« Je te protègerais de toute mon âme »

Suite de la fanfiction « Tu n'es pas seul »

Une fanfiction de Cycy la vache de l'espace

d'après les personnages de Clamp et Peach – Pit

Chapitre 1 : Les enfants de la colline aux cerisiers

Le vent soulevait doucement les branches des arbres en fleurs du pays de Kurisutaru lorsque la petite Hikaru aperçu, à l'horizon, un groupe de jeunes hommes chevauchant en direction du palais. Aussitôt la petite fille blonde, qui venait de fêter ses dix ans, se précipita dans les couloirs en riant et criant joyeusement :

« Ils sont revenus ! Ils sont revenus ! », bousculant dans sa course quelques courtisans ébahis.

Au détour d'une tenture, elle aperçu une très belle adolescente de quinze ans qui essayait une tenue de prêtresse finement brodée. Les servantes s'affairaient autour de la jeune Princesse, ajustant les plis du vêtement sur son corps et peignant ses longs cheveux d'un ébène soyeux.

« Tomoyo chan ! s'écria la petite Hikaru en déboulant dans la pièce comme un jeune chiot dans un jeu de quilles. Viens vite ! Ils sont revenus !

- La Princesse ne peut se joindre à vous pour le moment, allez donc jouer toute seule, Mlle Hikaru, coupa sèchement l'une des servantes.

- Allons prévenir Maman », répondit gentiment la Princesse à l'enfant en lui prenant doucement la main, s'échappant en riant avec elle des griffes des servantes.

« Princesse ! Vous ne pouvez pas ! Et la cérémonie ?! » se récria la rabat – joie.

Elle n'obtint pas même une réponse, les deux jeunes filles, main dans la main, étaient déjà loin. Envoyant valser tout protocole, elles entrèrent sans plus de façons dans le bureau de la Reine de Cristal : « Maman ! Maman ! « , s'écrièrent-elles d'une seule voix. La jeune Reine Sakura, resplendissante de ses 35 ans, eu un rire tendre en voyant essoufflées mais hilares, ses deux filles, celle qu'elle avait mis au monde ( la Princesse Tomoyo) et celle qu'elle avait adoptée (Hikaru, réincarnation de la fée Shirahime).

« Je sais, leur dit-elle, les garçons sont de retour… Et vous voulez aller les saluer, n'est-ce pas ? »

Elles n'avaient pas besoin de lui répondre. Tout dans leurs yeux criait cette évidence.

« Allez –y… Nous nous passerons de cérémonie, aujourd'hui. »

Les deux filles poussèrent des cris de joie avant de lui sauter au cou.

« Merci, Maman, Merci !

A peine avaient-elles prononcé cette phrase que la porte de la pièce s'ouvrit en grand :

« Hikaruuuu… De qui dois tu encore te faire pardonner ? »

Le visage de l'enfant s'éclaira d'un sourire radieux et elle se précipita vers le bel adolescent blond qui avait prononcé cette phrase :

« Fye Kun !! Tu es revenu avec deux jours de retard, c'est toi qui doit te faire pardonner ! » Et elle se jeta à son cou en lui donnant des petites tapes en guise de punition. Un sourire tendre irradia le visage délicat et le regard bleu du garçon :

« Ce n'est pas ma faute… C'est Kuro Kun qui nous a mis en retard à vouloir se bagarrer avec tout ce qui bouge…

- TU PEUX PARLER, TIRE AU FLANC ! » gronda une voix d'homme pas encore adulte mais déjà affirmée. La petite Hikaru quitta les bras de l'adolescent blond pour se jeter dans ceux de l'adolescent brun qui venait d'apparaître à son tour.

« Grand frère !! »

Plus grand que n'importe qui dans la pièce et déjà bâtit en force, seul son visage juvénil où pétillaient ses yeux rubis trahissaient ses seize ans.

« Aaaah mais Hikaru ojôsama, ça ne se fait pas de grimper sur le dos des gens comme ça, se mit-il à râler sans vraie conviction .

