Chapitre 1

Ce vendredi-là, vers vingt heures trente, Neville Londubat descendait vers les cachots où était situé le bureau de Severus Snape. Trois ans de bons et loyaux services, il avait donné sa démission, le ministère l'avait engagé pour diriger une équipe de recherche où il aurait l'opportunité de travailler dans l'une des plus grande serres de la Grande-Bretagne.

Mais, avant de quitter définitivement Poudlard, il lui restait quelque chose à faire. Si Severus Snape était d'accord pour jouer avec lui le scénario érotique qu'il avait en tête.

Il tira de sa poche un foulard de soie noire et il caressa du bout des doigts sa texture. Il songeait à l'usage qu'il comptait en faire. Severus trouvait-il excitante sa requête et consentirait-il à être à lui pour une nuit ? Ou refuserait-il et le renverrait-il chez lui ?

Ils étaient attirés l'un par l'autre, c'était indéniable. Peu à peu, ils s'étaient autorisés à flirter dans les couloirs, un petit jeu piquant mais sans conséquence. Maintenant, il avait envie de s'offrir une nuit inoubliable avec un homme qui l'attirait comme aucun autre n'était parvenu à le faire…

Il arriva dans le couloir où se trouvait le bureau de Severus. Quand il parvint à l'embrasure de sa porte, il s'arrêta, le cœur battant et serra plus fort le foulard entre ses mains. Severus était assis devant une des tables de sa salle de classe. Il lui tournait le dos. Il semblait très concentré sur ses corrections. Il écoutait de la musique et celle-ci étouffait sans doute le bruit de ses pas, quand il s'approchait de lui…

D'un pas silencieux, il pénétra dans la pièce, admirant au passage les larges épaules, les fesses fermes de Severus. Ses cheveux noirs étaient ébouriffés comme s'il y avait passé plusieurs fois les doigts et il avait retroussé les manches de sa chemise noire sur ses bras musclés.
Il se glissa derrière lui et posa le foulard sur ses yeux.

Aussitôt, il le sentit se raidir et saisir d'une main le bandeau et l'autre sa baguette.

- Bon sang ! Qu'est ce que cela signifie ?

D'un geste ferme, il lui immobilisa le poignet pour l'empêcher d'arracher le morceau de tissu.

- N'y touche pas, murmura-t-il à son oreille.

Reconnaissant sa voix, Severus se calma et pencha la tête.

- Neville ? demanda Severus d'une voix rauque, teintée de surprise et d'incrédulité.

Il ne semblait pas en colère ce qui était bon signe.

- Oui, c'est moi, répondit-il en nouant solidement le bout du foulard.

- je te croyais partit.

Neville avait recouvert ses yeux noirs comme du charbon, qui semblaient toujours plus pénétrants qu'ils ne le devaient. Il regarda la bouche sensuelle de Severus, cette bouche qu'il rêvait de goûter, il humecta les siennes.

Prenant une profonde inspiration, il lui déclara ses intentions.

- J'espérai que nous pourrions peut-être nous accorder un petit tête-à- tête avant mon départ.

Il le contourna, l'effleurant discrètement au passage pour l'affoler.

- Si tu acceptes ma proposition, bien sûr, ajouta Neville.

- Mon cher, j'adhère totalement et sans aucune réserve à toute suggestion de ta part, répondit-il avec un sourire dévastateur. Ignores-tu que le seul son de ta voix suffit à mettre dans tous mes états ?

A cette remarque, Neville sentit ses joues s'empourprer.

Severus s'adossa à sa table tout en croisant les bras

Neville avait passé des heures à chercher une explication plausible à la nécessité de lui bander les yeux, une explication qui l'exciterait tout en le protégeant, lui, de ses émotions.

- Ce foulard va donner à cette soirée un peu plus d'érotisme. De surcroit, il me permettra de me laisser aller.

Il ne mentait pas, même s'il ne lui avouait pas toute la vérité. En effet, il préférait lui cacher le fait qu'ainsi, il ne pourrait pas voir son regard, observer ses expressions et deviner qu'il était tombé amoureux de lui. Il ne pouvait se permettre ce genre de sentiments sans risque de s'y perdre.

- Je t'autorise à faire ce que tu veux de moi, à me demander d'assouvir tes moindres désirs…

- J'ai l'impression qu'un de mes fantasmes est entrain de se réaliser, murmura Severus tout en posant ses mains autour de la taille de Neville.

