Parce que il n'y aura sans doute jamais assez de Bilbo/Thorin, j'avais envie d'écrire une nouvelle fic sur eux.

Disclaimer : Les personnages et l'univers ne sont pas à moi. J'ai juste les OC et l'histoire, qui peut ressembler de loin à un mixte entre la Belle et la Bête et Atlantide, mais normalement, je n'ai rien plagié.

Repères techniques :

- Se déroule en Terre du Milieu, à l'époque moderne
- J'ai choisi de rajeunir Bilbo pour certaines raisons qui se dévoileront plus tard.
Il a donc 30 ans dans cette fic (encore mineur)
- Les explications sur l'intrigue viennent au fur et à mesure.

Texte garantie:

- Sans OC dans les personnages principaux
- Sans inceste

Bonne lecture !

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Our Destiny Lies Above Us

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3% Loading… Téléchargement en cours, temps estimé : quatre heures et cinquante deux minutes.

— Putain de connexion de merde !
— Bilbo, que se passe t-il ?

Alarmé par la véhémence des propos du jeune hobbit aux cheveux de miel, habituellement si propre dans son élocution, Anashîm, qui travaillait aux services des archives, dans la pièce voisine, entra dans le bureau du jeune agent supérieur. L'humain brun, originaire du Gondor, s'approcha de l'écran tandis que Bilbo, ses mains triturant ses boucles folles, s'était levé et faisait les cents pas dans la grande salle aux murs couverts d'étagères, portant différents livres, qui dataient de différentes époques et écrits en différentes langues.

— Ce qu'il se passe, c'est qu'il est dix-neuf heure passé, et que si je veux finir ça avant demain, je suis condamné à attendre la fin du téléchargement. Et j'en ai marre de passer mes soirées et mes nuits ici alors que je tout ce que je demande, c'est un transat, une tasse de thé et, enfin, une vrai nuit complète de sommeil !
— Ha.

Laissant Bilbo retourner face à son écran pour fixer d'un air implorant la barre de téléchargement, Anashîm poussa une exclamation condescendante en levant les yeux au ciel, amusé.

Bilbo était un hobbit, terme communément utilisé pour nommer toute personne originaire de la Comté. Et les hobbits avaient en commun beaucoup de choses, outre leur taille plus petite que la moyenne et leurs joues glabres, à commencer par un sacre quasi-divin au combo : transat-un truc à fumer-thé, du moins, en été, parce que en hivers, la tendance était : canapé-thé-cheminé, qu'ils devaient vivre minimum une fois par jour. Retirez leur ça et vous obtiendrez une créature grincheuse, insupportable et irritable, or, cela faisait bientôt cinq jours que Bilbo, accablé de travail, n'avait pas remis les pieds chez lui. Et vu l'avancement du téléchargement, il était bon pour une nouvelle nuit sur le vieux canapé de la salle s'il voulait être présent à la réception des données pour les analyser sur le champ.
Anashîm regarda sa montre en faisant la moue, puis il hésita, avant de proposer gentiment, à contre cœur :

— Si tu veux, boss, je peux rester avec toi…

Mais, pour son plus grand soulagement, lui qui avait prévu autre chose de sa soirée, Bilbo fit négligemment signe que non en le congédiant d'un vague signe de la main.

— Ok, dans ce cas j'y vais. J'ai laissé mes rapports sur mon bureau.
— Je les lirai demain. Ou cette nuit… Je vais avoir du temps à tuer…

Il avait répondu d'un ton maussade et Anashîm eut un sourire gentil :

— Tu es certain que tu ne veux pas que je-
— Certain, va profiter de ta soirée… Toi au moins, tu en as une…
— Bonne nuit dans ce cas… Avec un peu de chance, Vidalinn passera te voir…
— Vas-t-en au lieu de dire des conneries.

L'autre s'en alla en s'esclaffant.
Ce n'était pas que Bilbo ne voulait pas passer du temps avec cet humain qui travaillait sous ses ordres, au contraire, c'était simplement qu'il s'agissait d'un dossier classé secret, comportant notes, photos, scans en tout genre et cartes 3D envoyés par un groupe d'agents-explorateurs de la GITM en mission sous le mythique col du Caradras. Un dossier que seuls quelques A.S., Agents Supérieurs, avaient l'autorisation de consulter.

