Trafalgar Law contemplait le ciel étoilé particulièrement dégagé en cette nuit d'été. Bien qu'étant surnommé le chirurgien de la mort froid et sanguinaire, observer les étoiles était devenu son passe-temps favori depuis quelques mois. Ça lui permettait de réfléchir clairement. Sur qu'il était un fin stratège, prévoyant chaque mouvement et chaque île. Il se renseignait sur les autres. Il avait besoin de se faire une idée sur ses possibles ennemis. La surprise restait le meilleur moyen. S'il arrivait a dépasser les capacités de son adversaire et à le démunir de son assurance,il était gagnant. Il tentait d'avoir une longueur d'avance sur tous.

Parce que lui ne pouvait se permettre de se sentir dépassé par les événements et les autres. Il était calculateur, se servant de ses atouts et de sa réputation pour obtenir ce qu'il désirait. Il manipulait les autres et ne se laissait pas atteindre par la pitié ou par aucun autre sentiment d'ailleurs. Tout ce qui pouvait le rendre faible était à exclure. Même sa haine envers ses démons était contrôlée. Il trouverait le moyen de se venger mais pour l'instant il devait devenir plus fort, il devait participer a cette course dans laquelle tous les pirates se lancent. Celle du One Piece. Il devait observer les autres mais ne pas se faire observer de trop près. Il choisissait ses actions et son moment. Tout le monde le craint, même son équipage n'ose pas trop le taquiner. Il s'est construit cette réputation depuis bien longtemps. Ce démon sans émotions,c'est lui. Le pouvoir fait peur mais si on y ajoute la capacité de réflexion, c'est bien pire.

Néanmoins il lui restait une once d'âme humaine. Il avait bien autre chose qu'il appréciait autant que de voir la terreur des personnes qu'il démembrait vivantes. Cela va sans dire,ce spectacle l'amusait. Mais il aimait également assouvir ses désirs, ses instincts primitifs sur un joli corps, bien fait. Dans ces moments la, il était dur, félin et sauvage. Pas grave, elles en redemandaient encore. Elles étaient a ses pieds parce qu'il était séduisant. Parce qu'il était dangereux. Elles aimaient le danger mais restaient soumises. Il aimait cette soumission parfaite, rapide mais au fond, ca commençait a l'ennuyer. Il lui fallait un nouveau jouet, quelque chose pour lui répondre et lui tenir tête. Quelque chose qu'il ferait souffrir sans jamais tuer. Un jouet, c'est précieux. On peut l'abîmer mais jamais le casser. Parce qu'un jouet, c'est unique, ça a son histoire.

Peut-être une poupée. Une jolie poupée. Fragile et assez forte pour survivre. Une poupée qu'il kidnapperait pour jouer au chat et la souris. Juste pour lui. Juste à lui. Une poupée qu'il n'aurait pas à payer pour le distraire. Une poupée qui obéirait sans le vouloir. Une poupée qu'il attacherait à son lit et qu'il visiterait lors de son temps libre. Oui,un jouet,c'est parfait. D'ailleurs,il avait déjà une idée précise du modèle qu'il allait avoir. Il avait repéré une poupée il y à déjà quelques mois. Une jolie poupée. Quoi que repérer n'aurait pas été le meilleur mot pour décrire l'unique fois ou il l'avait croisée. Il se rappelait étrangement bien de ce moment,bien que plusieurs mois s'étaient écoulés depuis. Alors qu'il y pensait,le souvenir se présenta a lui, très distinctement, il ferma les yeux pour s'immerger complètement dans ce retour en arrière.

*Flash-back*

Cela avait commencé par une nuit brumeuse, autant dans l'esprit du pirate qu'à l'extérieur. Il avait accepté d'accompagner son équipage dans un bar spécialisé dans les filles de joies, l'atmosphère y était enfumée et il avait bu deux coupes de saké servies par une femme tentatrice. Mais c'était trop bruyant pour lui alors il était sorti et avait marché jusqu'à la crique pirate, vidée de toute présence fortement alcoolisée. Il savait que les bateaux n'étaient pas vides puisque quelques malheureux étaient tirés au sort pour garder le navire de toute intrusion. Il ne rentra pas au sous-marin directement, voulant s'aérer l'esprit et la nuit étant relativement calme, il pouvait sortir comme bon le lui semblait. Un vieux ponton de bois venait terminer la crique. Il s'adossa a un long pilier de ce ponton,pas loin de la terre ferme.