- Mais avant d'aller plus loin, il y a une condition que tu t'engages de garder le bandeau jusqu'au bout. Tu pourras te servir de ton imagination, murmura Neville aux creux de l'oreille de notre professeur de potion tout en posant ses mains sur son torse. Je serai tes yeux cette nuit, ajouta-t-il

- Mmm, cela me plait, murmura Severus.

- Alors que décides-tu, Severus ? S'enquit Neville d'une voix rauque. Es-tu d'accord pour être à moi pour une nuit ?

De toute sa vie, Severus Snape n'avait jamais fait l'objet d'avances aussi audacieuses. Loin de lui, l'idée de se plaindre de la proposition indécente de Neville. Le simple fait de le sentir si proche de lui le rendait déjà fou de désir et la pensée qu'il ait imaginé ce scénario pour réaliser ses fantasmes l'excitait beaucoup. La seule chose qui le gênait dans ce programme alléchant était la volonté de Neville de le limiter à une seule nuit. Il comptait revenir sur ce détail… demain.

Voila des mois qu'il poursuivait le jeune Neville de ses avances. Mais comme il avait refusé toutes ses invitations à diner, il en avait déduit qu'il n'avait aucune chance de le voir un jour lui céder, surtout lorsqu'il avait annoncé qu'il avait accepté un poste au ministère. Severus le désirait comme il avait rarement désiré un homme mais il se refusait à le harceler pour parvenir à ses fins. Un serpentard ne supplie pas.

Contre toute attente, il lui offrait à présent la possibilité d'être avec lui et de lui montrer que leur mutuelle attirance ne se réduisait pas, comme il le pensait, à une simple attirance sexuelle, à une pulsion physique à assouvir. Il avait moins de douze heures pour l'en convaincre et il avait bien l'intention d'utiliser ce temps pour réussir à le faire changer d'avis.

Et pour commencer, il devait accéder à sa demande.

- D'accord, j'accepte ta proposition.

Severus perçut son soulagement.

- Formidable !, dit Neville.

Comme Neville s'écartait de lui, il enroula son bras autour de sa taille.

- Mais il y a une chose que je dois faire avant d'aller plus loin.

- Et de quoi s'agit-il ? S'enquit-il d'une voix teintée d'excitation.

- T'embrasser. Parce que j'en ai envie depuis très longtemps et que je ne peux pas attendre un instant de plus pour goûter la saveur de tes lèvres…

Sans hésiter, Neville glissa les bras autour de ses épaules et caressa sa nuque.

- Moi aussi, murmura-t-il en attirant doucement sa tête vers la sienne.

L'envie d'arracher son bandeau, de voir le visage du jeune homme, de découvrir sur ses traits s'il brûlait seulement de passion ou si autre chose, de plus profond, l'animait, dévorait Severus. Neville se servait de ce foulard comme une barrière pour se protéger de ses propres émotions, il en avait la certitude. Frustré, il réussit pourtant à résister à la tentation et à se plier à la règle qu'il lui avait imposée, se rendant compte qu'il était sous son emprise dans ce petit jeu de séduction.

Dès que les lèvres de Neville, affamées, touchèrent les siennes, il entama de sa langue une danse sensuelle dont l'intensité le submergea. Sa bouche était chaude et sucrée, sa peau douce.

Il n'avait pas besoin d'ouvrir les yeux pour imaginer ses cheveux bruns, la lueur de désir qui brillait dans ses yeux bruns. Depuis des mois, il avait mémorisé tout ce qui le concernait mais l'embrasser pour de bon, sentir sa bouche sur la sienne était un véritable délice.

Et il n'en avait pas assez.

De sa main libre, il le pressa contre lui et caressa son dos.

Avec un gémissement de plaisir, Neville se hissa sur la pointe des pieds, se lovant contre lui, et il sentit son sexe contre le sien.

Il savait que s'il n'arrêtait pas cette folie et très vite, il fallait finir par lui faire l'amour, là, sur cette table, sans autre forme de procès. Et il tenait trop à expérimenter dans ses moindres détails le scénario érotique mis au point par Neville pour risquer de tout gâcher.

Ils se séparèrent.

- Mmm, murmura Neville tout ayant les yeux fermés.

- Tout à fait d'accord avec toi, répondit Severus, la voix rauque. Et dis-toi que ce n'est que le début.

À ces mots un frisson parcouru le corps de Neville.

- Alors ne perdons pas davantage de temps ici, déclara Neville en échappant à son emprise.

Dés que Neville s'écarta de lui, Severus regretta sa chaleur.

- Où allons-nous ?, demanda Severus d'une voix rauque.

- C'est une surprise.

Severus devina que c'était la première chose d'une longue série que Neville lui avait réservé pour la nuit.