Car ce qui gisait en dessous de ces Montagnes sans âge et qui avait longtemps été considéré comme une grotte immense était, en réalité, les vestiges d'une cité minière naine, peut-être la plus grande jamais répertoriée à ce jour. Une cité dont le nom est resté gravé dans les mémoires, chuchoté entre érudits et chasseurs de trésors, synonyme de la grandeur légendaire et richissime des peuples des premiers âges, malgré leur chute, plusieurs millénaires plus tôt.
La Moria.

Mais ça, la GITM s'était bien gardée de partager l'info, afin d'être certaine que le lieu ne soit pas la cible des firmes multinationales à la recherche de matières premières ou, encore, des agences de voyages qui envoyaient les touristes par centaine sur les lieux les plus fragiles sans s'inquiéter de l'impact sur l'éco-système ou sur les fouilles archéologiques. Quand ce n'était pas le pire : le reste des peuples nains qui revendiquaient, souvent dans le sang, les vestiges passés de leurs ancêtres richissimes et qui ne faisaient rien d'autre que s'asseoir sur les tas d'or exhumés, gelant toute fouille historique ou toute tentative d'exploration.

Basée sur Fondcombe, la GITM était, à la base, suppléée aux royaumes sylvestres qui l'avaient créée, il y a quelques milliers d'années, dans le but de protéger les trésors de cette terre, tâche qu'elle revendiquait encore aujourd'hui, entre autre, dans l'ombre et en marge de la société moderne actuelle, peu de monde se doutant de son existence. Et elle était maintenant une organisation indépendante bénéficiant d'un statut non gouvernemental, sur laquelle la justice des différents royaumes n'avait aucune prise.

En plus de protéger les sites les plus enfouis, la GITM possédait une petite section qui se chargeait d'étudier et découvrir tout ce qui était à savoir sur ce genre de lieu, et ça, c'était le domaine du hobbit.

Bon historien, Bilbo était, et ce malgré son jeune âge –tout juste la trentaine-, l'un des rares érudits à maitriser plusieurs langues anciennes, certaines totalement disparues et oubliées. C'était la raison pour laquelle il était si indispensable aujourd'hui à la GITM, qui l'avait mis à la tête de la section d'étude. Tout comme cela expliquait pourquoi il était constamment surchargé de travail.

Les meilleurs agents lui envoyait H24 toutes les trouvailles qui comportaient la moindre trace d'écriture, des quatre coins du monde, inscriptions ou runes, toutes ces choses qui semblaient posséder un secret du passé, ces objets du quotidien qui trahissaient aujourd'hui la manière dont vivaient les gens selon les différentes époques, que son équipe se chargeait de traduire, puis d'analyser et étudier.

Lui s'occupait des textes écrits dans les langues les moins courantes, car, même s'il possédaient dans ses agents quelques excellents linguistes en Quenya ou en Sindarin, et même un en Entique ancien, les choses n'en allaient pas de même pour les langues communes des premiers âges, ancêtres de celle parlée aujourd'hui et qui n'avaient cessé d'évoluer et de changer, ou, pire : le Khuzdul, totalement oublié, même des nains.

Il avait maintenant une solide connaissance de l'histoire de ce monde, grâce à tous ces textes sur lesquelles il avait pu travailler, de la lettre d'amour écrite en Khuzdul datant du quatrième âge du premier temps, jusqu'au code pénal du premier âge rédigé dans l'ancienne langue avant sa première métamorphose.

3% Loading… Téléchargement en cours, temps estimé : huit heures et trente-deux minutes.

— Arg.

Le cri d'agonie du hobbit passa inaperçu dans le silence de cette aile déserte des locaux de Fondcombe. Seuls patrouillaient un peu plus loin les soldats chargés de la sécurité du bâtiment consacré aux recherches, un peu à l'écart du reste de la GITM, qui trônait au centre ville. Tous les membres de son équipe, les traducteurs, chercheurs, érudits et historiens, étaient certainement au Cercle, le restaurant affilié aux membres de l'organisation, pour ceux qui ne voulaient pas passer la soirée seuls chez eux, à fumer leur clope en commentant les dernières découvertes ou alors en écoutant les récits des agents tout juste rentrés de mission.

