Auteur: Violette Poète

Résumé: « Si tu viens avec moi, tu ne reverras jamais tes amis, ta famille ou ton fiancé. Si tu viens avec moi, tu ne reviendras jamais. Mais si tu viens, tu sauras. »

Genre: Mystery, Friendship

Prière de ne pas publier cette fic sans mon autorisation

Bonne lecture!


Vie et mort de Rose Weasley


Chapitre 1

Daisy Donovan

1970- 1998

Mère bien-aimée

Mercredi 6 mai 2026

Lorsque Rose Weasley s'éveilla ce matin-là, elle sentit immédiatement des odeurs d'œufs sur le plat, de bacon et de pancakes. La tête dans l'oreiller, un sourire s'épanouit sur son visage et elle s'étira en poussant un soupir de bien-être. Elle roula sur elle-même rapidement jusqu'au bord du lit et sauta sur ses pieds en riant tout bas. Elle enfila son peignoir bleu, s'inspecta dans le miroir de la commode, arrangea ses cheveux, se fit un clin d'œil, et, finalement présentable, alla pousser la porte entrebâillée de sa chambre. Elle observa la scène sans un mot.

S'affairant autour de la table du salon, un homme installait deux assiettes, des tasses, des couverts. Un bouquet de fleurs, incroyablement grand et coloré, ornait le centre de la table, répandant dans toute la pièce une impression de confort et de chaleur. Le soleil inondait tout l'appartement et il y régnait une atmosphère de sécurité et de calme. Sentant le regard de Rose sur lui, l'homme releva la tête et sourit. Elle lui sourit en retour et lui tendit la main. Il s'approcha, la saisit et ils s'embrassèrent. Il y a un nom pour les moments comme ceux-là : bonheur.

Il la mena à sa chaise, la tira pour qu'elle puisse s'asseoir et lui servit un verre de jus d'orange. Il l'embrassa une nouvelle fois et disparut dans la cuisine. Un grand sourire ravi aux lèvres, elle éleva la voix pour qu'il l'entende.

-Tu n'avais pas besoin de faire tout ça, tu sais !

Il réapparut, une poêle à la main.

-Bien sûr que si, on ne se voit pas de la journée, je n'ai pas envie que tu risques d'oublier que je suis l'homme parfait !

Elle eut un rire discret qu'il n'entendit pas, occupé qu'il était à préparer le thé.

-Oui, tu l'es., souffla t-elle, pour elle-même.

Il revint, les servit tous deux et s'assit à côté d'elle.

-En plus, tu passes la soirée avec ma sœur, alors je tiens à te rappeler que je n'ai que l'ADN en commun avec cette petite dévergondée.

Le rire clair de la jeune femme résonna dans toute la pièce avant qu'elle ne déclare.

-J'adore ta sœur.

-Moi, c'est toi que j'adore., répliqua t-il, du tac au tac.

Leurs mains se joignirent sous la table et ils firent du mieux qu'ils purent pour manger leur petit-déjeuner sans se lâcher.

Une heure plus tard, vaisselle faite, elle lui dit au revoir sur le seuil de l'appartement.

-On se voit demain ?, s'assura t-il une nouvelle fois.

Elle fronça les sourcils et fit semblant de réfléchir.

-Attends, demain, je ne peux pas, je me marie.

Il s'appuya contre le chambranle, mit ses mains dans ses poches et la regarda avec toute la tendresse du monde.

-Très drôle !

-C'est pas avec toi, d'ailleurs ?

-Je suis hilare, vraiment., commenta t-il avant de se pencher pour l'embrasser.

-Tu épouses un clown.

-Hé bien, tâche de venir demain ou ce ne sera pas une bonne blague !

-Juré.

Un dernier baiser et il était parti. D'excellente humeur, elle chantonna sous la douche et, luxe inhabituel, passa un long moment à se pomponner. Elle n'était pas vraiment le genre de filles à faire ça, mais une fois n'était pas coutume et après tout, elle n'était pas occupée avant le lendemain, pensa t-elle gaiement, laissant un nouveau sourire éclater sur ses lèvres.

