Casting:
Blanche Neige - Roy Mustang
La sorcière - Franck Archer
Les sept nains - Edward Elric (oui les sept)
Le prince - Liza Hawkeye
Le chasseur - Martel
Bonne lecture à tous ;)
Au vu de certains commentaires, je me sens obligée de faire un rappel : pairing ne signifie pas couple. Ainsi donc, bien que les intrigues principales tournent autour de Roy et Edward, qui deviennent alors les personnages principaux, ça ne veux pas forcément dire qu'ils s'agit d'un couple.
Chapitre 1 : Surprises
Il était minuit passé quand un cri déchira le silence qui régnait sur le QG de Central. Depuis des heures, une silhouette était enfermée dans un bureau à peine éclairé d'une lampe à huile. Penché sur le même travail depuis des jours, la tête entre les mains, un adolescent blond se creusait la tête sur un problème en apparence insoluble. Les dizaines de boulettes de papier jetées au hasard ainsi que les innombrables mouchoirs témoignaient de sa longue occupation des lieux. Sans se déconcentrer, le jeune homme moucha son nez enrhumé avant d'envoyer la pièce de tissu rejoindre ses homologues. La nuit était tombée depuis plusieurs heures déjà lorsqu'il leva les yeux de ses recherches, une lueur victorieuse dansant dans ses yeux dorés. Certain de l'exactitude ses conclusions, le jeune alchimiste frappa des mains avant de saisir sa jambe gauche, provoquant un éclair lumineux. Tout à coup, il ressentit une violente douleur parcourir tout son corps, à tel point qu'il tomba de sa chaise, inconscient.
À son réveil, il se sentait étrangement léger. Il se redressa difficilement tout en frottant douloureusement son crâne endolori par la chute. Il voulut prendre appuie sur la chaise afin de se relever quand il s'aperçut que son bras tendu n'atteignait pas le socle de bois du siège. Surpris, il promena son regard sur la pièce qui lui sembla tout à coup avoir grandi. Perplexe, il continua son inspection jusqu'à trouver six enfants identiques, endormis près du bureau. Il s'approcha doucement d'eux pour ne voir que ses traits se refléter sur leur visage. Le garçon ne put réprimer un cri de stupeur, ce qui eut pour effet de réveiller ses sosies en sursaut. Six paires d'yeux se braquèrent alors sur lui. L'un des enfants s'assit en tailleur, frottant ses yeux à moitié fermés par la fatigue tandis qu'un autre grognait contre l'importun qui l'avait tiré de son sommeil.
Edward les regarda un à un, sans vraiment réaliser ce qu'il avait sous les yeux. Il se gratta nerveusement la tête se demandant ce qui pouvait être à l'origine de ce... décuplement. Sa transmutation ? Il ouvrit la bouche pour parler quand il fut coupé par un éternuement des plus bruyants. Tous se retournèrent vers le responsable de cette intervention qui gardait un sourire béat sans se préoccuper de l'impolitesse de son débordement, provoquant un fou rire chez l'un de ses clones. Le blond soupira puis regarda sa montre ; 2h17. À cette heure, le QG était certainement désert et s'il réveillait le colonel, celui-ci ne manquerait pas de l'envoyer promener en lui hurlant de se débrouiller seul et de le laisser dormir. Il se ravisa donc, se disant qu'il serait toujours tant de lui en parler le lendemain. Cependant, il se posa la question du déplacement ; pouvaient-ils se permettre d'aller et venir ainsi dans les couloirs ? Sept fullmetal alchemist ne manqueraient pas d'attirer l'attention.
Alors qu'il se creusait la tête pour trouver une solution, un ronflement se fit entendre ; l'ensommeillé s'était rendormi. Ses yeux se posèrent sur les deux qui ne s'étaient pas encore exprimés ; l'un se balançait d'avant en arrière, un sourire niais sur le visage alors que l'autre prit une teinte rouge pivoine et détourna la tête dès que leur regard se croisèrent. Ed soupira ; ses six sosies semblaient bien différents les uns des autres.
À la même heure dans un appartement, un homme brun aux profonds bleus contemplait sa nouvelle acquisition. Le matin même, il avait été intrigué par un imposant miroir exposé dans la vitrine d'un brocanteur. Immédiatement séduit par sa finesse et son élégance, il était entré et l'avait acheté sans plus réfléchir. Alors qu'il encaissait la somme qui lui était due, le vendeur l'avait tout de même mis en garde contre l'objet ; selon une légende, il contiendrait l'âme d'un alchimiste omniscient qui se serait lui-même enfermé dans le miroir. Sans faire grand cas de cet improbable récit, Franck Archer avait ramené son achat chez lui afin de le placer dans sa chambre, au-dessus de la commode.
