Il pleuvait.
C'était une journée comme ça, grisée, habillé d'un manteau sombre et d'argent, maquillé de pluies et de tonnerres grinçants. Les cumulonimbus cachaient le soleil, qui brillait d'habitude si haut dans le ciel, faisant scintiller la doucereuse Paris.
Chat Noir était là, les oreilles en bas. Il détestait d'ores et déjà cette journée. Il détestait la pluie, la sensation de froid dans le bas de son dos, les gouttes glaciales esquintantes se glissant dans son cou.
Puis, le décor changea sous ses yeux médusés. Paris se flouta, et une migraine atroce le força à fermer les yeux, se recroquevillait sur lui-même. Devenait-il fou ?
Puis, l'étau sur sa tête se relâcha. Et un cri lui glaça le sang.
Il reconnaissait ce hurlement. Il aurait pu le reconnaître entre milles.
C'était elle, elle, la seule et unique personne qu'il chérissait encore dans son cœur brisé par le temps, qui vociférait jusqu'à en pleurer.
La pluie avait cessé, mais le froid lui paralysait le cerveau, le gelant sur place
Il était désormais à l'intérieur, un manoir qu'il aurait pu reconnaître entre milles.
L'odeur du sang lui agressa le nez, et un autre hurlement se fit entendre, résonnant entre les murs de marbre candide.
Ladybug.
Alors, Chat s'élançait, bondissait, toujours plus vite, plus loin, vers la source des cris. Mû par l'adrénaline, le cœur battant si fort qu'il en déchirerait presque sa poitrine, il se hâta, redoutant le moment fatidique où seul le silence lui répondrait.
Et puis, il rentra dans la fameuse salle. Et elle était là, elle respirait à peine. Partout, son costume était percé, laissant apercevoir sa peau à vif, lacérée. Le sang – le sien – avait formé une flaque autour de son corps inanimé.
Il avait voulu faire pas un pas dans sa direction, la sauver, la réconforter, voir pire, l'accompagner dans ses derniers instants. Mais il restait immobile, définitivement figé par la peur et l'horreur.
Alors qu'il tendait la main, essayant de saisir quelque chose d'invisible à ses yeux, une pression l'attira en arrière, et il hurlait, parce qu'il ne voulait pas être séparé de sa tendre aimée, laissée pour morte sur le sol de cette sordide salle.
— — —
— Ladybug ! hurla-t-il.
Seul le silence lui répondait.
Boum boum boum.
Adrien Agreste poussa un long soupir, inspirant et expirant lentement pour essayer de se remettre de l'affreux cauchemar qui venait de le réveiller. Son cœur battant une cadence endiablée, son front en sueur, il ferma longuement les yeux, essayant d'oublier les yeux vitreux, la mort dans le regard de sa belle, puis l'impuissance dont il avait fait preuve.
Au bout de quelques minutes à respirer fébrilement dans le noir ambiant, il risqua un coup d'œil vers son smartphone, vérifiant l'heure.
5h18. Super. Poussant un long soupir, il se laissa retomber en arrière, regardant le plafond mornement.
Aujourd'hui, lui indiquait le calendrier de son portable nouvelle génération, nous étions le 4 juin. Le soleil ne se lèverait dans pas longtemps, et un grand soleil allait briller sur Paris.
Aujourd'hui, lui indiquait un petit rappel en haut de son écran, cela faisait 10 ans, jour pour jour, que Ladybug, regrettée héroïne, était morte, tombée au combat.
