Se confronter au passé

Se confronter au passé.

Note : La fin du livre 5 vous déplait ? Vous ne voulez pas que Sirius meurt, venez découvrir notre fic' qui débute au chapitre 21 de Harry Potter et l'ordre du Phoenix, juste après que celui ci ait découvert le pire souvenir de Rogue.

PS : Nous n'avons pas mis en ligne tout le prologue, il y aura donc sans doute une mise à jour dans quelques temps.

Re PS : Nous ne parlons pas de nous à la deuxième personne du pluriel, c'est juste que nous sommes deux ! (Non non, nous ne sommes pas schizo. - ah bon ? - chuuttt...)

Re PS : Toutes ressemblances avec des personnes existantes ou ayant existé seraient purement fortuites... (Ahemm.)

Prologue :

... et il se retira aussitôt de la cheminée du Square Grimmaurd. Pendant un bon moment, il lui sembla que sa tête tournoyait sur elle même. Enfin, elle s'immobilisa à nouveau sur ces épaules et il se retrouva devant l'âtre du bureau d'Ombrage. Les flammes émeraude vacillèrent encore quelques instants puis s'éteignirent.

- Vite, vite ! Marmonna une voix sifflante derrière la porte du bureau. Ah, elle a laissé ouvert...

Harry plongea sur sa cape d'invisibilité et parvint tout juste à s'en recouvrir avant que Rusard ne fasse interruption. L'air ravi, le concierge traversa la pièce en parlant tout seul d'un ton fébrile. Puis il ouvrit un tiroir du bureau d'Ombrage et commença à fouiller dans les papiers qu'il contenait.

- Autorisation de donner des coups de fouets... autorisation de donner des coups de fouets... j'ai enfin le droit de le faire... ils le méritent depuis tant d'années...

Il retira du tiroir un morceau de parchemin qu'il embrassa avant de se retourner précipitamment vers la porte en le serrant contre sa poitrine.

Harry se leva d'un bond, s'assura qu'il n'oubliait pas son sac et que la cape d'invisibilité le recouvrait entièrement puis il ouvrit la porte et se précipita dans le couloir à la suite de Rusard qu'il n'avait jamais vu filé aussi vite de son pas clopinant.

Un étage plus bas, Harry estima qu'il pouvait redevenir visible sans risque. Il ôta sa cape d'invisibilité, la fourra dans son sac et se hâta de poursuivre son chemin vers les cachots.

Hermione l'accueillit, un air anxieux et désapprobateur sur le visage, mais néanmoins soulagée et Ron se contenta de lui jeter un regard interrogateur. Harry fit un geste vague, ne préférant pas s'attarder sur les réponses qu'il ne jugeait pas satisfaisantes de Sirius et Lupin.

C'est plongé dans ses pensées qu'il franchit le seuil du cachot, bousculant une jeune fille.

- Tu pourrais t'excuser ! lança-t-elle, alors qu'elle ramassait ces livres éparpillés sur le sol.

- Désolé, dit-il à l'adolescente, en se penchant pour l'aider.

Elle l'arrêta avant qu'il ait pu saisir un livre, ramassa son dernier ouvrage d'un geste vif et déclara, d'un ton excédé : « Laisse tomber ! », avant de se relever et de s'asseoir derrière Parvati Patil et Lavande Brown.

Harry soupira : Morgane Evans. Il ne comprenait toujours pas comment une gryffondor pouvait être aussi antipathique. Ron le regarda, goguenard.

- Toujours en train de draguer, Harry.

Ce dernier répondit par un grognement et s'assit à sa place habituelle, au dernier rang, tandis qu'Hermione lançait un regard noir à Ron.

- Je ne comprends pas pourquoi tu es tant sur la défensive avec Morgane, Harry, dit Hermione en sortant ses ingrédients, elle est plutôt sympa si on se donne la peine de lui parler.

- Sur la défensive ! Répondit Harry avec colère. Moi ! C'est elle qui est sur la défensive, oui ! Tu as vu sa réaction !

