Tous les personnages appartiennent à Stephenie Meyer, sauf ceux qui sont sortis de mon imagination.

L'histoire se déroule après qu'Edward ait quitté Bella, toute la famille Cullen est partie de Forks.

A partir de cet instant, toute l'histoire va changer...

Prologue :

Le ciel était obscurci par de lourds nuages gris, un vent froid balayait les arbres, aucun bruit ne venait troubler le silence pesant qui régnait en ce lieu. La nature semblait s'être mise en deuil s'accordant à l'humeur abattue de l'homme agenouillé sur les graviers, ses épaules étaient voutées, son visage enfoui dans ses mains. Un grognement déchirant s'échappa de ses lèvres, oscillant entre désespoir et douleur, un son qui ne pouvait pas être humain. Lentement, il ôta ses mains, dévoilant son visage dont la peine ne ternissait en rien la beauté de ses traits, ses yeux dorés ensorcelants étaient voilés par une souffrance qu'aucun homme n'aurait pu supporter. Une de ses mains s'approcha doucement du marbre froid qui était devant lui, hésitant à toucher cette pierre si semblable à sa peau, même froideur, même dureté, même pâleur, il n'avait pas voulu d'une pierre quelconque pour sa dernière demeure…

Sa main toucha doucement le marbre glacé, le caressant tendrement, imaginant les contours de son visage sous sa main. S'il avait pu pleurer, des larmes auraient inondées son visage. Il enviait les humains, eux pouvaient laisser libre cours à leur chagrin, ils pouvaient hurler leur rage d'avoir perdu un être cher, mais pas eux, pas lui, il devait toujours se maîtriser, pour ne pas blesser ceux qui l'entouraient, pour ne pas dévoiler leur secret. Il se devait d'être fort pour sa famille qui comptait sur lui, il devait leur permettre d'avancer.

Mais ici, dans le cimetière, il se laissait aller à son chagrin sans que personne ne s'en doute, il y prenait garde, personne ne devait savoir. Cela faisait deux mois, deux mois qu'il l'avait perdu et le chagrin était toujours aussi vivace, comment pourrait-il vivre une éternité avec le sentiment d'avoir perdu une partie de son âme ? De son cœur ? S'il avait été seul, si sa famille n'avait pas été là, il serait parti pour l'Italie, il savait quoi faire pour les provoquer, pour qu'ils le tuent… Il s'avança lentement ou plutôt rampa jusqu'au sommet de la tombe, son nom y était gravé, ainsi que son portrait que ses doigts effleurèrent dans un geste empli d'amour.

Soudain, il ferma les yeux. Il n'était plus seul. Il entendit des pas s'approcher, les battements réguliers d'un cœur, l'odeur du sang… Pendant une seconde, il espéra qu'un habitant de Forks soit venu se recueillir sur la tombe d'un proche. Mais, non, il avait reconnu son odeur. Il envisagea de s'enfuir en courant, après tout, il ne le verrait pas, il était trop rapide pour des yeux humains, mais sa voiture était garée près de la grande porte en fer forgé, l'autre n'ignorait pas sa présence, il était venu pour lui. Inspirant plus par anxiété que par nécessité, il s'exhorta au calme.

L'homme était maintenant derrière lui. Il ne bougea pas espérant que son silence le découragerait et qu'il le laisserait seul avec son chagrin. L'homme fit un pas en avant, il frissonna en sentant une main chaude se poser sur son épaule. Ce geste empli de compassion lui donna envie d'hurler, de se retourner et de l'attaquer, sentiment qu'il n'avait pas éprouvé depuis des années. Il attendit d'avoir retrouvé son calme pour lui faire face. L'homme avait retiré son chapeau, il était mal à l'aise, il cherchait quoi lui dire, mais aucun mot, aucun geste ne pourrait apaiser le tourment qui brûlait sa poitrine. Leurs regards se croisèrent, s'accrochèrent, l'homme finit par baisser les yeux, dérouté par la souffrance qu'il avait pu lire dans les prunelles dorées.

«-Je suis navré, je comprends…

-Non, vous ne pouvez pas comprendre Charlie ! Coupa-t-il d'une voix plus sèche qu'il ne l'aurait voulu.

-Oui, murmura l'homme qui triturait son chapeau avec ses doigts, je ne prétends pas comprendre, mais je souhaiterais tellement faire quelque chose… Ce n'est pas la première fois que je remarque la voiture devant le cimetière, j'ai compté le nombre d'heures… Rester prostré ici ne peut qu'attiser la douleur, cela ne ramènera pas …

-Ne prononcez pas son nom, supplia-t-il d'une voix brisée.

-Allons boire un café? … Ou un verre d'alcool ?… Il ne faut pas rester seul. Proposa Charlie en lui tendant la main.

Il hésita, observa la main offerte. Il appréciait Charlie, mais il ne supporterait pas d'en parler, pas avec lui, pas dans leur maison.

-Tout va bien, Charlie, assura-t-il en se redressant et en remettant le masque qu'il portait hors du cimetière, j'ai un rendez-vous.

-Je ne sais pas si dans l'état où…

-Je vais bien, affirma-t-il tout en usant de son pouvoir pour le convaincre.

Ses prunelles dorées se plongèrent dans celles chocolat, peu à peu, il le sentit fléchir.

-Je n'ai pas toujours été juste, marmonna le chef Swan avant de reprendre d'une voix plus assurée, mais jamais je n'oublierai …»

L'homme ferma les yeux, il ne supportait pas d'entendre ces mots, ils étaient tellement douloureux. Charlie n'avait pas voulu lui faire du mal, il le savait, pourtant, il était à deux doigts de lui sauter à la gorge. Il entendit son soupir alors que ses yeux se perdaient à nouveau sur la tombe blanche, il perçut ses pas qui se dirigeaient vers la sortie puis stopper. Charlie l'attendait près de la grille en fer forgé. Il détailla une dernière fois la tombe qui croulait sous les lys blancs, sa blancheur éclatante dégageait une pureté qui était à l'image de l'être qui y reposait. Personne ne pouvait l'ignorer car contrairement aux autres tombes qui étaient peu à peu abandonnées, celle-ci ne l'était pas, sa famille et lui y veillaient. Il sentit l'impatience de Charlie, il allait venir le chercher. Alors, il s'approcha doucement de la tombe et s'agenouilla pour lui dire au revoir, son visage était à la hauteur de la photo représentant son ange souriant, éclatant dans sa beauté juvénile et éternelle. Ses lèvres se posèrent sur son front avant que ses doigts n'effleurent une dernière fois l'inscription gravée en lettres d'or :

Edward Anthony Masen Cullen

A notre fils bien-aimé

A notre frère adoré

A notre ange qui éclairait l'éternité

Carlisle regarda une dernière fois la tombe de son fils avant de rejoindre Charlie qui le surveillait toujours depuis l'entrée. Il esquissa un vague sourire reconnaissant avant de grimper dans sa BMW et de prendre la route de l'hôpital de Forks. Dès qu'il fut dans l'habitacle, une douce musique résonna, c'était sa musique. Il revoyait Edward penché sur son piano, ses doigts volant sur les touches, emplissant la maison d'une douce mélodie. Le doux sourire qui illuminait son visage quand il pensait à Bella, qu'il jouait sa berceuse... A ces souvenirs son cœur, qu'il savait pourtant mort, saigna…