S'il s'était d'abord interdit de croire à cette fable, il était tout de même intrigué. Le colonel contemplait donc le mystérieux objet depuis un peu plus de deux heures sans oser l'interroger de peur de paraître ridicule. Il rit toutefois de cette pensée ; devant qui ? Après tout, il était seul. Il ouvrit la bouche, hésitant à troubler le silence. Il craignait d'entendre sa propre voix s'adresser à un objet, mais sans doute redoutait-il plus encore de l'entendre lui répondre. Il se leva de son lit pour se placer devant le miroir, les mains posées à plat sur l'ébène de la commode comme pour se donner une certaine contenance. Il approcha son visage et planta ses yeux dans ceux de son reflet qui le regardait fixement. Il se trouvait si ridicule à observer ainsi sa propre image qu'il décida de mettre un terme à cette mascarade. Après avoir pris une profonde inspiration, il murmura un bonjour hésitant.
Tout à coup, il crut voir la surface lisse luire d'une légère lumière laiteuse. Son reflet s'effaça pour ne laisser place qu'à d'épaisses volutes de fumée noire qui disparurent aussitôt. Surpris, le colonel se recula d'un mouvement brusque et se retrouva au sol, les yeux fixés sur le miroir qui ne montrait plus que sa chambre.
Une fois qu'il eut retrouvé un rythme cardiaque normal, il se releva et se dirigea vers son lit en se frottant les yeux. Il était exténué, sans doute avait-il imaginé cette étrangeté. Cependant il ne parvint pas à trouver le sommeil, trop intrigué par l'improbable phénomène auquel il venait d'assister et qu'il savait bien réel, malgré les protestations de la partie logique de son cerveau. Il avait beau se tourner et se retourner, s'obligeant à garder les yeux fermés, il ne pouvait résister à l'envie, au besoin, de jeter des regards anxieux au miroir.
Au matin, les yeux cernés de noir, il résolut de placer cet objet ailleurs. Il s'en saisit fermement pour le fixer à un mur de son salon. Toutefois, il ne pouvait retenir un regard vers son reflet à chaque passage, espérant et craignant l'apparition de la fumée qui tournait lentement comme d'épais nuages s'amoncellent, annonçant un orage. Après avoir été si fier de son acquisition, le voilà qui la regrettait. Il n'allait tout de même pas le ramener après avoir ri un nez du vendeur lorsqu'il lui avait raconté la mystérieuse légende qui entourait le miroir. Debout, immobile devant son bien, Franck Archer se grattait doucement le menton tout en cherchant l'endroit le plus approprié pour le placer. Après mûre réflexion, il jugea que le QG pourrait convenir s'il le plaçait dans la salle de travail de ses subordonnés.
À son arrivée, il ordonna à l'un de ses subalternes de planter un clou dans le mur sans une explication. Le soldat s'exécuta sans mot dire, perplexe devant cette nouvelle fantaisie de son supérieur, mais craignant tout de même sa colère. Avec un air de triomphe, le colonel plaça le miroir à son nouvel emplacement. Néanmoins devant les regard qu'on lui lançait, il dut se résoudre à justifier son geste. Il lança alors que cela égayait la pièce qu'il trouvait trop austère avant de se retourner pour entrer dans son bureau de manière à éviter d'être tenté de regarder le miroir.
Dans une autre salle de ce même QG, sept enfants blonds dormaient paisiblement, roulés en boule ou étalés sur le parquet. Toutefois leur sommeil fut troublé par l'ouverture soudaine de la porte. Dans son encadrement, une grande armure se tenait immobile, les bras ballant devant le spectacle qu'elle avait sous les yeux. L'un des petits Edward s'approcha de lui en se frottant les yeux. Il le détailla de bas en haut avec un mouvement de la tête.
« Al, t'aurais pas grandit? »
Surpris par la question, ledit Al ne sut quoi répondre à son aîné. Il observa un à un les six clones de son frère dont un baillait à s'en décrocher la mâchoire, tentant désespérément de se rendormir. Les sept enfants semblaient identiques en tout point, de la tresse qui nouait leurs cheveux aux automails qui remplaçaient deux de leurs membres ; son frère avait rajeuni. Légèrement paniqué, le géant de métal entra dans la pièce pour demander à l'alchimiste d'État plus de détails sur cette étrange situation. Cependant, à peine avait-il formulé sa question que tous les Ed prirent la parole dans un brouhaha d'explication confuses, excepté l'un d'eux, légèrement à l'écart qui regardait la scène avec de grands yeux ronds presque inexpressifs et un sourire niais. Alors que les enfants se disputaient pour prendre la parole, l'un d'eux imposa le silence d'un hurlement autoritaire. Celui-ci se tourna alors vers Alphonse pour lui faire part de ce qu'il savait.
