Dominante : L'éveil d'une louve. REPOST
Disclaimer : L'ensemble de l'univers original appartient à Patricia Briggs, la fantastique. Danaha Poli ainsi que quasiment tous les personnages de cette fiction au contraire...bah, je suis pas elle quoi !
Rating : M, quoi qu'on en dise :) - UA - OC
Nda : Voici donc venue la seconde chance de Dominante que j'avais finis par abandonner. Mais je gardais espoir et l'inspiration m'ait revenue après avoir lu le tome 8 de Mercy, wouaaaaah ! Enfin, je n'aurais pas cru que le jour de supprimer Dominante, l'éveil d'une louve de ce site viendrait de sitôt, et je n'ai d'ailleurs pas eut le courage d'effacer la version primaire et les avis si précieux qui y sont liées pour l'instant. Je remercie du fond du cœur les 12 filles qui l'ont ajoutée à leurs favoris, les 13 falloweuses, et toutes celles qui ont lu ou commenté pour cumuler 62 reviews et près de 4 000 vues en 2 ans (presque jour pour jour) pour mes 80 000 mots !
Je parle trop.
Alors je vais vous laisser découvrir les 3 000 premiers mots de ce repost encore tout chaud. C'est une Chris plus aventurière, moins désespérée mais paradoxalement plus pessimiste que je vous présente. Elle déraille encore plus, mais de façon plus concrète et élaborée. Avec mon de fautes d'orthographes, je fais de mon mieux ! Enfin, je vous laisse la retrouver ou la découvrir. J'attends vos commentaires s'il vous plaît ! REVIEWEZ !
Un merci particulier à Laboulett, Lunaxmoon, Louve et Lonely rid pour m'avoir soutenue tout au long de mes écrits et surtout de m'avoir encouragée par leurs mots ! (Derrière mon sadisme notoire, je suis peut être, éventuellement, trop sensible) Vous n'imaginez pas à quel point votre réactivité m'a poussée ! Je dois aussi dire un mot pour Coco-wawan, qui a terminé Clover-Pack -à lire- et m'a replongée, au moment où je le lisais, dans l'univers de Briggs qui m'a inspiré Chris !
J'espère que mes efforts vous plairons..!
Bisous à toutes (et Bonne Année, on ne sait jamais) ;
Aiko, sur un petit nuage !
Résumé : Christane Artémis Phobe se retrouve emportée dans un monde dont elle ne mesure l'horreur et qui pourtant fait déjà partie d'elle. Louve, elle devenait louve et dangereuse.
Chapitre Premier.
"Il fut un temps songea-t-elle un peu amèrement, où elle n'avait pas peur de son ombre. Qui aurait cru que sa transformation en Loup-garou l'aurait changé en trouillarde ? Mais elle savait désormais que les monstres étaient réels." Anna Latham, Alpha & Omega : L'origine. Patricia Briggs.
Etre une étudiante ça craint. Surtout lorsqu'on est une râleuse comme moi.
Christane Artémis Phobe, votre hôtesse. Jeune métisse française de Danaha Poli de la vingtaine qu'on prend parfois à tort pour une antillaise, latino ou maghrébine. Bienvenues dans les déblatérations de mon ressentiment permanent d'éternel traîne-savates à la vie banale. Mais appelez-moi Chris. Je veux que les gens m'appellent Chris.
- Demoiselle ?
Je lève les yeux au ciel, exaspérée, me retourne et aperçois derrière moi au coin de la rue, le client de la table 23 qui n'arrêtait pas de me sourire pendant mon service. J'attends qu'il arrive à ma hauteur et lui lance un regard impatient. Il s'excuse d'un nouveau sourire et commence tout un baratin ayant sûrement pour but de me conduire là où il le veut. En l'occurrence dans sa voiture - un Pajero beige, trois portes. Je me retiens de le remettre à sa place et m'efforce d'avoir l'air conciliante pendant quatre minutes. Mais je finis par en avoir assez. Je ne suis pas payée pour les heures supplémentaires et il est hors de question que je le suive où que ce soit. Je lui lance rapidement mon tibia entre les jambes et profite de sa faiblesse soudaine pour m'enfuir en courant. Non mais.