- Pourquoi pas ? j'ai retrouvé mon moyen de transport préféré ! Allez hue cocotte !

- JE NE SUIS PÄS TA COCOTTE ! gueula le jeune guerrier , tout en sachant pertinemment qu'il ne pouvait rien refuser à cette malicieuse enfant.

- Tu n'es pas non plus un bon cavalier… Il est tombé de cheval… balança Fye en traître.

- LA FERME ! Se défendit piètrement le jeune guerrier. C'ETAIT POUR EVITER D'ECRASER TA SALE TETE DE FLOCON !! »

La Princesse Tomoyo éclata de rire devant ce langage fleurit :

« En tout cas, Kurogane n'a pas perdu dans sa chute son franc parler », remarqua-t-elle. Le sus dit Kurogane , déstabilisé par le regard tendre de la belle jeune fille, ravala aussitôt ses récriminations en virant rouge pivoine.

« Et hormis ces petits incidents de parcours, quelles aventures vous sont-elles arrivées ? », demanda à son tour la Reine de Cristal en s'amusant du trouble du garçon. Soudain d'un calme apaisé, il s'inclina avec respect devant la souveraine :

« Tout est en ordre dans votre Royaume, votre altesse. Seules quelques créatures sauvages attaquent encore parfois les villages. Mais Fye est parvenu à établir dans chacun d'entre eux un kekkai de protection. Il a énormément progressé et beaucoup de personnes l'ont remercié en votre nom. »

Fye et les trois jeunes femmes ouvrirent de grands yeux devant cette déclaration, mais Kurogane s'empressa aussitôt d'ajouter :

« Par contre, il est paresseux au combat. J'ai perdu un temps considérable à abattre des créatures qu'il aurait pu vaincre tout seul.

- Pas la peine de te justifier, répliqua Fye en souriant. T'es un bourrin, on le sait !

- La ferme et aide moi la prochaine fois !

- Il a battu son record… Il était tout content d'ailleurs…

- N'importe quoi, c'est même pas vrai !

- Tu sais que tu es plus mignon quand tu souris, Kuro Kun ?

- RAAAAAH !! »

Le jeune homme battit en retraite, s'enfuyant de la pièce en grommelant un « Je dois m'occuper de mon cheval !! »

La Reine de Cristal eu un tendre sourire :

« Ce garçon a un coeur aussi grand que sa timidité, dit-elle. Fye, va le rejoindre et dis lui que je suis aussi fière de lui que de toi. »

L'adolescent s'inclina en une profonde et tendre révérence devant la Reine, lui faisant un baise main :

« C'est un honneur d'être le protecteur de votre royaume, votre altesse »

Hikaru s'accrocha aux plis du manteau blanc du garçon :

« Après tu viendras jouer avec moi, hein ? Et tu me raconteras tout ce que tu as vu à travers le royaume !

- Bien sûr ! Je te dirais tout ! Et même ce qui doit rester secret !, dit-il en effleurant doucement les cheveux de la petite fille.

- Woui, youpiiii ! » s'écria –t-elle en sautant de joie.

Fye se tourna ensuite vers la Princesse Tomoyo :

« N'y a –t-il rien que je devrais dire à Kuro Kun de ta part ? »

Après une hésitation, elle eu un sourire indéfinissable :

«Non…. »

Fye posa sur elle un regard étrange puis s'en fut à son tour.

Lorsqu'il rejoignit Kurogane, celui-ci était en train de rentrer son cheval, un impressionnant étalon noir ébène, dans son box. N'importe quel palefrenier aurait pu se charger de ce travail mais le garçon ne laissait à personne le droit de prendre soin de ses affaires. Le goût du travail bien fait. Et la fierté de ceux qui sont partit de rien pour atteindre leur but.

« Kuro Kuuuun !, chantonna Fye en arrivant à sa hauteur.

- C'est pas vrai ! Tu veux pas m'oublier deux minutes ? Ta face de flocon m'exaspère !!

