Disclaimer : Albator et Clio, Warius et Marina, Maya, appartiennent à leur créateur, M. Leiji Matsumoto
Les autres sont à moi
1.
Les gobelets en plastiques s'entrechoquèrent sans bruit.
- Bientôt quarante ans ! Tu es prêt ?
- Inutile d'ironiser, vieil hibou, j'ai déjà les cheveux blancs !
Partis camper, et se détendant avant la nuit, les deux Amiraux, un en fonctions, l'autre à la retraite s'amusaient en se lançant leurs piques habituelles.
Tendant la main vers la bouteille, Alérian remplit à nouveau de red bourbon les deux godets en métal.
- Tu n'aurais pas agrandi ta propriété depuis la dernière fois, toi ? reprit le jeune homme. J'ai l'impression d'avoir bien plus marché que lors de nos précédentes randonnées !
- Ton don d'observation est intact, Alie, se réjouit Warius Zéro qui de son côté avait déposé une autre part de gâteau dans les assiettes elles aussi en métal. J'ai acquis plusieurs dizaines d'hectares supplémentaires, ce qui inclut une zone protégée pour les animaux et leur environnement. Ça a fâché quelques entrepreneurs qui voulaient construire des menuiseries.
- Toujours téméraire, toi !
Une ombre passa sur le visage de Warius, dont les boucles d'argent à lui aussi commençaient à virer vers le blanc.
- Je me suis construit un havre de paix. Et je ne laisserai personne le mettre en péril. Je le dois à mes enfants, mes petits-enfants et descendants à venir ! Je ne permettrai à aucun industriel l'horreur de défigurer ces lieux ! Et je sais que tu es là aussi pour les protéger, Alérian. Tu es le gardien de toutes choses dans ces univers !
Alérian se racla la gorge, leva les yeux vers le ciel et les étoiles visibles entre le feuillage dense des arbres entourant la clairière où les deux amis avaient dressé leurs tentes.
- Comment va Achénor ? préféra-t-il alors interroger pour masquer son émotion.
- Tu l'as vu à ton arrivée avant ces dix jours de trekking : un beau petit gars de trois ans bien sonnés, un bel hybride de plante et de sa Déesse de mère.
- Nous savions tous, nous tes amis, que tu avais un cœur immense, mais avoir pris ce petit bout sous ton aile, avec Marina, est un geste magnifique.
- Comme si j'aurais pu faire autrement ! Allez, finis ton dessert et ton verre. Ensuite on se couche. Demain, une nouvelle journée de marche nous attend !
- Je ne l'ignore pas. Tous mes muscles me font mal. Je pensais être en vacances en venant à ton ranch !
- Quoi, tu n'aimes pas mon divertissement ? gloussa Warius en bâillant ostensiblement.
- Faux frère !
Warius se leva.
- Je vais me glisser sous ma tente. Ne tarde pas, noie bien le feu avant !
- Je connais les consignes, dors tranquille. Je ne tarde pas.
Mais contrairement à ce qu'il avait dit, Alérian était demeuré encore longuement assis près du feu de camp, le ravivant de petits bois coupé lors de l'installation de leur campement au lieu de l'éteindre.
L'esprit du jeune homme vagabondait, rejoignant les étoiles qui brillaient si haut dans le ciel d'un noir intense.
« Je suis en congés, j'en profite un max. J'ai ma femme, nos petits, même les jumelles, vivent leurs vies, chacun à leur mesure. Alden et Alastor fondent leurs propres foyers. Les jumelles s'éclatent avec leurs amies. Il nous reste Alcyn qui a pris Achénor plus qu'en amitié ! Dès lors, vous me manquez, mes amis des étoiles, mes amis Dragons ! Professionnellement parlant, je trouve mes marques avec les Torsbim, mais mes quarante ans à venir commencent à se faire trop vieux pour m'habituer et surtout à transformer des fous du règlement en des alliés pouvant couvrir mes délires de Gardien Surnaturel qui se mêlent mal à mes obligations d'Amiral de la Flotte de la République Indépendante ! Mais cela a toujours été ainsi, quels que soient les galons sur mon uniforme ! Les Torsbim devront plier, car moi je ne changerai plus ! ».
Ressentant un long frisson, Alérian approcha ses doigts des flammes, appréciant la chaleur.
Avec un cri, Alérian se retrouva à rouler dans l'herbe, demeurant un moment sur le flanc.
- Warius, qu'est-ce qui te prend ? !
- Tes paumes !
Le jeune homme voulu prendre appui sur ses mains pour se relever mais hurla de douleur.
Baissant les yeux, il découvrit ses paumes sévèrement brûlées.
- Mais que… ?
- Je sortais pour un petit besoin et je t'ai vu ! Tu tenais tes mains au-dessus des flammes, tu te rapprochais insensiblement, jusqu'à ne plus bouger alors que ta chair cramait ! Pourquoi ?
Une lueur presque candide passa dans les prunelles émeraude du jeune homme.
- C'était tellement tentant ! Et je ne peux résister à la tentation !