Je ne suis pas d'humeur à me faire harcelée. Il est une heure du matin, la température frise les vingt-cinq degrés. La vie est franchement nulle pour les étudiantes qui font trois nuits par semaine dans un resto pour de l'argent de poche. Après avoir couru dans la rue suivante, je m'éloigne des avenues éclairées pour rejoindre un chantier qui traverse la forêt. A cette heure-ci, il n'y a plus de transport en commun en service entre le centre-ville où je travaille et le campus où je réside.
Me voilà donc partie pour trois bons quarts d'heures de marche. J'ai envie de sauter de joie même si ma misère est cependant écourtée de dix bonnes minutes pour la durée des travaux communautaires en cour. La ville aménage toutes ses installations hydrauliques et pour se faire, taille un imposant couloir d'eau pour rejoindre ses deux pôles en pleine expansion. Danaha, construite de vagues d'immigrations, en tenaille entre l'océan Atlantique à l'Oust et la forêt équatoriale qui s'étale plein Est, est une ville en croissance. J'adore cette terre où la chaleur est toujours au rendez-vous, qu'importe ce que j'en dis.
Je regarde à gauche, à droite, traverse la route et escalade le grillage pour m'enfoncer dans un sentier éclairci entre les arbres immenses pour rejoindre le chantier principal. J'ignore sciemment l'interdiction de passage pour profiter du temps que je gagne grâce à ce chemin. Il ne me restait plus qu'à marcher maintenant. Je soufflai, prenant mon mal en patience en enfonçant mes écouteurs dans mes oreilles. Le rythme de la musique, bien qu'au minimum, bloquait tous les sons de la nuit et je m'efforçai de marcher avec régularité pour ne pas gaspiller mon souffle inutilement.
Je levai les yeux au ciel dans la pénombre relative du chemin de terre. La nuit semblait calme et tranquille, la lune haute et pleine parvenait à dissiper l'obscurité trop persistante de sa lumière pale et brillante. Je n'aimais pas être dans le noir total, qui savait ce qui se cachait derrière nous ? Je fus subitement rappelée par mes pieds quand je trébuchai sur une racine proéminente. Je la fusillai du regard en espérant qu'elle disparaisse avant de nouveau observer l'astre qui m'a toujours fasciné. Magnifique et mystique à la fois, la lune est le centre de tellement de légendes et de contes. Elle fascine et ensorcèle les hommes depuis la nuit des temps. Tout comme la forêt est mystérieuse.
Je manquai de nouveau de tomber alors que mon cœur commençait à battre trop rapidement. La lune pouvait se montrer inquiétante à ses heures. Je râlai encore pour la forme en constatant que mon Smartphone n'avait plus de batterie et le rangeai à la hâte dans mon sac à dos. Je pris le temps de serrer correctement les lacets de mes éternelles Vans et repris ma route en grommelant. Voyez, les gens ont toutes sortes de manière de réagir à la peur. Je n'en ai personnellement que très peu. L'une d'elle, ma première défense, est l'ennui. La peur me rend ronchonne et désagréable.
Absolument seule dans un lieu interdit, je pris la peine d'allumer une cigarette pour calmer mon angoisse. Ce soir, la forêt est intimidante et j'accélérai mon pas, soudain prise d'un certain malaise. Et voilà, je n'avais pas encore eus le temps de me présenter correctement que ma peur débordait. Encore une raison de me plaindre de mon triste sort. Puis un bruit sinistre retentis et glace d'horreur mes membres humidifiés par l'effort.
