FUGUE,
Une Chronique de Montréal
*
Bienvenue et merci à tous ceux qui me liront :)
FUGUE s'inspire de l'univers propre de la saga créée par Stephenie Meyer. Cependant, petit détail important à souligner ici : cette fanfiction est ALL HUMAN.
Cette histoire se déroule du point de vue exclusif d'Edward, le personnage principal et narrateur.
Je vous laisse découvrir par vous même…
Chapitre Un
Les Hamburgers-maison de Jaz
*
*
Je m'enfonçais dans ma couette en grognant et plaquais un oreiller sur mon visage. Pourquoi m'étais-je couché la veille en oubliant de fermer mon volet ? Comment avais-je pu être si stupide… Le mois de janvier n'était certes pas très ensoleillé, mais cela n'empêchait pas la lumière matinale de me tirer brutalement de mes songes. Je fermais fort mes paupières et essayais de penser à quelque chose d'agréable qui puisse me renvoyer au pays des rêves. Peine perdue. En grognant, je m'allongeais sur le dos et me résignais à ouvrir les yeux. Je n'avais pas vraiment le choix. Je restais de longues minutes à fixer le plafond.
Finalement, j'étais bien là. Même si on était dimanche, même s'il n'était pas encore huit heures, et même si j'avais les yeux embués de sommeil. J'étais au chaud, confortablement installé sur un matelas immense, tandis que la température extérieure ne devait pas excéder les deux degrés. Je posais un regard circulaire sur ma chambre. Bien qu'elle soit dans un état proche de l'apocalypse, je l'aimais bien. Grande, spacieuse, j'avais toute la place nécessaire pour étaler mon bazar. Je n'avais jamais été soigneux et organisé, et cette tendance s'était considérablement aggravée lorsque j'avais quitté le domicile familial. On est facilement désordonné quand on n'a pas sa mère pour râler derrière soit et ramasser tout ce que l'on sème sur son passage ! Entre les caleçons sales, les fringues froissées et les chaussettes dépareillées formant une épaisse couche sur le sol, on distinguait des feuilles éparses que l'on pouvaient considérer comme des notes de lecture, des partitions de musiques surlignées, un fin débardeur en dentelle devant appartenir à une récente conquête, une guitare classique, mon ordinateur portable, quelques préservatifs, les cinq ou six bouquins que je lisais en en ce moment et la dernière saison de The L Word. Oui, on pouvait le dire ainsi : j'étais bordélique. Mais tout ce foutoir autour de moi me rassurait. Je ne savais pas trop l'expliquer, et la plupart des gens qui y étaient confrontés me demandaient comment je faisais pour vivre là-dedans, mais la vérité était que j'appréciais cela. J'étais à l'aise, nageant dans mon élément.
Je me levais péniblement en rassemblant mes esprits. Le contact avec l'air libre me fit réaliser que le boxer que je portais n'était pas suffisant. Je grelottais et enfilais vivement le jean abandonné au pied du lit. Veillant précautionneusement à l'endroit où je posais mes pieds, je sortis de la chambre et me dirigeais vers la cuisine. Rien de tel qu'un bon café bien serré pour être en forme toute la journée. J'allumais la radio et baissais le son, tandis que je m'affalais sur le canapé du salon. Par la fenêtre, j'observais la ville de Montréal émerger tout doucement après la nuit de débauche qu'elle venait d'essuyer. Je portais la tasse brûlante à mes lèvres tout en me perdant dans mes pensées. Les jours filaient à une vitesse incroyable, ma vie était plus remplie que la trousse de maquillage d'une pom-pom-girl ; je faisais un métier qui me passionnait, et je passais du bon temps avec des personnes chères à mes yeux, je vivais mes passions à fond. Je ne m'en lassais pas, et dans mon esprit de jeune homme de vingt-quatre ans, à peine sorti des jupons de sa mère, je n'imaginais pas comment ma vie pouvait un jour se trouver ailleurs qu'ici.
Soudain, j'entendis une porte s'ouvrir. Je me retournais pour découvrir Alice, les yeux mi-clos et emmitouflée dans un pull d'homme trop grand, titubant jusqu'à moi.
- Salut toi, déjà debout ? Questionnais-je en souriant tendrement.
- Pipi, lâcha-t-elle d'une voix rauque en déposant un bref baiser sur ma joue avant de disparaître dans la salle de bain.