Depuis plusieurs semaines, il travaillait sur l'application de l'alchimie à la mécanique et notamment aux automails. Il avait voulu créer un alliage à la fois léger et résistant, le poids de ses mécagreffes étant un frein à sa croissance. Selon ses calculs, il devait séparer les composants du métal utilisé pour les transformer puis les réassembler sans que cela n'en altère la structure. Toutefois, il avait ressenti une violente douleur pendant qu'il effectuait la transmutation, il avait perdu connaissance et à son réveil, il était devenu sept. Avec un soupir, Alphonse lui demanda pourquoi il avait d'abord tenté la transmutation sur un automail déjà relié à un corps humain. Surpris, Ed cligna plusieurs fois des yeux sans comprendre où son cadet voulait en venir. Avec une pointe de lassitude, l'armure lui rappela qu'il fallait toujours vérifier une formule avant de l'appliquer, mais bien sûr, il avait été trop impatient à l'idée de gagner des centimètres. Sa mécagreffe étant reliée à son corps par connexion nerveuse, la transmutation s'était vraisemblablement étendue à tout son corps dont il avait séparé les composants pour créer sept Edward. En entendant cette théorie, le fullmetal alchemist éclata de rire ; il était impossible dans ce cas qu'il puisse se dédoubler sans perdre de sa taille, et cela n'expliquait pas pourquoi tout était tout à coup si grand.
Alphonse garda le silence, ne sachant quoi répondre, stupéfait par ce dénie de la réalité. Il aurait voulu lui faire cet aveu plus délicatement, mais de toute façon, le choc était inévitable.
« Euh... Ed... c'est toi qui as rapetissé. »
Les sept sosies se figèrent à ces mots, une expression de choc profond peinte sur le visage ; ce n'était pas son environnement qui avait subitement grandi mais lui qui était encore plus petit que d'ordinaire. Les enfants se lancèrent des regards inquisiteurs : s'ils étaient apparus progressivement durant son sommeil, sa taille avait pu diminuer petit à petit, les composants de chaque corps auraient alors été prélevés sur chacun d'eux, incluant chaque nouvel Edward créé. Ainsi, en plus d'une réduction de taille, la transmutation avait opéré un rajeunissement de son corps. Toujours assis par terre, l'un des clones se mit à grogner, marmonnant qu'il n'en serait pas là sans ces maudits automails, que le colonel allait encore se moquer de lui mais qu'au moins cette fois il faudrait plus d'un Alphonse pour retenir sept Edward enragés. L'armure laissa le petit colérique à ses pulsions meurtrières pour se retourner vers celui qui paraissait être le plus lucide et le plus réfléchi. Il était encore tôt, peu de gens étaient arrivées au QG, ils résolurent donc d'attendre Mustang dans son bureau.
Al passa discrètement sa tête par la porte entrebâillée avant de s'avancer dans le couloir désert, suivi des sept petits sosies blonds. Toutefois, le géant de métal n'était pas au bout de ses surprises ; tout en balançant leurs bras au rythme de la marche, les enfants se mirent à à siffloter. Surpris, le cadet des frères Elric se retourna pour leur demander le silence ; il valait mieux rester discrets pour éviter d'avoir à s'expliquer. Il accéléra donc le pas pour arriver rapidement à destination. Il ouvrit la porte du bureau encore inoccupé et s'engouffra à l'intérieur. Ici, ils éviteraient les mauvaises rencontres et seraient tranquilles jusqu'à l'arrivée de leur supérieur. Chacun prit place sur le canapé, se mettant à son aise de manière à passer l'attente le plus confortablement possible. L'un des Ed se recroquevilla sur lui-même pour se rendormir, suggérant aux autres de faire de même pour passer le temps. Alors qu'il fermait les yeux, un autre lui répliqua qu'il valait mieux s'occuper intelligemment en cherchant une solution à leur problème, ce qui n'eut d'autre effet que d'arracher un bâillement sonore à son interlocuteur. Un troisième se mit à grogner qu'il n'aimait ni les solutions ni les problèmes et qu'il ne perdrait pas son temps à s'arracher les cheveux sur des équations compliquées, d'autant qu'il n'aimait pas ça. Une dispute éclata alors, chacun voulant imposer son passe temps aux autres.