Vu l'état des planches,il ne s'aventurerait pas plus loin. Peu de temps après son arrivée,alors qu'il commençait seulement a se détendre, il sentit une présence s'approcher. Puis il détecta des pas,une démarche légère, discrète. Un adulte ne pouvait pas avoir cette démarche mais qu'est-ce que ferait un enfant dans les rues,la nuit ? Un parfum délicat de cerise vint infiltrer son odorat. Quelqu'un passa a coté de lui mais ne s'arrêta pas. La brume se dissipa a l'instant ou elle le dépassa. La lune brillait et éclairait le ponton,il pouvait maintenant voir cette forme menue, se mouvoir. Ce corps était trop grand pour être celui d'un enfant,un adolescent alors ? Les planches qui avaient grincé et menacer de s'écrouler lorsqu'il était arrivé ne faisaient maintenant pas plus de bruit que si personne ne s'y était promené. Il fronça les sourcils, ce n'était pas possible. Il porta donc plus d'attention à ce qui se passait devant lui. La personne portait deux sacs, qu'elle posa a terre au bout du ponton, qui ne réagit d'ailleurs pas plus que lorsqu'elle s'assit, les jambes ballantes au dessus de l'eau.

Elle porta les mains a la large capuche noire qui couvrait sa tête et l'abaissa. Ce mouvement découvrit a la vue du tatoué, une teinte carmin a coté de laquelle un rubis deviendrait diamant. L'inconnue, puisqu'il jugea que c'était une femme, se pencha en avant et sans produire aucun son, parla pourtant a l'océan. Il entendit après quelques minutes, l'eau remuer. Elle parla encore silencieusement quelque temps puis la brume se transforma en brouillard épais, il ne voyait rien a deux pas. Un bref instant, il tenta de voir au travers du rideau blanc mais lorsqu'il avait pu enfin apercevoir le bout du ponton, elle s'était évaporé, avec ses deux sacs et son parfum de cerise, comme un rêve. Il resta, un moment a contempler l'endroit ou elle s'était assise. Puis il eut l'impression de se réveiller, d'entendre a nouveau les bruits environnants, même sa propre respiration. Il avala sa salive et retourna au sous marin dont il était capitaine et ferma la porte de sa cabine. Il eut le besoin de prendre une douche et le lendemain, son esprit avait rangé ce rêve de coté. Sans pour autant l'oublier, il l'avait juste mise de coté.

*Fin du Flash-Back*

Ces boucles courtes s'étaient imprimées sur sa rétine et son parfum était ancré dans son esprit. Chaque fois qu'il voyait quelque chose de semblable, il ne pouvait s'empêcher de s'y intéresser un peu mais ce n'était jamais elle. Il voulait fondre sur elle comme un oiseau de proie mais encore fallait-il qu'elle soit connue. Il n'avait pu retenir un soupir agacé quand il avait fini par savoir que personne ne savait rien d'elle. Pas une prime sur sa tête, pas un article dans les journaux depuis les dix dernières années. Oui, il était remonté assez loin. Rien, même chez l'escargophone arabe, le roi des rumeurs. Pourtant, il est sur qu'elle n'est pas une simple civile. Elle se fond simplement dans la masse. Mais qu'est-ce qu'elle à a cacher ?

Il se réconfortait en imaginant le moment ou il la tiendrait enfin. Elle ne pourra plus s'enfuir ou se cacher. Il fera d'elle ce qu'il en voudra. Oh oui. Il avait hâte que son jouet arrive. Il était certain de la revoir sinon pourquoi s'en souvenir ? Il la torturera un peu, histoire de lui apprendre qui commande et ca l'amusera, lui. Il retrouvera avec délectation, cette joie sadique qu'il aime tant.

Il revint a la réalité des étoiles et de cette nuit assez froide pour qu'il enfile un long manteau. Son sourire si caractéristique étira ses lèvres froides. Il cligna des yeux et découvrit une nouvelle fatigue qui l'invitait à aller dormir. Il ne lutta donc pas plus longtemps. C'était déjà assez rare qu'il trouve l'envie de dormir, il n'allait pas refuser un peu de repos. Il rentra donc dans le sous-marin, croisant rapidement un membre de son équipage, de garde pour cette nuit en pleine mer. Le tatoué passa tel un esprit submergé de pensées, si bien qu'il entendit a peine les mots lui étant destinés. Il continua un moment, entra dans un couloir sombre. Il poussa la porte de sa cabine personnelle, grande, fonctionnelle mais pas rangée. Il n'aimait pas le désordre mais ne trouvait pas le temps de ranger ses affaires. Hors de question qu'un des ses hommes, fut-il Bepo, fouille dans ses affaires.

Mais ces pensées là n'étaient pas d'une grande importance. Il retira machinalement son sweat, souleva la couverture, enleva ses chaussures et se laissa tomber sur son lit dans un bruit mat. D'habitude, il entendait ce bruit mat seulement lorsqu'il avait été poussé par une femme qui tentait de le dominer, ne serait-ce qu'un peu. Mais,il était lassé de répéter la même chorégraphie tous les soirs, alors il s'était laissé tomber. Il soupira en se préparant à une longue nuit mais dès qu'il ferma les yeux, le sommeil vint le surprendre.