Hermione haussa les épaules.

- De toute manière, nous savons que ce n'est pas l'amour fou entre vous deux et ça depuis 5 ans, déclara tranquillement Ron en prenant la place vide à coté de Harry.

- Je ne dis pas le contraire, enchaîna Hermione, mais la question est "pourquoi ?"

Pourquoi ? Harry ne le savait pas. Il y avait quelque chose chez cette fille qui le mettait mal à l'aise, dans sa façon de parler, de sourire, de bouger. Ron lui avait un jour glissé malicieusement que ce malaise était sûrement lié au cœur. Mais Harry n'avait même pas protesté ni ne s'était senti offusqué par cette remarque. Il était absolument certain de n'avoir aucun sentiment pour Morgane Evans. Il ne l'aimait pas. Et elle ne l'aimait pas. Il y avait une sorte de réaction allergique entre eux deux, un peu comme deux chats qui se hérissent, réaction qui s'était déclenchée dès la première année à leur première (et seule) discussion en cours de botanique.

- Je suis sûre qu'elle ne partage pas ton sentiment, reprit Hermione, que le silence équivoque d'Harry n'avait pas découragé, elle ressent juste ton hostilité.

Harry secoua la tête. Morgane devait être l'une des premières à sourire en lisant tout le tissu de mensonges que les journaux racontaient sur son compte. Elle devait se délecter du fait qu'il passe pour un fou. D'ailleurs, il l'avait vu lui jeter des regards amusés à chaque parution d'articles.

Il formula à haute voix sa pensée mais Hermione le détrompa.

- Morgane vit avec Dumbledore. Comment veux-tu que ces articles la fassent sourire ? Qui plus est, je ne serais pas étonnée que la mort de ses parents soit l'œuvre de Voldemort ne sois pas stupide, Ron donc je la vois mal en train de se "délecter" de ton portrait de malade.

- Merci Hermione, bougonna-t-il. Ca me remonte le moral.

Cependant, il concéda qu'elle avait raison : Morgane Evans était sous la tutelle de Dumbledore. Ses parents étaient morts quand elle n'était qu'un bébé mais on n'en savait pas plus. La cause de leur mort restait un mystère que Harry n'avait jamais voulut percer. Il savait trop bien ce que signifiait la douleur d'être orphelin. Il n'avait donc pas été étonné qu'elle ne s'étende pas sur le sujet.

Non, Evans ne pouvait pas apprécier ces articles, pas avec Dumbledore comme tuteur.

Son attention fut captée par la longue liste d'ingrédients que Rogue venait de faire apparaître au tableau et il cessa de songer au sujet Evans.

Au contraire, la vue de Rogue lui rappela leur dernière entrevue et ce à quoi il avait assisté dans la pensine. Ce dernier souvenir lui donna la nausée. Son père n'était donc rien d'autre qu'un frimeur prétentieux et méchant?

Le pire était sûrement de reconnaître que Rogue avait raison. Cela le rendait furieux, furieux contre Rogue, contre son père, contre lui-même, et surtout contre Sirius et ses stupides justifications !

- Qu'est ce que t'a dit Sirius ? murmura Ron en mélangeant distraitement le contenu de son chaudron qui arborait une couleur bleu vif alors que la plupart des potions voisines tournaient au jaune pâle.

Harry ne répondit pas tout de suite, trop occupé à doser ces gouttes d'Empestine.

- Qu'il ne fallait pas juger mon père sur ce simple fait et qu'il n'avait que 15 ans, répondit-il à voix basse, quand il eut fini de compter ses yeux de triton.

Ron écarquilla les yeux.

- Et alors ? reprit-il, nous aussi nous avons 15 ans.

Harry fit mine qu'il ne comprenait pas et ajouta :

- C'est ce que je leur ai répliqué. Mais sincèrement, je pense que lui et Lupin n'avaient pas d'excuses valables à donner.

Ron fronça les sourcils :

- Lupin ?