Je riais doucement. Ma sœur n'était vraiment pas du matin, et je n'étais pas le seul à le dire. Depuis tout ce temps passé à ses côtés, je ne l'avais jamais vu en forme au sortir du lit. Elle réapparut et s'assit lourdement dans le canapé.
- Un café ? Proposais-je gentiment.
Une des règles d'or à ne pas enfreindre était de ne pas la brusquer. Il valait mieux y aller lentement pendant une ou deux heures.
- Non merci, déclina-t-elle. Je pense que je vais aller me recoucher.
Je m'installais près d'elle et elle vient poser sa tête sur mes cuisses. Je glissais distraitement mes doigts dans sa tignasse brune, démêlant minutieusement ses mèches embroussaillées.
- Jasper dors encore ? Murmurais-je.
Elle acquiesça silencieusement et je ne l'embêtais pas davantage. Alice et Jasper effectuaient quelques emménagements dans leur appartement, et ayant une chambre de libre, je les hébergeais le temps des travaux. Au début, c'était un peu étrange de vivre à nouveau à ses côtés. Cela faisait des années que j'avais quitté le cocon familial. Voir la tronche barbouillée de ma sœur le matin me rappelait sans cesse l'époque innocente de l'enfance. Au final, je devais avouer que j'aimais bien ça. La retrouver le temps de quelques semaines ne faisait que confirmer les sentiments profonds que j'éprouvais à son égard. Après tout, c'était ma jumelle. Il y avait toujours eu ce petit quelque chose entre nous deux, ce petit truc qui faisait que l'on se comprenait sans avoir besoin de se parler, qu'elle devinait toujours ce que je tentais vainement de lui cacher et que j'ai su avant elle qu'elle était tombé amoureuse de Jasper.
Ils sortaient ensemble depuis le lycée, formant un couple uni, discret et pourtant assez explosif. Alice était autant exubérante que Jasper réservé. J'imaginais que cette différence formait le ciment de leurs sentiments ; ils étaient chacun ce que l'autre n'était pas, ce à quoi ils auraient peut-être aimé ressembler. Ils se complétaient parfaitement.
- À quoi penses-tu ?
La petite voix d'Alice me sortit de mes pensées. Elle me fixait avec curiosité et attendait une réponse qui ne vint jamais. Je n'étais pas des plus démonstratif et préférai garder tout cela pour moi.
- Dis-donc toi, tu ne devais pas retourner te coucher ? Fis-je en roulant des yeux.
- Ah si, c'est vrai, déclara-t-elle en se frappant le front de sa paume.
Je ne pus réprimer un sourire moqueur. Cette tête de linotte avait réussi à oublier qu'elle avait sommeil… Je l'aidais à se lever et l'accompagnais jusqu'à la porte de sa chambre.
- Je suis une grande fille tu sais maintenant, plaisanta-t-elle en gloussant.
- Je suis au courant, ne t'inquiète pas. Quoiqu'il en soit, j'émets de gros doutes quand à ta capacité à tenir debout un dimanche matin à huit heures.
Elle esquissa un sourire reconnaissant et pénétra dans la pièce sombre où une lourde respiration se faisait entendre.
***
Je retournais à mon café qui avait bien refroidi et le terminais rapidement. Le passage d'Alice m'avait cette fois complètement réveillé. Quitte à s'être levé tôt, autant en profiter. Direction : la piscine. C'était un des rares endroits à être ouvert le dimanche de huit heures à midi et je décidais de m'y rendre. Un peu d'exercice me ferait le plus grand bien ! Juste ce qu'il me manquait pour passer sereinement le reste de la journée. Je travaillais beaucoup en ce moment, un peu de sport m'aiderait certainement à me détendre…
C'est avec entrain que je plongeais dans l'eau et débutais mes longueurs. Combien de milles allais-je accomplir aujourd'hui ? Je décidais de ne pas m'épuiser plus que nécessaire et optais pour seulement deux. Inutile de se fatiguer à fond ; se dépenser suffira ! Il n'y avait pas grand monde, c'était agréable. Je jetais un coup d'œil au banc des maîtres nageurs et mon ventre fit un looping en repérant la tornade rousse qui m'observais. Victoria. C'était écrit sur son badge. Son mini short et débardeur d'un rose pâle presque transparent faisaient ressortir la blancheur de sa peau et elle ne passait pas inaperçu aux côtés de ses collègues disgracieux. Grande, fine, les cheveux couleur de feu, elle était une de mes motivations à la pratique de la natation. À chaque fois, je lui disais bonjour, et elle me répondait en souriant. Lors de ma dernière visite, j'avais même réussi à engager la conversation en lui demandant conseil à propos de ma performance. La déception de l'entendre me répondre de manière très professionnelle, sans chercher à parler d'autres chose, m'avait légèrement refroidi, je dois l'avouer. J'avais presque abandonné l'idée. Mais de la revoir ainsi, ses yeux rivés sur moi, je venais soudainement de reprendre espoir. Et décidais sur le champ d'appliquer une vieille tactique de tombeur : l'ignorance. Je nageais mes deux milles en peu de temps, concentré, et ressortais dégoulinant, le maillot de bain collé étroitement à mon corps. Je la dépassais en regardant ailleurs, faisant mine de m'intéresser au cours d'aquagym donné dans le petit bain. Je sentis son parfum délicieux mélangé à l'âpre odeur de chlore venir me chatouiller les narines. C'était divin.