Je force sur les muscles de mes jambes pour accélérer encore et encore, persuadée au plus profond de moi qu'on m'épie. La forêt me guette. Quelque chose sous le couvert des arbres me suit. Je tends une oreille assourdie par les battements puissants de mon cœur pour me rendre compte qu'un silence oppressant et inhabituel règne. Même le martèlement rapide de mes pas est absorbé par la terre. Oh Seigneur, que m'arrive-il ? Où sont les bruits de la nuit ? La chaleur et l'humidité ne font que compliquer ma respiration et mes halètements sont les seuls à briser le calme menaçant de l'air.
Je cours.
Avec l'impression de courir pour sauver ma vie, pourchassée par les branches muettes de la Forêt Mère. Il y avait quelque chose derrière moi, j'entends quelque chose derrière moi. Des grognements, puis le bruit de grosses pattes. Un gémissement m'échappe alors qu'un éclair grisâtre m'effraie d'avantage. J'utilise mes bras pour prendre plus de vitesse et la sueur qui goutte sur mon visage et pique ma peau se mélange aux larmes qui s'échappent de mes yeux. Je tremble, je vais mourir, je vais mourir. Je cours. Je tombe. La douleur de mon genou ne m'empêche pas de me relever et je retiens un cri strident dans ma gorge. Il me fallait continuer à courir. J'entends autant que je sens que ça, la Mort, arrive derrière moi. J'utilise un arbre pour m'élancer, je continue à fuir. Je n'arriverais pas à rejoindre l'autre bout. Pas vivante.
Mes jambes tremblaient et je manquai de m'étaler de nouveau en apercevant ce qui était à mes trousses. Une bête. Une bête énorme qui tenait du chien, du loup, ou même de l'ours. Et elle me rattrape. Je compris alors que c'était ma fin. J'aurais peut-être dû partir avec le pervers du restaurant tout compte fait. Un sanglot s'échappe de ma gorge avec l'abandon du désespoir et un "non" tragique vide mes poumons. Hurlant à la Lune, le monstre se jette sur moi. Au moment où la chose se saisit de mon corps, je ne vis que des prunelles jaunes, cruelles et folles au-dessus de crocs acérés et brillants. Puis plus rien, à part le sang et la douleur.
Je n'avais jamais imaginé que ma mort serrait aussi violente et soudaine. J'avais toujours fait de mon mieux pour être une jeune fille douce et sensible. J'ai un sale caractère, de sales habitudes, je me prends trop la tête et j'ai tendance à péter des câbles, mais je ne pensais pas mourir comme ça. La vie est parfois drôle quand on y repense. Mais pas toujours. Elle est parfois cruelle. Je crois que je ne fais pas partie des gens chanceux. Je suis plutôt de ceux qui enchaînent les galères, comme si je les provoque, les attire. Peut-être que mes problèmes vont enfin se calmer maintenant. Cela aurait été bien trop demandé à mon foutu karma.
Je suis dans un noir omnipotent mais quelque chose…
Un souffle.
Un souffle brûlant caresse ma peau. C'est la seule chose que je sens, la seule chose qui résume mon existence. Ni membres, ni sensation ou aucun contact. A part ce souffle chaud, je ne suis rien. Seul ce souffle maintenu mon esprit et l'anima durant un long moment. Des minutes, des heures, des jours peut-être, qui sait ? J'étais comme dans un brouillard, un épais brouillard qui occultait tout, absolument tout à l'exception de ce courant ardent. Je pensais même être morte. Il n'y avait rien d'autre que ce souffle.