Alphonse les regarda débattre sans pouvoir intervenir. L'un d'eux gardait constamment un doigt levé et s'exprimait sur un ton moralisateur qu'il ne connaissait pas à son aîné. Un autre hurlait en agitant les bras dans tous les sens, tandis qu'un troisième tentait de parler entre deux éternuements. Rouge pivoine, un Edward se cachait derrière le canapé, bégayant timidement son opinion alors qu'un autre clone, las de la querelle, s'amusait déjà seul à chanter d'entêtantes comptines. L'attention de l'armure fut néanmoins attirée par le seul qui regardait la scène en silence, l'air complètement perdu. D'une voix encourageante, Alphonse lui demanda ce qu'il voulait faire mais il se contenta de hausser les épaules tout en clignant des yeux.
Une trentaine de minutes plus tard, alors que les sosies s'étaient enfin calmés, la porte s'ouvrit sur le lieutenant Hawkeye. Une pile de dossiers sous le bras, elle se dirigea vers son bureau pour les y poser et commencer à les trier. Elle paraissait exténuée et ne remarqua pas tout de suite ses huit visiteurs. Alphonse l'interpela d'une petite voix timide pour annoncer sa présence. La jeune femme se retourna avec un sursaut, surprise de trouver quelqu'un dans la pièce à une heure si matinale. Elle allait lui demander les raisons de sa présence quand elle aperçut les sept petits blonds qui la regardaient fixement. Sous le choc, elle laissa choir le stylo qu'elle tenait, la bouche ouverte, les yeux ronds comme des billes. Ne parvenant à articuler un mot, elle lança un regard interrogateur au géant de métal qui se grattait nerveusement l'arrière du casque.
Mal assuré, Alphonse commença son explication, sans cesse coupé par l'un des sosies. Les autres firent d'abord mine de prêter une oreille attentive à la conversation, toutefois, malgré son acharnement à rester éveillé, l'un d'eux se roula en boule sur le canapé, baillant à s'en décrocher la mâchoire ; après toutes ces émotions, il méritait bien une sieste non ? Assise sur sa chaise, le lieutenant Hawkeye écoutait patiemment l'armure et le petit alchimiste d'acier lui relater les faits. Cependant, quand ils eurent terminé, un cri de colère retentit dans le bureau. Liza s'était levée sous le coup de la colère tandis que les Edward rentraient leur tête dans leurs épaules, comme si cela pouvait les faire disparaître. Certes, elle ne s'y connaissait pas en alchimie, mais n'importe qui savait qu'il pouvait être dangereux d'effectuer une transmutation sans que la théorie ne soit vérifiée.
Les clones commencèrent alors à se rejeter la faute les uns sur les autres, sans penser une seconde qu'il n'y avait qu'un seul Edward avant l'expérience. La jeune femme leur imposa le silence d'une voix autoritaire ; s'ils devaient rester dans ce bureau jusqu'à l'arrivée du colonel, ils n'avaient pas intérêt à gêner sa concentration, elle tenait à pouvoir faire son travail dans le calme. Tandis qu'elle leur tournait le dos pour reprendre sa tâche, les enfants s'installèrent sur le canapé sans plus chercher à se quereller. Le plus joyeux des sept dut toutefois calmer ses ardeurs vocales et se résoudre à dessiner.
Les quatre hommes de l'équipe ne tardèrent pas à arriver pour découvrir le même spectacle que leur collègue. Estomaqués, il détaillèrent chacun des clones sagement installés les uns à côté des autres. Ils dévisagèrent un instant le dernier qui souriait les yeux perdus dans le vague avant de reporter leur attention sur leur supérieure. La jeune femme leur résuma brièvement la situation, précisant que le jeune alchimiste d'État ne savait pas comment inverser les effets de sa transmutation ne s'étant pas attendu à un tel résultat. Offensé par cette déclaration, celui des sosies qui n'aimait pas les résultats, croisa les bras et tourna le dos à l'assemblée pour bouder en paix, grommelant dans sa barbe sous les rires moqueurs d'un confrère qui le pointait du doigt. Toute la petite troupe soupira : ils allaient devoir patienter jusqu'à l'arrivée de leur supérieur en compagnie des sept énergumènes.
Après une bonne demi heure, les soldats renoncèrent à se concentrer sur leur travail tant les Edward étaient agités. Commença alors une inspection des plus farfelues pour déterminer ce qui caractérisait chacun des clones. Ils découvrirent alors qu'ils n'avaient d'identique que leur physique enfantin et arborait tous des personnalités différentes. Après avoir échangé un rapide regard, les hommes de l'équipe commencèrent à s'agiter, ouvrant tiroirs et placards, visiblement à la recherche d'une chose bien précise. Au bout de quelques minutes à ignorer littéralement les interrogations de leur lieutenant qui les observait les sourcils froncés, ils s'installèrent devant les petits blondinets, stylo en main. Chacun commença alors à griffonner sur une feuille, jetant parfois des regards curieux aux enfants avant de raturer méthodiquement une ligne.