- Excuse-moi…
Je souriais à pleines dents, fier de mon coup, avant de m'arrêter et de me tourner vers elle.
- Oui ? Demandais-je innocemment.
- Tu as repris la piscine alors ? Ça faisait deux semaines que je ne t'avais pas vu.
Elle m'a remarqué. Elle m'a reconnu. Elle s'est souvenue de moi. Mon absence ne lui a pas échappée. J'étais aux anges. Enfin, tous ces milles prenaient une signification ; je n'avais pas nagé en vain !
- Effectivement, j'avais décidé de faire une petite pause.
- Ok, je me demandais si c'était définitif, déclara-t-elle timidement.
- Pas du tout, j'adore venir ici. Pourquoi ?
- Hum, comme ça, lâcha-t-elle en rougissant. Bon, je te laisse, j'y retourne. Bon dimanche !
- À toi aussi, marmonnais-je alors qu'elle m'avait déjà tourné le dos.
J'étais frustré. Je ne comprenais pas. À quoi jouait-elle ? J'étais sûr d'être démasqué ; elle avait du saisir que j'éprouvais de l'attirance pour elle. D'ailleurs, je n'étais certainement pas le seul. Je passais devant le petit bassin et ne pu m'empêcher de me moquer des grands-mères qui y faisaient de grands gestes, agitant dans tous les sens leurs frites en mousse multicolore. C'était clair : Victoria était de loin la plus belle fille des environs !
***
En rentrant, je trouvais mon couple de squatteurs préféré sur le qui-vive. Alice battait furieusement la vinaigrette de la salade tandis que Jasper était de corvée d'épluchage de légumes. Ce qu'il y a de bien, quand vous hébergez des gens chez vous, c'est qu'ils se sentent redevables. Ainsi, depuis qu'Alice et Jasper avaient posé leurs valises dans ma chambre d'amis, je n'avais du faire la cuisine que deux ou trois fois.
- Edward ! S'exclama ma sœur en me voyant sur le pas de la porte.
Elle se jeta pratiquement sur moi et me prit dans ses bras avant de me repousser vivement.
- Beurk ! Tu pues le chlore ! Tu reviens de la piscine ?
- Quel esprit de déduction, me moquais-je en retirant mon manteau et mes chaussures.
- Mais je croyais que tu avais abandonné ?
- Hein ? De quoi ? La natation ?
- Mais non, Victoria bien sûr ! Je sais bien que tu ne te sculptes ce corps de rêve uniquement pour la gloire !
Alice retourna à sa vinaigrette et j'embrassais mon beau-frère. Je fus surpris de voir qu'il pleurait à chaudes larmes. Je m'inquiétais immédiatement et l'attrapais par les épaules.
- Mais.. ? Jasper ! Que t'arrive-t-il ??
- Salut Edward, renifla-t-il. Scuze-moi, c'est les oignons, expliqua-t-il en désignant la planche à couper du menton, avant de se gratter les yeux rougis et irrités par son travail culinaire.
- Rho c'est bon Jaz, râla Alice en s'essuyant les mains dans son tablier, arrête de faire ta chochotte. En plus tu fous des larmes partout, ça va faire tourner ma sauce.
Jasper lui lança un regard assassin.
- Ta cruauté m'achève, lâcha-t-il en redoublant de sanglots.
Alice soupira en lui tapotant l'épaule puis se retourna vers moi, me menaçant d'une spatule en bois.
- Bon, Edward, je n'en avais pas fini avec toi. Où en es-tu avec Victoria ?