- C'est sur lui que je suis tombé en premier.

Ron ne creusa pas le sujet et Harry lui en fut reconnaissant. Malgré son air, il se sentait bien plus affecté qu'il ne le montrait. Il fallait qu'il sache, qu'il voit à nouveau, qu'il prenne du recul par rapport à l'attitude de son père.

Et sa mère... sa gorge se serra : ses paroles montraient clairement qu'elle détestait James quoiqu'en dise Lupin et Sirius.

Ces mains tremblèrent légèrement alors qu'il versait du pu de bulbonbulbe dans son chaudron (qui virait désormais au vert foncé et commençait à bouillonner dangereusement sous les regards d'Hermione), quand il entrevit la solution à son problème : Il devait retourner dans la pensine. Quant au moment opportun pour le faire, la conclusion s'imposait avec Rogue : le matin tôt. En effet, le professeur de potion veillait tard le soir, Harry le savait (il avait eu à subir plus d'une rencontre lors de ses sorties nocturnes).

L'esprit plongé dans ces calculs, il ne remarqua pas que le niveau de sa potion avait sérieusement monté et qu'il menaçait de déborder. Quand il s'en aperçu, il était trop tard et il n'eut que le temps d'enlever son sac avant que la moitié du bureau soit inondé.

Il y eut des éclats de rire du côté des Serpentards tandis que Rogue s'approchait de lui, un rictus méprisant sur les lèvres, une lueur de plaisir dansant dans les yeux.

- Potter, je connaissais votre inaptitude à travailler correctement mais j'avoue que je découvre votre incapacité à lire convenablement. Ce qui ne m'étonne guère d'ailleurs.

Les éclats de rire se firent plus forts.

La voix mielleuse de Rogue devint glaciale.

- Lisez le tableau Potter.

Celui ci s'exécuta bouillonnant de colère. Il s'arrêta sur la dixième ligne.

- Potter, combien avait vous ajouté d'yeux de triton ? demanda Rogue son sourire s'agrandissant.

- Neuf, murmura Harry.

- Pardon ?

- Neuf, Serv..., Monsieur, dit-il plus fort, insistant sur le dernier mot, un air de défi sur le visage.

Il tenta de se calmer. L'envie le démanger d'appeler Rogue Servilus. Mais, le regard que lui décocha ce dernier l'en dissuada. Rogue avait dangereusement pâlit sous ses cheveux graisseux. Il y eut quelques instants de silence pesant où tous les yeux furent braqués sur le professeur et Harry se demandant ce que ce dernier avait il put dire de mal, avant que d'une voix sifflante, Rogue déclara :

- Dix points de moins pour Gryffondor. Vous avez la tête aussi gonflée que votre cher père.

Il y eut un murmure de protestation parmi les Gryffondors. Harry, quant à lui, fixait d'un air assassin le sorcier. Sa première réaction avait été de riposter. Mais les mots moururent dans sa gorge quand il s'aperçut qu'il ne pouvait que mentir. Apres avoir vu le souvenir de Rogue, il savait qu'il avait raison : son père n'était qu'un jeune homme arrogant. Et il venait de se comporter de la même façon.

Le maître de potions ne lui prêta nullement attention et se retourna pour s'occuper des autres élèves. Son regard acéré fixa le chaudron de Neville, qui, paniqué, regardait de grosses volutes violettes en émaner. Un sourire hideux glissa sur son visage et il s'avança vers le pauvre garçon qui lançait des regards désespérés à Evans assise à coté de lui.

Celle ci évalua d'un regard aigu le désastre et saisit rapidement un flacon alors que Rogue s'était arrêté un instant fixant le pied de la table de Seamus et Dean avec attention. Elle en profita pour en versé trois gouttes dans le chaudron de Neville et murmura :

- Tourne trois fois dans le sens des aiguilles d'une montre et rajoute de la poudre luciole.

Il la regarda avec gratitude mais elle s'était déjà replongée dans la contemplation de sa propre potion.