Un à un, ils brandirent leur papier dans un fier « J'ai fini ». Une fois que Falman eût à son tour poussé le cri de la victoire, ils se réunirent en cercle pour commenter leurs trouvailles. Les neufs spectateurs les regardaient intrigués sans oser demander quoi que ce soit sur leur curieuse attitude. Toutefois, la jeune femme aux yeux caramels qui patientait à côté de l'armure arborait un air désespéré ; jamais ils n'avaient été si enthousiastes à l'idée de remplir en dossier, si seulement ils pouvaient dépenser ne serait-ce que la moitié de cette énergie à faire leur travail, ses journées s'en trouveraient nettement allégées.
Après quelques minutes de débat mouvementé, chaque Edward se vit coller une étiquette sur le torse. Havoc prit alors la parole, encouragé par les hochements de tête de ses camarades. C'était, selon eux, le meilleur moyen de différencier les sept alchimistes, et leur attribuer des noms restaient tout de même plus plaisant qu'un simple « Hey toi! ». Liza et Alphonse durent bien admettre qu'ils avaient raison, mais ils n'étaient cependant pas préparés à la découverte qui les attendait. Si l'armure s'écroula de rire, la jeune femme haussa un sourcil en silence, perplexe quant à l'idée de ses subordonnés. Elle se tourna vers eux, espérant les convaincre de revoir les noms qu'ils avaient trouvé, ou tout du moins celui du plus gai des sept qui se voyait affublé d'une tendancieuse faute d'orthographe. Avec un hochement de tête, l'adjudant Fuery colla une seconde étiquette sur laquelle s'étalait fièrement le nouveau nom du malheureux : Joyeux.
Avec un soupir Liza observa le dénommé Grincheux marmonner qu'il n'aimait pas les étiquettes alors que l'un d'eux, trop occuper à sommeiller, et très justement nommé Dormeur, ne s'était très certainement pas rendu compte qu'il avait été rebaptisé. Le nom très original de Atchoum avait été donné à l'enrhumé, celui qui se cachait derrière les cousins du canapé pour éviter d'être vu se prénommait à présent Timide, tandis que celui qui semblait le plus intelligent des sept venait de recevoir le nom de Prof. N'en comptant que six, Liza chercha des yeux celui qui manquait à l'appel. Elle le trouva sans difficulté, assis au sol l'air complètement ailleurs sans jamais se défaire de son sourire béa ; même si ce n'était pas très flatteur, peut-être que ces subordonnés avaient vu juste en le nommant Simplet.
Alors que les Edward se moquaient les uns des autres, la porte s'ouvrit avec fracas, laissant apparaître un colonel au sourire conquérant. Il entra dans la pièce dans une pose théâtral, narrant avec enthousiasme sa nouvelle réussite : piquer la vedette à Archer pour la résolution d'une affaire commune. Toutefois, alors qu'il se lançait dans un discours enflammé, il se figea d'un coup, une expression d'effroi imprimé sur son visage soudainement très pâle. Il reprit un semblant de contenance dans un raclement de gorge, les sourcils froncés, ordonnant qu'on lui explique pourquoi il se retrouvait avec sept nabots dans son bureau : comme si un seul n'était pas suffisant. Mal à l'aise, Alphonse se lança dans un récit hésitant, son gants d'acier grattant nerveusement le sommet de son casque tant il était gêné du comportement irresponsable de son frère. Dans son coin, le Edward Grincheux continuer de grommeler, se plaignant qu'en plus de l'humiliation publique du fait de son inhabituelle petitesse, il devait s'abaisser à demander de l'aide à cet enfoiré de colonel de ses deux qui ne manquerait certainement pas de se moquer de lui.
Ce qui s'avéra bien entendu exact. À peine Alphonse avait-il terminé son explication que l'alchimiste de flamme plaqua ses mains sur sa bouche pour réprimer une violente crise de fou rire. Vexé, l'un des clones entreprit de répliquer, argumentant sur les raisons qui l'avait poussé à pratiquer cette transmutation sans test préalable, tandis que le râleur hurlait que s'il ne s'était pas multiplié il ne serait pas si petit. Un sourire en coin, ses yeux noirs pétillants de malice, l'alchimiste de flamme s'installa derrière son bureau, observant d'un air supérieur l'enfant capricieux qui s'époumonait au milieu de la pièce tout en brassant l'air avec ses bras à grand renforts de moulinets.
