Prologue

3h du matin…Toujours aucune nouvelle, 10 jours sans le moindre hibou à l'horizon. Cela faisait tout juste 2 mois que Dumbledore était mort, le plus grand sorcier de tous les temps. Même si toute la communauté magique savait que l'auteur de ce crime s'appelait Lord Voldemort, beaucoup n'osait pas y croire. Il était bien plus aisé de croire coupable celui qui avait partagé ses derniers instants. Les rumeurs circulaient à toute vitesse, les questions osaient sortir de l'ombre, « Pourquoi Diable Harry Potter était avec Dumbledore et que faisaient-ils ? »

Le jeune sorcier restait muet, ne tentant même pas de donner une explication qui le mettrait hors de cause. Tous les magiciens étaient menacés, Poudlard n'était plus sûr, les familles étaient terrifiées, il fallait un coupable. Il fallait pousser quelqu'un à bout pour lui faire endosser la lourde responsabilité que représentait le meurtre du Directeur de Poudlard.

Depuis ce tragique événement, Voldemort avait jugé préférable de rester discret. Aucun de ses prétendus sbires n'avaient refait apparition.

« Rogue, c'est lui le traître ! » clamait à tue-tête le jeune Londubat. Depuis peu, il avait été enfermé provisoirement en quartier psychiatrique à Sainte-Mangouste. Il ne cessait de répéter ce que son ami Harry Potter n'osait même pas évoquer. Neville aurait fait un bon coupable, mais le passé de sa famille l'ayant rattrapé, il n'était qu'à demi conscient, et donc à demi coupable. Il n'était plus stable aujourd'hui.

Les membres de l'Armée de Dumbledore s'étaient désunis.

Ginny Weasley ne vivait plus que pour sauver son frère Bill, le malchanceux qui avait été vaincu par Greyback, lui infligeant la morsure suprême du Loup-Garou. Elle s'occupait de lui et prenait en parallèle des cours avancés de médecine de façon intensive. Elle comptait arrêter totalement Poudlard pour mieux étudier son concours d'infirmière pour entrer à Sainte-Mangouste. Cette lubie lui était apparue lorsque pour la première fois de sa courte existence, elle s'était retrouvée impuissante et complètement désemparée devant la douleur de son grand frère Bill. Ce dernier était conscient de tout ce qui l'entourait, mais se qualifiait de « demi humain ». Dans ses rêves, il dévorait des biches, des faons et plus horrible encore des enfants. S'il n'avait pas sa sœur et sa future femme à ses côtés, il serait complètement détaché de ce monde. Fleur Delacour allait devenir Fleur Weasley dans une semaine, et c'était hélas le seul beau moment de cet été. Sa belle-famille avait fini par l'accepter et la respecter pour son plus grand bonheur. Elle n'avait jamais eu peur face aux yeux de Bill qui devenaient jaunes et toutes ses monstrueuses transformations qu'il subissait lors des pleines lunes. Aucun médecin n'était parvenu à trouver une antidote, et c'était sans doute ce qui motivait la jadis pétillante Ginny Weasley à se consacrer aux soins. Fred et Georges s'étaient séparés, le magasin de Farces et Attrapes avait été vendu. Chacun était affecté, mais personne n'avait réagi aussi étrangement que les deux frères jumeaux si complices par le passé. Fred s'était engagé dans l'Armée malgré les refus catégoriques de ses parents. Il avait voulu apprendre à combattre pour pouvoir un jour s'imposer face au Seigneur des Ténèbres. C'est sans aucun doute ce jour là, que les 2 frères se sont enguelés pour la vie. Georges s'était opposé à ce choix non calculé et avait préféré se tourner vers le Ministère de la Magie. Comme bénévole il travaillait auprès des familles qui avaient perdu un proche. Il les aidait du mieux qu'il le pouvait et tentait de donner des réponses concrètes aux questions abstraites. Il n'était jamais pris au sérieux lorsqu'il parlait de Voldemort comme l'auteur de toutes ces horreurs, mais au moins, le contre coup des évènements n'était plus pour lui insurmontable. Percy n'avait donné aucun signe de vie à sa famille, pas même pour prendre des nouvelles de son frère contaminé.

Et autour de tout cela, les morts, encore des morts, des dizaines, des personnes connues ou inconnues. Poufsouffles, Serpentards, Gryffondors ou encore Serdaigles. Le choixpeau magique les avait prévenu, ensemble il aurait fallu combattre pour prétendre à la victoire. Malheureusement cet accident n'avait fait qu'élargir le creux entre les maisons.

Cho Chang était partie rejoindre Cédric Diggory après avoir reçu un Avada Kevadra d'un mangemort encagoulé. Les frères Crivey s'étaient bien défendus mais les Endoloris avaient eu raison d'eux. Luna Lovegood l'avait échappé bel, puisque finalement alors que ses derniers instants sur Terre semblaient compromis, Neville Londubat était venu à son secours.

Les survivants pouvaient être fiers, les pertes n'avaient pas été nombreuses. Mais peut-on être fier lorsqu'un adolescent perd la vie ? Lorsque c'était votre ami(e) ? Lorsqu'un élève a voulu se battre au nom de la Justice ? Au nom de quoi ? Dumbledore, mais que faisais-tu ? Où étais-tu quand Poudlard était pris d'assaut ? Pourquoi nous as-tu abandonné ?

Des questions posées à un mur, dont les réponses n'étaient plus un secret pour Hermione Granger. La fidèle amie de l'Elu était dans la confidence. Dumbledore était tombé dans un perfide piège et en avait subi le prix. Lorsque ses parents avaient appris la nouvelle, ils étaient venus immédiatement la chercher dans l'espoir vain de ne plus jamais la ramener à Poudlard.

