gibbs tendit sa main pour la mettre sur l'épaule de Tony mais il recula.
- Ne me touche pas ! Ce n'est pas ça que je veux !
- Je ne peux pas changer ce qui est arrivé.
- Mais je ne le veux pas. Si tu avais ouvert cette enveloppe, ce virus t'aurais sans doute tué.
DiNozzo fixa son regard dans celui de Gibbs. Tous les deux en avaient conscience. Même si Gibbs était en excellente forme, son âge aurait pesé dans la balance.
Et Tony laissa son coeur parler et exprima tout haut ce que Gibbs avait déjà pu lire dans le vert intense de son regard :
- Si c'était à refaire, je l'ouvrirais encore cette lettre. Pour Toi ...
Dites-moi si vous voulez en savoir plus ...
