Autatrice : lasurvolte (de pseudo) ou mari (mais vous pouvez m'appelez aussi Plectrude si ça vous dit ^^)

Disclaimer : Les 100 appartiennent à leurs créateurs. Fic basée sur la série (oubliez le livre, oubliez-le)


1. Découverte

Ce n'était pas prémédité. C'était comme commettre un crime sans y penser, sans le vouloir, se rendre compte trop tard de ce qu'on a fait et ne plus pouvoir retourner en arrière. Mais c'était tout, sauf un crime à leurs yeux.

Monty dormait chez Jasper. D'aussi loin qu'ils remontaient dans leurs souvenirs, c'était quelque chose qui arrivait souvent, que l'un dorme chez l'autre, ça n'avait rien d'étonnant, ni de nouveau. Depuis quelques temps simplement, les parents de Jasper tenaient à ce que Monty dorme sur un matelas par terre dans la chambre de Jasper « parce que vous êtes trop grands pour dormir ensemble maintenant », à presque onze ans c'était chacun de son côté. Trop grand pour se laver ensemble, trop grand pour dormir ensemble, trop grand pour ceci ou cela mais pas assez grand pour le reste. Comme s'ils étaient coincés dans une période où ils n'étaient ni assez petits ni assez grands pour les plaisirs. Mais ils s'en foutaient, ils savaient hocher la tête et sourire aux adultes qui décidaient pour eux, puis les parents de Jasper fermaient la porte et Monty le rejoignait dans son lit où ils discutaient à voix basse jusque tard dans la nuit.

Cette nuit-là ne fut pas différente. Les Jordan père et mère les embrassèrent sur le front, leur souhaitèrent une bonne nuit puis fermèrent la porte. Les deux garçons comptèrent jusqu'à dix dans le noir, puis Jasper sentit Monty se faufiler à côté de lui, se glissant sous sa couette. Ils se mirent à rire une main sur leur bouche, content du tour qu'ils jouaient aux adultes. Ils se croyaient bien plus malins qu'eux, ils bravaient les interdits avec une certaine fierté de gosse, ivre de joie de faire quelque chose qu'ils n'avaient normalement pas le droit de faire.

Couchés l'un en face de l'autre, ils se regardaient dans les yeux malgré la nuit, discutant le plus doucement possible, bougeant à peine leurs lèvres pour que personne ne les surprenne. Ils devaient se tenir vraiment proche pour s'entendre et pour se voir, Jasper pouvait sentir le souffle chaud de Monty quand il chuchotait et il trouvait ça agréable. Ils jouèrent avec leur doigt, bataille de pouces, de petits doigts, ils rirent le plus doucement possible. Ils cognèrent leurs nez l'un contre l'autre dans leur mouvement, et ne se reculèrent pas. Jasper s'amusa à passer ses doigts sur le bras de Monty, le chatouillant un peu, le faisant sourire. Monty emprisonna sa main dans la sienne et ne le relâcha pas. Alors il y eut un silence, et leurs yeux plongés dans le regard de l'autre, ils s'approchèrent encore un peu plus et appuyèrent leurs lèvres l'une contre l'autre. Jasper comme Monty ferma les yeux, aussi fort qu'il le pouvait alors qu'il appuyait en même temps sa bouche contre celle de Monty, de toutes ses forces. Monty n'était pas en reste. C'était comme s'ils se battaient, se poussaient l'un l'autre avec leurs bouches. Ils ne savaient pas embrasser autrement et c'était délicieux et terriblement innocent.