Néanmoins, aussi divertissant soit-il, cet interlude ne résolvait pas le problème de l'inversement de la transmutation. Une fois que tout le monde eût retrouvé son calme, le vrai débat put commencer. Avant de trouver la solution, il s'agissait surtout de savoir ce qu'il allait advenir des sept sosies qui s'efforçaient tant bien que mal à garder le silence devant les propositions douteuses du colonel qui suggérait de les laisser dans un coin puisqu'avec une taille pareille, ils ne prenaient pas beaucoup de place. Il fallait également régler la question des recherches ; jamais ils ne pourraient entrer dans la bibliothèque nationale des alchimistes d'État avec l'apparence d'un enfant. Ils devraient donc travailler au QG. Avec un soupir de lassitude, Mustang ordonna à ses subordonnés de suivre l'Edward Prof qui semblait avoir la tête sur les épaules de manière à ramener ses recherches dans le bureau ; ils seraient sans nul doute plus tranquille ici.
Pour le reste, il était certainement plus sage que les enfants restent avec Alphonse, toutefois, leur chambre d'hôtel ne permettait pas d'accueillir autant de monde, aussi fut-il décidé que chaque militaire garderait un Edward avec lui. Ainsi commença une longue et pénible discussion qui devait mener à savoir lequel logerait chez qui. Personne ne semblait vouloir du Grincheux ni du Joyeux qui chantonnait sans cesse, et lorsque l'on interrogeait les clones, on n'obtenait qu'un vague haussement d'épaules ; tant qu'ils n'allaient pas chez le colonel tout leur allait. La matinée était déjà bien entamée, et encore aucune décision n'avait été prise, ce qui n'était pas pour plaire au lieutenant Liza Hawkeye qui voyait avec appréhension l'aiguille de l'horloge se rapprocher de midi sans que la moindre tâche n'ai été effectuée.
Agacée, et soupçonnant ses collègues de faire durer le débat pour éviter leur travail, la jeune femme prit une profonde inspiration avant d'imposer le silence à l'assemblée d'une voix forte et autoritaire. Tout le monde se figea d'un coup, surpris de cette intervention. Toutes les têtes se tournèrent alors vers la tireuse qui s'était déjà emparée d'un stylo et d'une feuille. Après avoir découpé sept morceaux de papier qu'elle mélangea sur la table, elle invita les sosies à venir en choisir un chacun à leur tour pour ainsi déterminer qui les hébergerait.
Faisant prévaloir sa supériorité intellectuelle, le Prof s'avança pour tirer, avec soulagement, le nom de son frère. À contre cœur, Dormeur se leva et avança en trainant des pieds pour presque s'écrouler sur la table en saisissant un morceau de papier qu'il ne prit pas la peine de déplier avant de se rendormir. Soit, ils sauraient bien de qui il s'agissait une fois tous les papiers distribués. Atchoum s'avança alors, réprimant un éternuement de crainte de voir les petits bouts de feuille s'envoler. Il se retourna alors vers le sous-lieutenant Breda avec un sourire, heureux de ne pas être celui qui atterrirait chez Mustang. Tordant ses mains jointes, le visage rouge pivoine, Timide glissa tout doucement vers la table une fois son tour venu. Il resta quelques instants son papier en main, rougissant à vue d'œil avant de risquer un regard vers la jeune femme qui se tenait à côté de lui. Intimidé, il repartit la tête baissée, plus rouge qu'à l'aller, triturant ses mains devant sa bouche sans oser prononcer un mot. Après le passage de Simplet qui logerait chez l'adjudant Fuery, Joyeux vint à son tour tirer un papier en fredonnant un air agaçant et éclata d'un rire heureux, annonçant que sa garde revenait au sous-lieutenant Havoc.
Il ne restait à présent plus qu'un papier et un clone. Dormeur et Timide n'ayant rien précisé, trois des soldats se retrouvaient à regarder Grincheux s'avancer pour se saisir du nom qu'il restait, se plaignant que bien sûr c'était lui le dernier, qu'il n'aimait pas les tirages au sort et qu'en plus il allait devoir supporter le colonel. Sous le choc, ledit colonel se redressa, fixant avec effroi le plus invivable des sept Edward qui retournait s'assoir les bras croisés. Liza échangea un regard entendu avec Falman ; il fallait à présent déterminer lequel devait loger Dormeur, et lequel avait la charge de Timide. Puisque l'ensommeillé ne semblait pas enclin à ouvrir un œil, les deux officiers s'approchèrent doucement du petit Ed qui se cachait derrière le canapé. Une main timide sortit de sa cachette pour tendre le morceaux de papier à la jeune femme et retourna précipitamment se dissimuler pour ne pas croiser les regards braqués sur lui. Avec un sourire amusée, Liza annonça que c'était à elle de l'héberger, et qu'ainsi, Falman devrait se charger du ronfleur.
