Un petit one shot court écrit suite à une conversation sur msn avec l'auteur claude-le-noctambule en mars.

Solitude envolée.

Toujours pas de nouvelles de lui.

Ran soupire en regardant l'écran de son téléphone portable. Il a beau avoir retrouvé sa taille normale, sa liberté de mouvement, Shinichi Kudo ne changera jamais. La porte de l'agence grince et s'ouvre, la jeune femme se tourne, surprise, n'osant pas croire de peur d'être déçue, mais inévitablement elle l'est. Ce n'est pas son ami d'enfance qui se présente à elle, mais cette femme, cette Miyano Shiho qui l'a aidé à revenir.

"Kudo n'est pas là?" Demande-t-elle.

Ran ne peut que secouer la tête, un sourire attristé sur son visage.

"Ah..." Fait Miyano, laissant sa réponse s'évaporer dans le silence. L'agence est vide de vie, à l'exception de Ran. Mouri père est probablement sortie pour résoudre une affaire ou, encore plus probable, jouer au mah-jong.
Une sensation inconfortable se glisse le long de son dos, tandis que l'atmosphère de la pièce se fait sentir. Lourde. Mélancolique. Triste. Pas besoin d'être médium ou détective pour en comprendre la cause.

Ran fait de son mieux pour ignorer sa solitude, et offre de façon muette une tasse de thé à son invitée surprise. Elle accepte poliment et s'assoie sur le sofa de l'agence... De toute façon elles sont toutes les deux dans la même situation, à attendre.

Le temps passe au tic tac d'une horloge et le bruissement de pages de magazines.

Le moment d'inconfort est passé, et Shiho sent son ennui habituelle l'envahir... Jusqu'à ce qu'elle lève les yeux et croise le regard de sa compagne.

Ran a beau se détourner, tenter de cacher ses larmes par un sourire et un geste de la main, Shiho n'est pas dupe. Shiho n'a que trop d'expérience dans ce domaine, et après avoir passé des mois dans un corps d'enfant à observer cette femme de loin, elle n'est pas prête de manquer ces signes indéniables.

Shiho se souvient de toutes ces fois où ce fut Ran et non Agasa ou Edogawa qui avait donné à Haibara la force de se relever, de croire en l'avenir. De tous ces gestes insignifiants et pourtant si cruciaux...

Elle pose son magazine, et en deux pas elle se retrouve auprès de la fille du détective. Avant qu'elle ne puisse protester ou comprendre ce qui lui arrive, la métisse l'enserre dans ses bras, telle une soeur disant que oui, on pouvait compter sur elle, ne serait-ce que pour trouver une épaule sur laquelle s'appuyer. Ran mets un moment à se remettre de sa surprise, à se laisser aller dans l'étreinte de la femme. Son amie? Son amie. Cela fait du bien de se sentir réconfortée, elle ne peut s'empêcher de repenser à quand sa mère habitait encore à la maison, à quand Shinichi venait la protéger des brutes des classes supérieurs ou son père de la pluie. Sa solitude s'envole, laissant derrière un sourire de gratitude.

La porte grince et s'ouvre, mais aucune des deux filles ne le remarquent. Du moins pas avant l'exclamation étonnée d'un certain détective lycéen devenu rouge pivoine. Leur moment d'intimité se termine ainsi, et Ran balbutie de manière incohérente tout en accueillant Kudo Shinichi tandis que la scientifique laisse échapper un commentaire sarcastique avec un sourire. Ses paroles trouvent leur cible, et, maudissant intérieurement son imagination trop vive, Shinichi est forcé de sourire, légèrement embarrassé, devant les rires des deux femmes.

Il est bon de pouvoir rire quand sa solitude s'envole.

FIN