Bonjour à tous !
Voilà une petite fic sur une amitié entre Charlie et Tonks. Elle est écrite en grande partie, et les chapitres n'étant pas très longs, je posterai tous les deux jours.
Bonne lecture !
Disclaimer (valable pour chaque chapitre) : l'univers d'HP appartient exclusivement à la grande JKR.
La réunion de l'Ordre s'était terminée depuis longtemps déjà, mais il lui était impossible de trouver le sommeil. Assise dans la sinistre cuisine du Square Grimmaurd, restée lugubre malgré les efforts louables de Molly pour la rendre plus chaleureuse, Nymphadora Tonks ruminait ses idées noires. Idées noires, oui, en dépit de ses cheveux roses. Il fallait bien donner un peu d'espoir à ces gamins, et le rire n'était-il pas la meilleure arme pour éviter de sombrer ? Alors, elle faisait le pitre et adoptait des apparences toutes plus farfelues les unes que les autres. Elle, à leur âge, n'avait pas le quart de leurs soucis. Elle n'avait que ses tracas adolescents en guise de seul fardeau, et elle se souvient combien ceux-ci lui semblaient déjà lourds à porter à l'époque. Alors une guerre, imaginez un peu ! Tonks essayait donc de leur rendre tout ça moins pesant en tâchant de les faire rire. Mais à présent, elle était fatiguée d'endosser ce rôle.
Elle avait toujours été très douée pour paraître ce qu'elle n'était pas. Naître métamorphomage devait être un signe, une façon de tracer son destin. On l'avait toujours prise pour une jeune fille légère, maladroite et inconséquente. Ce qu'elle était, indéniablement. Mais penser qu'elle n'était que cela était passablement déprimant. Or, les gens avaient besoin de simplicité, semblait-il, et la classer dans la catégorie « juste pour le rire, pas pour les choses sérieuses » leur convenait visiblement. C'était frustrant pour elle, mais tellement plus facile pour eux. Alors elle se complaisait là-dedans, faisant semblant d'être une bout en train, et elle était très forte à ça.
Mais ce soir, cependant, Tonks en avait assez de tous ces gens qui pensaient l'avoir cernée alors qu'ils n'en savaient rien. Etre prise pour la rigolote de service il y a quelques années lui convenait tout à fait, certes. Ca faisait d'elle une camarade et une élève plutôt appréciée malgré les moqueries dont elle pouvait parfois faire l'objet, et c'était suffisant pour ses ambitions d'adolescente. Mais aujourd'hui, c'était la guerre. Aujourd'hui, elle avait eu son diplôme d'auror. Aujourd'hui, il fallait se battre. Aujourd'hui, elle en avait assez de ne pas être prise au sérieux. Elle en avait assez qu'on la regarde avec une condescendance qui semblait signifier « brave petite ».
D'accord, l'Ordre lui avait assignée certaines missions. Mais lors des réunions, personne ne faisait grand cas de son opinion. On lui reconnaissait le droit de parler, évidemment. Mais ce qu'elle soulevait passait immanquablement à la trappe. « Laisse décider les adultes », semblait signifier cette attitude, « et fais ce qu'on te dit ».
Donc, ce soir, Tonks était d'humeur morose. Assise à la table de la cuisine, le menton posé dans ses mains, elle s'était perdue dans ses pensées. Le passé et l'avenir se bousculaient, dans des considérations franchement pessimistes. Elle se sentait mal. Elle ne s'en satisfaisait pas mais n'avait aucune idée de comment faire pour aller mieux.
L'arrivée de quelqu'un la tira brusquement de son morne état d'esprit. Levant les yeux sans conviction, elle vit entrer Charlie Weasley, revenu quelques temps de Roumanie pour venir voir sa famille en ces temps troubles et pour se tenir informé de la situation dans son pays.
Charlie était de la même promotion qu'elle à Poudlard. Ils n'étaient pas dans la même maison, et Poudlard étant Poudlard, cela ne les avait de prime abord pas rapprochés. Mais ils avaient appris à se connaître, puis à s'apprécier. Ils ne pouvaient donc pas se considérer comme les meilleurs amis du monde, mais ils partageaient tout de même bon nombre de souvenirs en commun. Ces souvenirs dont on parle avec un sourire nostalgique. Ces souvenirs qui sentent bon l'enfance et l'innocence, et qui des années plus tard, rapprochent tout naturellement les anciens camarades.
Le jeune homme sursauta légèrement en entrant dans la cuisine, surpris.
« Tonks ? Qu'est-ce que tu fais là ? Je pensais qu'il n'y avait personne ».
« Ben tu vois, t'es pas tout seul dans cette grande maison, Weasley », grogna la jeune femme.
Plutôt que de se sentir vexé par sa réplique somme toute peu aimable, Charlie sourit et répliqua :
« Je sais bien. Mais il est minuit passée, et je pensais qu'une petite fille comme toi serait au lit, à une heure pareille ».