Ainsi furent scellées les destinés des sept Edward, du moins pour la nuit à venir. Il restait cependant un problème : aucun des officiers n'avait chez lui de quoi habiller un enfant, or, non seulement l'alchimiste d'acier avait rapetissé, mais en plus, on le comptait désormais en sept exemplaires. Il était donc manifeste que l'un d'eux devait conduire les petits faire les magasins. Alphonse se dévoua bien gentiment de manière à éviter la corvée à ses camarades qui se lançaient déjà des œillades méfiantes. Néanmoins, une seule personne ne serait sans doute pas suffisante pour canaliser l'énergie débordante de toute la troupe, quelqu'un devrait donc accompagner l'adolescent. Dans un élan de solidarité, Havoc prit son courage à deux mains et déclara que puisqu'elle était une femme, elle devait aimer faire les boutiques, et que donc, le lieutenant Hawkeye devrait y aller. La jeune femme leva les yeux vers lui, légèrement agacée par cette remarque, d'autant que si elle les laissait seuls, il en profiteraient très certainement pour rendre visite à Morphée.
Les mains sur les hanches, elle déclara d'une voix ferme qu'il n'était pas question qu'elle quitte son poste alors qu'elle avait encore tant à faire, mais que puisque le colonel qui somnolait déjà ne semblait pas très occupé, il pouvait très bien s'en charger. Les pieds dudit colonel, jusque là confortablement installés sur le bureau chèrent au sol tandis qu'il se redressait à l'entente de son nom, se demandant ce qu'on pouvait lui vouloir. Son lieutenant se tourna alors vers lui avec un sourire entendu, lui adressant un « n'est-ce pas, colonel ? » appuyé. Roy déglutit difficilement ; il était piégé. S'il avouait n'avoir pas suivi la conversation depuis l'annonce de sa collocation prochaine avec Grincheux, peut-être serait-elle clémente et lui répéterait-elle sa question sans trop lui hurler dessus. Toutefois, son regard sévère lui fit ravaler ses interrogations. La tête dans les épaules, il répondit d'un « bien sûr » mal assuré sous les regards surpris de ses collègues.
Et c'est ainsi que le célèbre colonel Roy Mustang sortit du QG, les sept petits Edward sur les talons, attirant l'attention des passants, surpris de voir ainsi passer sept marmots identiques, marchant en cadence tout en sifflant un petit air entêtant et agaçant, suivis d'une immense armure.
À la fin de la journée, le Franck Archer s'était retrouvé seul dans son bureau, ses subordonnés ayant déserté la pièce voisine depuis plus d'une heure. Il tentait désespérément de rester concentré sur ses dossiers et de ne plus penser au miroir qui ornait désormais la salle de travail de ses subalternes. Toutefois, il était de plus de plus tenté de réitérer l'expérience de la veille. Il se gratta le menton, pensif, réfléchissant à tout ce que pourrait impliquer la découverte d'un miroir doué d'intelligence. Pourtant, bien qu'il fût convaincu que cela le propulserait sous le feu des projecteurs, il ne pouvait s'empêcher de penser à ce qu'il pourrait arriver si on le surprenait à parler à son reflet. Le prendrait-on pour un fou ? Ou pire, le croirait-on narcissique au point de se parler à lui-même tout en se mirant ? Le colonel se redressa à cette pensée ; il lui suffisait de verrouiller la porte et personne ne pourrait entrer.
Un sourire étira ses fines lèvres pâles en un rictus qui devait se vouloir appréciateur. Cette grimace imprimée sur le visage, l'officier se leva pour rejoindre la pièce adjacente à son bureau. Dès qu'il ouvrit la porte, ses yeux froids se posèrent sur l'objet qui l'obsédait tant. Immobile, il semblait dormir tranquillement en attendant qu'on le réveille. Comme chez lui, Archer se plaça devant le miroir, et observa un instant son reflet. Au moins, cette fois, il était préparé à ce qui allait suivre et ne fuirait pas en voyant les volutes de fumée noire. Il prit une profonde inspiration, se répétant mentalement qu'il n'allait pas réellement parlé à un objet mais que l'âme d'un alchimiste y était enfermée.
« Bonsoir »
À peine avait-il prononcé ce mot que son reflet se troubla. Debout devant le mur, Archer sentait l'appréhension lui nouer l'estomac ; qu'allait-il se passer à présent ? C'est alors, tandis qu'il fixait l'épaisse fumée, qu'il cru distinguer une silhouette qui se formait lentement. Il plissa les yeux, intrigué par cette réaction et reconnu un visage : le sien. À l'intérieur du miroir, son propre visage constitué par la fumée lui répondit avec un sourire amical et enjoué. Le militaire se figea d'effroi tant il s'était peu attendu à cela. Alors qu'il ne disait toujours rien, son image continuait de lui parler, heureux d'avoir enfin un interlocuteur. Néanmoins, voyant l'homme en face de lui rester pétrifié, le visage se tut un instant. Il le regarda quelques secondes sondant son regard à la recherche d'un indice qui pourrait l'aider à comprendre pourquoi il était subitement devenu muet.