- Ça avance, ça avance, éludais-je en agitant la main.
Ma sœur et son stupide entêtement à se préoccuper de ma vie sentimentale…
- C'est ça, essaye d'éviter la question. Je sais que tu en pinces sérieusement pour elle, et il serait temps que tu te décides à sauter le pas !
- Mouais… On mange quoi ?
- Hamburger maison avec une petite salade verte pour te donner bonne conscience, sourit fièrement Jasper. Tu as faim ?
- J'ai la dalle, salivais-je en attrapant des assiettes pour mettre la table.
***
Mon ventre était sur le point d'exploser. Je me traînais jusqu'au salon et enclenchais la musique ; Arcade Fire, un groupe d'ici. Je me déhanchais doucement sous le regard moqueur de Jasper et m'affalais à ses côtés sur la banquette du salon.
- Je vais vous regretter le jour où vous partirez d'ici, avouais-je. Je n'ai jamais aussi bien mangé que depuis que vous êtes là !
- J'ai déjà entendu ce discours Edd ! Depuis le temps, tu aurais au moins pu avoir la décence de trouver quelque chose de plus original !
J'éclatais de rire. En effet, j'avais déjà habité quelques temps avec Alice et Jasper, lorsque nous avions démarré nos études, ma sœur et moi. Et c'est vrai que le jour où ils étaient partis s'installer à deux, ce qui m'avait le plus manqué, c'était leurs petits plats de couple équilibré qu'ils étaient.
- Jasper, ne le prend surtout pas mal ; tu es un bon architecte tu sais, les baraques que tu construis ne sont pas trop mal, mais ce n'est rien comparé à tes hamburgers maison. Je crois que je ne pourrais jamais m'en lasser. Tu as raté la carrière de ta vie, mec, j'en suis intimement persuadé.
Il me donna un coup de coude dans les côtes en me souriant.
- Content de le savoir, Eddy. Par contre ta sœur commence sérieusement à ne plus les trouver à son goût. Je ne comprends vraiment pas pourquoi…
- Si tu ne m'en avais pas cuisiné trois fois par semaine, Jasper Hale, hurla Alice depuis leur chambre, peut-être que je pourrais encore en manger sans être écoeurée au bout de trois bouchées !
- Quelle râleuse, soupira son fiancé en posant sa tête sur mon épaule.
- Ne t'inquiète pas, Jaz, le rassurais-je en ébouriffant ses cheveux blonds. Moi, j'adore tes hamburgers. Tu seras toujours le bienvenu pour venir en cuisiner ici !
- Arf… Merci de ta bonté mec, je m'en souviendrai, grogna Jasper, blasé.
Alice entra dans la pièce comme une tornade. J'observais soupirant qu'elle avait changé de tenue. Sa passion débordante pour la mode ne me surprenait presque plus ; j'avais grandi avec, et m'en étais quelques fois plaint, mais je devais avouer que cela avait certains avantages. Mon dressing rempli de costumes sur mesure en était un bon exemple. Elle se planta devant moi, les bras sur les hanches.
- Bon, tu nous accompagnes ?
- Heu… Où ça ? Demandais-je avec suspicion.
- Dans notre appart bien sûr, s'écria Alice. Les travaux sont terminés !
- Déjà ? M'étonnais-je.
Je te signale qu'il y a quand même deux semaines de retard, précisa Jasper en me souriant.
J'attrapais sa main tendue et me levais à mon tour.
***
Vraiment, je ne savais pas quoi dire. J'étais soufflée par tant de beauté. Quand j'avais dit que Jasper était meilleur cuisinier qu'architecte, je m'étais peut-être laissé emporter par l'émotion. Le travail qu'il avait effectué ici était des plus remarquables. Deux ans auparavant, quand Alice et Jasper avait acheté ensemble une ancien boulangerie désaffectée, j'étais des plus sceptiques. Bien que située dans un des quartiers les plus dynamiques de Montréal, il y avait du sacré boulot à prévoir. Mais Jasper et Alice étaient heureux de leur acquisition et avaient de grands projets en tête : ma sœur voulait en faire son atelier de couture et Jasper son bureau d'architecte. À eux deux, avec beaucoup de patience, de talent et de persévérance, ils avaient fait de cet endroit un lieu magique. Une grande verrière, des couleurs claires et pures, un jardin d'hiver, une mezzanine où trônait une immense bibliothèque encore vide, une cour pavée teintée de poésie et de romantisme. J'avais du mal à me souvenir de l'ancien local sombre et poussiéreux qu'ils m'avaient fait visiter, enthousiasmes, à l'époque. Je devais reconnaître que j'avais eu tord de les sous-estimer. Ma sœur était tyrannique, impitoyable, ne reculant devant rien. Jasper était amoureux, donc consentant, ce qui n'arrangeait en rien les choses. Les deux folies de leurs génies respectifs s'étaient associées pour le plus grand plaisir de mes yeux
- Alors ? S'écria Alice en sautillant partout, les yeux brillants braqués sur la verrière par laquelle les rayons du soleil illuminaient son visage.
