Cauchemar

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Cette nuit, j'ai fait un cauchemar. Je me suis réveillé dans le noir, en sueur. La couverture avait volé à l'autre bout du lit.

J'entendais encore les balles siffler à côté de mes oreilles longtemps après que je me sois réveillé. Petit à petit, j'ai perçu mon propre souffle à nouveau, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que lui qui résonne dans l'air enfiévré, couvrant le son de la fusillade. Je me suis concentré sur mon souffle. Je respirais fort. J'avais besoin de respirer fort.

J'étais vivant. Je suis vivant.

Je me suis recouché en tremblant. J'avais froid, tout d'un coup. J'avais mal, aussi, au flanc droit, là où le petit missile de plomb avait déchiré ma chair. J'ai plaqué ma main sur ma côte et j'ai tenté de reprendre mon calme. Mais mon cœur battait si vite qu'il n'en avait pas grand-chose à faire de mon avis.

Je suis resté longtemps dans mon lit, les jambes à l'air, allongé sur le dos, à fixer le plafond dans le noir obsédant de ma chambre. Je n'ai jamais eu peur du noir. Mais cette nuit, c'était différent.

À cet instant-là un éclair de douleur m'a traversé. Je savais que ce n'était pas un souvenir. Ça faisait beaucoup trop mal pour être un souvenir.

C'était toi. Comme une piqûre de rappel. Un dard que le noir m'enfonçait méchamment dans le thorax pour me rappeler que tu n'étais pas là, plus là, et que j'étais tout seul dans ce grand lit froid.

Ça, je crois que ça s'appelle le manque.

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Cette nuit, j'ai fait un cauchemar. Je me suis réveillé dans le noir et j'avais froid et j'avais mal et tu n'étais pas là. Cette nuit, j'ai rêvé que tu étais toujours en vie.