Harry nota que la sienne était verte émeraude ce qui laissait penser que c'était la bonne couleur : Evans était excellente en potion. C'était la seule à surclasser Hermione (dans cette matière) et même Rogue n'avait jamais eu à critiquer ses potions (elle, c'était une autre affaire).

Pourtant, l'air bien connu de dégoût s'affichait sur son visage à chaque fois que ces yeux se posaient sur elle, sûrement parce qu'il n'arrivait pas à concevoir que sa meilleure élève fut une gryffondor.

Harry sourit. C'était le seul trait qu'il appréciait chez Evans, sa capacité à énerver au même point que lui Rogue. Son regard se reposa sur ce dernier qui s'était relevé et avait saisit une fiole remplie d'une solution aux éclats argentés. Il l'examina avec attention, la déboucha et huma la potion. Son visage resta impassible mais son regard semblait intrigué.

- Est-ce que cette potion appartient à l'un de vous ? demanda t il d'une voix veloutée en promenant un regard inquisiteur sur les rangées d'élèves. Plusieurs relevèrent la tête, regardant avec curiosité la fiole, d'autres se contentèrent de fixer le professeur anxieusement. Harry remarqua qu'Evans avait pâli et qu'une lueur de compréhension s'était allumée dans ses yeux gris.

Le regard de Rogue s'arrêta sur la jeune fille et il la toisa d'un air suspicieux.

- Evans, est ce à vous ?

L'adolescente s'était reprise : elle lança un bref coup d'œil au contenu de la potion et déclara d'une voix sure que ce n'était pas son bien.

Il arbora un air mauvais.

- Peut-être pourriez-vous me dire, miss Evans, quel type de potion est-ce ?

La jeune fille étudia le liquide pendant quelques secondes, puis reporta son attention sur son professeur.

- Je n'en ai aucune idée Monsieur. Je n'ai jamais vu une telle substance.

Le sourire de Rogue s'accentua.

- Vous ne savez pas ? Insista-t-il d'un ton moqueur.

- Non monsieur.

Il eut une expression triomphante sous les regards navrés des gryffondors et ravis des Serpentards. Depuis 5 ans, les réponses de Morgane Evans avaient été correctes malgré toutes les ingéniosités que Rogue avait déployées pour l'induire en erreur. Durant leur première année, il s'était acharné sur chacun des Gryffondors et aucun n'avait répondu à plus de trois questions mis à part Hermione et Evans. C'était la première fois qu'elle avouait ne pas connaître la réponse.

Cependant, elle esquissa un mince sourire d'excuse au maître de potion et déclara :

- ...mais je serais ravie que vous combliez ma lacune, professeur.

Ce dernier perdit immédiatement son air triomphant. Les gryffondors lui jetèrent des regards narquois, riant sous cape. Rogue scruta le visage calme de la jeune sorcière pendant un long moment puis, sans un mot, se dirigea vers son bureau et rangea la fiole dans un de ses tiroirs.

Quand il se redressa, son habituelle expression sournoise était revenue et c'est d'une voix cassante qu'il demanda aux élèves de mettre leurs potions dans un flacon et de lui apporter immédiatement.

- Je me demande si j'ai rajouté assez de crins de licornes... déclara Hermione d'un air songeur, en se dirigeant en compagnie de Harry et Ron vers la grande salle. Ma potion tirait plus vers le kaki que l'émeraude.

Ron lui jeta un regard perplexe.

- Il ne fallait pas ?

Hermione rougit légèrement.

- Et bien... je ne sais pas. C'est juste que...

Ron la regardait toujours, incrédule.

- La potion d'Evans était émeraude, termina Harry, abrégeant ainsi le discours bégayant de son amie.

Ron la regarda alors avec un faux air de compassion.

- Alors la, ma vieille, tu peux être sûre d'avoir un B- maximum, dit il en lui tapotant l'épaule avec un sourire indulgent.