Quand ils se reculèrent, ils ne surent pas quoi se dire. Ils ne savaient plus parler. Tout était pareil qu'avant ce baiser, et tout était différent. Ils n'avaient pas su ce qui allait se passer avant que ça se passe et maintenant ils avaient le tournis et ne savait plus trop pourquoi ça s'était passé. Les lèvres chaudes des deux enfants leur rappelaient que c'était vraiment arrivé, qu'ils n'avaient rien imaginé de tout ça. Monty se rendit compte qu'il tenait toujours la main de Jasper. Il vint la poser sur son cœur. Là où ça battait tellement fort qu'il avait l'impression de n'entendre plus que ça dans ses oreilles. Jasper posa sa paume à plat contre le torse de Monty et de sa main libre prit celle de son ami pour la poser sur sa propre poitrine. Ils se regardèrent longtemps, écoutant le cœur de l'autre, comme une explication à leur baiser. Ils ne se dirent rien de plus, il n'y avait rien à dire. Ils s'endormirent ainsi collés l'un à l'autre, sachant que plus rien ne serait pareil, mais que tout serait forcément mieux.

Monty fut le premier à se réveiller alors que le soleil passait entre les stores de la chambre. Il ouvrit les yeux et regarda un instant Jasper qui dormait. Son meilleur ami avait la bouche grande ouverte et ses bras étalés des deux côtés de sa tête, ses cheveux bruns décoiffés retombaient n'importe comment sur l'oreiller et son visage. Monty eut un petit sourire puis descendit du lit pour se coucher sur son matelas. Quand les adultes viendraient les chercher, ils ne sauraient pas que Monty avait bravé le règlement et avait dormi avec Jasper malgré l'interdiction. Jasper remua dans son sommeil et se réveilla peu de temps après, sentant l'absence de Monty auprès de lui. Il se frotta un œil et tourna les yeux vers son meilleur ami. Ils se sourirent et Jasper posa ses doigts sur sa bouche en se souvenant de la veille. Monty ne le quitta pas des yeux. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais la porte s'ouvrit à ce moment-là et les deux garçons fermèrent les yeux en même temps pour faire semblant de dormir.

- Allez debout, c'est l'heure, fit la voix du père de Jasper. Habillez-vous et venez prendre votre petit déjeuner.

Jasper ouvrit les yeux et s'étira, Monty fit de même. Le père laissa la porte ouverte mais s'éloigna. Les deux petits se levèrent et commencèrent à s'habiller. Ils étaient silencieux, ils pensaient tous les deux au baiser qu'ils avaient échangé la veille. Est-ce que ça avait été vrai ? Est-ce que ça avait vraiment existé ? Ils s'observaient du coin de l'œil sans tout à fait savoir quoi se dire, ni par où commencer. C'est Jasper qui prit les devants, il regarda dans le couloir pour s'assurer que son père et sa mère étaient occupés ailleurs, puis il referma la porte de sa chambre. Il s'approcha de Monty qui s'arrêta de bouger, son pull dans ses mains, pas encore mis. Jasper le regarda puis ferma les yeux et il posa ses lèvres sur celles de Monty. Comme la veille, leurs bouches ne firent que s'appuyer l'une contre l'autre, un baiser d'enfant. Ils se reculèrent finalement. Tout ça n'était pas un rêve, tout ça était vrai, et ça leur plaisait énormément. Ils se mirent à rire en même temps, excités par leur découverte, surpris aussi, un peu envouté. Ils se retrouvaient face à quelque chose de gigantesque, le genre de trucs qui font ouvrir grand les yeux aux enfants et qui les émerveille. Ils étaient comme un jour de noël. La porte s'ouvrit à nouveau et la mère de Jasper, une grande femme brune aux cheveux long, roula des yeux :

- Allez dépêchez-vous au lieu de rire, Monty met ton pull et Jasper tes chaussettes et tes chaussures.

Les deux enfants obéirent à toute vitesse. Ils furent prêts en un rien de temps et allèrent dans la cuisine pour le petit déjeuner. Sans se concerter, ils décidèrent tous les deux de garder le secret à propos de leur découverte. Ils ne voulaient pas en parler, pas tout de suite, ils voulaient que ça n'appartienne qu'à eux. Alors ils agirent comme d'habitude, sous le nez des adultes, ils étaient toujours les mêmes. Personne ne vit leur métamorphose, personne ne devina, un peu comme si le papillon avait gardé sa forme de chenille aux yeux du monde. Jasper croqua dans un énorme bout de pain beurré tout en parlant à ses parents. Monty touilla sa cuillère dans son bol de céréales. Ils firent la course jusqu'à la salle de bain, se bagarrèrent en se brossant les dents, puis montèrent dans la voiture du père de Jasper en se battant pour avoir la place derrière le siège vide, là où on pouvait étendre ses jambes, la meilleure place.