Il plaisantait. Elle le savait. Charlie, comme beaucoup d'êtres de l'espèce masculine, n'était pas très à l'aise avec les mots de réconfort. Il préférait lâcher une blague plus ou moins drôle, espérant qu'elle détendrait l'atmosphère. En temps normal, Tonks lui aurait répondu par une autre boutade. Sauf que ce soir, ce n'était vraiment, mais alors vraiment pas le moment de la traiter de « petite fille », même pour la taquiner.
« C'est ça, oui », grogna-t-elle en se levant brusquement, se sentant plus mal que jamais, souhaitant quitter cette pièce au plus vite. Souhaitant quitter toute compagnie humaine, en réalité. Au moins, quand elle était seule, personne ne la forçait à se remettre en question, et ça faisait du bien.
Mais Charlie la saisit gentiment par le bras avant qu'elle ne puisse atteindre la porte.
« Hé ! Mais qu'est-ce qu'il t'arrive ? Excuse-moi si je t'ai vexée. C'était une boutade ».
« Souvent, les boutades sont une bonne façon de dire ce qu'on pense sans avoir l'air d'y toucher, tu sais ». Sa voix tremblait en parlant, et elle retenait furieusement une soudaine envie de pleurer.
Elle tourna brusquement la tête et tenta de se dégager de l'emprise de Charlie, mais celui-ci ne la lâcha pas. Il eut l'air sincèrement stupéfait.
« Tonks, enfin, je te rappelle qu'on est exactement de la même génération, de la même année. Si tu es une petite fille, je suis un petit garçon. C'était vraiment pour rire, je t'assure. Il n'y avait aucune vérité cachée derrière mes bêtises ».
« Ca va, ça va, laisse tomber. Excuse-moi, je suis de mauvaise humeur ». Et voilà que maintenant, elle se sentait honteuse et stupide de s'être emportée pour une simple blague. Formidable.
Elle chercha de nouveau à se dégager, mais cette fois, sentant qu'elle ne s'enfuirait pas, Charlie la lâcha et demanda : « Qu'est-ce qu'il t'arrive ? »
« Rien du tout. Juste que je trouve la vie triste, en ce moment. J'aimerais revenir en arrière, redevenir la gamine insouciante qui courait dans les couloirs de Poudlard, qui prenait un malin plaisir à rire dans la bibliothèque pour embêter Madame Pince, et qui faisait semblant de se moquer de ses mauvaises notes ou ses heures de retenue ».
« Ah ça… » Soupira Charlie. « T'es pas la seule, tu sais. Ca m'arrive souvent, aussi ».
Tonks haussa les épaules.
« Bof, je trouve ta condition plutôt enviable, tu sais. J'aimerais bien me détacher de mon environnement, de ma famille et de mes collègues pour partir à l'autre bout du monde, moi ».
« Je te répondrais bien de le faire, alors, mais je sais que les choses ne sont pas aussi simples. Ecoute, je me souviens bien de toi à Poudlard. Tu voulais devenir auror de toutes tes forces. Tu avais la hargne pour le faire et tu l'as fait. C'est vachement bien, non ? Pas de quoi avoir des regrets, même si aujourd'hui tu es blasée. Mais crois-tu qu'un autre destin t'aurait exemptée de tous problèmes ? Crois-tu que la vie à l'étranger c'est uniquement du rêve ? Et puis, pour ce que j'en sais, les hauts cris qu'a poussés ma mère en apprenant mon départ pour la Roumanie devaient être assez proches de la désapprobation de la tienne en apprenant ton choix de carrière. Donc quoi que tu en dises, tu t'es bel et bien détachée de ta famille et de ton environnement ! »
Tonks eut un petit sourire crispé qui semblait confirmer la réaction de sa mère, mais elle ne répondit rien d'autre que : « C'est bon, c'est bon, épargne-moi tes beaux discours. On dirait que tu es devenu sage avec l'âge et ça aussi, ça va finir par me déprimer ».
Charlie pouffa.
« J'ai toujours été sage, voyons ! »
« Mais bien sûr. Et moi, j'ai toujours été minutieuse et délicate, c'est bien connu ».
Cette fois, Charlie éclata franchement de rire, et Tonks le suivit. Un rire franc et libérateur, qui lui fit beaucoup de bien.
Et cette nostalgie d'abord douloureuse était devenue bienfaitrice. Ils continuèrent ainsi de se provoquer, de se souvenir… Quelque part au milieu de la conversation, ils dégottèrent une bouteille de whisky pur feu à se partager. Et ils se sentaient bien, tout d'un coup. Oublieux de la guerre, pour quelques heures sacrées.
Ils n'avaient plus envie de s'arrêter. La nuit s'étira, et, un souvenir en amenant toujours un autre, les anecdotes se succédèrent.
Et voilà ! A partir de là, il y aura un chapitre par année à Poudlard, puis un petit épilogue.
N'hésitez pas à me donner votre avis, et je vous dis à vendredi pour la rentrée en première année de nos deux lascars !