- Tu es partit au mauvais moment. La Reine de Cristal n'a dit que du bien de toi.

- La Reine de Cristal est une sainte femme qui ne dit que du bien de tout le monde, même des personnes qui ne le méritent pas.

- Tu es trop modeste, Kurounet…

- Raaah ! Tais toi !

- Quand à la Princesse Tomoyo… »

Le garçon se figea dans ses gestes, virant pivoine.

« La Princesse ?! Elle a dit quelque chose ?!

Non. Et toi, tu voulais lui dire quelque chose ? »

Il y eu un long silence, au bout duquel le garçon brun murmura sans conviction un « Non » peu convaincant.

Tout à coup, il y eu un tremblement du sol terrible, qui secoua tout alentours et coupa net l'espèce de gêne qui était tombée entre les deux garçons. Une immense créature, mi tortue, mi limace, venait d'apparaître sur la colline aux cerisiers tout proche, poussant des « BEUWAAAAH ! » joyeux.

« Le Gluck ! », s'écria le jeune Fye, tout heureux en se précipitant vers l'animal pour lui donner des tapes amicales :

« Et alors, mon gros ? Tu as toujours la forme, on dirait ?

- Et il SHLINGUE toujours autant, on dirait, fit remarquer Kurogane en donnant à sont tour une tape affectueuse à l'animal.

- Ne fais pas attention à lui, Glucky, il est jaloux parce que tu es plus beau que luiiii… »

Kurogane soupira avec un demi sourire :

« Tu y tiens vraiment, à cette grosse bestiole. Sur ce point tu lui ressembles…

- Hein ? A qui ? »

Puis Fye se souvint de cette histoire qu'on lui avait racontée. Ces doubles d'un autre monde qui étaient venus à Kurisutaru chercher une plume et délivrer le pays de ses tourments…

« Moi, je ne les ai pas rencontrés… murmura le jeune Fye avec un peu de déception.

- Tu es arrivé dans notre royaume juste après leur départ. C'est dommage, la gueule qu'il aurait tirée, ton double, en te voyant !

- Et le tien, comment était-il ? »

Une flamme incandescente s'alluma dans le regard du jeune Kurogane.

« Impressionnant… Je ne suis pas certain qu'un jour je serais à sa hauteur.

- Tu voudrais le revoir ?

- Bien sûr ! Ne serait-ce que pour me battre contre lui ! Tu imagines le duel ? Je m'ennuie, ici, aucun combattant ne parvient à m'affronter ! »

Fye sursauta, hilare :

« Tu te vantes un peu trop, mon Kuro ! Moi je suis de taille à t'affronter !

- Bien sûr, en esquivant tous les coups… Si je veux danser, j'affronte une ballerine ! »

Fye ne répondit rien, lui décernant un sourire indéfinissable avant de fondre sur lui avec une rapidité stupéfiante. Avant que Kurogane ait le temps de comprendre quoi que ce soit, il était déjà dans son dos et lui maculait son beau costume d'une pâte graisseuse qui était de la bave de Gluck !

« AH ! ENFOIRE !! hurla le jeune Kurogane, fou de rage, en dégainant son katana. Tu vas me le payer !!

- Attrapes moi si tu peux, le baveux !! », ricana le jeune Fye en le semant à toute vitesse… Avant d'être saisit d'un malaise inexplicable, et de chuter à demi inconscient, la tête en avant. Le jeune Kurogane se précipita et le recueillit in extremis dans ses bras :

« Une crise … Tu en as déjà fait quatre pendant le voyage… Viens, retournons au palais, tu es épuisé avec toute la magie que tu as utilisée pour les villageois…

- Non… murmura l'autre garçon faiblement en regardant les pétales de cerisier virevoltant tout autour d'eux dans les feux rougeoyants du crépuscule…Ce n'est rien… Restons ici… Encore un peu…. »

Le jeune Kurogane ne répondit rien, soutenant Fye face au sublime paysage qui s'étalait devant eux, comme chaque jour depuis dix ans qu'ils s'étaient rencontrés. Et pourtant… Pourtant il devinait avec inquiétude que ces instants de paix prenaient de plus en plus d'importance, comme un rêve précieux dont on ne veut pas se réveiller…

Chapitre 2 : Coup de poker

Dans un autre monde, l'ambiance était plus joyeuse :

« J'ai un foul, les mecs !

