Chapitre 1 : Et Belle Swan devint Lucie Turner

Maria me dévisageait, ses yeux délicieusement dorés empreints de curiosité. Elle n'aimait pas le silence et traduisait le mien toujours mal. Dans des moments comme celui-ci, elle scrutait mon visage avec intensité pour comprendre ce à quoi je pensais, moi, Bella Swan -prénommée depuis peu Lucie Turner.

La pluie tombait fort et de fines gouttelettes s'écoulaient doucement des vitres. Ce doux spectacle m'hypnotisa et je retrouvai alors le fil de mes pensées, me remémorant mon douloureux passé.

Edward, mon vampire, m'avait délaissé il y a maintenant dix ans n'étant plus amoureux de moi. Je m'étais retrouvée seule avec un trou béant dans la poitrine. Par la suite, j'avais cru apercevoir une insue dans mon désespoir en la personne de Jacob Black. Il fut mon rayon de soleil et m'irradiait de bonheur quand il était près de moi. Mais de même que mon amoureux, il m'abandonna sans que je ne puisse jamais lui demander pourquoi.

Par une journée ensoleillée, je partis me réfugier dans la clairière qui était devenue avec le temps, le sanctuaire de mon amour avec Edward. Je n'avais pas conscience à cette époque que cette sortie serait la dernière en tant qu'humaine.

Tandis que le soleil se couchait, un vampire se tenait là, le regard affamé. Laurent, dont le clan avait tenté de me tuer l'année précédente, avait été alors le seul à ne me montrer aucune hostilité.

Laurent ! m'écriai-je. Je suis si heureuse de vous voir.

Quelle malheureuse idiote je fus alors à l'époque. Un détail m'avait échappé : il n'était pas comme les Cullen. Le sang humain lui était beaucoup plus attractif que celui des animaux. Et je dégageai une délicieuse odeur.

Ses dents pénétrèrent ma gorge chaude de vie et s'il s'abreuva avidement de mon sang. Il ne me tua pas, préférant me laisser souffrir pendant trois jours abominables.

Mon père avait eu le temps de lancer des patrouilles de recherches, mais aucune d'elle ne me trouva. Une nuit, après avoir tué un malheureux passant, je déposai une lettre annonçant mon prochain suicide.

La fuite fut alors pour moi la seule solution. J'avais tué un humain innocent. La haine pour moi-même et la honte me dévorèrent l'être. Tout ceci commença à m'affaiblir à petit feu. Je ne me nourrissais plus- si tel était le terme- ni ne sortait de ma maudite caverne, cachée dans les denses forets près du Mississippi.

Avec cette obligation de vivre recluse, j'appris à vivre comme les Cullen. Dans le fleuve, non loin de là, vivaient une population importante d'animaux et je pouvais me nourrir sans pour autant être une cause de la disparition d'animaux comme le raton laveur ou le renard roux.

Je devins rapidement forte et développais deux étranges pouvoirs : le don de neutraliser les pouvoirs des autres –vampires comme humains- et celui de voir le danger arriver. Non que je puisse voir l'avenir mais plutôt le ressentir. Je percevais le danger quelque qu'il soit plusieurs jours avant qu'il n'arrive et pouvais fuir avant que quelque chose ne m'arriva.

Lors d'une nuit ténébreuse, Maria se présenta dans ma caverne aménagée. Jeune vampire, elle me demanda la permission de vivre avec elle et surtout d'adopter mon style de vie. A l'époque de sa vie humaine, elle avait été vétérinaire et possédait maintenant le plus pénible des pouvoirs. Elle entendait et comprenait les sentiments animaux. Dur lorsqu'on se nourrit essentiellement d'ours.

Au bout de dix ans de vie sauvage, il vint le temps de retrouver la vie humaine. Nous nous inscrivîmes dans un lycée d'Alaska, dans ville de Juneau et commençâmes alors notre seconde vie d'humaine sous le nom de Lucie et Rebecca Turner.

Aujourd'hui, nous attendions avec impatience la visite de visiteurs étrangers. Ceux-là nous avaient envoyé une lettre dans laquelle ils souhaitaient nous rencontrer.

Lucie et Rebecca Turner,

Je ne peux me présenter par une simple lettre, ce serait loin d'être correcte.

Comme vous, je suis un vampire de longue date et je souhaiterais tout simplement vous rencontrer. Votre mode de vie intéresse fortement ma famille.

Pour ces raisons, pouvons nous nous voir bientôt ? Nous passerons alors chez vous dans le mois, si vous êtes d'accord bien évidemment.

Pensez y et je saurai votre réponse.

Avec mes salutations sincères,

Aro Volturi.

Au départ, j'avais espéré que ce fut Edward qui tentait de se présenter sous un faux nom mais mes illusions n'avaient pas lieu d'être. Il ne m'aimait plus. Pourquoi aurait-il vent de mon existence parmi sa race ?

A quoi penses-tu ? me demanda Maria

Rien de précis. Je me demande qui peuvent être nos invités.

Moi aussi, ça me tracasse. Peut-être n'aurions pas dû se montrer à découvert si rapidement. Je n'aime pas beaucoup ce qu'ils veulent dire par « Votre mode de vie intéresse fortement votre famille »

Tu n'as pas tort. J'ai peur d'avoir fait une erreur en leur disait oui. Mais je ne ressens toujours pas le danger.

Et bien nous verrons bien, murmura t-elle en regardant sa montre. Ils vont arriver d'ici une demi-heure.

Quelques minutes plus tard, la sonnerie retentit dans la grande maison de pierre qu'était la notre. Maria me dévisagea avec inquiétude et je me levai pour aller ouvrir la porte. Je faillis pousser un petit cri en apercevant ces yeux d'un blanc laiteux qui me regardaient de près.