Puis progressivement, comme la gêne qu'apporte l'envie de se gratter le bout du nez, une douleur naquit quelque part en moi. J'eus envie de me plaindre en soupçonnant mon cœur d'en être la source. Mon soupçon se confirma lorsque cette douleur de plus en plus forte se mit à pulser de ce point central. Elle gagna mes chaires, me rendant par la souffrance la sensation de mon corps. D'abord, ma poitrine, puis toute ma cage thoracique. Je sentis chacune de mes côtes s'imprégner de douleur, chacune de mes côtes comme si elles se brisaient, me brisaient de l'intérieur. Jamais je n'avais autant souffert. Cela se prolongea, s'infiltrant sournoisement sur mes flans, dans mon dos, saisissant ma colonne vertébrale et serrant à l'identique chacune de mes vertèbres dans cet étaux de douleur.
Hurler, me tordre, tout m'arracher. Tout m'arracher, tout pour calmer ce supplice. Pitié ! Mais mon corps est de plomb. Il m'écrase et demeure immobile. Comme mort. Mort et soumis au feu de l'enfer. Pitié. Mais le tout se poursuit à travers les muscles, les os de mes cuisses jusqu'à mes genoux, à travers ceux de mes épaules, de mes bras ; elle se propagea encore, véloce et implacable. Plus, elle s'appropria mon corps jusqu'aux moindre nerfs et phalanges de mes orteils, de mes doigts. Un hurlement veut naître dans ma gorge aphone lorsqu'elle est à son tour avalée. La torture gagne ma tête, du bout de mon nez à ceux de mes oreilles, je la sens. Je la sens, je la vis, la vois qui me déchire de l'intérieur, gagnant l'encéphale et chacun de mes neurones.
Dans ce temps toujours incertain, l'absence de toutes sensations s'était faite remplacée par les souffrances les pires qui doivent exister. Aucune cellule n'est épargnée. Cette douleur à la fois grave et aiguë dévore tout. Tout, des chaires aux muscles, tout, du sang aux nerfs, tout, des os aux organes. Tout, sauf à nouveau ce souffle, qui, je m'en rends compte, est celui qui s'échappe de mes poumons irradiés. Et la douleur se prolonge, consume mon corps imposé à l'immobilité. Mais qu'ai-je fais pour mériter ça ? Je suis désolé Mamie, d'avoir volé des bonbons dans le placard, et ce n'est pas vraiment ma faute si tante Aïsha s'est retrouvée collée à sa chaise. Je ne mérite pas de souffrir autant, pitié. J'ai reconnu mes tords, zut alors.
Puis d'un coup d'un seul, celui que mon cœur vient douloureusement - pour changer - de rater, la torture s'arrête. J'inspire brutalement et éclate en sanglots en me relevant subitement. Je suis en vie ! L'émotion me dépasse alors que je ramène tout aussi violemment mes bras autour de mes genoux sur ma poitrine. Je cris, cris. Je suis vivante. Je cris et libère enfin ma gorge séquestrée dans le silence. Je cris par ce que je vis, je cris de sentir mes sens me revenir. L'ouï, j'entends mes hurlements. Le goût, je sens du sang. L'odorat, je sens du sang. La vue, je ne vois que du sang. Le touché, ma peau semble gelée.
Alors que ma gorge s'enflamme sous mes pleurs, ma voix est brisée. Je cligne des yeux, tente de chasser les flots de larmes qui s'en échappent. Je suis en vie. J'étais morte, je mourrai, je meurs. Mais je vis. Je pleurs. J'ai mai. Je vis. Je ne songe pas un instant à me calmer, et hurle. J'hurle tandis que mes poumons se compressent et cherchent l'air. Depuis combien de temps est-ce que je respire ? Je vis. Je suis en vie. J'ai survécu. Je vis.
Longtemps après, je pleurs encore. Je pleurs comme une enfant perdue, une enfant punie injustement. Qu'ai-je fais pour mériter pareil calvaire, déjà ? Je réfléchis. Que m'était-il arrivé ? Je suis nue. Totalement nue. Serrée contre moi-même sur le coin d'un matelas. Du sang. Il y a du sang partout. Partout sur le drap vert unique. Des taches pourpres foncées, jusque sur mon corps. Le sang séché colle à ma peau, je me sens sale et poisseuse. Que m'est-il arrivé ? Pourquoi suis-je là ? Et nue ? Me suis-je faite…violer ? Mes sanglots reprennent de plus belle tandis que je cherche dans ma mémoire une réponse, un indice. Mais la seule chose qui me revient est un éclat. Un éclat jaune et dangereux. Effrayant et meurtrier. Mes derniers instants. Des crocs et la douleur.