- On n'a pas le temps pour ça les petits diables, décidez-vous vite.

Jasper laissa à Monty la meilleure place.

- Parce que je suis le meilleur ami du monde.

Monty lui tira la langue et répliqua :

- C'est parce que je suis le plus beau de nous deux, je mérite le mieux.

Jasper lui donna une tape dans l'épaule et ils se marrèrent. Jasper aurait pu dire que Monty avait raison, pour lui c'était le plus beau. Il aimait ses traits fins, ses yeux bridés et noirs, il aimait ses cheveux courts de la même couleur. Il adorait sa petite taille, Monty était un mini-pouce, mais Jasper ne pouvait pas dire grand-chose parce qu'il n'était pas bien grand non plus.

Ils arrivèrent assez vite au collège, les deux enfants venaient de rentrer en sixième depuis quelques jours. Le père se gara sur le parking et Jasper vint embrasser sa joue barbue.

- Soyez sage tous les deux, ordonna le père.

- Oui p'pa.

Ils sortirent de la voiture à toute vitesse puis coururent jusqu'à la barrière et pénétrèrent dans le collège. Ils firent la course jusqu'au bâtiment, puis y entrèrent sans s'arrêter, galopant dans les couloirs jusqu'à leur salle de cours où d'autres élèves s'agglutinaient devant la porte. Jasper et Monty foncèrent droit dans le mur, et le touchèrent quasi en même temps :

- C'était moi le premier s'écria Jasper.

- Non moi !

Jasper le décoiffa pour l'enquiquiner et Monty emprisonna ses poignets pour qu'il se recule. Ils étaient tous les deux essoufflés et amusés, comme ils l'étaient tous les jours. Ils se taquinaient, discutaient, rigolaient, qui aurait pu deviner que Monty tenait plus longtemps que d'habitude les poignets de Jasper ou que le regard qu'ils échangeaient étaient remplis de nouvelles promesses ?

- Salut Jasper, fit une petite voix derrière eux.

Monty relâcha son ami qui se tourna vers Maya le sourire collé au visage.

- Salut Maya, tu vas bien ?

- Oui et toi ?

- Mieux que jamais.

Un échange de regard avec Monty, une demi-seconde, rien du tout, juste assez pour qu'ils se comprennent. Jasper se pencha vers Maya pour lui faire la bise, sans remarquer les joues de la petite qui rougissait. Harper arriva derrière eux et sauta sur le dos de Monty :

- Hey Monty, fit-elle en le décoiffant.

Monty grogna et la repoussa pour remettre ses cheveux en place :

- Salut Harper.

Elle le sera dans ses bras pour lui faire la bise et Jasper la poussa :

- Tu l'étouffes.

Elle ricana :

- Occupe-toi de tes fesses et de ta copine.

Maya rougit encore plus et Jasper roula des yeux. Monty enfonça ses mains dans ses poches et baissa les yeux. La magie était passée, la vie avait repris ses droits et personne ne savait que quelque chose avait changé. Personne sauf Jasper et Monty, dont les doigts se frôlèrent quand le prof les fit rentrer en classe.

Les deux enfants avaient toujours été tactiles, mais c'était devenu pire, ils avaient désormais besoin de se toucher. Leurs genoux étaient collés en classe quand ils étaient assis l'un à côté de l'autre. Ils se donnaient des coups d'épaules, emmêlaient leurs doigts sous la table là où on ne pouvait pas les voir, ils se poussaient, se chamaillaient, se chatouillaient. Dans la cour de récréation, ils se sentaient trop éloignés mais ne pouvaient rien faire alors que Maya s'agrippait au bras de Jasper pour lui parler et qu'Harper passait et repassait sans cesse pour taquiner Monty.