Le hobbit soupira en lorgnant sur son écran, puis il quitta son bureau, attrapa un livre quelconque et s'installa dans le vieux canapé de la salle, son meilleur compagnon ici bas. Ayant commencé sa journée à six heures trente, journée simplement ponctuée d'une dizaine de courtes pauses sandwich, si on pouvait appeler ça des pauses, Bilbo estimait qu'il avait le droit de ne rien faire de constructif ces prochaines heures. Surtout qu'il se doutait bien que, à partir du moment où il aurait réceptionné ces données, les choses ne seront plus de tout repos. D'après les premières analyses des agents sur le terrain, il s'agissait de quelque chose qui avait abrité une civilisation entière pendant de nombreux siècles lors des premiers âges. Des nains en plus, la race la plus secrète, peut-être que de nouveaux livres seront exhumés, de quoi en savoir plus sur le premier peuple à avoir foulé la Terre du Milieu.

Bilbo n'était pas particulièrement à l'aise avec le Khuzdul, il en avait les rudiments, suffisamment pour savoir qu'il redoutait déjà toutes ces nuits qu'il passera bientôt à bloquer sur une racine consonantique inconnue, sur ces phrases à double sens dont les enfants de Mahal étaient friands, beaucoup de mots étant traduisibles par une chose et son contraire, beaucoup d'autres mots ne possédaient tout simplement pas de traduction.
Peu pressé d'y être, il commença à feuilleter son livre, un truc en ancien rohirim, l'une des rares langues qu'il ne maitrisait pas, mais qu'il apprenait laborieusement. Toutefois, pris d'ennuis, il retourna à son ordinateur pour regarder où en était le téléchargement. 4%, un net progrès, mais il estima qu'il avait le temps d'aller faire un tour au Cercle, histoire de travailler sur l'aspect relationnel de sa vie sociale, qui prenait cher en ce moment. Toutefois, s'approchant de la vitre sur laquelle tambourinaient de lourdes gouttes d'une pluie glacée malgré ce début d'été, il se dit que pour sa vie relationnelle, au point où elle en était, une soirée de plus ou de moins ne changerait plus rien.

De sa fenêtre, il avait une vue imprenable sur l'une des artères principales, embouteillée à cette heure de sortie de bureaux et, plus loin, quelques étudiants de l'université de médecine bravaient la pluie pour parader de bar en bar, riant fort et croquant la vie qui leur était pleine de promesses.
Fondcombe était une jolie ville qui semblait hors du temps. Pas très grande, mais qui possédait une renommée mondiale, notamment grâce à ses laboratoires pharmaceutiques et son université de médecine d'où sortaient les meilleurs chirurgiens de la région, sans parler de son rayonnement culturel et historique.

Une ville que Bilbo connaissait par cœur pour y avoir vécu ces dix dernières années et, ennuyé, il retourna s'asseoir à son bureau pour se connecter aux réseaux sociaux. Un rappel d'événement qui ne le concernait pas, une invitation de jeu d'une connaissance du lycée, un anniversaire à souhaiter, d'un collègue à qui il n'avait encore jamais adressé la parole, et un mail de sa mère qui se désespérait de ne plus le voir et qui lui demandait de passer leur dire bonjour…

— Anashîm m'a parlé d'un pauvre érudit enfermé dans son donjon… Trop occupé pour daigner descendre et saluer la plèbe…

Bilbo fit un bond lorsque la voix chaude se fit entendre et il eut un sourire ravi en se tournant vers le nouveau venu. Bel homme aux longs cheveux blonds, aux yeux clairs, même si l'un des deux était voilé, une fine cicatrice zébrant sa paupière, et aux traits fins qui clamait ses lointaines origines sylvestres, Vidalinn était, comme certains à Fondcombe, fruit des mélanges inter-races entre elfe et humain qui remontait, pour lui, à quelques centaines de générations. Mais le sang elfique qui coulait dans ses veines était suffisamment puissant pour s'imposer sur chaque descendant, leur promettant une existence plus longue, une santé de fer et une force et une intelligence supérieur à la moyenne.

Il s'approcha d'une démarche feutrée et il eut le temps de voir l'écran de l'ordinateur avant que Bilbo ne ferme précipitamment Facebook et Twitter. Avec un sourire séduit, il se pencha sur le hobbit, amenant avec lui l'odeur humide de la pluie qui intensifiait celle, plus âcre et sulfureuse, de la poudre des armes qu'il utilisait lors de ses cessions d'entrainements avec ses hommes, et il susurra :

— Il travaille dur, notre petit érudit…

Il posa un petit baiser sur sa joue, puis Bilbo tourna la tête avant qu'il ne s'éloigne, pour embrasser sa bouche.