Un espoir naquit en moi, au milieu de l'horreur qui me saisissait ; une attaque sanglante valait mieux que… J'enfouis ma tête entre mes genoux, il faut que je me calme. Respire, respire, réfléchis. Lorsque je flippe, j'ai tendance à gueuler, à faire la relou de service. Une vraie chieuse. Mais lorsque je dépasse ce stade, je ne suis qu'une gamine effrayée qui pleurs sa détresse. Je m'attire des problèmes lorsque je suis de mauvaise humeur, mais je préfère repousser les gens que de les voir devant mes faiblesses.
Je réfléchis à mes souvenirs. Il était tard, très tard. J'étais seule, encore une fois seule dans la nuit sombre et angoissante. Déchirement, et ma vie fut brisée par un grognement, un cri, la terreur, la douleur, les crocs : une bête. Le hurlement d'un loup. Je retins un hoquet de surprise, que je changeai en protestation étouffée. Je m'en souvenais clairement maintenant. Du Monstre. Comment suis-je arrivée ici ? Qu'est-ce que je fais ici ?!
Je restais incrédule un long moment, contemplais mon corps nu. D'où venait tout ce sang ? Ce ne pouvait être le mien, je n'avais aucune blessure. Pourtant, je le pensais. Mon cerveau semblait ne plus fonctionner, je ne comprenais rien, absolument rien. J'aurais bien fumé une clop. Je ferme les yeux à la place. Tout ça ne doit être qu'un cauchemar. Je vis le cauchemar le plus réaliste de ma vie, mais je vais finir par me réveiller. Hein ? Je le dis clairement, je ne suis pas d'accord. Même si dans le fond je sais qu'il n'en est rien, je refuse d'assimiler la réalité. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Je n'étais absolument pas prête à le comprendre. Je refusais de me confronter à la réalité.
No, nai, nada, niet. Pas moyen.
Qui accepterait sans pousser un coup de gueule que les choses sont réelles et rationnelles ?
La situation est incompréhensible, et je ne supporte pas ça. Les larmes débordent encore une fois de mes yeux et je m'y abandonne en troublant le silence de mes reniflements. Putain. Quelques minutes passent, je pense. J'entends du bruit. Des bruits. J'ouvre les yeux, alerte. Il faut que je fasse attention à ce qui m'entoure, l'urgence monte en moi. J'étais littéralement entre quatre murs de bétons. Un luminaire aussi nu que moi brille faiblement au bout de son fil au-dessus de ma tête. Le grésillement de l'ampoule me colle des sueurs froides dans le dos, c'est la source du bruit le plus proche de moi. Une porte blindée contraste sur le mur à ma droite.
L'air est tiède et statique, mais l'horreur agite la réalisation en moi. Je suis captive. Mon cœur s'emballe, j'ai peur, mon estomac se serre. Je respire mal, j'ai peur. Je me roule en boule sur le matelas qui me porte. Mon sang sec est partout autour de moi dans cette cellule. Isolation totale, aucun lien avec l'extérieur. Dans quelle merde me suis-je fourrée ? Je saccade mes inspirations. Il n'y a qu'une porte blindée. Que faire ? Ma tête est lourde, engourdie. Que dois-je faire en priorité ? Garder mon calme.