- Carré d'as ! Je vous tue tous ! »

Mokona noir, ravi, rafla les jetons sur la table au grand dam de ses compagnons de jeu.

« Hey, le larbin ! Cria l'un d'entre eux, ramènes nous des bières ! »

Watanuki, blouse blanche et fichu sur la tête, apparu avec un plateau remplis de petites bouteilles et son air le plus maussade :

« Mokona, grogna-t-il, tes invités sont en train de vider la cave de Yuko…

- Yuko n'est pas là pour quelques jours, répliqua le petit animal, et n'oublies pas ce qu'elle t'as dis en partant : « En mon absence, tu devras prendre soin de la boutique et de mon petit Mokona »

- Et de mon petit Mokona !, répétèrent Maru et Moro en chœur, se pendant aux bras de Watanuki.

- De Mokona, je veux bien, grogna celui-ci… Mais pas de ses partenaires de poker ! », s'écria-t- il en désignant les trois autres mascottes gloutonnes qui, assises en rond autour d'une table avec Mokona, s'empiffraient comme des ogres, buvaient comme des trous et braillaient comme des cochons. Il y avait là une espèce de lionceau avec une tête ronde qui se nommait Kerobero, une étrange grenouille verte s'appelant Nekoï, et un hamster orange et blanc dont il avait oublié le nom, mais qui vidait bouteille sur bouteille à s'en exploser les bajoues. Mokona tira une épaisse bouffée de l'énorme cigare cubain qui dépassait de sa bouche avant de faire remarquer :

« Tu deviens radin, Watanuki. C'est des échantillons, ce que tu nous a apporté…

- C'est tout ce qui reste en bière. Ton ami le… Hampoivrot est une vraie choppe sur pattes ! »

Pour tout réponse à cette accusation, le hamster émit un rot aussi tonitruant que fétide, rot qui fut applaudis par les autres mascottes :

« Joliiiiii ! Hampoivrot, 10 points !

- Il vaut mieux que ce soit dehors que dedans !

- Raaah, vous êtes écoeurants ! », commenta Watanuki en tentant de nettoyer la table, maculée par les excès du quatuor, initiative désapprouvée aussitôt :

« Mais arrèteuh, tu vas nous mélanger tous les jetoooons !

- On voit bien que c'est pas vous qui devrez ranger ce carnage.

- Hey, tu veux te rendre utile, le larbin ?, demanda le lionceau en volant jusqu'à lui. Va nous acheter d'autres bières. Et format magnum !

- Je n'ai pas d'ordres à recevoir d'une peluche jaune, répliqua le jeune homme, un éclat de défi dans les lunettes.

- Qui est une peluche jaune ? », répondit l'animal en se métarmophosant soudain en un gigantesque lion crachant par sa gueule aiguisée de crocs, d'immenses salves de feu. Watanuki , devenu livide, abandonna blouse et fichu et s'en fut en criant :

« Je vais acheter des bieeeeeeeeeeeeeeres ! »

Lorsqu'il fut loin de la boutique, Watanuki s'arrêta enfin pour reprendre son souffle, et se dire qu'il fallait être un magicien aussi puissant que tordu pour créer des mascottes telles que ce Kerobero. L'adolescent s'était désintéressé et avait fuit durant des années tous les sujets concernant la magie, le spiritisme, l'occulte. Mais depuis qu'il travaillait pour Yuko, la sorcière des dimensions, son jugement s'était ouvert peu à peu. Il avait découvert et appris trop de choses extraordinaires pour ne pas évoluer. Et il lui était de plus en plus difficile de nier l'évidence : les propres pouvoirs de Watanuki, ses pouvoirs héréditaires qu'il avait tant détesté, prenaient de l'amplitude, se développaient, étaient de plus en plus puissants. A l'âge où l'on se cherche ce n'était pas simple à gérer et il lui fallait bien chercher des modèles autour de lui pour se rassurer.