La jeune fille s'était battue aux côtés des membres de l'A.D qui étaient devenus ses amis. Plus d'une fois elle avait failli perdre la vie ; et aujourd'hui lorsqu'elle contemple le ciel noirci, les familles déchirées, le sort s'acharnant sur Harry, elle ne rêve plus que d'une seule chose : ne plus se réveiller. Ce désir restait cependant refoulé car au plus profond d'elle brûlait la flamme de l'Espoir et de la quête pour la vérité. C'était bien ce qui qualifiait Hermione, l'optimisme. Elle savait que les choses ne s'empireraient pas, que la mort de Dumbledore allait remuer les choses. Etant coupée du monde de la magie, elle ne se doutait pas qu'Harry était désigné comme le coupable idéal. Les élèves le dévisageaient, presque tous les membres de l'A.D lui tournaient à présent le dos, lui mettant sur les épaules les morts des membres de leur ancienne société secrète.

Il vivait avec les Weasley, renfermé pratiquement dans sa chambre 22h/24. Il n'y avait plus aucun contact entre lui et Ginny. Il ressentait la haine des autres au plus profond de son être. Harry ne parvenait pas à être en colère ou malheureux. Il se sentait juste responsable d'être tombé dans ce traquenard et coupable d'avoir survécu alors que son protecteur était décédé. Il n'avait raconté l'histoire des Horxcruzes qu'à Ron et Hermione, et il n'éprouvait aucune envi de le dire à d'autres personnes. Hermione proposait une déclaration dans la Gazette, Ron disait qu'il fallait prévenir l'Ordre du Phénix. Il était certain que les membres de l'Ordre ne doutaient pas un seul instant de l'innocence d'Harry mais bien de la culpabilité de Voldemort ; cependant ces derniers se sentaient écartés et dépourvus d'information pour avancer. Harry était renfermé sur lui-même, et ses deux meilleurs amis garderaient ce secret jusqu'à la tombe s'il le fallait, même si ça leur déplaisait.

Ne pouvant plus supporter les tensions et les regards suspicieux de tous, Harry était partis, sans un sous. Seul Ron était dans la confidence. Il n'avait pas essayé de le retenir et n'avait pas pleuré. Comme la plupart des gens depuis ce tragique incident, Ron en voulait à la Terre entière de rendre coupable Harry, le seul qui les avait prévenu et protégé de la venue de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Il était plein d'animosité envers Rogue et tous ces traîtres qui avaient choisi de s'allier à la fourberie. Il s'en voulait à lui-même de ne pas être plus triste lorsqu'il voyait sa sœur donner toute ses forces pour guérir Bill ou lorsqu'il repensait à ce défunt Dumbledore. En si peu de temps la vie de chacun avait basculé. Il écrivait souvent à Hermione, mais les hiboux lui revenaient indemnes. Pourtant seule elle pouvait le comprendre, ils partageaient tous les deux le secret d'Harry et il n'était pas simple à cacher. C'était seulement lorsque Harry lui avait dit qu'il allait tout changer, arrêter cette vie, qu'il avait compris : il n'y aurait pas de 7° année à Poudlard, il ne partagerait plus de moments simples et à la fois extraordinaires avec ses amis, il n'y aurait pas de fin heureuse pour lui. Il sentait qu'il devait faire quelque chose. On avait toujours tout fait pour lui ou avant lui : Hermione lui avait appris à prononcer correctement le Wingardium Leviosa, sa sœur l'avait poussé à embrasser une fille, sa jalousie envers Harry l'avait propulsé au rang de gardien de l'équipe de Quidditch…Il aurait tant aimé discuter avec Charlie, son frère préféré, mais ce dernier était depuis peu à Singapour, il ignorait tout ce qui c'était passé, et n'était pas joignable. Ron ne voulait plus se sentir lache et faible, il fallait faire quelque chose, mais c'était tellement difficile pour le jeune homme, de ne pas être épaulé. Il attendait toujours ce satané hibou en ruminant contre Malefoy. Depuis leur première année, Malefoy et sa famille avaient fait preuve à de nombreuses reprises de sournoiserie manipulatrice ; mais personne ou presque ne se serait douté de sa servitude pour Voldemort. Personne encore moins, n'imaginait qu'à cet instant précis il se posait la même la question. Malefoy fils se cachait depuis 2 mois d'un père honteux, d'un Rogue vengeresque, d'un Maître prêt à sacrifier. Mais où était-il ?

Soudain, Errol entra dans la chambre de Ron. Le message au bout d'une de ses pattes disait :

Cher Ron,

Je suis arrivé, le voyage a été plus long que prévu, j'ai dû vendre mon balai. Finalement j'ai aussi écris à Hermione pour lui dire que j'étais parti, j'avais quelques remords.

Je suis tellement désolé Ron pour tout…j'ai honte…Bill, Ginny…tout est de ma faute.

Sache que tu seras toujours mon meilleur ami et que ces 6 années à Poudlard ont été les meilleures de toute ma funeste vie. Je ne te dis pas où je me trouve, un jour je réapparaîtrai, je te le promets…Je suis tellement désolé. Porte toi bien.

PS : j'ai retrouvé R.A.B, mais ça n'a plus d'importance. Oublie tout ça et occupe toi d'Hermione et de ta si belle famille.

Amitiés, Harry

Ron relut la lettre inlassablement, et finalement une fois que les mots : on ne se reverra plus, défilèrent en boucle dans sa tête, il pleura.

Oui, c'est ici et comme cela que tout commença. Deux être ayant reçus la même lettre au même instant et qui allaient sans aucun doute trahir leur ami pour le retrouver, qu'importe le prix.

Au même moment, une machination machiavélique et insoupçonnée prenait place dans l'esprit des plus corrompus.