Voilà un texte qui pourrait être un one-shot.
C'est toujours une histoire Remus/Sirius... bien sûr.
Remus le savait. Il avait essayé vainement de nier que ça puisse arriver un jour. Et voilà. On y était. Et il avait beau savoir que ça ferait mal, il n'avait pas imaginé à quel point cela lui ferait mal. Il s'arrêta de marcher pour prendre une inspiration. Même ça était douloureux.
Il regarda sans voir autour de lui. Il était dans le parc de Poudlard. Ce château où il avait été si heureux, et où aujourd'hui il était si malheureux.
Il faisait doux. L'air était printanier et porteur de promesse de renouveau. Les arbres étaient nus mais déjà on voyait pointer les bourgeons, assurances d'une vie intérieure qui ne demandait qu'à s'épanouir. L'herbe sentait la fraîcheur du matin, encore humide de rosée.
En tant normal, le garçon aurait sentit tout ça, toute cette vie, et il en aurait été heureux. Mais ce jour-là il ne voyait rien, se sentait rien. Il était enfermé dans sa douleur.
Il se remit à marcher. Il ne savait pas où il allait mais il avançait. Comme s'il voulait fuir, se fuir. Mais son corps le suivait. Ce corps de 17 ans qu'il détestait. Il se trouvait trop grand, trop maigre, trop moche. Et ces cicatrices qui n'arrangeaient rien…
Toute sa vie était un problème. Il devait lutter, encore et toujours, lutter pour vivre, pour survivre. Depuis qu'il était devenu loup-garou, la vie était difficile. Tous ces changements d'humeur, tous ces jours à se battre pour essayer d'être normal. Il était fatigué.
Et maintenant, ça… cette douleur terrible. Pourquoi tout était compliqué pour lui ? Il ne demandait qu'une chose, être comme les autres. Comme c'était difficile !
Il se sentait tout cassé à l'intérieur. Plein de petits morceaux éparpillés qu'il n'arrivait pas à remettre en place. Il devait toujours se battre, toujours lutter pour trouver une raison de continuer.
Il arriva près de la forêt interdite. Il entra dedans. Les arbres étaient hauts et il se sentit enfin à l'abri. Il s'appuya contre l'un d'eux. Il était fatigué et ce n'était pas seulement physique, c'était une autre usure. Une usure de vie. Comme une personne âgée, se disait-il. L'impression d'avoir déjà tellement vécu. Et surtout ne plus avoir de projets de vie.
Remus ne voulait pas mourir, Remus voulait ne plus être vivant. C'était une sacrée différence.
La pleine Lune était ce soir. Il ne se sentait pas capable de la surmonter encore une fois. Toutes ces plaies sur son corps. Toutes ces meurtrissures. Même la présence de ses amis ne les empêchait pas. Elles étaient moins nombreuses, mais encore là. Son corps n'était plus qu'un grand tourment. Et puis la fatigue après. Et essayer de rattraper les cours. Tout cela était éreintant.
Remus inspira avec précaution. Il sentait l'air passer dans son corps. Et même s'il était frais, il le brûlait dedans.
Remus avait mal. Partout. Il aurait voulu redevenir enfant, tout petit. Et pouvoir se blottir dans les bras de sa mère. Comme c'était confortable après la transformation de retrouver la douceur de son contact, ses caresses apaisantes. Qu'est-ce que c'était dur de grandir. Remus se sentait à la fois si vieux et si petit. Il lui fallait, plus qu'aux autres, toujours être raisonnable, agir avec discernement. Il voulait que quelqu'un le guide, le conseille, le rassure. Mais il n'y avait personne. Ses amis étaient insouciants, comme tous ceux de leur âge.
Comme il devrait l'être, lui.
Remus se sentait seul, désespérément seul. Contre l'avis de James, Peter et Sirius. Mais comment aurait-il pu partager tout avec eux ? Il partageait déjà sa lycanthropie. Ce qui était énorme. Mais ça, ça c'était encore pire. Jamais Remus n'aurait imaginé qu'il existait quelque chose de pire que d'être loup-garou. Et voilà que ça lui tombait dessus, avec toute la force de sa jeunesse.
Il avait essayer de se battre, de résister. Mais c'était trop dur. Il n'avait pas pu résister. Jour après jour, tout son être avait été pris. Il avait succombé. Comme si son état de loup-garou ne lui suffisait pas.
Remus ne l'avait pas voulu. Mais Sirius avait beaucoup de charme, il se montrait tellement attentionné avec eux, pas seulement avec lui, mais avec les deux autres aussi. Et Remus avait énormément besoin de gentillesse, surtout après ses transformations. Alors, petit à petit le sentiment d'affection qu'il éprouvait était devenu plus fort, plus profond. Sirius était devenu sa raison de vivre.
La moindre seconde passée près de lui était comme un moment d'éternité et de béatitude qu'il savourait à chaque fois avec un plaisir chaque jour égal.
Chaque mot de Sirius emplissait ses oreilles d'une musique qui le ravissait.
Remus avait dû se rendre à l'évidence, il était amoureux de Sirius. Véritablement amoureux. Cette chose qui s'installe en vous, qui vous prend sans vous demander votre avis et qui vous maltraite, vous donnant autant de bonheur que de larmes.
Il n'avait pu le dire à personne. Qui aurait compris d'ailleurs ?
Mais ça l'avait aidé. Lors des pleines lunes notamment. La présence insouciante de Sirius le remettait dans la vie. Dans la vie 'normale'.
Il avait besoin de lui pour se sentir à nouveau vivant, à nouveau humain. C'était viscéral.
Et pourtant, Remus savait qu'il avait tort d'éprouver ça. C'était voué à l'échec. Sirius rencontrerait quelqu'une et Remus ne pourrait que les regarder. Il avait beau le savoir, s'y préparer, quand il les avait aperçus, au petit déjeuner, la douleur avait été immense. Un déchirement interne si puissant. Remus était parti. Il lui fallait juste un tout petit temps d'isolement pour se ressaisir.
Mais là, le temps passait et Remus ne sentait pas de progrès. Il ne sentait qu'une profonde angoisse. Quelque chose avait éclaté, projetant tout son être en morceaux et le submergeant d'une mer salée dans laquelle il se sentait s'enfoncer.
Le soleil avait tourné, jouant avec les ombres des arbres. Remus était toujours dans la forêt. Il s'était même assoupi, trop fatigué. Tout y était calme.Sans bruit.
Il avait pleuré. Un peu vomi aussi. Mais il restait cette blessure. Il ne voulait plus souffrir. Plus être lui. Plus être du tout. Trouver un apaisement dans un sommeil sans fin.
La pénombre arriva. Et il sut que la pleine lune arrivait.
D'accord, c'est pas spécialement drôle, mais ça me trottait dans la tête depuis ce matin. On se réveille avec des idées... parfois !!!
Je ne sais pas si ça mérite une suite... J'attendrai d'avoir de vos nouvelles, de vos reviews...