Ses pensées en étaient là lorsqu'un long frisson lui parcouru l'échine, comprenant immédiatement qu'il était suivit par l'une de ces abominables créatures ne ressemblant à rien, mais déterminée à l'étouffer dans d'épaisses volutes de fumée noire. Habitué à cette traque quotidienne, le garçon pressa le pas, et en slalomant à toute vitesse entre divers obstacles se dressant sur les trottoirs, parvient sans trop de difficulté à semer son poursuivant. Mais c'est alors que son sang se glaça à nouveau, lorsqu'il entendit le cri apeuré d'une voix féminine. Watanuki était un trouillard patenté. Il y a quelques temps encore, en entendant ce cri, il aurait pris les jambes à son cou. Mais plus maintenant. Même si ses dents claquaient, même si ses genoux flageolaient, il se dirigea dans la direction d'où provenait le cri.

Et là, ce fut le choc !

A l'entrée d'une ruelle étroite il vit une multitude de créatures occultes cernant une toute jeune lycéenne. La fille, plutôt menue, semblait minuscule face à la taille disproportionnée de ses adversaires, et apeurée à l'idée d'être engloutie par ces abominables ectoplasmes, luttait pourtant avec détermination, frappant le vide :

« Allez-vous en ! Partez ! Laissez-moi tranquille !! »

Les pensées se bousculèrent dans la tête de Watanuki, lui-même glacé de terreur à l'idée que les créatures le repèrent et foncent sur lui. Il cru même, l'espace d'un instant, qu'il allait s'évanouir, , s'étalant au milieu du tableau. Mais il se jugea minable d'hésiter alors qu'une jeune fille toute fragile et effrayée trouvait pourtant assez de volonté pour se battre. Alors ? tout en se disant « Mais qu'est-ce que tu fous ? », il fonça dans le tas, saisit la petite inconnue par la main, et avant qu'elle ait pu donner son avis sur la question, l'entraîna avec lui, tous deux courant à la vitesse grand V pour s'échapper. Ce n'est que bien plus tard, lorsqu'ils furent arrivés au parc, que Watanuki se laissa enfin tomber sur l'un des bancs en forme de félin. Le garçon, complètement claqué, peinait à reprendre son souffle :

« Aaaah… Raaaah… Et dire que je me suis fait recaler en sport… »

La jeune inconnue, elle, posa un regard aussi doux que ébahit sur lui, rougissant en lui demandant timidement :

« Est-ce que vous êtes blessé ?... Vous avez soif, peut-être ? » demanda-t-elle en fouillant dans son cartable. Il tenta de la rassurer en lui décernant son sourire le plus gentleman :

« Non, non, tout va bien, ne vous donnez pas cette peine… »

Il remarqua soudain l'écusson arboré par le cartable de la jeune fille :

« ça alors !, lui dit-il, Vous êtes de ce lycée ? Celui qui est un ancien couvent ?

- Oui, murmura-t-elle en rougissant encore plus.

- Moi, je suis de l'école privée Juji… Ce n'est pas la porte à côté ! »

Il réalisa tout à coup qu'il avait littéralement kidnappée la fille, l'éloignant carrément à l'autre bout de Tokyo !