Il se redressa ensuite, passant une main tendre dans les boucles du plus petit à qui il demanda, l'air de rien :

— Tu as entendu parler de dernière découverte d'Arkès ?
— J'attends son dossier. Il m'envoie la première partie de toutes les données qu'il a déjà relevées.
— Petit veinard, moi qui pensais être celui qui t'apprendrait la nouvelle du siècle… Alors qu'en réalité, tu seras le premier à voir les images de Khazad-dûm

Avec un sourire, il regarda l'écran, puis il fit une moue en constatant l'état du téléchargement.

— J'en déduis que tu ne rentres pas ce soir… A nouveau…
— Tu peux rester avec moi, si tu veux.

Regardant distraitement la barre de téléchargement en caressant inconsciemment la joue de Bilbo, il répondit nonchalamment :

— L'idée est tentante, mais je venais justement pour te dire que je pars cette nuit pour une nouvelle mission…
— Où ça ?
— Ca, monsieur Sacquet, c'est top secret.

Il lui lança un clin d'œil et Bilbo fit la moue, avant de reprendre :

— Et elle dure combien de temps, ta mission top secrète ?
— Je ne sais pas… Quelques jours ou quelques semaines, ça dépend.
— De quoi ?

Il ne répondit pas et se redressa pour s'approcher de la fenêtre sous le regard de son petit-ami qui cherchait à le sonder.

— J'essaierai de te contacter autant que possible, mais tu sais comment c'est…
— Ne t'inquiète pas. Contente toi de revenir en bonne santé cette fois, et avec tes deux yeux… Ou, plutôt, essaie de ne pas perdre le deuxième.

Vidalinn lui envoya une grimace avant d'accueillir dans ses bras Bilbo, qui s'était approché pour l'étreindre. Quelques mois plus tôt, le groupe d'exploration qu'il dirigeait avait été attaqué par des combattants nains. Vidalinn en avait laissé un œil, la quasi-totalité de ses hommes et une bonne part de son amour propre.

— Je vais essayer de le garder celui-là… Et puis la GITM a augmenté nos moyens, nous venons de recevoir des nouvelles armes de défense, s'il doit y avoir carnage, ce ne sera plus dans nos rangs…

Le hobbit répondit d'un baiser, doux et long. Puis ils se séparèrent et Vidalinn le regarda dans les yeux avec un sourire tendre :

— Prend soin de toi, surtout.
— Ce serait plutôt à moi de te dire ça…
— Ho que non… De nous deux, tu es le plus prompte à te mettre dans des situations désespérées…

Bilbo fit la moue et il regarda Vidalin se diriger vers la porte, laissant Bilbo derrière lui, mais le plus petit l'interpella avant qu'il ne sorte de la salle :

— Hey ! Tu n'as pas oublié quelque chose ?

Le blond sembla surpris, puis il eut un sourire lumineux avant de souffler passionnément :

— Je t'aime, petit érudit.

Vidalinn et le romantisme... Après toutes ces années, il commençait à peine à en comprendre le principe...

La porte se referma sur ses mots et Bilbo sentit son cœur se réchauffer délicieusement, même s'il se ternit immédiatement lorsqu'il pensa à ces longues journées qu'il allait dorénavant passer sans son petit-ami. Mais, en tant qu'A.S. chargé de la sécurité des différentes explorations, Vidalinn était rarement à Fondcombe, toujours quelque part sur cette terre immense, à risquer sa vie pour celles des chercheurs et archéologues de la GITM et Bilbo avait l'habitude d'être régulièrement séparé de lui.
Totalement désabusé, il soupira, puis il décida de faire quelque chose d'utile et il s'empara de sa tablette tactile avant de sortir du bureau pour se rendre dans la salle des archives qui servait aussi de bibliothèque, de l'autre côté du couloir.

Sans permission, il avait discrètement hacké le logiciel de la bibliothèque de la GITM et possédait donc la totalité de l'inventaire de ses ouvrages sur sa petite tablette. Très utile lorsqu'il désirait trouver quelque chose rapidement, hors horaires d'ouverture et sans avoir à justifier quoique ce soit. C'est pourquoi il ne perdit pas de temps avant de dénicher et d'attraper tout ce qui concernait les nains, de près ou de loin. Leur culture, les zones d'habitation, l'histoire et, surtout, la langue.