Rose Weasley était sereine. Tout était paré pour le grand jour, les fleurs, le photographe, le traiteur, la robe, les invitations, tout le monde avait mis la main à la pâte. Il fallait dire que tout le monde aimait Rose et, même son patron, grand cœur, lui avait offert un jour de congé de plus que ce qu'elle avait demandé. Ce qui lui permettait, aujourd'hui, de faire ce qu'elle voulait, sans son fiancé, hélas, qui, lui, travaillait. La tradition ne permettant pas au marié de voir la mariée avant le mariage s'était étendue, dans la culture sorcière, à vingt-quatre heures avant le mariage. Rose se serait bien passée de ça, mais sa future moitié avait insisté, arguant qu'il fallait mettre toutes les chances de leur côté et elle avait cédé.

Le temps était extraordinairement beau pour un mois de mai et Rose avait bien l'intention d'en profiter. Elle enfila sa vieille veste en jean, claqua la porte de l'appartement et descendit en sautillant les escaliers, heureuse à l'idée d'aller retrouver son premier amour. Son premier amour, c'était Londres. Du plus loin qu'elle se souvienne, sa famille avait toujours vécu à la campagne et elle n'avait découvert la capitale qu'à l'âge de huit ans lors d'un voyage scolaire qui avait fait une forte impression sur son âme d'enfant. Elle avait alors décidé qu'elle vivrait dans cette ville et n'avait jamais changé d'avis.

Elle marcha longtemps, admira les arbres dans un parc, observant tout et ne réfléchissant pas. On ne pense jamais quand on est heureux. Elle alla ensuite déjeuner dans un de ses troquets favoris où elle resta un long moment, buvant thé sur thé, regardant les gens franchir la porte et jugeant l'humeur du quartier à leur physionomie. Elle rentra chez elle peu après, prit un bain en écoutant de la musique et se sécha les cheveux rapidement. Elle s'installa ensuite devant la télé avec un livre en attendant la venue de Lily. Si le fiancé de Rose trouvait que sa sœur était une dévergondée, c'est qu'il n'avait jamais vu Lily et surtout, qu'il n'avait jamais vu de quoi elles étaient capables lorsqu'elles étaient ensembles. En réalité, Rose avait beau les adorer, elle s'attendait au pire.

Voyant l'heure avancer, elle choisit une robe, sachant qu'elle serait immédiatement rejetée par Lily, mais l'enfila tout de même. Une dizaine de minutes plus tard, quatre coups résonnèrent contre le bois de la porte et Rose alla ouvrir. Une jolie fille aux cheveux violemment roux et avec un caractère tout aussi destructeur, se tenait devant elle, fixant de ses yeux trop bleus la tenue de sa cousine.

-Non, non, non et non. Hors de question que tu portes ça. Heureusement que j'ai tout prévu., déclara t-elle, entrant sans y avoir été invité.

Rose poussa un soupir en apercevant les trois sacs remplis de vêtements que Lily avait apporté. Un long, très long moment plus tard, elles parvinrent à se mettre d'accord sur un ensemble plus court que ce que Rose aurait voulu, mais moins décolleté que ce qui était prévu par Lily. Une fois prêtes, elles allèrent dîner, vite rejoints par la future belle-sœur de Rose, le « yang de mon yin », comme l'appelait Lily en riant. Encouragée par les deux complices, Rose but beaucoup et, en sortant du restaurant, avait de drôles d'idées en tête, qu'elle partageait, parfois, avec ses deux amies, qui, hilares, se tenaient le bras pour gagner plus d'équilibre, un pas devant.

Elle avisa un homme qui marchait à son encontre et elle lui attrapa le poignet en éclatant de rire.

-Je vais me marier !

-Je suis désolé.

Elle releva la tête pour répondre elle ne savait quoi, mais son sourire se figea devant l'air plein de tristesse de cet inconnu.

-Je suis tellement désolé.

Elle sentit alors une peur immense grandir en elle et son cœur se glaça dans sa poitrine. Elle le lâcha, brusquement, prête à pleurer sans comprendre ce qui se passait. Il la fixait sans cligner des paupières, tandis qu'elle restait plantée là, le souffle anarchique, une terreur insensée s'emparant d'elle.

-Rose !

Elle sursauta, sortant de cette transe étrange où elle était plongée et se tourna vers sa cousine.

-Tu viens ?

La gorge serrée, tout effet de l'alcool dissipée, une sueur froide au front, elle ne put répondre et se laissa entraîner dans un bar sans oser se retourner une seule fois. Il fallut plusieurs cocktails pour qu'elle puisse s'intéresser à nouveau à la conversation et plusieurs autres pour retrouver sa gaieté. À la fin de la soirée, si forte que fut l'impression que l'inconnu lui avait laissé, elle avait disparu dans les brumes rassurantes de la tequila.