Elle se dégagea en lui lançant un regard furibond, avant de s'asseoir à côté de Ginny.

- Ron, vu la couleur de ta "mixture", je ne m'attarderais pas sur la question, répliqua-t-elle sèchement en se servant une tranche de rosbif.

Le sourire de Ron disparut instantanément : sa potion avait viré au rose vif juste avant qu'il n'en prélève une louche. Il décida donc d'orienter la conversation vers un sujet moins glissant... pour lui et se lança dans une furieuse diatribe contre Rogue, qui dériva sur Ombrage, sa police inquisitoriale et bien sur, sur Malefoy, "qui circulait dans le château avec des airs de propriétaire" renchérit Ginny avec fougue.

Harry ne répondit que mollement, trop absorbé en apparence par le contenu de son assiette (en réalité par l'idée qui germait dans sa tête).

Ron et Hermione échangèrent un regard inquiet.

- Harry ? Se risqua Hermione devant le visage sombre de son ami.

Il releva la tête brusquement arrachée à sa contemplation et capta leur expression effrayée.

- Oui ?

- Ca va ? demanda Ron.

Il les rassura d'un sourire.

- Très bien. Je suis juste un peu fatigué, s'excusa-t-il en se levant de table. Je vais aller me coucher.

Les mines d'Hermione et Ron s'assombrirent.

- Tu ne devrais pas t'en faire autant pour... Hermione baissa la voix pour ce que tu as vu dans la pensine. Ca n'a plus d'importance.

Le regard d'Harry se durcit mais il se contenta de répéter :

- Je vais me coucher.

Ses deux amis le regardèrent partir avec anxiété. Harry traversa le couloir et monta rapidement les escaliers. Arrivé devant le portrait de la grosse dame, il s'arrêta un instant un peu étourdi par ses pensées. Qu'allait-il faire au juste ? Son plan était bien trop risqué. Rogue risquait à tout moment de le découvrir à nouveau plongé, littéralement, dans ses pensées. Il n'osait imaginer sa réaction. La dernière fois, il avait été bien trop impressionné. Mais il devait y aller.

C'était bête, songea-t-il. Mais cela lui semblait être un moyen de se rapprocher de ses parents, de les voir enfin. Même s'ils ne les voyaient pas, il les connaîtrait un peu.

Il se décida finalement, prononça le mot de passe et monta directement au dortoir. Là, il s'étendit sur le lit, contemplant les lourds rideaux de velours rouge, immobile, qui l'enveloppaient. Il resta quelques instants ainsi puis sortit de sa malle un petit réveil, qui avait appartenu à Dudley jusqu'à ce que celui-ci se voie offrir une chaîne stéréo avec réveil intégré, qu'il régla pour 4h30 (du matin). Il n'y avait pas de risques que cela réveille ses camarades de chambre ; la sonnerie était douce et leur sommeil bien trop lourd. Il s'endormit sur cette dernière pensée, sans avoir pris la peine de passer un pyjama.

Quand il se réveilla, tiré de son sommeil par une sonnerie persistante, Harry se sentit fourbu et exténué. Ce n'est qu'à la pensée de ce qu'il devait entreprendre qu'il se redressa avec difficulté.

Il s'étira, étouffant un gémissement du à ses membres endoloris, il ne prit pas la peine de se changer étant déjà habillé puis jeta un coup d'œil aux lits voisins. Leurs occupants semblaient tous dormir paisiblement à en juger par les quelques ronflements émis. Seuls, les rideaux de Ron et Neville étaient tirés.

Harry s'avança silencieusement en direction de la porte et s'arracha à la douce atmosphère de la chambre pour se passer un peu d'eau sur le visage. Quand il revint, rien n'avait changé, et il jeta un regard d'envie à ses camarades, bien enfouis sous leurs couvertures. Il ouvrit en silence sa malle et en sortit sa cape d'invisibilité. L'étoffe soyeuse glissa avec légèreté entre ses doigts. Il la regarda un instant, le cœur serré. Ca ne serait plus le seul souvenir de son père désormais. Il quitta définitivement le dortoir et descendit dans la salle commune qui était plongée dans l'obscurité. Seule la faible lumière que projetait un feu à demi éteint persistait.