Les bras chargés d'une dizaine de livres, il retourna à son bureau, croisant un garde qui haussa un sourcil en le regardant passer avec une moue dédaigneuse.
Le monde bougeait vite. En quelques centaines d'années, depuis que les guerres avaient cessées, tous les repères avaient été modifiés : les grandes villes, Osgiliath, Minas-Tirith, Edoras, les cités du Nord réhabilitées il y a si longtemps par le roi Elessar… Etaient devenues des mégalopoles surpeuplées, dont le rayonnement culturel s'étendait au delà des frontières. Dorénavant, les regards étaient tournés vers le futur, toujours plus attrayant. Les espaces sauvages de cette terre, qui regorgeaient pourtant de secrets, n'attiraient plus personne, mis à part les industriels et les safaris pour touristes. Dans ce contexte, les gens comme Bilbo, qui continuaient de vivre dans le passé, n'étaient pas seulement mal vu, mais incompris et moqués.
Toutefois, il ne s'en préoccupa pas, surtout que, une fois enfermé dans son bureau, il perdit totalement la notion de tout ce qui n'avait pas trait à la culture naine.
Il s'agissait d'un peuple qui, à l'instar des elfes, avait connu son apogée durant les premiers âges, basés sur plusieurs royaumes qui, pour ceux qui n'avaient pas sombré dans l'oubli, relevaient plus du mythe que de l'histoire.
Toutefois, quelques noms étaient toujours évoqués : outre la Moria qui était maintenant exhumée, Erebor avait son lot de légendes, sans parler des antiques citées de Nogrod et Belegost qui prospéraient toujours aux Montagnes Bleues malgré quelques crises.

En ce qui concernait Kazad-Dûm, ce qui intéressait maintenant Bilbo, il y avait eu des hauts, des bas, et des longues périodes d'ombre, qui seraient certainement levées avec les prochaines découvertes.
Les récits des premiers temps, rédigés en elfique, parlaient des filons de Mithril qui avaient offert à la mine sa richesse, puis la folie, diffusée par les légendaires anneaux de pouvoir dans le cœur des souverains, dont l'avidité décuplée les avait mené à creuser trop profondément.
Les récits des âges qui avaient suivi étaient flous : même si le hobbit trouva quelques bribes d'histoire : la chute d'Erebor semblait avoir entrainée, au troisième âge, une tentative de récupération de la mine, avortée avant même que les nains n'y pénètrent. Le nom n'était plus vraiment évoqué ensuite, jusqu'au milieu du quatrième âge du premier temps, lorsque Durin VII, dernière réincarnation du premier père des nains, ne repeuple la mine et y place son fils cadet comme régent tandis que l'aîné faisait jaillir à nouveau le royaume antique d'Erebor, tous les deux restaient sous les ordres de Durin VII, grand roi des caves étincelante de Guntabad. Deux royaumes qui prospérèrent en parallèle, jusqu'à l'achèvement du premier temps et des tremblements de terre qui ont marqué le début du deuxième, suivi par les différentes guerres qui avaient plongé la Terre du Milieu dans un chaos indescriptible durant de longs millénaires, gelant l'histoire à de simples hauts faits héroïques et amenant une triste récession culturelle et technique de tous les peuples de la Terre du Milieu.

A l'aide d'un vieil ouvrage écrit en sindarin, il passa plusieurs heures à réviser ce qu'il savait déjà du Khudzul, avant de tenter d'assimiler de nouvelles notions.

Avachit dans le canapé, il étudiait la déclinaison de la particule utilisée pour induire un COD lorsque son ordinateur émit le son particulier d'un document qui se charge et il sauta sur ses pieds. Jetant un œil à la fenêtre, il remarqua qu'il faisait nuit noire et que les lampadaires n'étaient même plus allumés.
Il n'osa pas regarder l'heure et, fébrile, il ouvrit les documents.

Les photos du site oublié le laissèrent d'abord bouche bée et avec lenteur, il les fit défiler une à une, le souffle coupé par la majesté du lieu. Puis il jeta un œil aux scans avant de pousser un soupir désespéré. Sans surprise, il venait de recevoir une trentaine de textes écrits dans cette langue redoutable, certains étaient à peine lisibles.
Par précaution, il fit plusieurs autres sauvegardes des documents, dont un sur la carte SD de sa tablette, sans s'occuper du petit Vidalinn dans sa tête qui lui rappelait que rien ne devait sortir de la GITM, puis il regarda une nouvelle fois les photos.