« Aaaah ! s'écria Watanuki en agitant ses bras, passé en mode panique puissance 10. Qu'ai-je fait ?! Comment allez-vous rentrer chez vous, maintenant ?! Je vais vous payer le tramway ! »

Il se figea soudain lorsque la fille eu un rire tendre et désarmant :

« Ce que vous êtes drôle… Vous me rappelez un de mes amis… »

Cette fois, c'est Watanuki qui rougit jusqu'à la racine des cheveux. Il n'était vraiment pas habitué à recevoir des compliments. Surtout qu'ils provenaient d'une fille plutôt mignonne ! Elle était vraiment petite pour une lycéenne, et très fine. Elle avait une étrange chevelure couleur lavande, un carré mi-sage, mi-désordonné, avec deux longues mèches qui lui coulaient jusqu'aux épaules, comme si elle avait eu les cheveux très longs mais qu'elle se les étaient coupés elle-même. Elle aussi portait des lunettes, derrière lesquelles brillaient de grands yeux verts, doux et timides. Elle lui fit penser à un mignon et fragile petit oisillon tombé d'un arbre, et qu'on veut immédiatement protéger.

« J'ai oublié de me présenter, dit-elle soudain en s'inclinant poliment avec un ravissant mouvement du visage, je me nomme Kita Michiru. »

Le garçon s'inclina lui aussi mais plus maladroitement, bégayant en prononçant son nom de famille suivit de son prénom :

« Watanuki Kimihiro »

La jeune fille rougit à nouveau en le regardant :

« Je vous remercie, Watanuki San… Sans votre intervention je n'aurais peut-être pas pu échapper à ces créatures…

- Oh… Mais … Ce n'est rien… bafouilla-t-il.

- C'est la première fois que je rencontre une personne capable, comme moi, de voir ces drôles de choses », répondit-elle.

Watanuki lui-même n'avait pas beaucoup rencontré de monde possédant ces facultés…

« A part Kohané chan… Et Domeki avec son œil droit… Et Haruka san, mais lui, il est mort… »

… Avant de sursauter en réalisant que Michiru l'avait entendu !

« Ce n'est rien, dit-elle avec un sourire tendre et fataliste… Moi aussi je connais des personnes qui sont déjà mortes… D'ailleurs en ce moment, mes amis doivent me chercher… »

Watanuki se demanda s'il devait se sentir soulagé ou effrayé !

« Je… Vais vous reconduire jusqu'à la station de tramway la plus proche…

- C'est très gentil à vous mais vous avez déjà tellement fait pour moi… Par contre, si pour vous remercier je pouvais faire quelque chose pour vous…

- Eh bien… Heu… »

Une réponse lui vint spontanément :

« Je serais très heureux si tu pouvais me tutoyer. Après tout, nous pourrions être dans la même classe. »

En même temps qu'il prononçait cette phrase, Watanuki se répéta dans sa tête :

« Mais qu'est-ce que tu fous ?? »

Michiru eu un petit rire amusé et inclina de la tête :

« C'est entendu… Je te tutoierais lorsqu'on se reverra… Watanuki San…

- Se reverra ?, répéta-t-il gorge serrée.

- Sûrement, dit-elle en le foudroyant de son sourire le plus kawai et s'éloignant lentement dans les allées du parc.

- Mais quand ça ?! », s'écria-t-il.

Elle se retourna dans sa direction, le vent jouant avec sa robe et les reflets lavandes de ses cheveux, touchante et irréelle :

« Peut-être le jour où ce sera à mon tour de te sauver la vie »

Puis elle rougit de plus belle et prit les jambes à son cou, le laissant seul et estomaqué… Watanuki demeura quelques instants complètement subjugué par la merveilleuse rencontre qu'il venait de vivre… Puis il repassa en mode panique puissance 10, s'arrachant les cheveux en s'accablant de multiples reproches :

« Non mais tu t'es entendu ? On aurait dit un dragueur de seconde zone ! Tu devrais avoir honte ! Trahir ainsi Himawari chan ! Himawari Chan est si mignonne, si gentille ! Et toi tu baves devant une inconnue, sale pervers ! »

Bon, techniquement, ce n'était pas encore un crime. Vu qu'il ne s'était toujours pas déclaré à Himawari et qu'elle ne devait même pas se douter de ses sentiments pour elle ! Mais ce n'était pas une raison pour tout gâcher avec une inconnue, aussi ravissante soit-elle…