Il s'avança d'un pas assuré vers le panneau pivotant qui permettait l'accès au château.

- Où tu vas ? demanda une voix chevrotante coupant net son élan.

Il se retourna. Debout, en plein milieu de l'escalier, les yeux bouffis de sommeil, Ron le dévisageait. Harry hésita : devait il lui dire la vérité ou mentir ? Il pencha pour la première solution. Après tout, Ron était son meilleur ami. Il avait fait le bon choix en voyant l'air compréhensif de celui ci.

- Pourquoi t'es tu levé ? Le questionna Harry.

- Je t'ai entendu sortir et j'ai voulu aller voir ce que tu trafiquais, répondit Ron, d'une voix ensommeillée. Maintenant que j'ai vu que tu n'allais pas commettre une folie, comme sous-entendait Hermione, je pense pouvoir retourner me coucher, acheva-t-il dans un bâillement. A tout à l'heure dit-il avant de disparaître dans l'escalier.

Harry hocha la tête. Mieux valait qu'il soit seul. Cependant les dernières paroles de Ron lui pesèrent : qu'entendait Hermione par "commettre une folie" ?

Il mit moins de dix minutes pour parvenir au bureau de Rogue qui se situé dans les sous-sols.

- Alohomora, murmura-t-il.

Aucun déclic ne retentit. Harry commença à s'inquiéter : avait-il pourvu son bureau d'un sortilège plus puissant ? Il saisit doucement la poignée, dévoilant sa main et la tourna aussi silencieusement qu'il le put. A sa grande surprise, la porte s'entrouvrit. Son cœur s'accéléra. Cela ne laissait que supposer que quelqu'un se trouvait à l'intérieur. Il resta un moment immobile devant la porte entrouverte, retenant son souffle, devant l'instant fatidique où le nez crochu et le visage menaçant de son professeur de potion apparaîtrait dans l'embrasure.

Au bout d'un moment, fatigué de rester immobile, les membres ankylosés, Harry se relâcha avec un soupir (ce qui lui permit de respirer un grand coup) et risqua un coup d'œil dans la pièce. A son grand soulagement, celle ci était entièrement vide et aucun feu ne brûlait dans l'âtre. Il se faufila avec précaution dans le bureau désert, refermant doucement la porte derrière lui. Ses yeux scrutaient l'obscurité avec inquiétude : il éprouvait un léger malaise, comme s'il sentait une autre présence, presque palpable près de lui. Il secoua la tête avec nervosité. Non, il n'y avait personne d'autre que lui. Son regard se posa sur l'armoire à ingrédients que Rogue possédait. Il savait que la pensine s'y trouver, il l'avait vu la poser sur une étagère. Il avança d'un pas plus sur, fixant des yeux les deux battants de bois, le cœur battant la chamade. D'une main tremblante l voulut saisir la poignée, se plonger dans des souvenirs et retrouver ses parents mais la seule chose à laquelle il se trouva nez à nez fut le sol. Et les retrouvailles furent douloureuses. Il se releva, laissant échapper un gémissement et se rendit compte que sa cape avait glissé de sa tête révélant son buste.

Le hoquet de surprise qui coupa le silence le glaça. Il se retourna avec angoisse et se retrouva face à face à une jeune fille. Ses yeux s'agrandirent de stupeur en découvrant l'identité de l'intruse : Evans !

- Qu'est ce que... commença t elle.

- ... tu fais ici ?

Son ton était plus agressif qu'il ne l'avait voulu.

Evans le toisa, furieuse également.

- J'attendais Rogue, dit-elle d'un ton acerbe. J'ai eu une retenue et il n'a rien trouvé de mieux que de la programmer au petit matin.

Harry fronça les sourcils, étonné.