Il y remarqua un filon de mithril, encore exploitable, et il comprit pourquoi la GITM tenait absolument à garder cette découverte secrète : si les firmes minières apprenaient une telle chose, la montagne serait fendue dans l'heure, les piliers rasés et une plateforme de forage implantée dans ce noble marbre, faisant fit des richesses du passé.
Il en allait de même pour ces salles gorgées d'objets précieux, fondus dans l'or et ornés de pierres scintillantes. De quoi rameuter tous ces pilleurs de tombes qui n'avaient du respect que pour ceux qui pouvaient leur acheter à prix faramineux ce qu'ils parvenaient à arracher dans les sanctuaires anciens.

Il étudia le reste des documents avec attention, avant d'imprimer une première page en plusieurs exemplaires, puis il se mit à la tâche. Sa nuit était foutue, de toute manière, et prendre la voiture pour rentrer chez lui, trouver une maison vide et glaciale, un chat affamé et un frigo simplement emplie de verdure –Vidalinn était végétarien et, dans la mesure où Bilbo n'était pas rentré depuis un moment, il n'avait certainement pas pris la peine de le prendre en compte dans ses courses-, ne le tentait pas vraiment.

Il commença par étudier la forme des mots, écrivant au stylo vert en dessous de quoi il s'agissait : féminin, verbe au passé-action accomplie, nom commun, négation… Puis, une fois la page entièrement colorée, il prit un deuxième exemplaire et se concentra sur la signification de chaque mot. Affirmation d'existence notion de royauté, de roi, royale ou de serviteur, servant direction, vers, mouvement relatif…

Il parvenait à déchiffrer la plupart des mots, ce qui lui permit, en quelques heures d'avoir une vague idée du sujet du texte, même s'il n'en cernait encore ni les enjeux, ni l'identité de l'auteur, ni le but dans lequel il avait écrit.

Pas encore découragé, bien qu'il sentait poindre un certain désespoir au vu de la tâche monumentale qui l'attendait, il s'empara d'un livre qui, même s'il était écrit en Khuzdul, lui était bien utile car il décrivait toutes les constructions propres à cette langue, ce qui lui permettrait de déterminé quels étaient les sujets, les compléments d'objet ou les formes verbales.

Toutefois, il s'immobilisa soudain, les sens à l'affut, lorsqu'un bruit se fit entendre dans le bâtiment. Figé, il écouta attentivement, inquiété par le long frisson glacé qui couru le long de son échine.
Le bruit, sourd et pratiquement imperceptible, se fit à nouveau et il se sentit frémir. Il n'était pas seul, et la, ou plutôt, les personnes qui évoluaient ici ne voulaient pas se faire entendre, furtifs et silencieux. Seule l'ouïe fine du hobbit lui permit de discerner les présences qui n'avait rien à voir avec celles, lourdaudes, des gardes.

Il déglutit et, sans un bruit, il fit la première chose qui lui vint à l'esprit : il se connecta au centre de données de la GITM pour en verrouiller l'accès à quiconque ne connaissait pas le mot de passe, lançant une alarme sur le réseau en même temps. Il désactiva ensuite son ordinateur, bloquant le disque dur pour s'assurer que personne ne puisse s'emparer de ses propres documents. Il possédait les localisations et les avancées des recherches de chaque zone archéologique étudiée par la GITM, et il était hors de question qu'une faction avide et hors la loi ne s'en empare.

Les personnes qui étaient ici recherchaient certainement une chose en particulier, car c'était au centre de recherche qu'étaient entreposés tous les documents, tous les livres et toutes les archives du GITM et ce depuis sa création, c'est à dire quelques millénaires, même si la plupart était maintenant numérisé. C'était aussi l'un des lieux les mieux gardés de l'organisation et, tout en s'évertuant à faire mettre hors disposition tout ce qui ne devait surtout pas fuiter, Bilbo pestait en se demandant ce que foutaient ces abrutis de soldats, entrainés et payés pour, justement, éviter ce genre de cas qui arrivait, malheureusement, de plus en plus souvent.