« Ah! Non mais en fait comme j'ai transféré seulement mon âme dans ce miroir je n'ai plus d'apparence physique propre à moi-même, alors du coup j'suis obligé de faire avec le reflet des gens m'voyez? »
Archer déglutit difficilement devant cette déclaration tandis que son reflet continuait son discours, essayant de le faire réagir. Toutefois, le colonel ne reprit vraiment ses esprits que lorsque le miroir annonça qu'il était bien content d'avoir été placé ici plutôt que dans sa chambre, qu'au moins il y avait du passage et qu'il pouvait entendre plein de choses. Non pas qu'il aime à jouer les commères, mais il était déjà curieux de tout de son vivant, alors maintenant qu'il n'avait plus d'autre occupation, il tendait toujours une oreille attentive aux conversations autour de lui, juste pour se tenir informer parce que la culture générale c'est d'une importance capitale. Alors bon, non il n'était pas omniscient comme beaucoup le croyaient, mais il avait une excellente mémoire et enregistrait très facilement tout ce qu'il entendait.
Franck Archer se redressa, soudainement très intéressé par ce que ce miroir, non pas curieux mais attentif, pouvait avoir à lui apprendre sur les, non pas ragots mais conversations du QG. Cependant, avant d'envisager de lui poser la moindre question, il fallait faire taire l'alchimiste resté trop longtemps cloitré seul dans son miroir. Il se racla la gorge pour lui signifier poliment qu'il souhaitait prendre la parole avant d'amorcer sa phrase. À sa grande surprise, son interlocuteur se tut immédiatement, apparemment heureux de pouvoir enfin converser avec son nouveau propriétaire. Il semblait incroyablement loquace et heureux qu'on le questionne. C'est donc avec un sourire qu'il résuma au colonel tout ce qu'il avait entendu durant sa première journée.
Archer porta une main à son menton, un sourire sournois sur les lèvres ; voilà une merveilleuse opportunité d'espionner ses subordonnés sans en avoir l'air. Toutefois, quelque chose commençait à l'agacer prodigieusement dans le récit de son reflet : le nom du colonel Mustang revenait sans arrêt, toujours accompagné de louanges. Les poings serrés, Archer ne put en supporter d'avantage : l'alchimiste des flammes venait de retirer tous les mérites d'une affaire sur laquelle ils avaient travaillé ensemble, et voilà qu'il devait supporter d'apprendre que tout le QG était en admiration devant lui pour ces prouesses. Pourtant, lui-même était très apprécié des généraux et autres haut gradés alors pourquoi ne parlait-on pas de lui ? Sa colère éclata tandis que le visage de fumée entamait le récit de l'exploit de Mustang lors de la résolution de sa dernière affaire ; il devait savoir.
« Miroir! Dis moi qui est le plus populaire du QG ! »
L'alchimiste s'arrêta immédiatement de parler pour considérer l'homme qui venait de l'interrompre.
« Ben... Dans tout le QG vous semblez ne pas avoir votre pareil pour diriger vos troupes ou même effectuer votre travail, mais le colonel Mustang est sans nul doute le plus apprécié. »
Bouillant de rage, Franck Archer serra les poings à se meurtrir la chair de ses paumes avec ses ongles, ses yeux exorbités par la colère. Il avait mis tous ses espoirs dans une promotion prochaine ; monter en grade et ainsi se faire un nom parmi les plus éminents de la capital ce qui lui confèrerait à coup sûr une renommée à travers tout le pays. Toutefois, si Mustang devenait général de brigade avant lui, il resterait encore et toujours dans l'ombre de l'alchimiste de flamme. Pour pouvoir espérer le supplanter un jour, il allait devoir se débarrasser de lui. Ainsi hors course, il ne pourrait plus lui nuire de quelque manière que ce soit et il pourrait enfin penser à son ascension plutôt qu'à cette rivalité qui lui gâchait la vie au point qu'il y pensait jour et nuit. Un jour il prendrait sa revanche.
Ainsi, seul avec son miroir, Franck Archer fit le serment d'éliminer le flame alchemist de manière à ce que plus jamais il ne lui fasse de l'ombre. Un rire froid et sournois, résonna dans la pièce tandis qu'un plan machiavélique se mettait déjà en place dans son esprit. Finalement, c'était une bonne chose qu'il ait acheté ce miroir ; il allait lui être bien plus utile qu'il ne l'aurait cru...