- Pas mal, soufflais-je, admiratif.
- C'est tout ? Seulement pas mal ?
- Hum, si, un peu mieux tout de même, lâchais-je en souriant.
Je me baladais de pièces en pièces, vaguement guidé par la voix histérique de ma sœur qui me commentait tout et dont je n'écoutais rien. Les odeurs de peinture fraîche se mêlaient à celles du bois fraîchement posé ; c'était tout à la fois désagréable à respirer mais cela ne donnait qu'une envie : s'installer ici.
Cela me renvoyait dans mes souvenirs. À nos dix-huit ans, nos parents avaient pris la décision de quitter le centre-ville de Montréal. Mon père, médecin d'un grand hôpital, aspirait à vivre à la campagne et à redonner une dimension humaine à son travail. Ma mère, décoratrice d'intérieur reconnue, savait qu'elle trouverait des clients où qu'elle aille. En moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, ils avaient acheté une vieille ferme aux abords de la ville, nous laissant, Alice et moi-même, vivre notre vie étudiante dans notre appartement. À peine les parents partis, nous avions organisé la plus grande crémaillère jamais vue : des dizaines et des dizaines de personnes se dandinaient au son de la musique, les rires fusaient, l'alcool coulait à flot. Les pétards tournaient, je me sentais grisé, j'étais bien. Le lendemain, l'appartement était ravagé. Cela tombait bien, nous comptions tout refaire. En deux semaines, notre lieu de vie était métamorphosé. Couleurs flashy, meubles design, adieu cocon familial : voici venir le temps de la jeunesse et de la décadence. Mais depuis qu'Alice et Jasper avaient pris leur envol, je me sentais un peu seul dans cet endroit trop grand pour moi. J'avais bien pensé à prendre un colocataire, mais j'étais réfractaire à laisser une quelconque personne s'approprier ce lieu bourré de souvenirs et à l'empreinte si intime. Maintenant, c'était trop tard. Dans un an ou deux, j'espérais partir d'ici pour emménager dans mon propre bien. Hors de question de vivre aux crochets de mes parents plus longtemps ! Même si c'était bien pratique pour le moment…
- Edward ! Tu m'écoutes ??
- Heu… Non, avouais-je, penaud, ce qui déclancha l'hilarité de Jasper.
- Je disais, repris ma sœur : la semaine prochaine, on va commencer l'emménagement. Je ne sais pas si on se verra beaucoup. Ça te dirait de passer une dernière soirée tous les trois ?
***
Alice avait fait la totale : fleuriste, traiteur, vaisselle aux fins contours dorés ressortie d'un de ses cartons, flûtes de champagne et bac à glaçons. Pimpante, elle s'affairait à allumer quelques bougies ici ou là puis remis en marche le disque que j'avais oublié dans ma chaîne hifi après le déjeuner. Un peu plus et je me serais cru à un baptême ou une communion.
- Alice ? Questionnais-je prudemment.
- Ouiii ??
- C'est fini après ?
- Comment ça ? Me demanda-t-elle, perdue.
- Je veux dire, tu n'as pas engagé d'orchestre, de serveurs ou autre chose ?
Elle souffla bruyamment en secouant la tête, signe qu'elle considérait son frère comme un abruti fini.
- Ce que tu peux être exaspérant quand tu veux…
- Je le prends comme un compliment.
Je m'installais dans le canapé et enfournais avidement un petit-four. Hum, délicieux. Vraiment, ils allaient me manquer, mon petit couple modèle préféré…
Voici donc mon premier chapitre! J'espère qu'il vous plaît... Et que vous aurez envie de lire la suite. J'attends vos retours avec la plus grande impatience :)
Un merci tout spécial à Ivy, pour ses encouragements et ses remarques constructives 3