Il sursauta brusquement lorsque, justement, plusieurs coups de feu déchirèrent soudainement le silence et il écarquilla les yeux, le cœur gelé.
Ils n'avaient pas à faire à un groupe de cambrioleurs égarés, mais à des tueurs déterminés, au vu de la manière brutale dont s'étaient tus les tirs des gardes, remplacés par leurs cris d'agonie.
Bilbo déglutit, commençant à comprendre qu'il était en danger et, sentant la panique fluctuer en lui, il récupéra la carte SD de sa tablette, qu'il mit dans sa poche, avant de se pencher rapidement sur le bureau pour débrancher le réseau, puis il ouvrit un tiroir dans lequel il plongea sa main.

Lorsque la porte de la salle fut ouverte d'un coup de pied brutal, il se redressa, le poing serré sur une arme à feu sombre que Vidalinn avait placée là au cas où ce genre de situation arriverait. Travailler pour la GITM n'était pas vraiment une sinécure et chacun des membres de l'organisation avait appris à défendre sa vie, surtout les A.S., ce que fit Bilbo sans hésiter. Son bras assuré se tendit devant lui, tandis que son autre main vint supporter celle qui tenait l'arme et qui, profitant de l'effet de surprise, appuya sur la gâchette.
C'était sans compter sur les réflexes de l'intrus qui esquiva souplement la balle, qui lui aurait perforée l'épaule, avant de tirer à son tour.

Bilbo poussa une exclamation de douleur lorsque son arme, touchée par la balle, fut éjectée de sa main et il se figea quand son adversaire le mit en joue, prêt à achever son œuvre. Acculé, il planta ses yeux écarquillés dans le regard sombre et implacable de celui qui lui faisait face, lisant sans peine la mortelle promesse qui en émanait.

Un glapissement étranglé franchit ses lèvres lorsqu'il se rendit compte qu'il avait à faire à, justement, un fils de Mahal, un nain, ennemi héréditaire de la GITM.
Un nain armé et en tenue de combat, très lourde au vu de son épaisseur, mais d'une matière sombre aux reflets feutrés et qui semblait se fondre dans les ombres qui l'entouraient. Bilbo en déduisit facilement qu'il n'était pas là en simple mission d'exploration et semblait bien déterminé à s'emparer de ce qu'ils étaient venus chercher.

Si par malheur ils avaient entendu parler de la récente découverte de la cité minière, aucun doute qu'ils seraient prêt à tout pour évincer l'organisation, par les armes s'il le fallait, et revendiquer le site avec ou sans les accords internationaux… C'était aussi pour cette raison que les supérieurs de Bilbo n'avaient pas tenue à ébruiter la découverte, car elle avait le potentiel de déclencher une guerre entre les différents peuples qui cohabitaient dans la région, le bellicisme des nains n'était inconnu de personne.

Celui qui lui faisait face était jeune, très, du moins, pour les standards de sa race, car il comptait certainement plus d'années que Bilbo, qui n'avait pas encore atteint la majorité de son espèce, soit, les trente-trois ans. Comme pour les hobbits, au fil des millénaires, la taille moyenne des nains avait grandi jusqu'à rattraper voir, pour certain, dépasser les humains desquels ils se démarquaient maintenant difficilement, du moins, physiquement. Mais ils avaient conservé la robustesse, l'endurance et la force caractéristique de leur race qui se mêlait rarement aux autres, vivant dans les Montagnes Bleues. Connus pour être rancuniers, orgueilleux et possessifs, quoique raffinés et éduqués, ils étaient généralement évités par les autres peuples. Toutefois, ils restaient à la pointe de la technologie sidérurgique et high-tech, si bien qu'ils commerçaient dans le monde entier et étaient la source des plus grandes innovations.

Le temps sembla suspendu, et Bilbo, accroché à ce regard fier, n'osa pas esquisser le moindre geste, c'était à peine s'il pensait à respirer, son esprit tournant à toute vitesse à la recherche de la moindre porte de sortie. Puis, de manière inattendue, l'autre poussa un juron en baissant son arme, le prenant totalement au dépourvu. Sans le quitter des yeux, le tueur brun tourna partiellement le visage vers le couloir pour parler d'une voix basse :

— On un problème… Il y a quelqu'un…
— Et alors ? On a dit qu'on ne laissait pas de témoins.