Assagit de ses bonnes résolutions et après un détour par la supérette, Watanuki retournait en direction de la boutique de Yuko lorsqu'il entendit dès le haut de la rue une musique cadencée. Se doutant de quelque chose, il hâta le pas, et, arrivé à la hauteur de la boutique, vit les murs de celle-ci bouger sous les vibrations musicales. Watanuki fonça à l'intérieur et en demeura hébété : il n'y avait plus quatre mascottes jouant au poker mais toute une multitude, qui, du sol au plafond, sous des éclairages chatoyants, une platine de DJ et une boule à facettes disco, se déhanchaient en chantonnant comme des grands malades: « One day, will be together !! »

Watanuki saisit au vol Kerobero :

« Où est passé Mokona ?! J'ai deux mots à lui dire !

- 'Chais pas, y'a sa dernière vodka qui a du retourner à l'état sauvage… Hé, regarde ! Hampoivrot est devenu Hamteckto ! »

Watanuki observa d'un œil désabusé le hamster s'agiter comme un épileptique dans ce qui était sensé être une danse.

« BON MAINTENANT ça SUFFIT ! LA FETE EST FINIE ! TOUT LE MONDE DEHOOOORS !! »

La musique cessa brusquement, et toutes les mascottes magiques regardèrent le garçon avec de grands yeux humides.

« Ça ne marche pas ! Foutez-moi le camp et que ça saute !

Il est vert de rage », commenta la grenouille Nekoï.

A cette réplique, toutes les petites créatures éclatèrent de rire d'une seule voix.

« Vous tenez vraiment à me voir enragé ? », demanda Watanuki. Une aura magique commençait à émaner de lui, sans même qu'il s'en rende compte.

« Hé, doucement, Harry Potter, ou on te colle la SPA sur le dos !

- Oué, ajouta le hamster d'une voix de parrain mafieux, j'ai un bon avocat et ça va te coûter un max de pepperonis…

- T'es sûr que ton nom c'est pas plutôt Hamtescroc ? »

Watanuki, excédé, recommença à s'arracher les cheveux en hurlant :

« Mais c'est pas vraiiii… Pourquoi ça tombe toujours sur moi ces histoires de diiiingues ? Comment je vais tous les virer de la boutiiiique ?!

- C'est pourtant simple », dit une voix neutre dans son dos.

Watanuki fut encore plus au désespoir en voyant Domeki débarquer au milieu de ce bazar :

« OK ! Il ne manquait plus que toi pour que l'horreur soit complète ! Les bestioles, je vous présente mon pire cauchemar ! Domeki, viens donc te joindre à la fête ! »

Le jeune homme scruta Watanuki d'un œil où luisait une lueur de suspicion :

« T'aurais pas bu un coup avec tes invités, toi ?

- C'est pas mes invités ! C'est des squatteurs, et j'arrive pas à m'en débarrasser ! »

Domeki cligna des yeux, puis se tournant vers la multitude de petites créatures éparpillées dans la pièce (ou pendues au lustre et aux rideaux !), leur demande simplement de sa voix calme et posée :

« Vous êtes des mascottes, non ? Vous ne devriez pas en ce moment être auprès de vos maîtres pour les protéger ? »

Cette question toucha droit au but. Les créatures reconnurent qu'elles avaient un peu abusé des festivités et partirent une à une de la boutique. Les garçons, aidés de Maru et Moro, retrouvèrent finalement Mokona en train de cuver son vin et ronflant bruyamment.

« Et comme prévu, c'est Watanuki qui va devoir tout ranger », grogna celui-ci en s'emparant d'un balai. Comme il vit que Domeki était en train de remettre des meubles en place, il grogna de plus belle :

« Laisses tomber ! Je t'ai pas demandé de m'aider ! Et puis d'abord qu'est-ce que t'es venu faire à la boutique ?!

- C'est parce que je l'ai vue…

- QUOI ?! »

Il désigna son œil droit et Watanuki frémit, toute colère retombée.

« La fille aux cheveux violets… »