- Pourquoi ?

Evans le regarda à nouveau avec colère.

- Pourquoi quoi ?

- Pourquoi tu as eu une retenue ? expliqua-t-il.

- Je n'ai pas à me justifier devant toi, cracha-t-elle avant de s'asseoir dans le fauteuil de Rogue et de s'absorber dans la contemplation du sol.

Harry la contempla un instant d'un air ennuyé : il était évident qu'Evans mentait sinon elle ne se serait pas assise avec autant de désinvolture au bureau de Rogue. Mais que fabriquait-elle à cette heure là ?

"Enfin, songea-t-il, qu'elle soit là ou pas, où est la différence ?"

Elle ne pourrait rien dire de ses activités nocturnes étant donné qu'elle avait pénétré au bout milieu de la nuit dans le bureau d'un professeur sans autorisation.

Il se dirigea donc vers le placard et l'ouvrit, ne prétend plus aucune attention à l'adolescente. Son regard fut immédiatement attiré par la pensine qui répercutait des reflets argentés sur les panneaux en bois. Ses yeux se fixèrent ensuite sur le flacon posé juste à côté. Harry le reconnu tout de suite, c'était la fiole que Rogue avait ramassé quelques heures plus tôt, il avait du la ranger ici plus tard. La potion luisait faiblement et rappeler les filaments ondulants de la pensine. Il lut à voix haute, griffonné par Rogue sur une étiquette, le mot "chance".

Evans daigna enfin reporter son attention sur lui. Harry sentait son regard brûlant posé sur son dos. Il continua à l'ignorer et, pris d'une impulsion soudaine, déboucha la fiole et en avala le contenu sous le regard médusé et horrifié de sa camarade.

Un doute effroyable l'envahit devant l'expression de celle ci : Evans était experte en potion, savait-elle vraiment ce que la fiole contenait ? Avait-il bu autre chose qu'une potion de chance ?

Il resta un instant sans esquisser le moindre mouvement dans l'attente d'atroces douleurs. Mais rien ne vint. Pas même un léger picotement. Il se tranquillisa complètement quand il vit le même flacon, vide dans la main d'Evans. Seule une légère lie argentée témoignait de ce qu'il avait contenu. Il croisa le regard d'Evans qui avait pâlit dangereusement et semblait mortifiée. Il lui adressa alors un sourire de défit.

- Abruti ! Murmura t elle, tremblante de colère, il la vit se contenir avec peine, les yeux étincelants de fureur.

Battant en retraite, il saisit la pensine, sortit sa baguette et avant qu'il ait pu faire le moindre geste, il sentit qu'on lui tordait le bras. Evans se tenait devant lui le forçant à la regarder, les ongles enfoncés dans sa paume. Il voulut se dégager mais, coincé entre le bureau et la jeune furie qui apparemment voulait lui arracher le membre supérieur, il manqua de renverser la pensine et fit rouler le flacon qui éclater en mille morceaux sur le sol.

Regardant avec inquiétude le visage figé de sa camarade, il ne put que constater à quel point elle semblait révoltée. Ses lèvres n'étaient plus qu'une mince ligne, ses traits s'étaient émaciés et ses yeux avaient désormais un éclat d'acier.

- As tu la moindre idée, déclara t elle à voix basse, de ce que tu viens de faire ?

L'appréhension d'Harry empira lorsqu'il sentit les doigts de la Gryffondor lui broyer le poignet. D'un mouvement vif, il s'arracha de son étreinte et plongea sa baguette dans la pensine pour s'échapper.

Avec surprise ce qu'il aperçut au fond de la bassine de pierre ne fut pas la grande salle où Rogue passait les examens mais la classe de Défense Contre Les Forces du Mal. Il n'eut pas le temps de réfléchir et se jeta la tête la première dans les pensées de Rogue sentant la main d'Evans lui agripper l'épaule. Le sol de la pièce bascule et il tomba dans le noir entraînant la jeune fille dans un tourbillon glacé.