Monty trouvait Maya sympa, seulement trop collante, mais qu'aurait-il pu dire ? Jasper l'adorait. Elle était toujours amusée, elle lui parlait gentiment, elle était douce et mignonne. Agaçante aurait dit Monty. Aujourd'hui particulièrement, il la fixait avec l'envie de lui crier dessus « lâche-le, lâche-le, lâche-le ». Il ne disait rien du tout, et se contentait de repousser Harper quand elle venait l'agacer.

- Elle est trop amoureuse de toi, dit Maya alors qu'Harper s'éloignait.

Maya disait ça rêveusement, avec une pointe de jalousie. Jasper perdit son sourire de son côté. Monty haussa les épaules :

- Ça m'étonnerait.

- Je suis sûre que si.

Ils se regardèrent avec Jasper et restèrent silencieux. Maya changea de sujet, Jasper et Monty cessèrent de se fixer.

Les jours à l'école se ressemblèrent. Ils s'étaient toujours ressemblés, mais maintenant ils étaient pareils en différents. Il y avait quelque chose de plus, quelque chose de moins aussi. Jasper et Monty s'échappaient des fois, trouvaient une excuse, se retrouvaient seuls loin des regards de tout le monde. S'enfermaient à deux dans les toilettes s'il le fallait. Posaient leurs bouches l'une sur l'autre, simplement pour se rappeler de ce que ça faisait. Ça les rapprochait, ça les éloignait des autres. Et pourtant, pourquoi aurait-il avoué leur secret ? Ces moments n'appartenaient qu'à eux seuls.

À la maison aussi c'était pareil. Jasper n'avait rien dit à ses parents, Monty n'avait rien dit aux siens. Ils continuaient de se voir le plus souvent possible, ce qui amusait les adultes :

- Vous ne vous voyez déjà pas assez à l'école ?

Et comment expliquer qu'ils ne se voyaient jamais assez ?

Ce soir-là, Jasper faisait ses devoirs sans être trop concentré, il avait la tête ailleurs, il pensait à Monty qui l'avait embrassé furtivement alors qu'ils traversaient un couloir désert. Ça avait été spontané, impulsif, tellement doux. Ils s'étaient regardés ensuite, et Monty avait dit :

- Jasper, je suis amoureux de toi.

Les mots cognaient encore dans l'esprit de Jasper. Je suis amoureux de toi. Comment aurait-il été capable d'apprendre la différence entre le néolithique et le paléolithique dans ces conditions. Il lui avait répondu d'ailleurs à Monty. Il lui avait dit :

- Moi aussi je suis amoureux de toi.

Et ils se seraient encore embrassés si Maya n'était pas apparu dans le couloir. Ils se sont contentés de s'embrasser avec le regard, un truc qu'ils avaient appris à faire. On pouvait se regarder et se dire des milliers de choses à travers les yeux.

Jasper mordillait son stylo et poussa un énorme soupir.

- Jasper ! Apprends ta leçon, lui rappela son père.

Jasper baissa la tête et essaya de lire ce qui était écrit, mais tous les mots se mélangeaient dans son esprit. Il poussa un nouveau soupir et son père s'en amusa :

- Et ben, qu'est-ce qu'il se passe fiston ? Tu as trouvé une amoureuse ou quoi ?

Jasper pensa à Monty et sourit. Pas une amoureuse non…

- J'ai pas d'amoureuse, dit-il à son père.

- Oh y a même pas une fille qui te plaît ? La petite Maya est très mignonne, je trouve.

Jasper fit la moue. Il insista :

- J'ai pas d'amoureuse !

Son père leva les mains en signe de paix :

- Okay okay, j'ai compris. Allez concentre-toi sur ta leçon.

Jasper hocha la tête et essaya de se concentrer sur son cahier d'histoire.

À suivre.

L'autatrice : voilà une nouvelle fic, encore Jonty.