Une fois les battements de mon cœur calmés je me redressai et soufflai. Au final, m'étais-je faite enlevée ? J'étais du genre à faire des hypothèses. A partir dans de grandes analyses pour peser le pour et le contre. C'était en réalité une manière de me distraire de la gravité des choses. Que m'était-il arrivé ? Et le sang ? Bordel. Trop de questions tournent entre mes oreilles. Taisez-vous ! Laissez-moi me concentrer. Impossible d'avoir le calme entre mon crâne et mon esprit. Mes idées se bousculent et s'opposent. Elles se percutent, se détournent et laissent mes neurones encore secoués sans dessus-dessous.
J'attrape mon crâne des deux mains et le serre, le compresse. Mes doigts s'emmêlent dans mes cheveux crépus et je souhaite que mes préoccupations s'achèvent. J'aurais peut-être mieux fait d'être morte finalement. Je sens que la suite ne va pas me plaire. Je suis contente d'avoir survécu, mais si c'est pour que ma seconde vie soit pire, c'est pas la peine. Je n'ai rien signée, je ne suis pas partante pour une nouveau tour ! Je n'accepte pas les bonus.
Un son.
Comment pouvais-je être surprise par un son ? Tout mon corps se fige. Un son. Je suis de nouveau alerte, accroupis sur le matelas, les mains contre le mur derrière. Quand est-ce que j'ai bougé ? La question ne me perturbe pas, mon cerveau se concentre et tente d'analyser le son. Il y a un son. J'entends quelque chose. C'est comme si à côté. A côté de moi, à l'extérieur, derrière le mur, derrière la porte. Qu'est-ce que j'entends ? Je suis sur mes gardes, mes mains me soutiennent. Quand est-ce que j'ai bougé ? Shut. J'entends un son. Il y a quelqu'un. Il vient de soupirer. Taisez-vous, je dois écouter. Je tente de me redresser pour m'approcher. Mes jambes tremblent, mon corps est faible et mou. J'ai faim, j'ai soif, j'ai sommeil, j'ai mal, mais shut. Je n'ai pas le temps de me plaindre pour une fois : j'avance. Un pied devant l'autre, je me force doucement, en silence. J'avance. Quelques pas, je traverse la pièce. Et la porte d'acier fraîche dans mon exil ne fait pas de bruit. J'y colle mon oreille. Il y quelqu'un. Il est bien dehors, j'ai raison. J'entends sa respiration, ses mouvements, j'entends même son cœur.
Boum. Boum.
Petit moment de flottement où je me prends à compter les impulsions cardiaques étrangères. Mais c'est impossible ! Arrêtons de déconner un instant, impossible que j'entende quoi que ce soit battre à travers une porte blindée. Nan. Ce doit être mon imagination, ou la suite de ce cauchemar invraisemblable. On est bien d'accord ? Il y eut un nouveau soupir et je me décollai de la porte comme électrifiée. Oh putain, il y a vraiment quelqu'un ?! Je titube du mieux que je le peux jusqu'à l'autre bout, en terrain tâché et maîtrisé. Le tissu est encore humide de mes larmes et de ma bave. Une voix masculine s'éleva :
- Je t'entends, dit-elle.
Vous savez, je suis une trouillarde. Vraiment, du plus profond je le crois. Jusqu'à présent, je fais que râler et chialer. Je n'ai même pas réussit à sauver ma propre vie ce soir-là dans la forêt. J'ai essayé pourrai-je dire, mais ça n'a pas suffi. Dans les livres que l'on aime lire, les héros font de leur mieux et donnent tout ce qu'ils ont pour parvenir à leur but. Mais ce n'est pas toujours suffisant. Il y a des histoires où les personnages principaux ne sont pas les gentils, des histoires où la victoire n'apparaît jamais. Ce sont des histoires comme celles-ci qui ressemblent le plus à la réalité. Dans la fiction, la vie de chacun est valorisée, parfois à tort. Dans la vraie vie, des gens perdent leurs têtes pour moins que ça. Et tout le monde s'en fout.
Nda : Alors ? '(O^o)'