La voix rocailleuse provenait du couloir, mais Bilbo était avant tout concerné par le « Pas de témoins », qui signait le glas de son existence si le brun en face de lui décidait de faire du zèle. Comme il s'y était attendu, ils étaient déterminés et n'hésiteraient pas à détruire la moindre menace. Personne n'ignorait qu'un nain ne respectait que ceux qui partageaient le même sang, considérant les autres comme indignes d'attention. Toutefois, le jeune nain ne fit pas mine de lever son arme et il reprit en fronçant les sourcils :

— C'est un hobbit… C'est une race pacifique…
— S'il est ici c'est qu'il est dans leur camps.
— Peut-être. Mais ennemi ou pas, il est hors de question que j'exécute un non-violent désarmé qui n'a même pas essayé de me tuer…

L'autre, grand chauve au crane tatoué, pénétra dans la salle en maugréant quelque chose à propos de ce qu'il pensait de la mollesse des gens trop nobles et, il s'arrêta sur le pas de la porte pour détailler l'historien avec une curiosité non dissimulée, avant de soupirer lourdement :

— Mais qu'est-ce que tu fous là, toi ? Depuis quand la GITM recrute des hobbits ?
— Ou plutôt, depuis quand les hobbits acceptent de travailler pour elle ?

Le brun venait de répliquer d'un air maussade et, à nouveau, il inspira lourdement avant de pointer son arme sur Bilbo qui était resté muet, et le cliquetis caractéristique de la sécurité qui se déclencha ponctua la question du plus jeune, résigné à se salir les mains pour le bien de sa mission. Pétrifié d'effroi, le hobbit ne pensa même pas à supplier pour sa vie, ni même à fermer les yeux lorsqu'il vit le doigt frôler la gâchette, toutefois, le tueur fut interpellé par une troisième voix, en provenance de la salle des archives :

— Attendez, il doit rester en vie !
— Pourquoi est-ce que tu-

Les sourcils froncés, interpellé par le ton pressé, il avait baissé son bras au moment où un blond entra et, lorsque Bilbo vit ce qu'il tenait dans les mains, son sang ne fit qu'un tour :

— Cette carte est la propriété de la GITM ! Vous n'avez pas le droit de- outch.

D'une prise sèche et brutale, le blond, qui semblait être le leader du trio, venait de le plaquer contre les étagères qui trônaient derrière lui et il l'épingla d'un regard implacable :

— Cette carte nous a été volé par la GITM, nous venons simplement la récupérer. Et toi, si tu veux avoir la vie sauve, tu dois simplement me dire qui a fait ça.

Avec la carte originale qui datait des premiers temps, esquisse de la légendaire montagne d'Erebor, le blond avait dans les mains les travaux de traduction de Bilbo, et l'A.S. serra les lèvres, décidé à ne rien dire.
Lorsqu'il avait été embauché par la GITM, ça avait été son premier travail, il avait passé des mois sur cette carte qu'un agent avait ramené des ruines de Dol-Guldur, et il savait qu'elle était peut-être la clé pour pénétrer dans la Montagne Mythique sous laquelle dormait l'un des trésors les plus sensationnels jamais assemblé. Et il était absolument hors de question que ces nains ne mettent la main dessus, en tant qu'agent du GITM, jamais il ne laissera faire une chose pareille.

A l'écart, le jeune brun fronça les sourcils en sondant le blond :

— A quoi tu joues ? On ne doit pas laisser de survivant derrière nous ! Les alarmes sont déclenchées, ils seront là d'un instant à l'autre… On a la carte, on peut partir, que veux-tu de plus ?

— Parce qu'il y a ici une personne qui sait déchiffrer le Khuzdul, nous ne pouvons pas passer à côté de-

Il se tut soudainement lorsque son regard tomba sur le chauve, qui avait commencé à fouiller le bureau et qui mit la main sur les récentes traductions de Bilbo. Les deux tueurs échangèrent un long regard, avant que leur attention ne revienne sur le hobbit, soudain pâle. Puis le leader blond parla d'un ton sans appel :

— Ok. On l'emmène avec nous.

Bilbo, pris de cours, écarquilla les yeux et allait rétorquer que personne ne l'emmenait nulle part, toutefois, il n'eut que le temps de voir le poing du blond se lever. Puis ce fut le noir.


Merci d'avoir lu !
N'hésitez pas à dire ce que vous en pensez !
La fic n'est pas terminée encore, je patine un peu au niveau du vingtième chapitre
et je me suis dite que le retour des lecteurs pourrait m'aider à voir dans quelle direction aller.